La leçon d'allemand
  • Date de parution 03/09/2015
  • Nombre de pages 592
  • Poids de l’article 340 gr
  • ISBN-13 9782221190814
  • Editeur ROBERT LAFFONT
  • Format 184 x 125 mm
  • Edition Livre de poche
Allemagne Romans étrangers

La leçon d'allemand

4.12 / 5 (202 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Perdue dans la mélancolique mer du Nord, une prison située sur une île au large de Hambourg accueille de jeunes délinquants. Siggi Jepsen y est enfermé pour avoir rendu copie blanche lors d'une épreuve de rédaction. Ce n'est pas qu'il n'ait rien à dire sur le sujet "Les joies du devoir", au contraire. Dans l'isolement de sa cellule, il se remémore ce qui a fait basculer sa vie. En 1943, son père, officier de police, est contraint de faire appliquer la loi du Reich et ses mesures antisémites à l'encontre de l'un de ses amis d'enfance, le peintre Max Nansen. Siggi remet alors en cause l'autorité paternelle et va tout faire pour sauver son ami et son oeuvre. Avec ce roman d'une grande puissance, qui fit grand bruit lors de sa publication en 1968, Siegfried Lenz a rejoint d'emblée les plus grands écrivains allemands qui ont assuré le "redressement" intellectuel de leur pays, comme Heinrich Böll et Günter Grass.

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  • Date de parution 03/09/2015
  • Nombre de pages 592
  • Poids de l’article 340 gr
  • ISBN-13 9782221190814
  • Editeur ROBERT LAFFONT
  • Format 184 x 125 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Siggi Jepsen est interné dans un centre pour jeunes délinquants situé sur une île de l'Elbe. Pour avoir rendu feuille blanche en lieu et place de la rédaction attendue sur les "Joies du devoir", il est mis à l'isolement. Seulement, s'il n'a pas satisfait à la demande de son professeur, ce n'est pas par manque d'inspiration, mais à l'inverse parce que le sujet convoquait trop de souvenirs qu'il ne parvenait pas à ordonner. Dans le silence de sa cellule, il les laisse s'exprimer, et commence à noircir un premier cahier... 


Début des années 40. Le père de Siggi, Jens, est officier de police à Rügbull, dernier poste avant la frontière nord allemande.


La famille Jepsen a pour voisin et connaissance de longue date Max Nansen, un célèbre peintre, qui se voit interdire d'exercer son art, considéré comme "dégénéré", par les autorités nazies. Jens est chargé de faire respecter cette interdiction, mission qu'il exerce avec plus de zèle que nécessaire. Il charge son fils, qui est proche du peintre, de surveiller ce dernier. La confrontation entre les deux hommes est empreinte d'une sourde hostilité que masque leur sens des convenances. On ne comprend pas très bien les motivations du brigadier. Qu'est-ce qui le pousse à montrer un tel attachement à faire respecter les ordres reçus ? Quel plaisir retire-t-il de la rigoureuse et aveugle application de cette mesure quasi kafkaïenne ? Dans quels sombres méandres de son esprit puise-t-il la force de son inébranlable et effrayante bonne conscience ?


Le jeune Siggi, qui au moment des faits, n'est même pas encore adolescent, est quant à lui comme inspiré par une prescience lui soufflant d'agir à l'encontre des ordres paternels. Discrètement, dans la mesure de ses faibles moyens, intuitivement convaincu qu'il est capital de ne pas museler l'art, cet espace d'expression infini, il dissimule des toiles. Cet instinct qui le pousse à les mettre à l'abri prendra avec le temps une dimension obsessionnelle. Avec le recul des années, il raconte cet épisode de son existence, et dans sa frénésie d'écriture, transparaît un besoin de délivrance, et de témoigner pour rendre leur légitimité existentielles aux acteurs de ce drame d'aspect bénin, mais symbolique, symptomatique d'une plus grande tragédie qui se joue à l'échelle nationale.


La façon dont le narrateur dépeint les événements, sans grandiloquence ni débordement d'émotion, les dote d'une tension qui reste sous-jacente. Les protagonistes agissent parfois comme animés par des motivations qui les dépassent... la mère, dépressive, mais d'une glaçante intransigeance... Hilke, la sœur fantasque dont Siggi est très proche... Klaas, le frère en fuite, déserteur renié par ses parents... et tant d'autres, qui font des apparitions tantôt fugaces, tantôt marquantes. Les souvenirs s’enchaînent par séquences comme décorrélées les unes des autres, et qui s'interrompent parfois de manière brutale, laissant en plan l'un des personnages dont on ne sait pas ce qu'il devient, sauf s'il réapparaît lors d'une scène ultérieure.


"La leçon d'allemand", c'est aussi la peinture d'une atmosphère, d'un lieu, indissociables de ceux qui les habitent et des événements qui s'y déroulent. La nature y est omniprésente, plaines brunes de tourbe fouettées par le vent que pousse la mer du Nord, terres de vase surplombées d'un ciel bas, marais qui mijotent... On éprouve une sensation de bout du monde, et en même temps celle d'assister à un huis-clos, tant les êtres et leur environnement semblent entremêlés, irréductiblement liés.


Siegfried Lenz nous offre avec ce récit un roman dense, minutieux, qui s'apprivoise peu à peu, qui invite à tendre l'oreille et à faire silence...


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