Le transfuge
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Un homme poste une lettre à sa sœur, dont le contenu nous est dévoilé par une plongée, quelques années plus tôt, en pleine guerre mondiale.
Walter Proska, soldat allemand, est alors sur le front de l'est, plus précisément sur la frontière devenue floue séparant l'Ukraine et la Biélorussie. Alors qu'il prend un train pour rejoindre son contingent après une permission, il fait la connaissance de Wanda, séduisante jeune femme montée clandestinement à bord, qui disparaît aussi vite qu'elle est apparue, avant que son convoi, visé par un sabotage, ne déraille. Seul survivant de l'accident, il est récupéré par une petite unité chargée de surveiller la voie ferrée menacée par une résistance très active. L'éclectique troupe de sept soldats à laquelle il est alors intégré, dirigée par un sergent méprisant et brutal, est basée au cœur d'une forêt marécageuse.
Les homme de l'unité tentent de se fondre dans cet environnement humide et odorant, où l'on est susceptible de disparaître à chaque instant, englouti par le marais ou par la neige. L'isolement et leur vulnérabilité favorisent les liens de confiance que nouent certains d'entre eux. Walter se rapproche notamment de Wolfang, un jeune un peu exalté, dont les questionnements sur le sens de leur mission et du devoir patriotique en général, l'amène bientôt à remettre en cause la légitimité morale de son engagement.
"Le transfuge", deuxième roman de l'allemand Siegfried Lenz, qui l'a écrit en 1951, a été publié à titre posthume en 2016. Son éditeur avait en effet jugé inopportun de publier, six ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, un récit justifiant le fait qu'un soldat du Reich, rejoigne l'Armée rouge.
"Le transfuge" n'est pas, en effet, l'histoire d'une traîtrise, mais celle d'un homme qui prend conscience du caractère inique et barbare de la guerre, et de l'opportunisme des motivations qui la déclenche. La guerre n'est pas morale, mais politique, ceux qui la décident dénient à l'homme sa dimension universelle, imposant à leur peuple une définition de la patrie toute relative, et de servir au nom d'une idéologie dont ils ne tirent aucun intérêt, leur principale fonction étant de fournir de la chair à canon. L'individu, seul maître de sa conscience, doit conserver son indépendance d'esprit et savoir remettre e question la notion de devoir, pour agir à l'encontre des dogmes qu'on lui impose, s'ils sont contraires à son éthique.
Un sujet fort intéressant... malheureusement, il n'a pas suffit à m'impliquer dans ce texte dont j'ai trouvé l'écriture inégale, faisant cohabiter d'excellents passages où l'état d'esprit du héros est évoqué avec justesse et profondeur, et des fulgurances lyriques surprenantes car inappropriées, comme par exemple :
"Une étoile filante traversa le ciel. Un projectile que Dieu laissait échapper de sa main pour signifier de façon mystérieuse aux quelques personnes qui levaient levaient les yeux vers lui qu'elles devaient contenir leur recherche dans une attentive patience, qu'il était là et qu'il comprenait leur désir de le connaître, mais qu'il ne pouvait se révéler à leurs yeux."
Ajouté à la structure parfois confuse de l'intrigue, dont certains épisodes se suivent sans fluidité, ce bémol stylistique a ponctué ma lecture de moments d'ennui...
Une déception d'autant plus forte que "La leçon d'allemand", de ce même auteur, et que je recommande absolument, m'avait conquise par sa maîtrise narrative et son atmosphère prégnante.
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