
L'invention de nos vies
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Sam Tahar semble tout avoir : la puissance et la gloire au barreau de New York, la fortune et la célébrité médiatique, un « beau mariage. » Mais sa réussite repose sur une imposture. Pour se fabriquer une autre identité en Amérique, il a emprunté les origines juives de son meilleur ami Samuel, écrivain raté qui sombre lentement dans une banlieue française sous tension. Vingt ans plus tôt, la sublime Nina était restée par pitié aux côtés du plus faible. Mais si c’était à refaire ?
À mi-vie, ces trois comètes se rencontrent à nouveau, et c’est la déflagration…
« Avec le mensonge on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir » dit un proverbe qu’illustre ce roman d’une puissance et d’une habileté hors du commun, où la petite histoire d’un triangle amoureux percute avec violence la grande Histoire de notre début de siècle.
Ma lecture
Après ma lecture Des choses humaines qui m’avait énormément plu par l’écriture, le style, construction mais aussi par la façon dont Karine Tuil exposait les faits, gardait la distance, laissant le lecteur avec son ressenti et son interprétation, je voulais avoir confirmation que ce n’était pas un one shot. Mon choix s’est porté sur L’invention de nos vies que plusieurs personnes m’ont vivement recommandé et le thème du mensonge mêlé à l’amitié, à l’identité, l’amour était particulièrement attractif.
« Personne ne me connaît. Si un jour quelqu’un prétend le contraire, ne le crois pas ».(p216)
Parce qu’il a mis son ambition au-dessus de tout, parce qu’il ne pouvait y arriver dans le pays qu’il avait choisi qu’en changeant d’identité, Samir Tahar s’est construit une identité en utilisant celle de son meilleur ami de jeunesse, Samuel, mais n’a pu lui voler sa femme, Nina, qui a choisi de rester auprès de lui. Samir, Samuel, trois premières lettres du prénom en commun mais cela suffit-il pour être un autre et surtout tenir la distance les origines, le passé, ne pas être démasqué, vivre dans la dissimulation et le mensonge ?
En prenant l’identité de son meilleur ami, Samuel, juif d’origine polonaise, Samir Tahar, musulman, réussit à se créer un nouveau profil afin de s’ouvrir toutes les portes dans un pays où sa confession de naissance est suspecte en particulier depuis les attentats de 2001. Il est désormais avocat dans un des plus gros cabinets à New-York, il est marié à la fille d’une des plus grosses fortunes juives américaines Ruth Berg, a deux enfants et il pense avoir le contrôle de sa vie et le monde à ses pieds. Il est brillant, il plait aux femmes, tout lui réussit mais il garde une blessure : Nina, la compagne de Samuel qui a choisi de rester auprès de lui au lieu de le suivre aux Etats-Unis vingt ans plus tôt.
L’occasion lui est donnée de la retrouver, de la pousser à le suivre cette fois-ci mais l’édifice qu’il avait construit va peu à peu s’effondrer par la mise à jour des nombreux mensonges qui entourent son existence dans un pays où il ne fait pas bon trahir, mentir.
Au fond, même à New-York, dans le milieu le plus riche et bourgeois, un des milieux ultra-fermés où l’on n’entre qu’après avoir prouvé le prestige de sa généalogie, il n’avait jamais cessé d’être la petite gloire de Nawel Tahar, l’enfant qui allait venger sa mère. (p195)
J’ai particulièrement aimé la construction du récit. On découvre Samir, devenu Sam, au sommet de sa réussite, arrogant, sûr de lui et qui pourtant comporte des failles, invisibles aux regards des autres, mais pourtant présentes. Tout avoir et pourtant ressentir la frustration de ne pas posséder ce qui vous tenait le plus à cœur, l’amour d’une femme et l’homme qui vit près d’elle est celui dont il a pris l’identité. Il lui a pris son passé, sa confession religieuse mais n’a pu emporter sa femme. Qu’à cela ne tienne, l’occasion lui en ai fourni et cette fois-ci sa réussite sera complète.
Deux hommes opposés : Samir le fort, le puissant, qui ne doute jamais et Samuel le fragile, éducateur dans le social et écrivain à ses heures, celui qui doute, sans ambition autre que de vivre auprès de Nina un bonheur tranquille. L’un va remporter la mise, l’autre va s’enfoncer encore plus.
C’est lui cet écrivain à la langue heurtée, aux phrases déstructurées, dont les mots s’enchaînent avec une puissance qui emporte tout, saccage ce qui était construit, révèle ce qui était dissimulé, souille ce qui était pur, ébranle ce qui était calme. (p252)
Ils étaient amis mais tout les séparait, j’ai aimé la façon dont Karine Tuil oppose les deux destins et fait de Samuel un phénix qui renaît de ses cendres grâce à l’écriture et il y a de nombreux passages où j’ai eu l’impression que l’auteure mettait beaucoup d’elle-même
Ce moment où enfin, à quarante ans, il se sent à l’acmé de sa maturité intellectuelle, en pleine possession de ses moyens, et pour un homme comme lui, qui a fait de sa vie un exercice de renoncement, c’est jouissif. Rien ne l’excite plus que d’obéir à l’agencement des mots, d’écrire des phrases dont le rythme le trouble, d’inventer des personnages et de vivre avec eux , dans le monde qu’il leur a créé, celui d’une virtualité nécessaire pour supporter l’autre monde, le réel. (p253)
Comme dans Les choses humaines, l’écriture est soignée, pesée, triturant les mots, cherchant à donner le terme le plus juste, les différentes interprétations possibles, utilisant le / pour rythmer ses pensées, ses hésitations comme : « Samuel et Nina restaient pétrifiés, comprenant que plus rien ne serait jamais comme avant, que quelque chose était corrompu/détruit/souillé qui ressemblait à l’innocence, à la tranquillité factice qu’assurait l’ignorance ».
Et bien cela se confirme, j’aime l’écriture et l’univers de Karine Tuil. Elle utilise dans ce roman foisonnant le thème du mensonge pour analyser également la société où nous vivons, ses contraintes, ses règles. Mais comme dans le jeu de dominos, au fur et à mesure que les pièces tombent, les conséquences sont immenses en particulier quand vous usurpez une identité incompatible avec vos racines, que vous trahissez famille, femme et amis, que tout ce qui vous constitue est finalement bâti sur du vent.
J’ai aimé la psychologie des personnages, leurs atermoiements, suivre le cheminement de leurs pensées avec parfois de longues phrases scandées par la vitesse des pensées, des doutes, des questionnements. Ce roman est presque un document tant il parle de notre société, des préjugés, des luttes à mener quand on est pas forcément dans la bonne case. Certes, elle fait de Samir un être assez détestable, l’archétype de la réussite à tout prix, pris à son propre piège mais qui conserve malgré tout des faiblesses (ou ce qu’il considère des faiblesses) : ses racines.
C’est un récit en escalade, il monte en puissance, sans aucun temps mort, maintenant jusqu’au bout la pression. On est happé par la richesse des thèmes, les situations très imprégnées par l’actualité, par les conflits religieux et sociétales et avec parfois la justification des actes par rapport à une société qui ne laisse pas le choix que de masquer la réalité.
Pas une minute d’ennui, ce sont deux chemins de croix que l’on observe, dans deux sens opposés, qui portent également à réfléchir sur le pouvoir, ce qu’il est, sa fragilité, sur les apparences mais également sur l’identité, la position sociale, la déchéance.
Grandeur et décadence, amour et amitié, puissance et gloire quand tout n’est qu’illusions, croyances, artifices. Un roman miroir de nos sociétés, qui met le doigt sur des points sensibles comme ce que l’on est prêt à faire pour réussir, pour ouvrir certaines portes mais attention :
« Avec le mensonge on peut aller très loin ; mais on ne peut pas en revenir. »(p283)
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