Les choses humaines
  • Date de parution 07/01/2021
  • Nombre de pages 352
  • Poids de l’article 178 gr
  • ISBN-13 9782072921117
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Ouvrage de référence de l'auteur famille violences sexuelles Romans français Féminisme

Les choses humaines

4.05 / 5 (5399 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Tu sais ce qui arrive à ceux qui pensent qu'on peut survivre en respectant des lois morales ? Tôt ou tard, ils finissent piétinés."Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Leur fils, Alexandre, étudie dans une prestigieuse université américaine. Mais alors que tout semble leur réussir, une accusation de viol fait voler en éclats ce qu'ils avaient si chèrement acquis.Ce roman puissant interroge la violence du monde contemporain et nous confronte à nos peurs : qui est à l'abri de se retrouver un jour piégé dans un redoutable engrenage ?

livré en 4 jours

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  • Date de parution 07/01/2021
  • Nombre de pages 352
  • Poids de l’article 178 gr
  • ISBN-13 9782072921117
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.

Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?

Ma lecture

Et bien j’ai aimé, beaucoup aimé alors que je commençais cette lecture avec le sentiment qu’une fois de plus j’allais être déçue….. Je m’attendais à un récit tranché, une sorte de mise en accusation et finalement l’auteure expose objectivement les faits, une sorte de constat des relations humaines, des choses humaines.

Karine Tuil scinde son roman en trois parties très distinctes : en tout premier elle installe les personnages : Claire, la mère, la petite cinquantaine, écrivaine essayiste, Jean, le père, 70 ans, journaliste dans l’audiovisuel, leur fils Alexandre, 25 ans, brillant étudiant ainsi que ceux qui gravitent autour d’eux : amant, maîtresse (couple très libre), relations, dans un contexte privilégié faisant la part belle à l’image et à l’estime de soi, aux relations professionnelles assez hypocrites basées sur leur utilité. C’est le portrait d’une famille à qui tout réussit, en apparence, mais on sent une certaine tension qui monte lorsque Jean et Alexandre, après avoir chacun eu une relation sexuelle avec une partenaire, commencent à se poser la question de ce qui c’est réellement passé.

Puis vient le temps du dépôt de plainte de Mila, 18 ans, la fille du nouveau compagnon de Claire : elle accuse Alexandre de l’avoir violée lors d’une soirée à laquelle il l’avait entraînée la veille, lui nie. La machine policière se met en route, l’auteure basculant la famille Farel dans ce qui va devenir peu à peu une machine destructrice du bel édifice qu’ils avaient construit réduisant à néant image, réputation et avenir.

Vient ensuite le temps du procès : Karine Tuil nous place en situation de juré et je craignais que cette partie devienne une longue procédure ennuyeuse et technique et finalement je me suis installée sur le banc des jurés, j’ai écouté les témoignages, les réquisitions des avocats pour non seulement me faire ma propre opinion mais aussi avoir une réflexion sur ce qu’est le consentement, sa formulation. Elle a su garder la distance nécessaire pour ne pas influencer le lecteur et pour cela il faut de la subtilité, de la maîtrise afin de laisser le champ libre à la réflexion.

Pour qui ne fréquente pas les bancs d’un tribunal, on peut être surpris par l’étalage des vies, des actes dans les moindre détails, ici la pudeur, la dissimulation n’ont pas cours. Il faut se mettre à nu, révéler ce qu’il y a de plus intime, de plus caché révélant parfois à leurs auteurs des pans de leur personnalité qu’ils n’avaient pas imaginé.

Je sais que Karine Tuil a assisté à des procès dans ce genre d’affaires pour restituer le plus fidèlement possible le déroulement, les témoignages, les contradictions, les différentes interprétations possibles jusqu’aux réquisitoires des avocats qui peuvent faire jusqu’au dernier moment pencher la balance par leur éloquence.

J’ai trouvé particulièrement réussi la façon dont chacun réagissait aux événements en fonction de son passé, de sa position, de ses intérêts en particulier la différence qu’il existe dans un avis sur une affaire publique et quand celle-ci vous touche personnellement.

C’est un roman qui nous fait nous poser les questions sur cette fameuse zone grise où rien n’est vraiment dit sur l’acceptation d’une relation sexuelle et c’est en cela que l’auteure réussit parfaitement son récit c’est qu’elle ne donne pas vraiment de réponse. A nous de juger. Chaque lecteur va se faire sa propre idée, sa propre réflexion, ne distillant qu’ici ou là quelques éléments complémentaires, indices, qui peuvent faire pencher d’un côté ou de l’autre la balance, apportant ainsi de l’eau au moulin du doute.

Elle réussit à ne jamais prendre position, restant totalement dans cette zone d’incertitude sur ce qui c’est réellement passé : chacun à sa version, avec souvent et c’est ce qui est le plus troublant les mêmes mots mais interprétés d’une façon différente. Il faut lui reconnaître un réel talent pour traiter d’un tel sujet, sans tomber dans la caricature, rester dans la distance, dans la justesse de ton.

Il y a le fond mais aussi la forme : grâce à son écriture, l’auteure transforme un fait de société en un roman de réflexion passionnant, jamais moralisateur, avec une tension palpable jusqu’au bout.

C’est le genre de roman dont on ressort avec des questionnements à la fois sur notre fonctionnement mais aussi sur le fonctionnement de ce qui constitue notre Société. Il s’agit souvent d’une question de nuances, de sens. Il pourrait presque être qualifié d’étude sociétale, peut-être caricaturale pour certains aspects des personnages mais nécessaires pour mettre en évidence l’impact des actes sur les vies humaines.

Balance ton sort

Analyste subtile de l’époque, Karine Tuil signe avec «Les choses humaines» LE roman de cette rentrée. Ce procès pour viol, après l’affaire Weinstein, a tout pour séduire, y compris les jurys des Prix littéraires de cet automne.

Si vous ne deviez lire qu’un seul livre de cette rentrée littéraire, alors je vous conseille celui-ci. Pour trois raisons. Tout d’abord parce que Karine Tuil ne déçoit jamais. L’insouciance, son précédent roman, était formidable. Les choses humaines est encore mieux! Ensuite parce que ce roman s’empare d’un thème universel, la sexualité et le statut des femmes en l’ancrant dans l’actualité la plus brûlante, celle qui à la suite de l’affaire Weinstein a libéré la parole et suscité un déferlement de témoignages et d’accusations, sans qu’il soit toujours possible de séparer le bon grain de l’ivraie. Et enfin, parce que le scénario – diabolique – conçu par la romancière en fait un page turner d’une efficacité redoutable.

La première partie nous permet de découvrir Claire et Jean Farel. Elle est essayiste et féministe, il est homme de médias, et notamment présentateur d’une émission politique suivie avec intérêt par des milliers de téléspectateurs. Et bien que septuagénaire, il n’a pas l’intention de prendre sa retraite. Ils forment «l’un de ces couples de pouvoir que la société médiatique révérait». Après la naissance de leur fils Alexandre, ils essaient de surmonter l’usure du couple en concluant un pacte leur permettant quelques escapades. En fait, Jean mène une double vie avec Françoise Merle, lui promettant qu’un jour ils seraient ensemble. «Elle ne s’était pas mariée, n’avait pas eu d’enfant, elle l’avait attendu vainement; il n’avait pas eu le courage de divorcer, moins par amour pour sa femme – il y avait longtemps que son intérêt pour Claire était circonscrit à la vie familiale – que par désir de protéger son fils, lui assurer un cadre stable, équilibré.»

Mais les tensions vont se faire plus vives au fil des ans jusqu’à atteindre le point de rupture. En 2015, leur séparation est actée. Claire part s’installer avec Adam Wisman, tandis que Jean profite de cette liberté pour batifoler avec une stagiaire, une liaison qui semble lui donner un second souffle. Et comme il est attendu à l’Élysée pour y recevoir la Légion d’honneur, il a toutes les raisons de se réjouir. D’autant qu’Alexandre, qui suit des études à Stanford, assistera à l’événement.

Alors que l’avenir s’annonce radieux, tout bascule soudain. Mila, la fille d’Adam Wisman dépose plainte pour viol et accuse Alexandre qui avait accepté qu’elle l’accompagne à la soirée étudiante à laquelle il était convié.

Les circonstances du drame restent floues, d’autant que les deux protagonistes ont bu et ont pris de la drogue. Mais la machine judiciaire est lancée et, s’agissant du fils de deux personnalités, les médias et les réseaux sociaux se déchaînent. La déflagration est d’autant plus forte qu’elle arrive après l’affaire Weinstein et que le cocktail, sexe, argent, et pouvoir ne peut qu’enflammer les esprits. La présomption d’innocence vole en éclats, la mise en examen vaut déjà condamnation. Aussi bien pour Alexandre que pour ses parents.

Karine Tuil décrit avec précision les étapes, de l’incarcération au procès, et met en parallèle les deux versions qui s’opposent, sans prendre parti. Ce qui donne encore davantage de force au roman. Comme le rappelle le juge aux jurés, «Il n’y a pas une seule vérité. On peut assister à la même scène, voir la même chose et l’interpréter de manière différente. « Il n’y a pas de vérité, écrivait Nietzsche. Il n’y a que des perspectives sur la vérité ».» Au lecteur de se faire sa propre opinion, tout en constatant que la violence prend ici le pas sur la justice. Que personne ne sort indemne d’une telle épreuve. Qu’il ne reste rien des choses humaines.

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