Chien blanc
  • Date de parution 13/01/2022
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 282 gr
  • ISBN-13 9782072926020
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 126 mm
  • Edition Livre de poche
Biographies, Mémoires

Chien blanc

4.10 / 5 (1020 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

C'était un chien gris avec une verrue comme un grain de beauté sur le côté droit du museau et du poil roussi autour de la truffe qui le faisait ressembler au fumeur invétéré sur l'enseigne du Chien-qui-fume, un bar-tabac à Nice, non loin du lycée de mon enfance.Il m'observait, la tête légèrement penchée de côté, d'un regard intense et fixe, ce regard des chiens de fourrière qui vous guettent au passage avec un espoir angoissé et insupportable.Il entra dans mon existence le 17 février 1968 à Beverly Hills, où je venais de rejoindre ma femme Jean Seberg, pendant le tournage d'un film.

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  • Date de parution 13/01/2022
  • Nombre de pages 336
  • Poids de l’article 282 gr
  • ISBN-13 9782072926020
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 126 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Chaque fois que j’entame un roman de Romain Gary, je me souviens brusquement à quel point j’aime son écriture. Sa plume alerte, percutante et en même temps élégante, a le pouvoir de vous happer immédiatement dans ses univers. Dans "Chien Blanc", c’est en l’occurrence dans celui de l’auteur que nous pénétrons. Nous sommes plus précisément en 1968. Romain Gary vient de rejoindre sa compagne l’actrice Jean Seberg dans leur maison de Beverly Hills. Au retour d’une de ses escapades, son compagnon ramène un chien, un superbe berger allemand placide et sociable, jusqu’au moment où il se trouve face au jardinier noir qui entretient le jardin des Gary, dont la vue le métamorphose en bête haineuse et agressive, épisode qui révèle une bête dressée à attaquer les personnes de couleur, descendant d’une lignée forgée par les esclavagistes. Désarmé par la subite transformation de cette nature amicale en une furie hostile et sauvage, Romain Gary se convainc d’une rééducation possible de l’animal, qu’il confie à un expert du dressage.

"Le seul endroit au monde où l’on peut rencontrer un homme digne de ce nom, c’est le regard d’un chien".

Cette mésaventure s’inscrit par ailleurs dans un contexte de tension : l’Amérique s’embrase au nom d’une lutte pour les droits civiques que l’auteur observe au départ avec distance, refusant de "souffrir américain", estimant que la France lui a déjà suffisamment fourni de motifs de désespérance. Mais arrive un moment où il devient impossible de rester indifférent, et parce la littérature est la seule manière d’évacuer ce à quoi il ne peut se résoudre mais qu’il ne peut changer, il n’a pas le choix : il va devoir écrire sur les noirs.

Il le fait avec l’indépendance d’esprit et le rejet du politiquement correct qui le caractérisent, abordant la problématique de la ségrégation raciale et du racisme sans tabou, désireux de comprendre les mécanismes de la violence opposant les citoyens américains. Sa capacité à prendre de la distance l’amène à exprimer une indignation constructive.

Et les raisons de s’indigner ne manquent pas, certaines défilant à longueur de temps sous son nez depuis que sa maison hollywoodienne est devenue un quartier général de la bonne volonté des libéraux blancs américains, aimantés par la générosité combative de sa femme. Cette dernière, engagée dans la lutte pour les droits civiques, est incessamment sollicitée pour signer des chèques.

Car si Romain Gary est d’une intransigeante férocité envers les racistes, qu’il juge eux-mêmes esclaves de leurs préjugés et d’un sentiment de supériorité transmis de père en fils, soumis à l’insoluble et universelle Bêtise qui gagne depuis toujours contre l’intelligence, il n’est guère plus tendre envers ceux dont les professions de foi libertaires naissent, estime-t-il, non pas d’une analyse sociologique, mais de failles psychologiques secrètes. Poussés par un sentiment de culpabilité, signe distinctif de l’intellectuel américain par excellence, c’est en réalité surtout eux-mêmes qu’ils soulagent en affectant une mauvaise conscience dont le but principal est de montrer qu’au moins, ils en ont une. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui s’indignent de la société de consommation et vous empruntent ensuite de l’argent pour faire de la spéculation immobilière… La philanthropie dont ils font obscènement étalage -et qui compte tenu de leurs niveaux de vie, ne leur coûte pas grand-chose-, et qui souvent s’accompagne d’une rhétorique paternaliste condescendante est dénuée de sincérité, et donc de véritable humanisme. Eux-mêmes font finalement preuve de ségrégation, en considérant les noirs comme une entité indistincte, les ravalant à un statut d’éternelles victimes les autorisant à tous les débordements, et versant dans une mauvaise foi consistant à excuser, au nom d’une iniquité certes bien réelle, mais sur laquelle on ne peut tout de même tout rejeter, des crimes de droits communs que l’on qualifie d’actes politiques alors qu’ils sont tout simplement abjects. 

Au contact de représentants des différentes parties prenantes du combat qui se joue, l'auteur déplore par ailleurs la bêtise haineuse des uns, la violence aveugle des autres, également conscient des manœuvres politiques qui pervertissent la justesse de la cause.

A la charité ostentatoire et sélective de ceux qu’il fustige avec un humour rageur, Romain Gary oppose son refus de hiérarchiser la misère, touché par toutes les formes de souffrances, qu’elles soient anodines ou spectaculaires -on peut aider le Biafra ET un aveugle à traverser la rue-, qu’elles soient humaines ou animales. Face à ceux qui jugent l’autre à l’aune de sa couleur de peau et adaptent leur comportement en conséquence, il rejette les visions identitaires, construisant ses relations avec autrui dans la proximité, la sincérité et la compréhension des contradictions et de la complexité individuels. Sa capacité naturelle à considérer tous les êtres sur un même pied d’égalité ne s’arrête d’ailleurs pas aux hommes, l’auteur étendant le spectre de son empathie aux animaux, allant parfois jusqu’à s’identifier à eux, semant la confusion en parlant de lui comme s’il était un chien.

"Tous les jours je me rends au chenil. J’ai envie de voir ce que je deviens"

"C’est assez terrible, d’aimer les bêtes. Lorsque vous voyez dans un chien un être humain, vous ne pouvez pas vous empêcher de de voir un chien dans l’être humain et de l’aimer"

C’est donc un Romain Gary à la fois triste et en colère qui s’exprime dans "Chien Blanc", mais pas seulement. Car en se posant la question de ses crimes, même de manière imparfaite et parfois sournoise, l’Amérique interdit le désespoir. La violence qui l’ébranle va enfin permettre qu’il s’y passe quelque chose de nouveau. Et l’auteur lui-même insiste sur la nécessité vitale de garder confiance en l’humanité, confiance qu'il définit comme une "source sacrée à laquelle il vaut mieux laisser les bêtes haineuses venir s’abreuver que la voir se tarir", et qui le pousse à croire, envers et contre tous, que son chien peut être "rééduqué".

"Il est moins grave de perdre que de se perdre"

Bon. J’ai une fois de plus été trop bavarde. J’avais pourtant encore beaucoup à dire, mais cela peut finalement tenir en trois mots : lisez "Chien Blanc".


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