
Au carrefour des étoiles
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l’avis des lecteurs
Je redoutais un peu la lecture de ce roman. Je ne sais pas pourquoi, vraiment. De la SF américaine des années 60, un prix Hugo… J’avais tendance à penser que le texte serait poussiéreux, vieillot, et un peu ardu. Et puis bon, les prix et moi… Et en fait, rien de tout ça. Quels a priori à la con quand même on peut avoir. Bref. Au carrefour des étoiles, roman de 63, a été retraduit par Pierre-Paul Durastanti et republié chez J’ai lu en 2021. La nouvelle traduction n’est pas pour rien dans le plaisir que j’ai eu à découvrir et lire ce texte.
Un texte de SF positive ?
Faisons la paix
On parle beaucoup de SF positive ces derniers temps, avec Becky Chambers, notamment. Une SF qui n’est pas complètement dystopique, qui propose des solutions fondées sur la paix, le vivre-ensemble, des idées qu’on pourrait dire utopiques. Récemment, j’ai lu Le premier jour de paix d’Elisa Beiram et l’étiquette est accolée à son roman, aussi.
C’est assez drôle comme enchaînement, vous semblera t-il. Toutefois, j’ai trouvé pas mal de similitudes entre les deux romans. L’idée de paix et de tolérance est centrale dans les deux textes, et sa finalité également. En effet, dans les deux romans, il s’agit d’intégrer une sorte de confédération galactique. Or, pour cela, il faut montrer que la Terre n’est pas qu’un ramassis de barbares qui se battent continuellement pour des clopinettes. Que sa population sait vivre ensemble, et faire les bons choix. Qu’elle est aussi capable d’accepter la différence et d’en faire une force.
Au carrefour des étoiles est ainsi un texte profondément doux, mélancolique et porteur d’espoir en même temps. Qui parvient, quand la catastrophe est imminente, à ouvrir une autre porte et trouver des solutions. Qui fonctionnent plutôt bien. Plutôt. J’y reviendrai plus bas.
En attendant, peut-être que je suis à côté de la plaque, mais je trouve là une source aux textes de SF positive contemporains.
Quelques facilités…
Je disais plus haut que le roman parvenait plutôt bien à mener sa barque. J’insiste sur le « plutôt« . Parce que l’intrigue en elle-même n’est pas non plus parfaite. Certes, c’est fluide, agréable à lire, facile. Mais… un peu trop, justement. Car le schéma narratif est d’une simplicité enfantine, et les éléments perturbateurs assez ridicules, tombant comme un cheveu sur la soupe. On sent bien que ce n’était pas là l’important pour l’auteur, mais quand même. Je me suis marrée plusieurs fois en constatant quels étaient les ressorts utilisés par Simak pour faire avancer son histoire. Parfois, c’était vraiment risible, tout de même.
Au carrefour des étoiles, et au carrefour des choix
Au centre de la galaxie…
Au carrefour des étoiles se déroule au centre d’une galaxie interconnectée, au cœur d’un réseau de planètes reliées. Mais on ne sait pas, par exemple, comment s’est construite cette station-gare; ni comment les liens se sont faits entre la Terre et ces autres planètes. On ne sait pas non plus pourquoi, qui, quand.
L’altérité, on la côtoie au moment où des extraterrestres font escale chez Enoch. Ce sont des scènes de vie : un thé, une discussion, une soirée bavarde. Quelques descriptions, quelques impressions personnelles et intuitions d’Enoch permettent d’en apprendre un peu plus sur toutes ces créatures. Mais on n’en sait pas vraiment plus. Mais finalement, on n’en a pas besoin non plus. L’auteur parvient à nous donner juste ce qu’il faut pour attiser notre curiosité, et notre imagination fait le reste toute seule.
Certaines scènes sont très touchantes, porteuses de beaucoup d’émotion très pure et très simple. Je ne m’y attendais pas du tout. En fait, je ne m’attendais pas à un texte empli d’une si grande humanité. Nulle technicité compliquée dans ce roman; pas de jargon, pas de concept tiré par les cheveux ou nécessitant un bac +1000 pour comprendre ce dont il est question. Non, Au carrefour des étoiles est un roman très abordable et qui donne des étoiles plein les yeux.
Au cœur des choix
Un texte de SF profondément humain. Car l’enjeu est résolument humain. Enoch doit faire des choix, et il se trouve à un carrefour présentant plusieurs solutions. Laquelle choisir ? Quelles conséquences aura tel choix, pour lui et sa planète ? C’est très intéressant d’avancer dans ses réflexions, parce que l’échelle change; ce n’est plus seulement lui qui compte, mais la Terre entière. Sa place dans la galaxie. Tout devient très relatif : le temps, l’individu, la vie et la mort. D’ailleurs, la différence d’échelle se mesure à chaque instant. L’infiniment grand côtoie directement l’infiniment petit, avec des querelles de voisinage et des histoires du quotidien.
J’ai bien aimé à ce titre la place de cette maison. Je n’y avais pas pensé de prime abord, mais ce bouquin rejoint parfaitement mon petit challenge littéraire autour de « la maison en SFFF ». En effet, elle est au centre du roman, du réseau intergalactique qui se construit; en cela, elle est un lieu de passage, mais aussi de protection contre l’extérieur. Tout se concentre, dans cette maison : les enjeux galactiques, planétaires, et ceux du voisinage. Et évidemment, tout est interconnecté, et la maison joue un rôle prépondérant ici. Je trouve qu’elle symbolise parfaitement ce qui se joue dans ce roman : elle offre des portes aux personnages, vers des chemins différents, jamais empruntés.
Très très chouette surprise que ce carrefour des étoiles. Beaucoup aimé ce livre, que j’aurai plaisir à relire. On m’a dit que la nouvelle traduction avait pas mal dépoussiéré le texte, et je le crois sans peine. J’ai trouvé la prose moderne, agréable et d’une fluidité déconcertante. Bon, ça fait quinze minutes que je cherche à écrire la suite de conclusion, mais je suis enrhumée comme jamais et la tête comme un gros chat, je peux plus rien écrire de pertinent là; j’espère d’ailleurs ne pas avoir raconté d’âneries. Bref, vous aurez compris que c’est un roman à lire, lumineux et tout à fait d’actualité. Voilà. Je poursuivrai avec Demain les chiens.
Au Carrefour des étoiles est un roman de science-fiction de Clifford D.Simak datant de 1963. Le livre avait été traduit en France dès 1964, année où il avait obtenu le Prix Hugo. Les éditions J’ai lu ont décidé de proposer une nouvelle traduction pour leur collection Nouveaux Millénaires en avril 2021, et ont pour cela fait appel à Pierre-Paul Durastanti. Pour l’occasion, le livre s’est vu octroyer une plus belle illustration de couverture, reprise pour la version poche en aout.
Enoch Wallace est un mystère. Personne ne connait son âge exact, il a gardé la même apparence au fil des années et vit seul depuis des années dans la ferme familiale de la campagne du Wisconsin. Il ne semble pas avoir d’amis, la seule personne avec qui il parle est le facteur qui lui apporte son courrier et qui lui offre ainsi sa seule sortie de la journée. Il aurait même participé à la Guerre de Sécession, ce qui lui donnerait le bel âge de 124 ans. Tout cela a de quoi intriguer l’agent des services secrets Lewis qui enquête sur Wallace depuis 2 ans. Il a tenté de s’introduire dans la maison, sans succès. Elle aussi semble hors d’âge, comme si le temps n’avait pas d’effet sur eux.
Le début du roman est raconté selon le point de vue le l’agent Lewis et a de quoi entretenir le mystère et susciter la curiosité du lecteur. Puis l’auteur bascule sur le point de vue d’Enoch et tout devient plus clair. La maison abrite en secret un relais spatial où le temps s’écoule différemment. Enoch gère ce relais où passent des extraterrestres de toute la galaxie. Il aime cette vie hors-norme et souhaite en garder le secret. L’intervention de l’agent Lewis va tout bouleverser et risque d’amener à de grands risques pour l’humanité.
Le roman a été écrit dans les années 60 et peut apparaitre un peu vieillot, pourtant ses thématiques sont toujours d’actualité. Il parle de la guerre et des raisons qui peuvent y amener. Enoch est un observateur non seulement des extraterrestres mais aussi de la Terre, qu’il a vu changer au fil des années. Il parle aussi du temps qui passe, de la mémoire, de la conservation des souvenirs. Il nous parle aussi de la différence qui est source d’union et non de discorde. Humanisme, tolérance sont au centre de ce court roman. Clifford D.Simak se concentre sur ces thèmes et ne parle pas de technologies, de procédés scientifiques compliqués, ce qui permet au livre de bien vieillir.
Au carrefour des étoiles est un classique de la science-fiction qui bénéficie d’une nouvelle traduction de Pierre-Paul Durastanti basée sur la version roman du texte. C’est un roman profondément humaniste tout en finesse qui permet de découvrir ou redécouvrir Clifford D. Simak.
La lecture de Demain les Chiens avait été pour moi une des plus belles découvertes de ces dernières années, sans l’ombre d’un doute. Fort logiquement, j’avais inscrit le nom de son auteur dans un coin de mon esprit pour plus tard, et une occasion d’en découvrir plus à son sujet ou celui de son travail. Et, comme il s’avère que je suis un petit chanceux (encore), M Pierre-Paul Durastanti, encore lui, m’a généreusement fait parvenir un exemplaire de son travail sur la réédition d’Au Carrefour des Étoiles chez Nouveaux Millénaires. Alors certes, j’ai mis un peu de temps avant de me mettre à lire le roman ; j’ai un peu de souci à prioriser mes lectures, j’en conviens. Mais voilà qui est fait, et j’oserais affirmer que mieux vaut tard que jamais, et que l’essentiel est préservé.
Et maintenant, la question qui fâche : est-ce que ce roman est à la hauteur de celui qui m’a tant donné envie de le lire ? À question de grande magnitude, réponse complexe. Disons que oui et non. Ce qui serait une réponse frustrante si je n’avais pas une chronique entière à lui consacrer afin d’y apporter toutes les précisions et nuances possibles ; ça tombe bien.
Faisons donc.
Dans les années 60, les services spéciaux des États-Unis, en la personne de Claude Lewis, ont fait une étrange découverte. Quelque part au fin fond de la campagne du pays, dans la vieille maison de ses parents, semble vivre un certain Enoch Wallace. En dehors de ses promenades quotidiennes, cet homme pourrait sembler banal. Sauf qu’il est apparu aux termes d’une longue enquête qu’il vit dans cette maison depuis la fin de la Guerre de Sécession, et qu’il profite de larges moyens de subsistance dont on ignore la provenance. Clairement, cet Enoch Wallace cache quelque chose. Mais quoi ?
Il faut peut-être pondérer mon jugement à venir par le contraste établi entre ma lecture d’Au Carrefour des Étoiles et celle encore trop fraîche dans mon esprit des Maîtres de la Galaxie par l’inénarrable Jimmy YOLO Guieu ; mais l’une des choses qui m’a le plus frappée dans ce roman, c’est la modernité de sa pensée. Pour un ouvrage publié en 1963, il faut saluer l’avance que pouvait avoir Clifford Simak sur quelques sujets qui ne feraient pas tâche aujourd’hui, avec en plus l’élégance d’intégrer toutes ses réflexions au fil de l’intrigue sans jamais trop les expliciter. D’autant plus agréables, d’ailleurs, qu’elles résonnent toujours avec notre actualité, malgré la distance, ce qui confère à ce roman une rare qualité d’intemporalité que je ne peux que saluer, comme à chaque fois que je la rencontre avec une telle acuité. La grande intelligence de l’auteur, dans ce roman, comme pour Demain les Chiens, c’est d’explorer les possibilité de nombreuses altérités sans jamais s’appesantir sur leurs aspects les plus techniques, tout en parvenant à les rendre concrètes et crédibles. C’est assez paradoxal, mais en réduisant beaucoup de ses idées à leur plus simple expression au travers d’un filtre narrativement habile, Simak leur confère encore plus de qualités évocatrices, qui, alliées à son sens singulier de l’expression (bien aidé sans doute par Pierre-Paul Durastanti à la traduction), donne lieu à une succession de petits miracles littéraires.
C’est la deuxième chose à signaler à mes yeux. C’est si beau. Alors forcément, je verse dans l’hyperbole, certains passages obligés manquent nécessairement de poésie ; mais ceux qui en sont pourvus font preuve d’une générosité remarquable. Moi qui m’attriste depuis des années maintenant d’avoir perdu ma capacité d’émerveillement, notamment vis-à-vis de la littérature, malgré mes efforts pour découvrir un roman qui enfin saurait profondément m’émouvoir, on n’est pas passé loin. Alors bon, on ne parle que d’une légère humidification des rétines, parce que j’ai des sentiments à expression limitée, mais ça veut dire ce que ça veut dire ; dans le cas de la scène précise que j’ai à l’esprit, mon (petit) cœur d’auteur m’a fait me dire que si je devais un jour écrire une scène d’une telle intensité émotionnelle, avec autant de pudeur et d’élégance, j’aurais réussi ma carrière.
Le truc de ce roman, son supplément d’âme, c’est bien qu’il ne se détourne jamais de son humanité, dans tous les sens du terme, parvenant à ne jamais se disperser alors qu’il subit toutes les tentations endogènes de le faire. Comme souvent, c’est une question de l’excellence du cadrage ; là où d’autres récits auraient sans doute été tentés d’explorer leur monde en long, large et en travers pour tout montrer, tout expliquer et faire rêver, Clifford Simak a le sens aigu de l’à propos et reste dans un cadre restreint qui donne plus à imaginer qu’à voir, et de fait, à réfléchir qu’à constater. Comme d’habitude pour les romans que j’aime, il s’agit avant tout de poser les questions que donner leurs réponses.
Alors, oui, le roman a un peu souffert de la comparaison avec son prédécesseur dans mon historique de lecture, sans doute à cause des attentes qu’il avait pu susciter ; et parce que peut-être, Au Carrefour des Étoiles souffre d’un léger déficit d’ambition dans son dernier tiers, précipitant un peu trop sa conclusion à mes yeux, surtout dans son exécution. Disons que j’ai trouvé la mise en place des enjeux plus captivante que leur résolution, sans doute parce que la sensibilité de Clifford Simak sied mieux à un certain niveau de contemplation et d’exposition qu’à l’action, en tout cas à mes yeux. De fait, j’en aurais bien volontiers lu quelques dizaines de pages de plus, ne serait-ce que pour la chance de pouvoir saisir encore d’autres moments de grâce littéraire comme la scène évoquée plus haut, ou d’autres, sachant saisir avec la même délicatesse de petites vérités fugaces, construisant de petits nuages sur lesquels voguer l’espace d’un instant merveilleux. J’admets, il y avait un goût de trop peu arrivé au bout, malgré la perfection de la conclusion ; j’aurais simplement aimé plus de matière et de substance pour l’ensemble afin d’être absolument conquis.
Demeure qu’Au Carrefour des Étoiles est un roman formidable. Doué d’une grande sensibilité, d’une humanité foudroyante, d’une grande habileté conceptuelle, et surtout d’une classe incroyable, Clifford D. Simak a là aussi signé une œuvre marquante, qui pour moi n’a vraiment pêché que d’être arrivée en deuxième dans ma bibliothèque. Je comprends mieux pourquoi M Durastanti a tant tenu à la traduire à nouveau pour cette réédition ; j’en suis extrêmement reconnaissant.
Ce roman est à ranger aux côtés d’autres grandes œuvres humanistes de l’Imaginaire ; une leçon à beaucoup d’égards.
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