
Le dernier Afghan
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l’avis des lecteurs
« Ce fut Jan Soutchiline qui fit coulisser la portière, et largement. Guerman le força aussitôt à reculer avec le canon du Saïga et,depuis le marchepied, l’obligea à se rasseoir sur son siège.
— Qu’est-ce qui te prend, l’Allemand ? s’étonna Jan. Tu débloques ?
— Les gars, c’est un braquage, expliqua Guerman avec un soupir. J’ai pas envie de vous descendre, mais je pourrais sans mal vous estropier. Vous me connaissez, non ?«
Entre 1979 et 1989, l’URSS intervient économiquement et bien sûr militairement en Afghanistan, pays frère à cette époque là. Ces combats, parmi les derniers de la Guerre Froide, feront des milliers de morts, militaires comme civils, de blessés et de réfugiés.
Les jeunes anciens combattants russes revenus vivants sont surnommés les Afghans, et sont très souvent mal aimés et craints par la population. Un peu partout émerge l’idée d’une fraternité afghane parmi ceux qui ont perdu leur jeunesse dans ce pays qu’ils ne connaissaient pas.
Le problème du retour des soldats à la vie civile contemporaine après d’âpres combats sans réelles victoires est récurrent en littérature, Kevin Powers il y a quelques années, Sébastien Vidal plus récemment, l’ont brillamment traité. Alexeï Ivanov y ajoute, et ça m’a plu, une histoire de la Russie post-communiste, de la chute du régime à l’avènement d’un capitalisme tumultueux avec ses luttes de pouvoirs et ses méthodes mafieuses.
« Le dernier afghan » prend place à Batouiev, une ville fictive de Russie centrale fortement inspirée par Iekaterinbourg et son histoire depuis une trentaine d’années. À son retour des combats en 1986, le jeune officier Sergueï Likholiétov, un invraisemblable roublard, met sur pied le Komintern, une amicale d’afghans, tous marqués et abîmés par ce qu’ils ont vu, fait et subi. Sous couvert de fraternité, il développe une économie de marché et infiltre, souvent violemment, avec ses dizaines de gars, tous les secteurs de Batouiev. Ce qui donne lieu à des scènes rocambolesques à plusieurs moments : la prise de contrôle d’un marché couvert avec des bulldozers, les règlements de compte avec des rivaux, etc. Les flingues comme la picole sont de sortie. Voilà pour la toile de fond du roman.
De ce groupe et de cette histoire d’anciens combattants, Alexeï Ivanov extirpe le taiseux Guerman Niévoline, dit l’Allemand, et fait défiler sa vie devant nous. De son service militaire en Afghanistan au milieu des années 80, jusqu’à une période récente. Mais plutôt que de faire banal et chronologique, il a découpé en tranches la vie de son personnage, secoué le tout, et nous charge de recoller les pièces dans le but louable de nous divertir.
« Les arbres étaient bordés de brouillard. Tout en tirant la carriole, Guerman, le souffle court, songeait à l’étrangeté de sa situation. L’ex-soldat qu’il était, ancien combattant d’Afghanistan, se retrouvait en plein automne, dans une forêt déserte, à tirer au milieu d’un taillis compact d’aulnes et de sorbiers une charrette de jardinage contenant une montagne de fric insensée. Comment sa vie avait-elle pu tourner ainsi ?«
Guerman Niévoline est sans cesse présent, tour à tour au cœur de l’action ou simple figurant. Il semble ordinaire, subir le cours de sa vie. Sauf qu’à un moment subir ne lui convient plus, et là son intelligence se met en branle. Redoutable intelligence qui tente de parer à toutes les éventualités jusqu’à faire fi de la fraternité afghane. Dès le début du roman, on le voit dérober des sacs remplis de billets, en attachant ses anciens compagnons d’armes dans le fourgon de transport de fonds dont il est le chauffeur.
Le traitement des personnages est particulièrement réussi, beaucoup se voient comme des héros, certains en sont, d’autres ne sont que des flambeurs, la plupart sont bruts de décoffrage, souvent machos, remplis de bière et de vodka. Les quelques femmes du roman ne sont pas mieux loties, ce sont des harpies, des teigneuses, à l’exception de Tatiana Koudiélina qui flotte tel un songe du début à la fin.
La lecture se doit d’être attentive, Ivanov construit sa galerie de personnages tout au long du roman, et beaucoup réservent quelques surprises, bonnes et mauvaises.
« Le dernier Afghan » est donc diablement réussi. Ivanov est habile à raconter plusieurs histoires, à jouer avec nous, à feindre de nous égarer mais, toujours, il glisse au détour d’une phrase un détail, une allusion qui nous repêche. C’est un travail de haute couture que sa façon de lier, de mêler des histoires de guerre à celles du quotidien d’une autre époque, des scènes de western urbain en 1991 à celle d’un braquage tranquille en 2008. Ces récits souvent très réalistes, comme celui de la rencontre entre Niévoline et Likholiétov lors d’une longue séquence de combat, sont de véritables nouvelles et pourraient quasiment être lues séparément.
C’est un pavé brutal, âpre, on s’enfonce profondément dans le noir, mais grâce au talent de raconteur d’histoires de l’auteur, c’est absolument passionnant.
Quatrième de couverture
Par amour, un soldat russe démobilisé dérobe le contenu d’un fourgon blindé : ainsi s’achève la longue histoire de la puissante Union des vétérans de l’Afghanistan.
Mon avis
« L’idée afghane, cela signifie qu’on défend nos droits ici, comme on a défendu notre vie en Afghanistan. Tous ensemble. Par la force. »
La guerre d'Afghanistan de 1979 à 1989 a monopolisé des soldats russes. On peut se demander ce qu’ils allaient faire là-bas. Et bien soutenir le pouvoir qui venait d’être victime d’un coup d’état. Le nouveau gouvernement étant socialiste et pro-soviétique, l’armée se devait de maintenir l’ordre. Ce conflit a duré une dizaine d’années et à leur retour en Russie, ces militaires ont eu du mal à retrouver une place.
C’est pour cela que Sergueï Likholiétov a créé une union d’anciens combattants, au début des années 90. Se serrer les coudes, ne jamais se trahir, rester unis entre afghans, c’est ça leur devise. Il fonde le Komintern, une structure qui a pour but de les occuper et de monter « des affaires ». Noble idée sur le principe, un peu moins sur le terrain…. Le chef Sergueï pense surtout en termes d’intérêts financiers ou autres, il a de l’influence sur « ses hommes » et petit à petit, il gagne du terrain, s’installe partout, accroit le pouvoir du Komintern et pas toujours de façon honnête…
Guerman Niévoline a connu Sergueï « là-bas » et lorsque ce dernier lui propose de le rejoindre, il se souvient des liens noués, de la fraternité, des valeurs communes défendues, et il arrive. Il sera chauffeur, transportant parfois de grosses sommes d’argent dans un fourgon blindé. Un jour il craque, et part avec l’argent, sans violence aucune. Qu’est-ce qui l’a poussé à agir ainsi ? Il se doute bien qu’il va être rapidement rattrapé, quelle idée !
C’est une fresque de plus de six cents pages que nous offre l’auteur. Par d’habiles retours en arrière, nous découvrons ce qui a amené Guerman à faire ce choix, ce qu’ont vécu ces guerriers, ce qui a été leur moteur, leurs raisons de poursuivre le combat ensemble sur deux lieux différents.
« En Afghanistan, on était des frères de l’Union soviétique et on combattait pour ça. Et en Union soviétique, on est des frères d’Afghanistan et on fait des affaires. »
Mais pendant qu’on visite le passé, que deviennent Sergueï et ses sacs de billets ? Régulièrement, on a de ses nouvelles. C’est un homme bon, qui ne veut pas le mal, qui aspire à autre chose, qui rêve sans doute car peut-être que ce mieux n’arrivera jamais… Il est désabusé, comme « à côté » de ce monde avec lequel il ne se sent pas en phase. Trop de violence, trop de corruption, trop de magouilles, trop de mensonges… Il essaie de se protéger mais que c’est difficile !
C’est un monde masculin, rude, brut de décoffrage, sans concession qu’on nous présente. C’est également le récit d’un pays et de ses habitants qui déchantent. Heureusement, il y a Tatiana, l’éternelle fiancée, celle qui ne pose pas de question, qui avance comme elle peut, avec ce que lui donne la vie. Elle sait pourquoi elle est née, elle voudrait croire en un avenir meilleur et elle s’accroche. Elle est la petite lueur dans tout ce noir.
L’écriture d’Alexeï Ivanov (merci à la traductrice : Raphaëlle Pache) est précise, détaillée, sans pour autant faire dans la fioriture. On suit les événements, on s’attache à Guerman, même s’il vole, car il essaie de fuir l’horreur. Une fois encore on réalise que la guerre fait des ravages, que la politique mal menée détruit les relations humaines, que le pouvoir modifie les être humains et fausse leur regard.
J’ai eu du mal à entrer dans ce livre, sur les premières pages, j’avais l’impression de me perdre avec les noms à consonance rugueuse. Et puis, rapidement, j’ai eu mes repères et à partir de là, j’ai été captivée et intéressée. J’ai vraiment apprécié ce récit complet, cette incursion dans un autre monde et la découverte d’un nouvel écrivain.
Les polars russes sont rares par ici. Malheureusement, je n’ai pas été convaincu par Le dernier Afghan d’Alexeï Ivanov.
Guerman, dit l’allemand, chauffeur pour le compte de Chtchébétovski qui possède une bonne partie de la ville de Batouïev décide de changer de vie, pour lui, mais surtout pour son amante Tatiana. Il braque le camion contenant la recette du centre commercial qu’ils acheminent, lui et d’autres Afghans, anciens de l’Afghanistan. L’enjeu sera maintenant de rester en vie et de pouvoir disposer de l’argent.
Sur cet événement symbolique s’achève définitivement la fraternité des anciens combattants, ces jeunes considérés comme des brutes, que le flamboyant Sergueï Likholiétov avait organisés en une union qui avait mis la ville à leurs pieds au début des années 1990.
Dommage que ce roman souffre, à mon goût, de trop de longueurs. Parce qu’il commence très bien avec un récit de braquage parfaitement mené. Parce que ce qu’il raconte est intéressant et complètement nouveau pour le lecteur français qui ne sait rien de la vie de ces soldats revenus d’Afghanistan. Autant côté américain les lecteurs de polars sont familiers des privés, flics ou braqueurs anciens du Vietnam, puis d’Irak ou toute autre guerre américaine, autant on avait ici peu d’équivalent sur le pendant russe. Parce que certaines scènes sont particulièrement réussies, comme le récit de la guerre de Guerman et Sergueï, l’installation des Afghans dans des immeubles réquisitionnés ou les guerres de gangs à Batouïev.
Mais il y a beaucoup trop de longueurs, de chapitres s’attardant sur les vies des différents protagonistes qui n’apportent rien et trainent, trainent … Et plus on avance dans les plus de 600 pages du roman, plus ces longueurs deviennent lourdes, pénibles à la lecture, incitant à sauter allègrement quelques paragraphes pour aller voir comment tout cela va finir.
Dommage, je pense que j’aurais trouvé ce roman passionnant s’il avait été resserré, amputé de 200 bonnes pages. Là, au final, malgré les bons moments, c’est l’impression de lassitude, et l’envie d’en finir qui restent à la fin de la lecture.
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