L'Occasion
Résumé éditeur
En stock
l’avis des lecteurs
TTTT - Bravo "Nous sommes au milieu du XIXᵉ siècle. Contre le rationalisme triomphant de son temps, Bianco est convaincu que « la pensée gouverne la matière ». Sous le pseudonyme d’A. Burton, il quitte son Argentine pour Londres et connaît le succès grâce à des spectacles de télépathie. Mais à Paris, où il se rend ensuite, une représentation tourne à l’humiliation. Il est ridiculisé par des positivistes, que lui-même exècre pour leur culte du « magma excrémentiel de la matière ». Après cette chute, il erre jusqu’à s’installer dans la pampa et se marier avec la jeune Gina. C’est ici que nous le suivrons, à travers un triangle formé avec l’ami et associé Garay Lopez —ils vendent du fil de fer aux éleveurs de la région. Se greffe alors une seconde intrigue, lorsque Bianco soupçonne une liaison entre Gina et Garay Lopez. Maître du vertige métaphysique, Saer l’est aussi de la psychologie, peignant avec Bianco un homme outragé, qui structure peu à peu son rapport au monde dans une paranoïa envers la matière et la chair. Nourri par une vie de lectures, Saer est enfin un maître du roman, c’est-à-dire de son art (en particulier de la mise en scène) comme de son histoire, jouant avec les genres. Cette fois-ci avec le roman historique, comme ailleurs (L’Enquête) avec le polar."
On peut dire que le romancier Juan José Saer sait varier les plaisirs… voici le troisième titre que je lis de cet auteur, et à chaque fois il me surprend en adoptant un ton différent et en abordant une thématique nouvelle.
"L’occasion" est centré sur son héros, autour duquel plane une chape d’incertitude l’auréolant de mystère. S’appelle-t-il Bianco ou A. Burton ? Est-ce un véritable télépathe ou un escroc ? Un espion au service des prussiens, un fuyard victime d’une énigmatique conspiration ou un opportuniste cherchant fortune ?
Nous le trouvons au début du récit planté au milieu de la pampa argentine, quasi no man’s land où il a fait bâtir un austère cabanon, y passant plusieurs mois dans le plus grand dénuement. Il a connu son heure de gloire dans les années 1850 en Europe, qu’il a parcourue en mettant en scène ses pouvoirs dans le domaine de la transmissions de pensée ou du déplacement d’objets à distance, changeant selon les besoins de langue et de nationalité. Il est hanté par la rancœur de l’humiliation que lui firent subir les positivistes dans une salle de spectacle parisienne, et qui l’a poussé à l’exil.
Arrivé en Argentine avec un groupe de paysans italiens qu’il a convaincus, à la demande d’un consul argentin, de venir s’installer sur des terres vierges, il a su là aussi s’adapter à son nouvel environnement, faisant preuve d’un pragmatisme et d’une souplesse d’esprit à toute épreuve pour se fondre dans le décor et mener à bien ses ambitions entrepreneuriales.
Bien que remarquable, avec sa foisonnante chevelure ondulée et cuivrée et son physique avantageux, sa manière de se comporter en toutes circonstances avec naturel, de se montrer indifférent aux changements de l’extérieur et de s’adapter à l’environnement même le plus rude, en font un véritable caméléon, qui sait se faire accepter partout et par tous.
C’est ainsi qu’il a conquis l’amitié de Garay Lopez, médecin argentin qui lui a soigné un abcès au doigt et qui a fini par devenir son associé. Le docteur fait partie de ces familles qui se sont implantées dans la province en domestiquant et en exploitant le bétail sauvage aux dépens de la population indigène, mais il a pris ses distances avec les siens, en conflit avec son jeune frère tyrannique et capricieux qui fait régner la terreur sur leur domaine.
Bianco est pourtant un homme torturé. Marié avec Gina, belle et très jeune femme dont l’indifférence sereine et la passivité mystérieuse semblent dissimuler de vastes plans secrets, il se laisse dévorer par la jalousie, ruminant sans cesse les éléments d’une brève scène qui a inoculé en lui le doute quant à la fidélité de son épouse.
Dans un décor fait tantôt d’une plate immensité qui prête à la réflexion mais aussi aux mirages, tantôt d’une ville -Buenos Aires- arborant encore des airs de campagne sous les gesticulations de sa population grouillante et cosmopolite, Juan José Saer introduit une dimension profondément psychologique, en insistant sur les affres intimes de son apatride aux origines incertaines, créant un curieux contraste entre son apparente égalité d'humeur et la violence de ses angoisses intérieures.
L’écriture est virtuose, sensuelle, parfois précise et parfois suggestive. Je crois bien que Juan José Saer fait partie de ces écrivains qui pourraient raconter n’importe quoi, je le suivrai les yeux fermés, assurée d’y trouver du plaisir !
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés