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Éducation meurtrière Tome 1 Éducation meurtrière
Résumé éditeur
livré en 5 jours
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l’avis des lecteurs
Pour la première fois depuis le lancement du blog, avant-hier, j’ai décidé de ne pas chroniquer une de mes lectures : un abandon extrêmement frustrant, le genre qui m’a fait me dire que je courrais trop le risque d’être méchant au moment d’expliquer les raisons de ce renoncement. Or, la méchanceté, c’est vraiment la limite que j’essaie de ne jamais franchir, et ce en dépit de toute la déception que peut me causer une lecture ; ou une non-lecture, si on peut dire.
À ce stade, vous pourriez me demander avec un ton un brin narquois que vous avez du mal à voir le rapport avec le roman dont cette chronique annonce vouloir parler dans son titre. Et vous n’auriez absolument pas tort. Disons pour le dire vite, que j’ai décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Naomi Novik, j’avais essayé il y a quelques… *vérifie les dates* merde, années de découvrir son travail, avec Déracinée. Une lecture pour le moins mitigée, qui ne m’avait pas poussé à spécialement pousser l’expérience, en dépit d’un tenace reste de curiosité. Un peu convaincu que mon enchaînement assez insolent de coups de cœur et de gros kiffs littéraires ces derniers mois était officiellement terminé après l’abandon susnommé, je me suis dit qu’il était temps de retenter le coup ; d’autant plus que ça collait bien avec mon alternance de lectures récentes/moins récentes auto-imposé récemment, et avec la sortie prochaine du deuxième tome que j’ai demandé en SP avec un brin d’optimisme, j’en conviens.
Alors peut-être que le contexte, comme toujours, joue un peu : peut-être que ce Éducation meurtrière a bénéficié d’un certain effet de contraste violent, brillant là où son malheureux prédécesseur dont je tairais le nom pour protéger les innocents a selon moi fauté. Peut-être.
Mais il n’empêche que l’enchaînement n’est pas terminé ; il n’a souffert que d’un petit dos d’âne sur la route, à la rigueur. Ce premier tome de Scholomance, je l’ai dévoré avec un joie peu coutumière. Et je vais donc vous expliquer précisément pourquoi, parce que pour une fois, je n’ai absolument aucun doute.
Galadriel Higgins est une élève à la prestigieuse école de magie Scholomance. Sauf que si cette école est si prestigieuse, c’est parce qu’elle pratique une sélection drastique. Mortelle, même, littéralement. Basiquement, sans alliances solides ou relations préétablies à l’extérieure de l’école, les apprentis sorciers qui y sont enfermés n’ont qu’une infime chance d’en sortir en vie. Et malheureusement, en dépit de ses immenses talents, Galadriel a le terrible défaut de ne pas être très douée avec les gens. Au point de réussir à se fâcher avec la star de l’école, Orion Lake, qui vient pourtant de lui sauver la vie. Pour la troisième fois. L’avenir de Galadriel à Scholomance s’annonce clairement compliqué.
Alors donc. J’avais fini ma chronique de Déracinée en expliquant qu’à mes yeux, le livre était bon et maîtrisé, mais probablement pas pour tout le monde, et de fait, pas pour moi. Je pense que ce premier tome de Scholomance, tout en étant à mes yeux plus maîtrisé et cohérent dans son ensemble, pourra sans doute être aussi clivant, uniquement à cause de son personnage principal.
Je reviendrai plus tard sur les autres aspects éventuellement discutables du roman, mais il me faut d’abord établir quelque chose d’essentiel aussi clairement que possible : je me suis rarement, voire jamais, autant identifié à un personnage de fiction littéraire qu’à Galadriel Higgins.
Je peux aisément concevoir que cette jeune femme puisse apparaître arrogante, pénible, pleurnicharde, grossière ou vraiment pénible ; et donc qu’elle puisse entièrement gâcher la lecture de n’importe qui ne pouvant pas lui accorder le moindre bon point. Il faut bien dire qu’elle n’a effectivement pas pour elle toutes les caractéristiques habituelles d’une héroïne de roman, quand bien même un roman catégorisé Dark Academia ; en tout cas je crois. On est plus volontiers, je pense, sur le profil d’une anti-héroïne gonflée aux hormones : Naomi Novik pousse certains potards assez loin.
Mais il demeure qu’en lisant ce personnage écorché vif, sorte de chat échaudé par la vie, en lisant ses atermoiements, ses craintes, ses raisonnements nourris par son expérience triste et rageante… Bah que voulez-vous que je vous dise, je me suis lu. Je me suis lu, ému (pour de vrai !) par des gestes et des paroles paraissant sans doute basiques à d’autres personnes que moi, qui n’ont pas vraiment eu à connaître la marge et le rejet incompréhensible. Tout simplement, Galadriel m’a parlé. Elle m’a regardé dans les yeux, et elle m’a dit, sobrement : tu existes, et t’es pas seul à exister de cette façon. Et si tu as douillé, si tu douilles encore parfois, et si t’as sans doute pas fini de douiller, t’as des moyens de t’en sortir.
Et bon, j’avoue, j’étais moyennement préparé à lire ça dans un bouquin tel que celui-là. Ce qui en rajoute sans doute sur le plaisir de lecture.
Parce que c’est ça aussi qui est un peu rigolo, quand même : j’ai pas spécialement le sentiment que ce roman ait été écrit avec autre chose à l’esprit qu’une ambition de divertissement éclairé. Comprenez par là que je n’ai pas lu ici une romancière tentant de réinventer la roue ou de bousculer certains tropes littéraires établis comme dans Déracinée, simplement d’écrire un truc qui lui appartiendrait à plein, sans forcément pousser plus loin que ça. De fait, Naomi Novik m’a semblé ne faire que deux réels choix importants en écrivant ce récit : Galadriel, et Scholomance. Si une bonne partie des rebondissements et péripéties du récit, réduits à leurs plus simples expressions, ne m’ont pas foncièrement surpris, ils ont absolument tous pris une saveur singulière, parce qu’infusés de ces deux choix cardinaux de l’autrice.
On a une héroïne absolument délicieuse à lire, parce que pleine de répartie et d’une lucidité brute de décoffrage sachant de pas tomber dans le cynisme nihiliste, faisant des vrais choix, humains et éclairés, au sein d’une institution pouvant paraître barbare et absurde ; mais qui fait absolument sens à l’aune du paradigme que Naomi Novik construit autour d’iels. Et du coup, si j’ai absolument sprinté à travers ce livre, c’est bien parce que j’ai pris un plaisir immense à lire tout ce qu’il avait à me proposer, dans une pure optique de divertissement et de créativité sans bornes. Des persos cools à qui il arrive des trucs, avec de la magie. Que demander de plus, à force, hein. Des fois, il s’agit juste de s’amuser avec de la matière généreuse en fun.
Alors, après, dans l’intérêt d’une certaine honnêteté intellectuelle, je pense qu’il faut signaler quelques choix narratifs pouvant être aussi clivants que Galadriel et ses rages internalisées pouvant parfois paraître absconses à force d’altérité : je dirais qu’on a affaire à une sorte d’incessant flux de conscience. Ça va parfois assez vite, voire très vite. On enchaîne beaucoup d’informations balancées à la va-comme-je-te-pousse par les pensées de notre héroïne, et ça peut parfois être un peu dense, voire volontiers bordélique. Mais bon, j’avoue que j’ai plutôt kiffé ça, au premier degré parce que ça oralisait pas mal le discours général, ce que j’aime bien ; et au second parce que mon côté analytique y a trouvé une certaine logique à l’aune de sa psychologie et du contexte dans lequel elle est forcée d’évoluer.
Et bon, j’imagine aussi que pour quelqu’un·e de plus habituée à ce genre de littérature, il y a sans doute une palanquée de tropes et de détails rendant les coutures de l’ensemble plus visibles ; je pense pouvoir admettre mon ignorance dans le domaine, sans vraiment la regretter, étant donné le plaisir incessant qu’a été cette lecture pour moi.
En bref, énorme coup de cœur. Un récit hyper rythmé, hyper malin (un jour je trouverais un autre adjectif que celui-là, promis), enthousiasmant de fraîcheur et de joie créatrice communicative. Et en plus je trouve qu’il y a quelques intentions à peine cachées qui en font dire plus qu’il ne semble au récit, ce qui rajoute encore au plaisir. Je me suis complètement laissé cueillir. Et j’ai une hâte rare de lire la suite, à l’image quasi exacte de celle que j’ai ressentie après avoir terminé Gidéon la Neuvième, pour donner un exemple parlant. Je crois que je n’ai pas grand chose d’autre à rajouter. Des fois, une bonne lecture, c’est si évident que les mots deviennent superfétatoires.
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