La fille qu'on appelle
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l’avis des lecteurs
Le maire, son chauffeur et sa fille
Dans son nouveau roman construit comme une mécanique implacable Tanguy Viel raconte l’histoire d’une jeune fille abusée par un homme de pouvoir. Un drame d’une brûlante actualité.
C’est un roman malheureusement très actuel. C’est un roman sur le pouvoir, la domination, l’emprise, la manipulation. C’est un roman d’hommes forts. À moins que ce ne soit l’inverse, au bout du compte. Car Tanguy Viel a compris que si le cœur des hommes dans ce coin de Bretagne est en granit, alors il peut se fissurer jusqu’à exploser.
Partie à Rennes, Laura revient auprès de son père dans la petite ville côtière où elle a grandi. Maxime Le Corre, dit Max, est une gloire locale, champion de France de boxe, il a eu une carrière exceptionnellement longue, puisqu’à quarante ans, il continue à enfiler les gants. Quentin Le Bars, le maire de la commune en a fait son chauffeur, lui permettant ainsi de s’afficher avec «son» champion.
Le troisième homme de ce roman est Franck Bellec, le gérant du casino. Un endroit que l’on peut considérer comme «une succursale de la mairie, là où se prenaient des décisions plus importantes qu’au conseil municipal, au point que certains avaient surnommé l’endroit le ministère des finances, et Bellec le grand argentier de la ville.»
Mais rembobinons le film. Car le roman commence au commissariat, au moment où la police prend la déposition de Laura. C’est au fil de son interrogatoire que le lecteur va faire la connaissance de ces trois hommes et de la victime dont la beauté n’a cessé d’attirer les convoitises. Repérée a seize ans par un photographe, elle a été engagée comme mannequin pour des campagnes de publicité, mais aussi pour des photos destinées à des revues de charme.
Aux policiers, Laura confie que c’est sur les conseils de son père Max qu’elle est allé voir son patron pour lui demander de lui trouver un logement, que ce dernier lui a promis de faire son possible avant de solliciter Bellec pour qu’il la loge dans son casino et lui trouve un emploi de serveuse.
En fait, le plan du maire est bien rôdé et les rôles parfaitement répartis. Le Bars a ses habitudes ici. Il vient au casino pour abuser de sa nouvelle protégée, pour assouvir ses besoins sexuels. Et accessoirement pour se prouver que son emprise reste puissante. Ne voit-on pas en lui un futur ministre?
La seule qui ne ferme pas les yeux face à ce manège est la compagne de Bellec qui tente d’avertir Max que la personne que son patron vient régulièrement voir n’est autre que sa propre fille. Mais l’engrenage tourne à pleine vitesse et ce n’est pas ce petit grain de sable qui viendra l’enrayer.
Grâce à une construction tout de virtuosité, le lecteur comprend dès les premières pages que Laura a porté plainte, mais le suspense n’en reste pas moins entier quant à l’issue d’une affaire encore trop banale. Jouant sur les codes du polar, sur une atmosphère à la Simenon, Tanguy Viel parvient à donner à ses personnages une très forte densité, si bien que le lecteur comprend parfaitement leur psychologie, leur fonctionnement. Ajoutons que dans ce jeu de pouvoir la dimension politique sourd de toutes les pages. Le pot de terre peut-il avoir sa chance face au pot de fer ? Le combat mené ici n’est-il pas le combat de trop?
Laura, vingt ans, fait face à deux policiers dans le bureau d’un commissariat d’une ville de bord de mer, qui ressemble à s’y méprendre à Saint-Malo. Elle est là pour déposer plainte, même si ce n’est pas évident d’emblée, tant le témoignage qu’elle déroule s’orne de digressions, de considérations parfois surprenantes. Et puis elle a une attitude un peu désaffectée, comme si se elle regardait elle-même raconter son histoire, commentant ses erreurs, analysant en même temps qu’elle le décrit son propre comportement. En même temps, cette étrange attitude pare sa démarche d’une spontanéité qui la rend sincère. Elle le dit d’ailleurs elle-même, elle veut être honnête, pour une fois ne pas mentir, "il faut dire les choses telles qu’elles eurent lieu".
Ses interlocuteurs s’impatientent un peu. Le lecteur aussi. A l’unisson de la sinueuse logorrhée de son héroïne, Tanguy Viel enrobe, chantourne. Chaque geste, pensée ou événements, sont l’occasion d’un examen qui semble parfois trop approfondi au regard de leur banalité, ce qui force la concentration, et détache un peu du propos. Et puis le temps de s’accoutumer, peut-être, à sa prose, on s’y glisse, un peu comme dans un vêtement qu’on a du mal à enfiler car il est à la fois trop ajusté et compliqué de lacets ou de fermetures éclair, mais une fois qu’on est dedans, on s’y sent bien au point de l’oublier.
Alors, on se refocalise sur l’intrigue. La plainte, donc. Une sordide histoire d’abus de faiblesse, Laura ayant sollicité le maire de la commune pour l’obtention d’un logement sur les conseils de son père, chauffeur depuis dix ans dudit maire. Elle s’est alors retrouvée prise au piège d’un chantage tacite facilité par l’emprise à la fois sociale, générationnelle, et masculine exercée par l’édile sur cette jeune fille qui n’a d’ailleurs à aucun moment dit "non", parce qu’il ne lui est même pas venu à l’esprit qu’elle était en droit de le faire. Est-ce parce qu’elle savait ne pas être la victime idéale ? Car il fut un temps où son corps d’adolescente encore mineure s’est étalé en sous-vêtements sur les affiches des abribus, avant d’être exposé dans des publications plus discrètes, cette fois totalement dénudé, ce qui n'a pas pu échappé au maire.
Et puis il y a le père, Max Le Corre, boxeur sur le retour à deux doigts de renouer avec la célébrité : après un long passage à vide il vient de remporter, à quarante ans, son trente-cinquième combat, et les journaux annoncent le prochain comme la concrétisation de sa renaissance. Une renaissance bienvenue car il ne lui reste rien des gains de sa gloire passée. Max a tout flambé. Projeté dans un milieu qui n’était pas le sien, celui de la nuit et des excès en tout genre, il n’a pas su garder la tête froide. En attendant, il conduit monsieur le maire. Ce dernier lui doit bien ça, après avoir lui aussi récolté les fruits de la célébrité du boxeur, tout comme son ami Franck Bellec, directeur du casino que ses magouilles et ses accointances avec les pontes de la municipalité ont fait surnommer "le grand argentier de la ville", le casino étant lui-même désigné comme le "ministère des finances". C’est d’ailleurs au dernier étage de l’établissement, dans l’un des appartements réservés à ses employés, que le maire a déniché un logement pour Laura.
Un contexte explosif, Laura étant "le baril de poudre introduit dans le casino, Max l’allumette qui ne demande qu’à être craquée". La tension nous envahit, l’intrigue s’acheminant vers une inéluctable et triste issue.
J’ai beaucoup aimé ce livre, qui ne peut que nous toucher par sa thématique actuelle et trop peu dénoncée encore. La lecture faite par Marie du Bled est très convaincante, le ton est juste pour donner vie à Laura, ou même aux protagonistes masculins. On entre tout de suite dans le récit. L’écriture poétique de l’auteur se prête parfaitement à la forme audio et une fois de plus, j’ai passé un excellent moment grâce à Audiolib que je remercie pour leur confiance.
Max, un ancien champion de France de boxe va tenter un dernier combat à quarante ans, mais dans sa vie de tous les jours, il est le chauffeur du maire Quentin Le Bars, quarante-huit ans et beaucoup d’ambition. Sa fille Laura revient s’installer chez lui et tout naturellement il demande à son patron s’il ne pourrait pas appuyer sa demande à l’office du logement de la ville. Le maire accepte de la recevoir et la trouve immédiatement à son goût, il lui trouve un logement et un emploi au casino de la ville, comme hôtesse. Ainsi il pourra la voir et coucher avec elle quand il le voudra. Laura ne dit jamais non, ne sachant pas ce qu’elle veut vraiment, jusqu’au jour où le maire devenu ministre lui manque vraiment de respect, alors elle se réveille et va déposer plainte contre lui. La conclusion du livre est peu vraisemblable, contrairement au reste de l’intrigue.
Il ne s’agit pas de violences sexuelles, il ne la viole pas, elle ne dit jamais non, mais plutôt d’une emprise dont elle aura peine à sortir. L’homme est puissant et charismatique, il sait donner le change et séduire, même si en réalité les préoccupations des « gens » comme il dit sont bien éloignées des siennes, il utilise les autres pour ses intérêts publics ou très privés, ce qui en fait un homme très cynique sous de belles apparences. Il domine aussi Franck le patron du casino, l’obligeant à engager Laura, ce qu’il ne voulait pas en tant qu’ancien manager et ami de son père. Il est présenté comme peu regardant sur la légalité, c’est en fait le seul personnage trop caricatural du roman. Le maire le tient aussi sous son emprise et n’hésite pas à l’humilier publiquement pour se donner le beau rôle. Laura est souvent ambiguë, elle ne dit jamais non, sa relation avec le maire n’est pas placée sous le signe de la violence. Toutefois, lors de leur dernière rencontre, elle se sent humiliée et ravalée au rang d’objet, ce qui la pousse à déposer plainte contre lui. Son passage au commissariat est raconté entre les chapitres de son histoire. Les policiers sont très corrects, mais le procureur cherche tout de suite la faille pour ne retenir que l’infraction la plus légère pour le maire, de plus Laura sera rattrapée par son passé… et l’issue de la procédure sans surprise.
Ce livre dénonce les privilèges des riches et des puissants qui peuvent écraser les petits sans difficulté, la justice à deux vitesses. Son écriture est poétique et musicale, elle se prête très bien à la lecture à haute voix. C’est un livre percutant sans pleurnicherie qui ne peut que nous toucher. Laura est autant victime d’elle-même que du maire. Elle ne met pas de limite et se laisse vampiriser par cet homme charismatique et séduisant. Marque de pouvoir, il la tutoie et elle le vousoie, quand elle finit par comprendre qu’elle n’est qu’un objet sexuel, elle réagit enfin. Elle parle peu avec son père mais ils sont un lien très fort. Le titre du livre est la traduction du mot « call girl ». Il nous parle de certaines pratiques qui ne devraient plus exister, mais sont malheureusement toujours actuelles, car les élus à qui ces faits coûtent très cher sont l’exception… et souvent seulement si la justice américaine s’en mêle. En Europe, il y a une certaine tolérance envers ce type d’abus et on essaie toujours de décréter que la victime est en partie responsable de ce qui lui arrive, comme Laura en fera l’amère expérience.
J’ai beaucoup aimé ce livre et je le recommande chaleureusement. Il est vraiment super en version audio, la langue s’y prêtant très bien.
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