Le Café sans nom
  • Date de parution 08/01/2025
  • Nombre de pages 272
  • Poids de l’article 1 gr
  • ISBN-13 9782073042118
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Allemagne Romans étrangers Réédition moins d'1 mois

Le Café sans nom

3.67 / 5 (223 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

En cette année 1966, Robert Simon décide de prendre un nouveau départ, la trentaine venue. Employé journalier au marché des Carmélites, dans un faubourg populaire de Vienne, il réalise son vieux rêve et redonne vie au café laissé à l'abandon devant lequel il passe chaque jour. C'est avec sa coutumière attention aux détails que le grand écrivain Autrichien évoque les destinées modestes de ceux qui deviendront les habitués du Café sans nom. Depuis Le Tabac Tresniek (2014), Seethaler n'avait plus mis en scène sa ville natale : ses descriptions de Vienne renaissant de ses cendres vingt ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale ont ici une tendresse et une saveur particulières.

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  • Date de parution 08/01/2025
  • Nombre de pages 272
  • Poids de l’article 1 gr
  • ISBN-13 9782073042118
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Le cafetier qui était sociologue sans le savoir

À travers le portrait d’un cafetier viennois et de sa clientèle, Robert Seethaler retrace les années 1970 d’un faubourg de Vienne. Un roman plein d’humanité et une chronique nostalgique de la capitale autrichienne.

Nous sommes à Vienne en août 1966, dans le quartier des carmélites et plus précisément autour du marché, le Karmelitermarkt. C’est là que travaille Robert Simon. Il aide ici et là, offrant sa force de travail et son assiduité à qui veut bien l’embaucher. Quand l’histoire commence, il vient de trouver le local qui va lui permettre de concrétiser son rêve, devenir son propre patron. L’aventure est risquée pour quelqu’un qui n’a pas de fortune et pas d’expérience, mais à l’image de la ville qui se métamorphose, il va se lancer. Et, ma foi, assez vite trouver ses marques.

Car il peut compter sur ses connaissances, les petits commerçants du coin et notamment son ami le boucher pour, le temps d’une pause, venir prendre un café ou une bière.

«Robert Simon ouvrit comme prévu son café à midi tapant. À peine dix minutes plus tard arrivait le premier client. Simon le connaissait de vue, c’était un fruiticulteur de la Wachau, qui louait de temps à autre un espace entre les stands pour écouler ses paniers d’abricots. (…)

— Qu’est-ce que tu as ?

— Du café, de la limonade, du soda-framboise, de la bière, du vin de Stammersdorf et de Gumpoldskirchen, du rouge et du blanc. Et pour manger, des tartines de saindoux avec ou sans oignons, des cornichons et des sticks salés.

— C’est pas grand-chose

— Je viens d’ouvrir. Et puis c’est un café, pas un restaurant.»

Au fil des jours, son local voit le nombre des habitués grandir. Avec les clients occasionnels, ils forment un microcosme fascinant, reflétant l’histoire de l’Autriche d’après-guerre en train de se relever. Ceux qui s’installent pour une partie de cartes espérant ne pas être dérangés par ceux qui sont venus se saouler et qui quelquefois en viennent aux mains. On y croise aussi des femmes à la recherche d’une âme sœur ou d’un mari qui délaisse son foyer. On y boit de la bière, mais aussi du vin, on y mange des tartines de saindoux roboratives, souvent accompagnées de cornichons. Tout va bien jusqu’à l’arrivée de l’hiver, quand le froid décourage les plus courageux. Jusqu’à ce qu’une veuve ne lui souffle la solution: «un hiver sans punch n’est pas un hiver digne de ce nom».

La recette concoctée par Robert va lui permettre de rebondir, mais aussi de transformer l’atmosphère de ce café dont il a désormais renoncé à donner un nom. Une atmosphère qui va aussi changer avec l’arrivée de Mila. Couturière ayant perdu son emploi, elle va très vite prendre ses marques au côté de Robert, qui ne peut tenir le coup seul, surtout qu’il entend rester ouvert durant toute la semaine.

«Les effluves de punch chaud qui, avec la fumée de cigarettes, les odeurs d’oignon, de bière et de café moulu sur fond de brouhaha de conversations, produisait une douillette et brumeuse atmosphère familiale.»

Robert Seethaler, qui a passé son enfance dans ce quartier de Vienne et qui a lui aussi été témoin de la transformation de la capitale autrichienne, dépeint parfaitement cette atmosphère familiale, cette mixité sociale et les aspirations des différentes générations. Il y a ceux qui essaient d’oublier la guerre, sans pour autant y arriver vraiment, et il y a ceux qui ont tourné la page pour se projeter vers un avenir plus heureux. «Je me souviens que mon père disait, ne regarde pas en arrière, la vie est devant toi. Mais entre-temps il y a tellement plus de passé que d’avenir. Qu’est-ce que j’irais regarder devant moi où il n’y a plus rien? Enfin aujourd’hui le soleil brille, c’est déjà quelque chose. Oui, c’est déjà ça. Alors, il regarde encore? Non, il est parti maintenant.»

C’est avec sa plume remplie d’humanité qu’il raconte ces années à travers des personnages attachants, des trajets souvent chaotiques, des histoires en train de s’écrire, belles et douloureuses, riches et pourtant modestes. Ce style empli de douceur permet au lecteur de se sentir à son tour accueilli dans ce café et avide d’entendre les confidences de ce «petit» peuple. Tout en subtilité, ce roman émouvant s’inscrit parfaitement dans l’œuvre du Viennois, après Le Tabac Tresniek (2014), Une vie entière (2015), Le Champ (2020) et Le Dernier Mouvement (2022). À lire sous la couette, avec un Punch chaud que vous pourrez également appeler «un Autrichien».

TTT - Très Bien "À l’arrière-plan de ces vies minuscules, s’esquisse le décor d’une époque, les années 1960, déjà loin mais tout de même si proches des années de guerre. L’ordre économique a commencé sa mutation, les nouvelles constructions, de béton et de verre, dessinent la nouvelle physionomie urbaine ; de nouveaux habitants s’installent dans le quartier, venus de Yougoslavie ou de Turquie ; imperceptiblement, la vie change. Il n’y a pourtant, chez Robert Seethaler, ni aigreur ni glorification virulente d’un passé révolu. Tout le talent de l’auteur tient dans un puissant sens de la description. Dans les mots de Seethaler, on ressent le froid de l’hiver, on vit les romances comme les bagarres, on entend le couteau du boucher s’enfoncer dans la viande qu’il découpe, on sent le sol se dérober sous les pieds de l’ivrogne. La réalité humaine des personnages est si profondément sondée ; l’histoire en marche, elle, n’est qu’évoquée, suggérée. Si nostalgie il y a, il s’agit d’une nostalgie douce. Comme les « si jolis reflets au soleil » dans un ballon de rouge."

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