Les larmes noires sur la terre
  • Date de parution 31/01/2018
  • Nombre de pages 384
  • Poids de l’article 188 gr
  • ISBN-13 9782253092629
  • Editeur LGF
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
Thriller Romans noirs

Les larmes noires sur la terre

4.02 / 5 (930 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Moe, 26 ans, hagarde, épuisée, son nourrisson dans les bras, est amenée de force dans un centre d'accueil pour déshérités, surnommé « la Casse ». La Casse, c'est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit.Au milieu de l'effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s'épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont les adopter elle et son fils. Leur force, c'est leur cohésion, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s'en sortir. Mais à quel prix ?  Le goût profond de Sandrine Collette des atmosphères sombres, l’évocation hypersensible de la solidarité de ces femmes concourent à la réalisation sans merci d’une fresque à couleur d’apocalypse. L’Humanité.

livré en 5 jours

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  • Date de parution 31/01/2018
  • Nombre de pages 384
  • Poids de l’article 188 gr
  • ISBN-13 9782253092629
  • Editeur LGF
  • Format 180 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Où?

Le roman se déroule principalement en France, dans une ville qui n’est pas nommée, mais qui est proche de Clermont-Ferrand. Les histoires et récits des protagonistes relatent des séjours dans une île du Pacifique, en Afghanistan, à Moscou, au Kazakhstan, en Biélorussie, Pologne, Allemagne, puis à Paris ainsi qu’à Bangkok et Ayutthaya en Thaïlande.

Quand?

L’action se situe au XXIe siècle.

Ce que j’en pense

****

Quel choc! L’expression souvent à tort et à travers prend ici tout son sens. Voilà en effet un roman dont on ne sort pas indemne. La noirceur, le désespoir et l’enchaînement des drames qui collent aux basques des femmes que l’on va suivre durant près d’une dizaine d’années ne pourra vous laisser de marbre. Sur son île, Moe croise Rodolphe. L’homme, qui a deux fois son âge, va lui faire miroiter les charmes de la métropole. Que n’a-t-elle pas écouté sa grand-mère qui lui disait de toujours réfléchir avant d’agir? « elle n’a pas réfléchi. Ou alors un peu, mais pas trop, pas si bête, elle savait bien que ça ne serait pas rose tous les jours. N’avait pas envie de se l’avouer avant même que l’histoire se noue, malgré le pincement au fond du ventre qui venait la titiller le soir, après, quand Rodolphe dormait et qu’elle le regardait, ses quarante ans, les rides au coin des yeux et les veinules parce qu’il buvait trop. » Loin des lumières de la Tour Eiffel, elle va découvrir un village où elle est tout sauf bienvenue. Méprisée, insultée, maltraitée, la «colorée» devient la «taipouet», objet des moqueries de Rodolphe et de ses amis de comptoir.

Six ans plus tard, sa joie de vivre a disparu. Elle est battue, vixtime de coups de plus en plus violents. Et songe à fuir cet enfer, surtout pour protéger Côme, ce fils qui vient de naître. Réjane, la fille d’une de ses vieilles clientes, va l’accueillir chez elle le temps de se retourner. Mais comment trouver un emploi avec un nouveau-né dans les bras? De petits boulots en expédients, elle va se retrouver dans la rue, essayer de trouver refuge aux aurgences de l’hôpital, avant de finir dans une sorte de camp où sont regroupés tous les sans-abri, rebuts de la société, délinquants ou filles perdues. Des milliers de personnes qui n’ont pour seul abri, les véhicules destinés à la casse. D’où le nom de cette prison aux règles aussi strictes qu’inhumaines.

Moe et Côme doivent se contenter d’une vieille épave, mais fort heureusement, ses cinq voisines viennent l’aider: Marie-Thé, Nini, Jaja, Poule et Ada.

Construit en trois parties, le roman va désormais nous raconter comment survivre dans ce milieu hostile, comment ne pas se tuer à la tâche, comment ne pas mourir de désespoir en constatant la quasi impossibilité de quitter ce camp de concentration d’âmes perdues. Et, au fil des chapitres, revenir sur l’histoire des femmes qui côtoient Moe, condamnée « à ruminer sur ce qui l’a amenée ici, et les erreurs, et les folies, et les directions manquées».

Poule avait fini par installer sa roulotte dans le camp, après avoir parcouru des milliers de kilomètres avec son cheval et ses poules et avoir usé son corps jusqu’à ce qu’il cède. Doit-elle pour autant se résigner? Gagner l’argent demandé par les gardiens pour sortir du camp, 15000 euros, tient de la mission impossible. Mais Moe veut encore y croire et n’hésite pas à donner son corps pour gagner quelques billets de plus, puis de jouer la mule auprès des trafiquants de drogue. Ce faisant, elle ne se rend pas compte qu’elle s’enfonce dans une terrible spirale, «descendant jusqu’au tréfonds de la terre, dévastée et saccagée»

Ada l’afghane, qui a surmonté l’invasion soviétique et fuira le régime taliban, n’aura guère plus de chance que ses compagnes d’infortune. Après un long calvaire vers l’exil, elle se retrouvera également prise au piège de La Casse. «Son existence entière s’est découpée en longues tranches, vingt ans en Afghanistan, dix ans à Clermont-Ferrand, cinq ans en prison, vingt-cinq ans dans la ville-Casse qu’elle connaît par cœur». Mais ses dons de guérisseuse lui donnent une sorte de statut particulier, d’immunité et une volonté de fer: « Mon histoire n’est pas terminée : un jour je quitterai cet endroit et j’irai vivre libre, au milieu des arbres, pour me consoler de toutes ces années de gris et d’enfermement.»

Marie-Thé, avec son passé d’esclave domestique, et Jaja qui a connu l’univers carcéral thaïlandais veulent aussi y croire. Même si leur espoir tient davantage du vœu pieux que d’un plan bien orchestré. Dès lors, l’issue fatale est davantage prévisible.

C’est dans une encre très noire que Sandrine Collette trempe sa plume. Du coup le lecteur doit, comme les femmes dont on suit l’histoire, avoir le cœur solidement accroché et qui sait, être un peu inconscient, pour imaginer une fin heureuse à ce roman. Il paraît que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir…

Ce livre m’a tout d’abord intriguée avec sa couverture, la quatrième ne m’a pas du tout donné envie de le lire. Pourtant il fait partie de la sélection du prix des lecteurs du Livre de poche et cette sélection est toujours riche en découvertes intéressantes, en plus il a de bonnes critiques sur les réseaux sociaux. Donc je l’ai finalement acheté il y a peu.

Dès le début le style haché de m’a heurtée en confirmant mon impression première, mais comme je n’abandonne jamais un livre en cours de route, qu’il me plaise ou non, j’ai continué…. Et je suis bien contente de l’avoir fait parce que vraiment ce n’est pas un roman mal écrit avec une couverture moche, bien au contraire (même si je n’apprécie toujours pas la couverture !).

Ce livre se passe dans un futur proche (dix ou quinze ans) en banlieue parisienne et raconte la vie ratée de Moe. Elle vivait à Papeete, sa grand-mère l’a élevée et mise en garde contre les illusions. Elle a vingt ans et tombe amoureuse de Rodolphe, un Parisien venu six mois en mission sur l’île, il l’appelle sa princesse, elle fond et décide de le suivre en France, même si elle se doute un peu qu’il n’est pas le prince charmant. Et les désillusions se suivent, Rodolphe habite une lointaine banlieue campagnarde, il ne l’aime plus, elle lui sert à peine de bonniche. Elle travaille dur, se distrait les samedis soir dans les bals et tombe enceinte. Rodolphe continue à la maltraiter, Moe pense avoir trouvé la solution en s’installant avec Réjane dans une autre banlieue. Leur amitié ne tient pas le coup face aux dures réalités de la vie et Moe se fait embarquer par les services sociaux. Elle atterrit dans une ville-casse constituée de vieilles voitures avec son bébé de six mois. Par chance, elle est placée dans la ruelle d’Ada. Les autres filles l’adoptent ainsi que le petit Côme. La vie est très dure mais ces cinq filles sont totalement solidaires sous la conduite d’Ada, une vieille herboriste afghane . Moe va-t’elle enfin faire les bons choix ?

Ce livre nous offre de superbes portraits de femmes maltraitées par la vie, dont certaines sauront rebondir. Ada est le pivot du récit. Elle n’a pas été épargnée et est devenue une sorte de Mère Teresa de la Casse… mais pas une sainte mièvre. Le livre se termine sur un retournement, un happy end dans cet univers sans pitié, mais comme le le dit pudiquement Ada, cela ne s’est pas fait sans dégât. Les personnages d’Ada et de Poule m’ont particulièrement touchée.

Même si ce livre concourt dans la catégorie Polar /Thriller, ce n’en est pas un, mais plutôt un roman noir bien noir, comme ceux que savent trousser les auteurs américains. Il dépeint le quotidien des déshérités et des gens sans espoir, brisés par notre société compétitive et sans pitié.

Pour résumer, même si sa couverture n’est pas jolie, c’est un livre à découvrir impérativement.


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