La fontaine des âges
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Ah, il fallait bien que ça arrive un jour ! Je ne saurais compter avec précision le nombre de novellas de la collection Une-Heure-Lumière que j’ai pu lire, depuis le temps, mais je savais qu’un jour je serais déçu par un de ses opus. Parce qu’au bout d’un moment quand même, on se fait toujours rattraper ; j’ai quand même facilement dépassé la quinzaine. L’ironie dramatique a voulu que la fois où j’étais passé le plus près, c’était déjà avec Nancy Kress et son Nexus du Docteur Erdmann, ce qui n’est peut-être pas à considérer comme le fait du hasard.
Je vais faire court, à cette occasion, parce que malheureusement, mon sentiment ne souffre pas de beaucoup de nuances ; je n’ai vraiment pas aimé ce texte. Et comble de ma tristesse, je ne lui ai pas trouvé beaucoup de qualités rédemptrices, aucune suffisante, a fortiori. Mais il ne s’agit pas de simplement le dire, il s’agit de l’expliquer, quand même. Au boulot.
Commençons par ce qui m’a sauté aux yeux, à savoir le personnage principal, qui éclabousse tout le texte de sa crasse. Si je doute fortement que Nancy Kress veuille en faire un vecteur symbolique positif, le fait est qu’il est quand même très compliqué de le suivre sans soupirer ou lever les yeux au ciel à intervalles réguliers. Misogyne, possessif, méprisant, égoïste, oublieux de sa famille, escroc, Max Feder n’a pas grand chose pour lui ; et c’est un euphémisme. Premier gros souci avec le texte donc, j’étais spectateur complet des péripéties de ce personnage que j’ai trouvé abject, sans ressentir la moindre seconde d’empathie pour lui, et donc, dans le même temps, une grosse difficulté à m’immerger ou à trouver un réel intérêt dans ce qui m’étais raconté.
Du point de vue l’intrigue elle-même, ou du moins des réflexions qu’elle tente d’amener, je ne serais pas si acerbe, bien que je m’interroge tout de même sur l’angle qu’a décidé d’adopter Nancy Kress, qui constitue mon deuxième gros souci, en corrélation avec le premier. Car si son point de départ science-fictif est très loin d’être dénué d’intérêt, elle ne fait que l’effleurer à de très rares occasions, préférant se concentrer sur ce damné Max Feder qui parasite tous les efforts qu’elle consent à tenter d’aller plus loin dans les retranchements des concepts qu’elle manipule. Les implications politiques d’une découverte telle que celle décrite dans cette novella auraient pu être passionnantes, mais elles sont traitées comme des évidences ne méritant pas qu’on s’y penche plus, puisque vues au travers de notre détestable protagoniste, reléguées à l’arrière-plan. C’est infiniment frustrant.
Mais je me disais qu’à l’instar de l’autre novella que j’avais pu lire d’elle, Nancy Kress allait une nouvelle fois me surprendre dans les dernières pages de son ouvrage ; après tout une bonne chute peut parfois habilement renverser nos perceptions. Et, si effectivement, je crois qu’il y a bien une tentative de créer une chute surprenante ou du moins brisant le rythme adopté jusque là, je ne peux malheureusement pas affirmer qu’elle m’ait autant satisfait que celle du Nexus. Au contraire, cette chute implique à mes yeux deux interprétations possibles du texte tout entier, et je ne goute aucune d’entre elles. Car soi Nancy Kress est dans une démarche de dénonciation politique en très grande partie juste mais par trop nihiliste pour être à mon goût, se servant de Max Feder comme d’un exemple malfaisant ; soit on est dans une chute censée opérer exactement l’inverse, auquel cas je n’y croirais pas vraiment, faute d’une forme de cohérence suffisante à l’aune de l’ouvrage entier.
Je finis donc déçu, face à un ouvrage qui aurait pu faire tellement mieux avec des bases comme celles qui étaient promises. Avec en plus de ce sentiment désagréable de douter de mon propre ressenti, comme si le fait d’avoir été si dégoûté par le personnage principal avait pu me faire passer à côté d’informations cruciales pour ma compréhension du texte. Et en même temps, je me dis que c’est tout de même un défaut suffisamment majeur pour justifier cette déception en plein, en tout cas à mes yeux ; peut-être qu’un public avec une culture et des aspirations différentes des miennes y verrait tout à fait autre chose.
Mais bon. Ce n’est qu’un (relatif) échec à mes yeux dans la longue lignée des novellas de la collection Une-Heure-Lumière ; je ne suis certainement pas dégouté de cette dernière, comme je ne suis pas non plus dégouté du travail de Nancy Kress à qui je donnerai sans doute sa chance sur des formats différents, un jour.
Mais non, je ne conseillerais pas cet ouvrage à grand monde, pour ne pas dire moins. Reste à voir l’avis que vous pourriez vous faire vous-mêmes dessus, je serais curieux de voir si je suis dans la majorité, sur ce coup, j’avoue.
Dans un futur proche, Max est un vieil homme en maison de retraite qui garde dans sa bague des souvenirs d’une femme aimée : une mèche de cheveux et une trace de rouge à lèvres sur du papier. Mais ses petits-enfants, qu’il méprise comme il méprise son fils, détruisent la bague par bêtise et accident.
Max a fondé un empire, en grande partie grâce à des actions illicites. Il avait des connexions parmi les escrocs et il en était un lui-même, raison pour laquelle il est déçu par son fils qui veut effacer le passé et donner de la légitimité au groupe familial.
Mais après la disparition de sa bague, Max n’a plus qu’une seule obsession : retrouver la femme avec qui il avait vécu une brève passion. Dans un monde où la technologie remplace lentement tout, il fait appel à ses anciens contacts qui volent et vivent à l’ancienne. L’auteure nous fait pénétrer dans des milieux interlopes avec délectation, et brosse quelques personnages très marquants qui ont choisi de rester en marge d’une société technophile.
Cette novella s’avère très dense, en explorant un univers à la fois proche de nous et dérangeant, tombé dans la fascination pour le transhumanisme et l’humain « amélioré ». Fascination qui révulse Max et l’a transformé en misanthrope : il considère que le monde est devenu faux, s’accroche aux choses « tangibles », et déteste ses contemporains subjugués par les nouvelles technologies. Le protagoniste n’est pas un personnage sympathique, pourtant son attachement à un autre être — en l’occurrence une prostituée qu’il a follement aimée — l’humanise avec sensibilité. Au fil du texte (je ne vous en dévoile pas trop pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte), le lecteur se rend compte que Max court après un passé qui ne reviendra pas. Sa quête est perdue d’avance, dans un monde qui a évolué sans lui.
Malgré tout, la fin sait nous surprendre, et reste dans le thème de l’amour, mais pas celui que Max cherchait loin de lui. Une belle conclusion.
Livraison soignée
Nos colis sont emballés avec soin pour des livres en excellent état
Conseil de libraires
et des sélections personnalisées pour les lecteurs du monde entier
1 millions de livres
romans, livres pour enfants, essais, BD, mangas, guides de voyages...
Paiement sécurisé
Les paiements sur notre site sont 100% sécurisés