
Chroniques martiennes
Résumé éditeur
En stock
l’avis des lecteurs
Chroniques martiennes : voilà une petite vieillerie que j’ai dénichée dans la bibliothèque de mes parents, un jour où je n’avais plus rien à lire et pas ma liseuse sous la main. Me voilà donc en 1950 prête à embarquer pour Mars. Je m’attendais à de la SF très spatiale avec des vaisseaux qui clignotent de partout (ma vision de la SF des années 50 – peut-être complètement à côté de la plaque mais bref, telles étaient mes attentes – pas très élevées, vous l’aurez compris). Hé bien Ray Bradbury m’a bien eue ! Parce que point de SF à fond les ballons, et un texte très… humain.
Structuration du recueil
Une grosse vingtaine de nouvelles constituent ce fix up, organisé par ordre chronologique. Certains textes ont été publiés dans différents magasines précédemment (Thrilling Wonder Stories, The Magazine of Fantasy & Science Fiction, Weird Tales…) entre 1945 et 1950, et d’autres spécialement écrits pour ce recueil.
Ray Bradbury nous raconte l’histoire de la conquête de Mars, qui s’étale de 1999 à 2026. A noter que l’édition révisée à partir de 1997 décale les dates de 2030 à 2057.
Les textes sont très différents, tant par leur longueur variable, que le ton adopté (tantôt cocasse, tantôt amer). Le point de vue diffère également (parfois côté martiens, le plus souvent côté terriens). Malgré tout, il se dégage de ce recueil une harmonie particulière. Celle-ci vient à la fois du récit créé par l’ordre chronologique et de la récurrence de certains personnages. Cela génère une sorte de fil reliant les nouvelles entre elles. Mais il m’a semblé que l’unité du recueil provenait également de l’approche choisie par l’auteur.
SF ou pas SF ?
Quand on me dit SF, j’attends une présentation plus ou moins détaillée des technologies en jeu dans le bouquin. Je veux aussi une vraisemblance de ces technologies par rapport à nos connaissances actuelles, et quelque chose de rationnel. Les trucs qui volent par l’opération du Saint Esprit ou par magie, ce n’est pas que ça ne me plaît pas, mais ce n’est pas ce que j’attends quand je lis de la SF.
De ce fait, les Chroniques martiennes ne m’ont pas donné l’impression d’en lire. D’abord parce que rien n’est expliqué sur le plan technologique. On arrive sur Mars en fusée et puis voilà. Combien de temps ça met, comment les Terriens font pour envoyer des fusées tous les ans, pour respirer sur Mars, quid de la question de la gravité… L’auteur ne s’embête pas avec ces difficultés. Sur sa Mars, on respire, on vient en fusée comme on prend la voiture, et on plante des arbres, point. Il y a même de l’eau ! C’est comme ça et puis voilà – on nous demande d’y croire sans nous poser de questions.
Parce que l’intérêt des Chroniques martiennes n’est pas là. Ce n’est donc pas sur le plan de la SF que cette œuvre m’a comblée. Et ça tombe plutôt bien, parce que l’auteur lui-même ne considérait pas cette œuvre comme telle. Dans une interview donnée au média Weekly Alibi en 1999, Ray Bradbury déclare : I don’t write science fiction. I’ve only done one science fiction book and that’s Fahrenheit 451, based on reality. Science fiction is a depiction of the real. Fantasy is a depiction of the unreal. So Martian Chronicles is not science fiction, it’s fantasy. It couldn’t happen, you see ? »
En effet. L’idée d’aller sur Mars est technologiquement envisageable. Mais y construire une maison avec ses planches de bois ramenées de chez Leroy Merlin, respirer l’air pur et planter un arbre relève du fantasme.
Le Terrien envahisseur
Chroniques martiennes, dans sa structure et son point de vue, est une répétition de l’Histoire. En effet, se lit dans ce recueil la conquête de la terre, avec tous les sujets qui y sont liés, très chers aux Américains. « 1er arrivé, 1er servi », appropriation et défense de son lopin de terre, importance du noyau familial, gagner sa vie… L’exode commence avec quelques-uns, et puis cela se poursuit avec des masses de citoyens, venus chercher une seconde chance. En cela, j’ai vraiment eu l’impression de lire une transposition de la conquête de l’Ouest, en ayant en tête Les raisins de la colère notamment.
Finalement, c’est des Terriens qu’il s’agit dans ce recueil, principalement. Toutes ces chroniques donnent un aperçu du Terrien colon, l’envahisseur. Cela se voit dans la structure du recueil. En effet, après la 1ère nouvelle qui évoque rapidement les effets du décollage d’une fusée sur le climat, l’auteur nous présente deux textes du point de vue des Martiens : Ylla et La nuit d’été. Or, l’arrivée des Terriens et la colonisation progressive de la planète amènent un changement de point de vue qui restera ensuite majoritaire dans le recueil : celui des Terriens. Une manière de démontrer que l’envahisseur écrase tout. L’excipit du recueil (superbe et terrifiant) le démontre d’ailleurs très bien.
On n’est pas du tout dans la glorification de la conquête ici. D’ailleurs, les premières expéditions sont un échec. Ensuite, l’accueil fait aux nouveaux arrivants n’est pas celui espéré. Il y a un discours assez cynique porté sur la conquête spatiale et sur la nature humaine. Celle-ci se révèle désespérante et vaine, malgré l’incroyable palette d’individualités présentées.
La Terre et Mars, des planètes jumelles ?
Dès lors, ce sont des problématiques très terriennes qui font l’objet des nouvelles suivantes. Certaines se déroulent même sur Terre. Chroniques martiennes, alors, sont le témoin d’une époque. En cela, certains textes ont vieilli, aujourd’hui. Mais ils sont le reflet d’une société, où les femmes sont réduites à un rôle de figuration (Bobonne) et où sévit durement la ségrégation raciale. Un texte en fait d’ailleurs état, A travers les airs. On a aussi toute la question de la religion au centre du recueil, avec la présence du Père Pérégrine qui veut convertir des Martiens… Et le contexte historique est également présent, avec cette peur viscérale de la guerre nucléaire (on est en 1950…) qui figure dans bon nombre de nouvelles – et à raison.
En cela, Mars est une jumelle de la Terre. D’ailleurs, les Martiens, grâce à leurs capacités télépathiques, se révèlent tout aussi humains. Ils réagissent comme les humains (un intrus ? pan !), apprennent à parler anglais en deux secondes, et peuvent même prendre les traits d’humains. Une nouvelle centrale, Rencontre nocturne, met même sur un plan similaire une ville Terrienne/Martienne à deux époques différentes.
Chroniques martiennes met donc peu à peu en scène une Mars qui prend les traits de la Terre. On dégage les Martiens, on renomme la géographie de la planète (Nommer les noms) et on s’installe à l’identique. Une seconde Terre, en somme. Quant à la première, on a bien compris que c’était une poubelle en début de recueil, et que les Terriens préféraient la quitter plutôt que d’essayer de sauver les meubles. Il faut d’ailleurs attendre longtemps avant que les Terriens exilés ne se décident à rentrer. Et ça ressemble à « ciel, ma maison brûle, snif les vacances sont finies… ». Une manière habile de dire, avec amertume et résignation, que l’Humain est casanier et reproduit toujours les mêmes erreurs, où qu’il se trouve. Et qu’après lui, le Déluge.
Chroniques martiennes est un recueil de Ray Bradbury, qui m’a beaucoup surprise. Là où je m’attendais à avoir de la SF à fond les ballons, je n’ai rien vu venir. Au contraire, l’auteur se débarrasse de ces difficultés pour se concentrer sur le récit de cette conquête martienne. Il explore alors, avec amusement, cynisme et amertume, les travers de la nature humaine dans toute sa splendeur. Donnez-lui une autre planète, nul doute que l’Homme parviendra à la bousiller aussi facilement que la première. Je ne m’attendais pas à un tel discours à cette époque, tournée vers le début d’une longue course à l’espace. On est ici très loin de toute la propagande construite autour, qui va perdurer des dizaines d’années encore… Très bonne lecture donc, excellente surprise.
Entre 1946 et 1958, Ray Bradbury a écrit une vingtaine de courts textes sur le même thème : la conquête de Mars par les terriens. "Chroniques martiennes" est la compilation de ces textes, liés également par certains personnages, que l'on retrouve au fil des histoires qui nous sont contées.
L'auteur a imaginé qu'elles se déroulaient autour des années 2000, mais les Éditions Denoël ont jugé bon, lors de la parution de la dernière version de ces Chroniques, d'en actualiser le contexte, et de les situer entre 2030 et 2057.
Une choix stupide et insultant pour le lecteur, qui selon Denoël, ne serait sans doute pas capable de replacer une œuvre dans son contexte ?!
Hormis ce détail agaçant, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Les récits de Ray Bradbury n'offrent rien de révolutionnaire d'un point de vue scientifique ; leur intérêt réside dans l'approche psychologique et sociologique utilisée par l'auteur.
Ses anecdotes martiennes sont l'occasion d'aborder des thèmes qui sont toujours d'actualité, voire même parfois visionnaires...
Le départ vers le lointain ailleurs est traité de diverses manières, selon les sentiments, les craintes qu'un tel voyage peut susciter. La peur de l'inconnu, l'arrachement à un environnement familier ou encore l'occasion de commencer une nouvelle existence, sont ainsi évoqués au gré d'épisodes qui mettent en scène tantôt des familles, tantôt des contingents d'explorateurs, ou encore toute la population noire d'une petite ville américaine, qui fuit l'injustice et la ségrégation...
La plupart des terriens qui conquièrent Mars selon Bradbury y reproduisent les erreurs déjà commises sur leur propre planète. Plutôt que de concevoir la rencontre avec les martiens dans un esprit d'échange et d'ouverture, c'est avec une attitude de colons que la plupart d'entre eux migrent sur Mars. La minorité qui tente de s'opposer aux comportements conquérants et irrespectueux de leurs semblables, sont rapidement réduits au silence.
De même, oublieux des dégâts infligés, sur Terre, à l'environnement naturel, ils exportent sur Mars leur propension à la destruction et leur philosophie de vue à court terme, en voulant profiter au plus vite des richesses que peut leur procurer ce nouvel espace.
Cette projection pessimiste n'a pas empêché Ray Bradbury de doter ses textes de beaucoup d'humour. Il l'utilise notamment pour railler le nombrilisme et la bêtise des humains, ou imaginer des situations souvent cocasses.
Pour résumer, ces "Chroniques martiennes" ont représenté un très bon moment de lecture, que j'ai eu le plaisir de partager avec Métaphore.
Les Martiens de l’An 2000 de Bradbury ne sont pas très différents des Terriens. Mais ils sont télépathes… parfois sans le savoir. C’est ainsi que, tandis que la première expédition terrestre s’achemine vers Mars, une femme se met à fredonner un air d’une musique inconnue, et des paroles qu’elle ne comprend pas, « Plaisir d’amour ne dure qu’un moment ». Troublé par cette petite chanson obsédante, jaloux des rêves qui l’accompagnent, son mari accueille la fusée une arme à la main… et c’est la fin de la première expédition terrestre.
De Ray Bradbury, j’avais lu bien sûr Fahrenheit 451, roman d’une intensité incroyable et révélatrice de nombreuses choses aujourd’hui. On peut affirmer sans crainte que Ray Bradbury est un auteur visionnaire qui a transmis dans ces romans ses craintes quant à l’avenir de l’humanité. Avec ses Chroniques martiennes, l’auteur nous entraîne sur le chemin de Mars: un rêve qui tourne vite au cauchemar.
Ce recueil de nouvelles fonctionne de manière très intelligente. Les nouvelles ne sont pas totalement indépendantes les unes des autres mais elles suivent une progression pour former finalement un tout. Certaines ne font que trois pages tandis que d’autres s’étalent bien davantage. Toutes se déroulent sur la planète Mars. Ray Bradbury possède un style très fluide qui rend la lecture agréable.
La nouvelle inaugurale laisse supposer que Mars est habitée par des martiens, pas si différents des terriens. Mr et Mrs vivent dans leur petite maison, font le ménage, vaquent à leurs occupations respectives. C’est alors que surgit la première mission: une fusée qui vient de la terre pour coloniser Mars. Ray Bradbury fait montre de beaucoup d’humour puisque ces premiers terriens sont considérés comme des fous et envoyés dans un asile. Il y a de l’ironie mordante dans ces nouvelles qui montrent l’orgueil infini de l’être humain qui aimerait être accueilli en héros là où il pose le pied!
Au fur et à mesure, cependant, les nouvelles deviennent plus sombres. Que fait l’homme lorsqu’il débarque sur une nouvelle planète? Il a tendance à y supprimer les autochtones et à tout y bousiller pour s’y octroyer les richesses et les biens. Chaque nouvelle apporte ainsi une pierre à l’édifice de cette sauvagerie inhérente à la nature humaine. C’est clair, visionnaire et tout à fait réaliste quoique terrifiant!
Bien sûr il ne faut pas chercher la réalité scientifique dans ces textes! Ray Bradbury a écrit selon sa fantaisie personnelle et les puristes de SF seront peut-être déçus! Cependant, en s’attaquant au mythe de la conquête de Mars, Ray Bradbury n’a jamais été aussi moderne.
« Chroniques martiennes » demeure un classique de la littérature SF à posséder dans sa bibliothèque pour la beauté et le mordant des textes de Bradbury qui offrent un miroir bien terrifiant de notre société.
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés