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Éducation européenne
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Le maquis polonais en 1942. Janek, jeune garçon mêlé aux combattants clandestins, connait le froid et la faim, la trahison, la lutte et le mort. Mais la haine n’envahira pas son cœur : à travers Zosia, il apprendra l’amour, l’étudiant Dobranski lui inculquera le culte de la liberté, la grandeur de l’homme lui apparaîtra à travers la simplicité de ses compagnons Enfin, grâce à Augustus Schröder, l’officier allemand, il saura ce que, au-delà des dissensions, doit unir les peuples ennemis.
Ma lecture
En Europe on a les plus vieilles cathédrales, les plus vieilles et les plus célèbres Universités, les plus grandes librairies et c’est là qu’on reçoit la meilleure éducation -de tous les coins du monde, il paraît, on vient en Europe pour s’instruire. Mais à la fin, tout ce que cette fameuse éducation européenne vous apprend, c’est comment trouver le courage et de bonnes raisons, bien valables, bien propres, pour tuer un homme qui ne vous a rient fait, et qui est assis là, sur la glace, avec ses patins, en baissant la tête, et en attendant que ça vienne. (p237)
Un premier jet de ce roman a été écrit par Roman Gary de Kacew alors qu’il était engagé en Afrique du Nord dans le groupe aérien Lorraine de la France Libre. Il est au cœur des combats et, déjà habité par l’écriture, il craint de mourir et veut laisser une trace. Il remaniera à plusieurs reprises son texte avant sa parution en 1945 aux Editions Calmann-Levy. Cette petit précision dès le départ pour expliquer le contexte de l’écriture de ce roman dont j’ai ressenti, à plusieurs reprises, des ruptures de style, de genre, alternant l’histoire de Janek, ce jeune polonais de 14 ans, qui se retrouve enrôlé dans un groupe de partisans dans les forêts polonaises, les histoires écrites par Dobranski et les prises de position par rapport à la guerre. Janek, qui vient de perdre ses parents, fera la rencontre de Zosia, jeune fille de 16 ans, qui recueille auprès des allemands, en se prostituant, des informations qu’elle transmet à la résistance.
Le monde était sortie du chaos. Il avis pris une forme harmonieuse et pure. Au commencement, mourut la haine, et aux premiers accords, la faim, le mépris et la laideur avaient fui, pareils à des larves obscures que la lumière aveugle et tue. (p149)
A travers ce roman que l’on pourrait dire d’apprentissage, apprentissage de l’amour mais aussi de la mort, de la guerre, de l’humanité, Romain Gary expose tous les drames qui se jouent autour du couple d’adolescents mais aussi les rencontres, parfois lumineuses au milieu de la noirceur comme celle de la musique par Janek dont il apprécie la beauté.
…Et soudain Janek eut peur, il eut peur de la mort. Une balle allemande, le froid, la faim, et il disparaîtrait avant d’avoir bu dans son âme le graal humain, créé dans la peste et dans la haine, dans les massacres et le mépris, à la sueur de leur front et au prix de leurs larmes de sang, dans la grande souffrance du corps et de l’esprit, dans la colère ou l’indifférence du ciel, le labeur incomparable de ces fourmis humaines, qui ont su, en quelques années de vie misérable, créer de la beauté pour des millénaires. (p150)
Comme dans tout apprentissage, il aura un maître en la personne de Dobranski, l’étudiant écrivain à ses heures, qui le guidera sur le chemin de la réflexion, de l’analyse à travers la lecture de ses petits contes qu’il lira à Janek et aux hommes du groupe.
-J’aime tous les peuples, dit Dobranski, mais je n’aime aucune nation. Je suis patriote, je ne suis pas nationaliste. – Quelle est la différence ? -Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres.(p214)
C’est un roman pamphlet sur l’absurdité de la guerre, de ceux qui la décident, des morts sauvages, barbares, inutiles en montrant malgré tout, à certains moments, toute l’humanité qui peut exister entre les hommes de tout pays mais qui n’ont pas d’autres choix que d’appliquer le sort réservé à l’ennemi en temps de guerre. C’est un message également sur la nécessité d’avoir un guide même invisible, l’espoir qu’il engendre et ici c’est Nadejda, symbole de toutes les espérances de vaillance, de liberté et de paix et dont le seul nom redonne courage et volonté.
Sur la terre de longues colonnes de fourmis trottent entre les cailloux. Des millions de fourmis minuscules et affairées, et chacune croit à la grandeur de sa tâche, à l’importance suprême du brin d’herbe qu’elle traîne si péniblement…. (..) Il faudrait bien autre chose qu’un livre pour les forcer à s’écarter de leur Voie, la Voie que des millions d’autres fourmis avaient suivie avant elles, que des millions d’autres fourmis encore avaient tracée. (…) Le monde où souffrent et meurent les fourmis : un monde cruel et incompréhensible, où la seule chose qui compte est de porter toujours plus loin une brindille absurde, un fétu de paille, toujours plus loin, à la sueur de son front et au prix de ses larmes de sang, toujours plus loin ! sans jamais s’arrêter pour souffler ou pour demander pourquoi….. (p244-245)
Romain Gary avec une écriture sobre, implacable parfois, énonce les drames, les faits, les exécutions mais aussi met en avant l’amitié, la fraternité entre les hommes qui se battent, leur abnégation et leur soif d’idéal au nom d’un idée, d’un pays, de la liberté. Chaque bataille, comme celle de Stalingrad dont les résistants suivent l’évolution, qui peut sonner l’heure d’un changement et porte en elle tous les espoirs.
« Rien d’important ne meurt….. Seuls les hommes et les papillons« , message testamentaire du père de Janek et Dobranski lèguera à celui-ci son Education Européenne, éducation en temps de guerre d’un adolescent à travers la faim, le froid, la peur, les exécutions, les trahisons, les actes de bravoure, la liberté et l’amitié.
C’est son premier roman sous presque nom de plume, à la fois sombre, écrit peut-être dans l’urgence des combats, de la mort qui rôde mais aussi où on détecte déjà un style, une écriture. C’est fort, puissant et implacable. J’avais aimé La promesse de l’aube où il revient d’ailleurs sur l’écriture de ce premier roman et je dois avouer que c’est à chaque fois un plaisir de le lire pour la qualité de son écriture mais aussi les idées de fond.
Et il parut soudain à Janek que le monde des hommes n’était qu’un sac immense, dans lequel se débattait une masse informe de patates aveugles et rêveuses : l’humanité. (p227)
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