
Pukhtu
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l’avis des lecteurs
« Le terme pukhtu renvoie aux valeurs fondamentales du peuple pachtoune, l’honneur personnel – ghairat – et celui des siens, de sa tribu – izzat. Dire d’un homme qu’il n’a pas de pukhtu est une injure mortelle. Pukhtu est l’histoire d’un père qui, comme tous les pères, craint de se voir privé de ses enfants par la folie de son époque. Non, plutôt d’une jeune femme que le remords et la culpabilité abîment. Ou peut-être d’un fils, éloigné de sa famille par la force du destin. À moins qu’il ne s’agisse de celle d’un homme cherchant à redonner un sens à sa vie. Elle se passe en Asie centrale, en Afrique, en Amérique du Nord, en Europe et raconte des guerres ouvertes et sanglantes, des conflits plus secrets, contre la terreur, le trafic de drogue, et des combats intimes, avec soi-même, pour rester debout et survivre. C’est une histoire de maintenant, à l’ombre du monde et pourtant terriblement dans le monde. Elle met en scène des citoyens clandestins. »
Quasi inclassable, cet écrit pourrait avoir des affiliations avec « Je suis Pilgrim » mais, car il y a un mais, l’auteur a enfanté un docu-fiction d’une rigueur, de détails techniques et narratifs exacerbés. Le résultat présente et exploite des thématiques lourdes et complexes que sont la géopolitique, les conflits armés modernes, les arcanes des politiques dévoyés sans se départir d’une peinture réaliste et impressionniste des personnages prépondérants au récit. L’entrée, l’immersion dans cette brique n’est pas initialement chose aisée mais en appui de glossaires, de cartes, de listes détaillées des personnages, le lecteur se fondera dans l’univers voulu de DOA. Un écrit magistral de part sa singularité et l’exigence qualitative de son géniteur. Un pari osé réussi!
Convoyages de détenus, gardes des prisonniers à l’hôpital, patrouilles nocturnes dans les communes, les entreprises de sécurité privée grignotent peu à peu les tâches régaliennes de l’Etat, sans que cela ne choque plus grand monde. On s’en accommode et tant pis pour les dérives que l’on découvrait au sein même des services étatiques. Le fait de confier ces tâches au privé n’est donc guère rassurant. Aux USA, ce sont désormais des conglomérats privés qui gèrent les établissements pénitentiaires. On franchit un pas supplémentaire avec la sous-traitance du renseignement confié à des entreprises de mercenariat qui évoluent au cœur des conflits armés comme on le constate avec Pukhtu du romancier DOA décrivant avec une précision quasi chirurgicale les péripéties sanglantes de la guerre en Afghanistan en 2008.
Après la perte de sa fille adorée et de son unique fils tous deux exécutés à distance par l’intermédiaire d’un de ces drones qui survolent le pays, Sher Ali délaisse désormais la contrebande dans les contrés tribales des pachtounes, pour prendre part à la résistance contre l’envahisseur américain et assouvir ainsi sa soif de vengeance en se prenant aux intérêts du mystérieux groupuscule 6N responsable la mort de ses enfants. Il y va de son honneur, le pukhtu, et de celui de tous les membres de son clan qui le suivent dans une succession d’attentats et d’embuscades sanglantes. Mais les hommes du 6N, anciens soldats devenus mercenaires, ne sont pas des enfants de cœur comme le constate Fox, guerrier clandestin en quête de rédemption, qui met à jour un trafic d’héroïne mis en place par ses camarades. D’une guerre ouverte en conflits clandestins sur fond de compromissions et de trafics en tout genre, les échos des belligérances afghanes résonnent dans tous les coins du globe.
Un pavé dans la mare, tel pourrait être la définition de Pukhtu Primo, roman foisonnant qui met à jour avec force de documentation et de réalisme, le marasme du conflit en Afghanistan. Avec Fox et quelques autres personnages, DOA prolonge ainsi son fameux roman Citoyens Clandestins où l’on assistait avec le point de vue bien ancré de ses personnages à la lutte entre les différents services de renseignement français traquant un groupuscule islamiste. Pukhtu reprend la même dynamique avec d’avantage de protagonistes qui incarnent les multiples conséquences d’un conflit dont les enjeux deviennent de plus en plus globalisés. On y découvre avec effarement que les forces armées américaines ne sont pas si nombreuses et que ce déficit est suppléé par des entreprises privées qui prennent le pas sur les agences officielles. Plus que les trafics, plus que la corruption, ce business de mercenariat s’inscrit dans une logique de compromission sur fond d’exemplarité démocratique que l’on souhaite importer dans un pays qui possède son propre code de l’honneur. Quel sens donner à tout cela, c’est ce que Fox cherche à comprendre au delà des considérations cyniques de ses camarades. Pour son adversaire Sher Ali, tout semble plus simple avec cette logique de vengeance. Mais il y a les trahisons, les pertes humaines et le doute qui s’installe en pensant à la douceur de sa fille défunte qui n’approuverait certainement pas toute cette haine.
Un texte dense, parfois trop documenté, Pukhtu est un roman saisissant où l’on appréciera la série de portraits de personnages parfois ambivalents que dresse l’auteur dans un récit qui ressemblerait à une série dont la première saison sert à mettre en place les principales intrigues narratives qui trouveront leurs issues dans un second opus qui sortira au printemps 2016. Le glossaire dressant l’inventaire des protagonistes du roman ne sera pas de trop. Si les portraits de la plupart d’entre eux sont extrêmement bien élaborés, on regrettera toutefois l’aspect trop stéréotypé, voir caricatural des personnages féminins qui évoluent à Paris.
Même s’il est passionnant, Pukhtu n’est pas exempt de quelques longueurs où DOA semble vouloir démontrer toute la somme de connaissances qu’il a acquise lors de la phase de recherche. L’aspect balistique de l’armement des belligérants est particulièrement inutile, voir assommant, tout comme les rapports de situations abscons qui ne servent pas le récit, hormis le froid décompte des pertes humaines. C’est d’autant plus dommageable que cela prétérite une belle dynamique d’actions percutantes que l’auteur rédige avec un talent hors norme en mixant des styles empruntés aux thrillers et aux romans noirs. On appréciera d’ailleurs la scène d’ouverture, un modèle du genre qui n’est pas sans rappeler quelques grands auteurs comme James Ellroy ou David Peace avec une singularité propre à l’auteur. Tout comme ces grands auteurs, DOA met en relief la série des événements qu’il relate avec des articles de presse qui donnent la pleine mesure des scènes dans lesquelles évoluent ses personnages.
Plus qu’une guerre, plus qu’une vengeance, DOA met en lumière avec Pukhtu le business juteux et obscur de ces entreprises de renseignements qui prennent le pas sur les agences officielles d’un pays qui perd peu à peu le sens de l’état. Une déresponsabilisation inquiétante que DOA dénonce avec une belle maîtrise.
On l’attendait tous avec impatience depuis qu’on en avait entendu parler. Il est là, cela valait le coup d’attendre. Pukhtu de DOA.
Afghanistan, 2008. Les troupes américaines et les multiples officines privées qui les accompagnent n’arrivent pas à freiner l’avancée des talibans qui reprennent peu à peu le terrain perdu, et regagnent des appuis dans la population, soit par la peur, soit en profitant de la corruption du gouvernement et des morts « collatérales » des bombardements américains.
Fox, Ghost, Voodoo, Tiny et quelques autres sont des mercenaires, même si maintenant on n’utilise pas ce mot : ils sont employés par une entreprise très proche de la CIA. Ils forment des afghans, aident les bombardements par des drones, font du renseignement, combattent … et trafiquent à l’occasion.
Peter est un journaliste indépendant, qui enquête sur le coût de la guerre.
Sher Ali Khan Zadran est chef d’un clan pachtoune. Comme son père il fait de la contrebande et ne voit pas d’un très bon œil la guerre portée sur son territoire par les talibans. Jusqu’à ce qu’une partie de sa famille soit tuée par un missile tiré par un drone. Il déclare alors la guerre aux infidèles, tout en restant le plus indépendant possible.
Tous et bien d’autres se débattent dans ce merdier, qui a des répercussions bien loin, de Paris à Abidjan en passant par le Kosovo ou Washington.
Il y a certainement beaucoup de travail en amont de la rédaction de ce Pukhtu très impressionnant. Ce qui est très fort, c’est qu’on ne le sent pas, ce travail. On imagine qu’il y est, on devine qu’il a été fait, mais il ne se voit plus, il s’oublie. On a toute l’information nécessaire pour comprendre le jeu complexe qui se joue dans un pays dont on ne sait pas grand-chose, cette information est bien délivrée, mais on n’a jamais l’impression de subir un cours.
On est pris dans le souffle de cette histoire, de ces histoires, emporté auprès des différents personnages. DOA ne juge pas (même si son agacement devant certaines lâchetés ou bêtises transparait parfois au détour d’une phrase), il n’explique pas, il ne juge pas. Il raconte. Il raconte avec du souffle, du suspense, en prenant soin que tout soit clair, mais sans jamais simplifier, faisant confiance à son lecteur et partant du principe qu’il acceptera l’effort (ô combien jouissif) de suivre une multitude de personnages et de rentrer dans une histoire qui ne peut pas être simple. Merci de cette confiance.
Il faut faire, certes, un petit effort, mais on est aidé par l’écriture dans le plus pur style DOA : directe, sèche souvent, sachant pourtant rendre la beauté et la majesté d’un paysage, impressionnante d’efficacité dans les scènes d’action, jamais mièvre ni larmoyante et pourtant capable d’empathie.
L’Afghanistan, pour moi, ce n’était que des articles survolés dans les journaux, L’homme qui voulait être roi du grand John Huston, vu il y a bien longtemps, et Les cavaliers de Joseph Kessel, lu il y a encore plus longtemps ! Ce sera aussi désormais Pukhtu, dont j’attends la suite avec impatience.
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