
Le poids du monde
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l’avis des lecteurs
“Là où les lumières se perdent”, premier roman de david Joy avait été une très bonne surprise en 2016 et l’homme lors de ses interventions lors du festival America à Vincennes avait gagné rapidement la sympathie de tous, passionné et un peu habité, rien de tiède dans tous les cas. Parfait original, David Joy nous avait offert à cette époque un entretien de grande qualité.
“Là où les lumières se perdent” participait au grand rush de ces dernières années de romans noirs ou polars chez les bouseux ricains, surtout chez les plus tarés, qu’on nomme “rural noir” ou appalachien (qui fait plus classe) aux fins de lui donner des lettres de noblesse ou pour bien vous faire comprendre que vous aurez le cocktail habituel de flingues, de gros cons, de femmes battues, d’histoires misérables, de bastons, fusillades et outrances et une partie d’humanité, de compassion selon les livraisons, avec toujours comme reine de la fête l’inévitable meth, grande corruptrice qui rend furieux et parfaitement imprévisibles les tarés oligophrènes que l’on rencontre dans tous ces romans. Alors, au bout d’un moment le “rural noir”, ça va bien, ça tourne un peu en rond au niveau des intrigues qui sont dynamisées trop facilement par les actes des dégénérés quand ils sont sous acide.
Et puis, il y en a certains qui se distinguent, qui ont le petit truc qui émeut ainsi qu’une plume qui est capable de faire ressentir un peu de grandeur, de chaleur, d’humanité au milieu du cloaque, du carnage, de la misère. Et tout comme Benjamin Whitmer qui me vient de suite à l’esprit en illustration, David Joy sait lui écrire des très bons “country noir” et pourtant…
Et pourtant “Le poids du monde”, je l’ai déjà lu précédemment et à de nombreuses reprises, je l’ai même déjà lu écrit il y a deux ans par David Joy. Choisissant donc de rester en terrain connu et sur une thématique déjà parfaitement évoquée , Joy écrit une nouvelle histoire de jeunes adultes en difficulté dans le comté de Jackson en Caroline du Nord avec trafic de meth et avec encore un côté œdipien bien ancré même si c’est par transfert…Du déjà vu donc mais c’est sans compter sans la puissance de la plume de l’auteur, sa propension à créer de l’empathie pour des personnages forts dans leur vie, dans leur complexité, dans leurs désirs d’une vie un peu moins moche. Le regard fraternel envers les paumés et ceux-là, au nombre de trois sont vraiment des damnés de la terre, est constamment apparent dans la narration exemplaire de David Joy.
Extrait de l’entretien de septembre 2016:
« Ce nouveau roman, The Weight of This World, m’est venu de la même manière, oui. J’avais un minuscule fragment de scène : je voyais deux amis allant acheter de la méthamphétamine, et je les voyais l’acheter à quelqu’un qu’ils avaient toujours connu. Je voyais que ce dealer avait amassé un tas d’objets volés en guise de paiement pour la drogue – quelque chose de très représentatif de là où je vis – et que dans le tas, il y avait des armes. Je le voyais se vanter d’avoir toutes ces armes volées, et pointer un flingue vers l’un des deux amis. Ils se lèvent subitement, et lui crient de ne pas faire ça. Le mec commence à rire, et leur dit de se détendre. Que le flingue n’est même pas chargé. Et il ajoute : « Regardez, vous allez voir… », tout en portant l’arme à sa tempe. Il appuie sur la gâchette, pour prouver que la chambre est vide, mais elle ne l’était pas. En une seconde, le type s’est fait exploser la cervelle. Alors tout d’un coup, les deux camés se retrouvent assis sur un canapé, avec une pile d’armes, de drogue et d’argent devant eux, et un dealer mort à leurs pieds. C’est la première image que j’ai eue, et c’est comme ça que commence l’histoire. On ne passe pas les vitesses une à une, on démarre sur les chapeaux de roue dès que le top départ est lancé. »
Aiden, à douze ans, a vu son père abattre sa mère avant de retourner son arme contre lui. Thad Boom a caché et hébergé son pote dans la caravane isolée dans laquelle il vit au fond de la propriété de son beau-père, triste sire passant sa vie à picoler et à battre sa femme. April, la quarantaine, est la mère de Thad, fruit d’une grossesse non désirée. Elle n’a jamais aimé son fils, s’en veut mais chaque jour, il lui rappelle sa jeunesse volée, l’abandon par sa famille, l’humiliation, ses années de souffrance. Pendant l’absence de Thad, au combat en Afghanistan dont il reviendra bien déglingué, son alcoolo de mari enfin mort, April est devenue l’amante d’ Aiden. Du pur « white trash » et ce n’est que le début.
En l’absence de boulot pour eux, Aiden et Thad vivotent de petits vols minables et se défoncent.Et puis, cadeau des dieux, à la mort accidentelle et particulièrement nulle de leur dealer sous leurs yeux, les deux compères se retrouvent avec une quantité de came à revendre, une quantité modeste mais difficile à fourguer dans leur coin de miséreux. Commence alors une lente et longue descente aux enfers pour les trois, hélas bien désunis et démunis au moment d’affronter un cauchemar qu’ils ont eux-même convoqué.
Et dès les premières lignes, on cogne, on flingue, on gueule , on baise, ça pue le mauvais alcool, la came pourrie, les nanas barges, la sueur, le tableau accablant de la misère ordinaire … Roman violent, “ Le poids du monde” est mû par un tempo impeccable, pas de temps mots. Violence des actes dictés par la came, plongée sidérante dans la Cour des Miracles des tweakers mais aussi dureté du propos, de l’histoire…des montagnes de Caroline de tristesse, d’injustice dégueulasse et la certitude que Dieu invoqué à un moment ne fera rien pour vous. Le seul cadeau céleste ici , c’est cette nature omniprésente que décrit souvent de bien belle manière David Joy, amoureux de sa région.
Roman particulièrement dur, désespéré, triste, “Le poids du monde” est une belle tragédie américaine, une illustration de l’âpreté de l’existence, un peu à la “ Sinaloa cowboys” de Bruce Springsteen”.
Malheureux comme les pierres.
Encore une histoire de bouseux, de « redneck » évoluants au sein de cette Amérique de la marge dont on entend de plus en plus parler. En dépit d’une floraison d’ouvrages traitant le sujet, on aurait tord d’éprouver une certaine lassitude qui nous pousserait à passer à côté de quelques textes superbes reflétant le talent d’auteurs qui sont parvenus à capter toute la douleur et toute la violence d’une classe sociale défavorisée que l’on a dissimulée derrière le lourd rideau du rêve américain. Pourtant le phénomène ne date pas d’hier et l’on pense bien évidemment à quelques romanciers emblématiques comme Jack London, John Steinbeck, Horace Mc Coy ou Earl Thompson pour n’en citer que quelques uns qui se sont employés à dépeindre cette Amérique profonde peu reluisante. C’est avec Daniel Woodrell qu’est apparu l‘expression country noir pour désigner un genre prenant pour cadre quelques villes méconnues ou quelques régions reculées, comme Denver, Cincinnati, la région des Appalaches ou des monts Orzacks, sur fond de violences et de détresses sociales en partie dues au trafic et à la consommation de crystal meth quand ce n’est pas tout simplement l’alcool qui ravage ces populations précarisées. De ce courant ont émergé quelques grands auteurs à l’instar de Ron Rash, Donald Ray Pollock et Benjamin Whitmer qui décrivent sans fard cette fureur, cette marginalité et cette souffrance imprégnant l’ensemble de leurs récits. Une liste loin d’être exhaustive puisque l’on peut y intégrer David Joy qui nous livre avec son second roman, Le Poids Du Monde, un sublime récit emprunt d’une noirceur terrible, se déroulant dans l’univers déliquescent de paumés toxicomanes évoluant sur les contreforts des Appalaches, du côté de Jackon county, terre d’élection de l’auteur.
Après avoir abattu sa mère, son père lui a lancé un dernier je t’aime et avant de se tirer une balle dans la tête. Puis Aiden McCall s’est empressé de fuir son foyer d’accueil pour trouver refuge dans une caravane dans laquelle Thad Broom a été relégué par son beau-père qui ne le supportait plus tandis que sa mère April hantée par le viol qu’elle a subit dans sa jeunesse, semble incapable de lui manifester la moindre preuve d’affection. Les années passent et depuis sa démobilisation, après avoir été engagé dans les combats en Afghanistan, Thad peine à se réinsérer dans la vie civile. Ainsi les deux garçons vivent d’expédients avec, à la clé, un avenir incertain, ponctué de journées festives à base d’alcool et de drogue. Mais avec la mort accidentelle de leur dealer, les choses pourraient changer en raflant une quantité de drogue et d’argent qui constituent un butin inespéré. Mais en matière de stupéfiants les choses peuvent rapidement mal tourner. Thad et Aiden vont l’apprendre à leurs dépens.
Pour les lecteurs en quête de fusillades enragées et de délinquants déjantés possédants un certain charisme dans la nature de leurs actions sadiques, Le Poids Du Monde ne répondra pas à leurs attentes puisque l'auteur s'est focalisé sur l'ordinaire d'individus que la vie n'a pas épargné en les dotant d’un passif pesant trop lourd sur leurs épaules. Le souvenir du drame familial pour Aiden, La réminiscence des combats pour Thad et la résurgence du viol dont a été victime April dans sa jeunesse, on perçoit à chaque instant, cette charge écrasante fixant ainsi la destinée précaire de ces personnages qui sont privés de l'essentiel et qui trouvent quelques échappatoires dans la consommation de méthamphétamine. Avec une tension latente qui émane principalement de Thad, tout en colère contenue, le destin bascule subitement avec la mort accidentelle de ce dealer permettant à l'auteur de donner son point de vue quant à la détention et au maniement irresponsable d'armes à feu. On devine déjà que la découverte providentielle d'argent et d'un stock de drogue ne résoudra pas les problèmes de Thad et d'Aiden, bien au contraire. Un enchaînement de circonstances sordides, de règlement de comptes tragiques contribuera à mettre en exergue toute la rage et toute la douleur de ces trois marginaux en quête d'une vie meilleure sans pouvoir s'accorder sur les moyens d'y parvenir.
Avec un texte à la fois sobre et puissant, David Joy parvient à mettre en scène la chronique d'une vie ordinaire qui tourne à la débâcle, en mettant en évidence les failles d'un système qui n'apporte aucun secours à ces petites gens qui n'ont pas d'autre choix que de s'entraider, même si parfois ce soutient tourne court en laissant des stigmates qu'ils ne parviennent plus à effacer. De victimes, certains d'entre eux deviennent bourreaux pour infliger la somme de douleur qu'ils ne peuvent plus supporter et qui découle pourtant le plus souvent des choix qu’ils font que du courant d'un destin incertain qu'ils ne sauraient maîtriser. Vengeance, fuite en avant et désespoir, l'auteur parvient à insuffler, sans excès, une tension permanente, entrecoupée de quelques éclats de violence émaillant ce terrible récit, tout en nous offrant par moment, de beaux instants lumineux qui éclairent la noirceur d'un roman dressant le portrait acéré d'une Amérique perdue, sans rêve et sans espoir.
Quatrième de couverture
Après avoir quitté l'armée et l'horreur des champs de bataille du Moyen-Orient, Thad Broom revient dans son village natal des Appalaches. N'ayant nulle part où aller, il s'installe dans sa vieille caravane près de la maison de sa mère, April, qui lutte elle aussi contre de vieux démons. Là, il renoue avec son meilleur ami, Aiden McCall. Après la mort accidentelle de leur dealer, Thad et Aiden se retrouvent soudain avec une quantité de drogue et d'argent inespérée. Cadeau de Dieu ou du diable ?
Mon avis
C’est un roman où l’auteur met en lumière des laissés pour compte, ceux qu’on oublie, qu’on abandonne… Thad et Aiden sont amis depuis l’enfance. Deux vies pas faciles, le premier a vécu la guerre en Afghanistan et a vu (et commis) des horreurs, le second a été cabossé par le destin dès sa naissance. Ils vivent dans la vieille caravane d’April, la mère de Thad qui a un grand terrain. Drogue, alcool, filles, trafic, voilà leur quotidien…
Et puis, un jour leur dealer meurt et l’occasion se présente de récupérer ce que ce dernier possédait. Le revendre apporterait un petit pactole et l’occasion de se sentir plus serein côté finances. Oui, mais rien ne va se dérouler comme les deux compères l’ont imaginé….
En Caroline du Nord, il n’est pas forcément facile de trouver du travail. Il est plus aisé de s’embarquer dans des petites combines, des magouilles et de fréquenter les mauvaises personnes. Surtout quand, dès le départ, il y a eu des manques dans l’accompagnement éducatif.
David Joy nous présente, dans une atmosphère de désespérance, des personnages qui ne font pas forcément les bons choix, qui se laissent influencer par leur peur, qui tentent (mal) de s’en sortir, qui sont accablés par leur passé, et leur avenir bouché. On voudrait qu’ils puissent espérer, comme April le souhaite pour elle-même, une autre chance, d’autres possibilités pour changer le cours des choses mais le contexte est tellement difficile ….
Le propos est sombre, l’écriture est belle, presque lumineuse. Elle résonne à l’oreille comme une musique douce-amère où le peu d’éclaircies disparaît aussitôt, happé par la noirceur de ce monde lourd, si lourd….
« Tout le poids de ce monde semblait l’accabler à cet instant, tandis qu’il se tenait là, regardant dans le vide, se demandant combien de temps il pourrait tenir avant de ployer sous la pression. »
A propos du premier roman de David Joy, j’avais titré « David Joy sur les traces de Daniel Woodrell », dommage, j’aurais eu mon titre tout trouvé pour le second : Le poids du monde, je vais devoir en trouver un autre.
Comme dans le roman précédent, nous sommes dans les Appalaches. Thad Broom et Aiden McCall sont amis, presque frères, depuis l’enfance. Ils ne se sont quittés que quand Thad s’est engagé dans l’armée. Une période en Afghanistan qui l’a changé à jamais. De retour, marqué dans son corps et surtout dans son âme, il tente de survivre, de petit boulot en petit boulot, partageant avec Aiden un mobil home posé sur le terrain appartenant à sa mère April.
Un jour où ils sont allés acheter quelques cristaux de meth, leur dealer se fait stupidement sauter la tête. Ils en profitent pour faire main basse sur l’argent et la drogue qu’ils trouvent. Une façon, peut-être, de pouvoir échapper à la spirale des petits boulots et des petits larcins. A moins que ce ne soit le déclencheur d’une plus grande catastrophe.
Oui encore du rural noir, oui le rural noir est à la mode, les romans de ploucs perdus dans les Appalaches violents et bas de front ont la côte. Mais, premièrement ce n’est pas parce qu’une thématique est à la mode qu’on n’y trouve pas de pépites, et surtout deuxièmement, David Joy a une voix à part, beaucoup plus proche, toujours plus proche de Daniel Woodrell ou Larry Brown (je répète ici ce que je disais pour le premier) que des histories de clans à moitié dégénérés capable des pires violences.
Ce qui caractérise ce nouveau roman c’est l’empathie de l’auteur, la tendresse avec laquelle il nous fait vivre la vie de trois paumés, écrasés par la vie, le manque de chance, le poids du lieu et du passé. Et pourtant, pas d’enfants de cœur ici, April, Aiden et Thad sont capables de cruauté, de violence et d’injustice. Ils ont tous trois l’impression de ne pouvoir quitter ni le lieu ni le milieu social qui les condamnent à tout juste survivre. Ecrasés il peuvent être injustes, racistes, violents, et pourtant David Joy nous les fait aimer. On comprend d’où ils viennent, on découvre peu à peu ce qui a fait d’eux ce qu’ils sont.
Alors n’attendez pas de grandes scènes de bravoure, pas de poursuite haletante dans les montagnes, pas de psychopathe effrayant. Juste un moment de bascule dans la vie de trois largués qui, chacun à sa façon, trouvera une porte de sortie.
Plus riche, plus dense, terriblement émouvant, ce second roman confirme tout le bien que l’on pouvait penser de l’auteur lors de la publication de son premier, il en tient les promesses, et le place d’ors et déjà parmi les auteurs à suivre absolument.
Petite information, David Joy sera à Toulouse pour fêter les 10 ans de Toulouse Polars du Sud. Une phrase que vous allez revoir ces jours-ci, plus d’infos bientôt.
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