
Désolations
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Sur les rives d’un lac glaciaire au coeur de la péninsule de Kenai, en Alaska, Irene et Gary ont construit leur vie, élevé deux enfants aujourd'hui adultes. Mais après trente années d'une vie sans éclat, Gary est déterminé à bâtir sur un îlot désolé la cabane dont il a toujours rêvé. Irene se résout à l'accompagner en dépit des inexplicables maux de tête qui l'assaillent et ne lui laissent aucun répit.
Mon avis
David Vann n’est pas un écrivain optimiste. Son histoire personnelle, avec le suicide son père lorsqu’il avait treize ans, est douloureuse. Ses écrits mettent souvent en scène des personnes hantées par des névroses, des obsessions et ayant des relations familiales très difficiles.
« Désolations » ne déroge pas à la règle. C’est un roman triste où les couples s’enlisent car ils ne savent, ne peuvent, plus se parler. Parce que la banalité du quotidien les tue à petits feux. Parce qu’ils sont plus penchés sur eux-mêmes que sur les autres…. Alors tout devient ardu : communiquer, échanger, regarder autre chose que ses problèmes, s’ouvrir à la discussion…
« Gary était le champion des regrets. Le regret est une chose vivante, un lac au fond de lui. »
David Vann creuse les âmes tourmentées, les personnalités troubles. Il analyse les échecs à travers les différents personnages. Il montre la difficulté à maintenir du lien face à l’usure du temps. Les sentiments s’effacent petit à petit, disparaissent et on se recentre uniquement sur soi, ce qui n’est pas la bonne solution.
« Peut-être lui manquait-il une faculté humaine élémentaire, celle qui lie les gens les uns aux autres ? »
Je comprends que ce récit puisse ne pas plaire, sembler répétitif. L’Alaska et son climat parfois hostile, des individus dépressifs, c’est un peu l’univers de l’auteur.
Je pense qu’il ne faut lire plusieurs titres à la suite pour se préserver. Personnellement, j’ai retrouvé une écriture (merci à la traductrice) qui cerne les protagonistes, qui nous exprime leur mal-être, leurs questionnements. Et même si cette histoire est parfois prévisible, d’une tristesse infinie, sans lueur, côtoyant le désespoir et un gouffre sans fond, tout est bien retranscrit et ça c’est très fort !
L’Alaska… Promesse d’une vie simple et rude au sein de la nature sauvage. Représentation fantasmagorique d’une société scandinave ancestrale et guerrière installée à force de sain labeur dans un univers hostile... Voilà ce que vint y chercher Gary, laissant en plan ses études de langues anciennes dans une université californienne sous prétexte d’une année de repos qui serait mise à profit pour préparer sa thèse. Il emmena avec lui Irene, sa petite amie de l’époque. Et les voilà trente ans plus tard, jeunes retraités habitant les berges d’un lac glaciaire dans cette Alaska qu’ils n’ont finalement jamais quitté, parents de Mark et Rhoda, dorénavant adultes et indépendants.
Terre d’enclaves de désespoir où viennent s’échouer ceux qui n’ont pas trouvé leur place ailleurs pour y végéter dans des villes sales et minuscules, l’Alaska a pourtant dès le début foulé aux pieds l’idée romantique que s’en faisait Gary. Mais comme de nouveau obsédé par son fantasme d’alors, il rêve d'un retour à un état plus instinctif, de se réaliser dans l’accomplissement de tâches physiques en construisant de ses mains une cabane en rondins sur une île au milieu du lac, dans laquelle il compte vivre avec Irene… Projet quelque peu bancal, tant Gary travaille dans l’improvisation et l’approximatif, sans paraître réaliser la dimension rudimentaire et inconfortable de leurs futures conditions de vie. Il démarre d’ailleurs la construction de la cabane au mauvais moment, juste avant l’arrivée d’un hiver précoce qui fait sentir ses premières rigueurs. En allant transporter un premier lot de rondins pendant une tempête, Irene attrape un méchant rhume qui lui laisse de lancinantes migraines prenant des proportions démesurées, et auxquelles les médecins ne trouvent aucune explication physiologique… elle se gave d’antalgiques et d’anti-douleurs qui la mettent dans des états comateux. Une manière sans doute inconsciente de se révolter contre l’idée de Gary qui contrairement à ce qu'il prétend, n’est que la sienne, mais elle se garde bien de l’exprimer à haute voix, persuadée que son époux tirera prétexte de leur désaccord pour la quitter. Or, orpheline depuis l’enfance suite au suicide de sa mère et à la disparition de son père, Irene en a gardé une hantise de l’abandon.
Mais malgré ses efforts pour se montrer conciliante, la construction de la cabane tourne peu à peu à l’affrontement…
Pendant ce temps Rhoda, fille fiable et pleine de sollicitude s’inquiète, voit que quelque chose cloche chez sa mère sans mettre le doigt sur l’ampleur du phénomène qui est sur le point de faire exploser le couple que forment ses parents. Elle-même est sur le point de réaliser son rêve, se marier avec Jim, un dentiste un peu plus âgé qu’elle qui va la sortir de la médiocrité pour une vie confortable et facile, mais le manque d’enthousiasme de ce dernier face à leur prochaine union la laisse perplexe et mal à l’aise… Il faut dire que son promis a compris grâce à Monique, une amie de Mark aussi belle et jeune qu’elle est indépendante et volage, qu’il ne pourrait sexuellement se contenter d’une seule femme…
David Vann place ses héros à un moment de leur vie où les regrets, les réminiscences de leurs rêves enfuis, les plongent dans une amertume vaine et agressive. La moindre contrariété prend des proportions tragiques, les efforts pour tenter de redonner un sens à l’existence se révèlent épuisants et stériles. Leurs tentatives illusoires pour rattraper les espoirs d’une jeunesse qu’avec le recul ils idéalisent, les poussent à rendre l’autre responsable de la médiocrité de leur présent, sans réaliser leur propre fourvoiement, se mentant à eux-mêmes sur la fragilité des élans qu’ils n’ont pas eu le courage de concrétiser.
Un récit plombé par le ressentiment et le désespoir, l’auteur semblant s’appliquer à détruire toute lueur d’optimisme, à démontrer la rareté de toute intention bienveillante ou altruiste dans les relations entre ses personnages, et pour la seule qui fait montre de quelque générosité et de souci des autres (Rhoda), on soupçonne assez vite que cela va mal tourner… Cette absence de pitié de l’auteur envers ses personnages, alliée à l’hostilité de l’environnement glacial qui tient lieu de cadre à l’intrigue, font de "Désolations" un roman fort et désespérant.
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