Les Pérégrins
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Les pérégrinations du roman d’Olga Tokarczuk sont d’une surprenante diversité. Il est d’ailleurs lui-même une pérégrination, en forme de coq-à-l’âne, nous emmenant d’un épisode à l’autre sans que l’on saisisse toujours la logique de leur enchaînement ; mais sans doute n’y a-t-il aucune logique à chercher, le mieux étant de se laisser porter par le voyage, d’en accepter les cahots, de jouir de ses surprises…
Comment, dès lors, résumer "Les pérégrins" ?
Il y a bien un fil, que l’on suit tout du long de la traversée, tiré par une narratrice (l’auteure ?) férue de voyage depuis qu’enfant, elle a effectué sa première pérégrination, à pied, à travers champ jusqu’à l’Oder. Un voyage certes modeste en terme de distance, mais ce n’est pas ce qui importe ici. Non, ce qui compte, c’est qu’elle alors pris conscience que "ce qui est en mouvement sera toujours meilleur que ce qui est immobile, et que le changement sera toujours quelque chose de plus noble que l’invariance ; car ce qui stagne est voué inévitablement à la dégénérescence, à la décomposition et, en fin de compte, au néant (…)". Elle est de ceux qui ont la bougeotte, dont les racines ne s’enfoncent jamais assez profondément pour qu’elle ait envie de rester longtemps quelque part. Aussi, dès qu’elle a reconstitué un petit pécule, elle repart en vadrouille, par ailleurs atteinte d’un syndrome qui se résume en l’attirance pour tout ce qui est imparfait, déglingué. Elle est ainsi entre autres fascinée par les cabinets de curiosités, ou les musées exposant des difformités.
Quoi qu’il en soit, le but de ses pérégrinations est toujours la rencontre d’un autre pérégrin.
Elle évoque donc certaines de ces rencontres, parmi lesquelles une femme obsédée par la souffrance animale et parcourant le monde pour rédiger un Rapport sur l’infamie ; une Islandaise voyageant le long du méridien de Greenwich ; des couples de scientifiques organisant des petites conférences dans les aéroports…. Tout cela entrecoupé de considérations tantôt prosaïques, tantôt sociologiques, voire existentielles, sur ce qui a trait au voyage. L’éloge des aéroports, lieux de vie offrant les mêmes avantages que les villes -jardins et des circuits de promenade, étapes culturelles, centres de conférences…- peut ainsi faire place à un chapitre sur les cosmétiques de voyage, qui sera lui-même suivi d’un passage évoquant la psychologie insulaire, les insomnies qu’occasionnent les escales nocturnes ou les ravages causés par les guides de voyage qui, en nommant les lieux et en les épinglant sur des cartes, ont contribué à les affadir, à en estomper les contours.
Et puis, il y a des passages, tout aussi nombreux, hors du fil, qui s’insèrent dans le récit, en densifient la trame en même temps qu’ils la colorent, tranches de fictions, anecdotes historiques…
Certaines histoires ou thématiques reviennent, à intervalles irréguliers. Ainsi celle de cet homme, Kunicki, dont la femme et le fils disparaissent subitement, lors d’un séjour sur une île croate, alors qu’ils étaient allés assouvir une envie pressante dans les fourrés ; celle de ce conducteur de ferry qui un beau matin décide de dérouter -dans les deux sens du terme- son bateau et ses passagers ; celle de cette femme qui ne parvient pas à rentrer chez elle, où l’attend le dur quotidien qu’impose la maladie de son enfant…
On y décèle une forme d’éloge de la disparition, le voyage ouvrant des moments de latence pendant lesquels nous ne sommes plus localisables, mais aussi celui d’un élan qui nous pousse vers l’inconnu, l’optimiste conviction qu'ailleurs se trouve toujours quelque chose pour nous : la bonne occasion, le grand amour, le bonheur, bref, un moment particulier.
Les pérégrinations y sont aériennes, maritimes, pédestres, urbaines, ou en diligence (aux côtés du cœur de Frédéric Chopin emporté à Varsovie)… elles peuvent aussi être immobiles, comme pour ce prisonnier qui, afin de supporter l’enfermement, voyage dans "Moby Dick" et embarque ses codétenus avec lui.
Quel genre de pérégrination a en revanche souhaité évoquer l’auteure en ponctuant son ouvrage de récits en lien avec la taxinomie ou la plastination ? Du spectacle d’une dissection pratiquée au XVIIème siècle aux lettres adressées par une certaine Joséphine Soliman à François Ier pour récupérer la dépouille de son père naturalisée par l'oncle de l’Empereur dont il était le serviteur, en passant par l’évocation des progrès effectués en matière de conservation des corps au fil des siècles, la thématique est récurrente, et surprend.
Mais peu importe, car selon Olga Tokarczuk, ce n’est pas les détails que se cache le Diable, mais dans la stabilité et l’attendu… et j’ai personnellement été complètement charmée par ce récit peut-être foutraque, mais immensément séduisant et, en effet, rempli d’inattendu.
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