L'apprentissage de Duddy Kravitz

« Duddy Kravitz, jeune homme de confession juive, fils de chauffeur de taxi, a grandi à Montréal pendant la guerre entre les boutiques minables et les terrains vagues de la rue Saint-Urbain. Et, pourtant, il voit son avenir en grand. Déterminé à échapper à la pauvreté à tout prix, Duddy multiplie les entreprises plus ou moins hasardeuses : il travaille comme serveur dans un hôtel de luxe, se lance dans une société de production audiovisuelle spécialisée dans les anniversaires, mariages et bar‑mitsvas, se retrouve embarqué dans un trafic de drogue à la frontière canadienne… Sans jamais perdre de vue son principal objectif : acheter une parcelle de terre dans les Laurentides, parce que son grand-père, Simcha, lui a toujours répété qu’un homme qui ne possédait pas de terres n’était personne. Grâce à Yvette, qui l’aime, Duddy voit la réussite lui sourire, jusqu’au jour où son ambition l’amène à commettre l’irréparable. Indestructible, amoral, intrépide, intrigant, séducteur, menteur invétéré… »

 A la croisée des chemins, Duddel lègue son côté opiniâtre à un unique précepte sermonné par son aïeul : «être adulte signifie posséder des terres ». Croisée des âges dans cette partie floue jouxtant l’entrée dans la majorité, croisée de son identité culturelle, culturelle le marquant au fer blanc dans le paradoxe de ses choix, croisée dans sa position intra-familiale tiraillé par un frère vertueux et un père impétueux se gaussant de ses faiblesses pour des pratiques licencieuses. Cette période charnière de la vie exigera le lubrifiant nécessaire à ce passage sans accroc et en conservant la fougue vitale à ses projets.

La fin de scolarité mitigée, marquée par le sceau du je m’en foutisme et d’une position de petit chef de meute, accouchera d’une précoce volonté inamovible de se faire un nom et un prénom. Se jouant des déterminismes, il impose sa vision, il impulse son dynamisme inné. Son précepte de vie cloué au frontispice de sa conscience vive prendra forme et trouvera son image concrète lors d’un été de toutes les vérités, de toutes les lumières. Dans ce décor des lacs, au détour de son boulot saisonnier dans l’hôtellerie, il y découvrira donc un triptyque d’existence ; la matérialisation onirique d’un terrain, la rencontre de son pendant féminin et l’affirmation de son caractère trempé.

Au rythme cadencé, d’une volonté effrénée de réussite, on suit pas à pas l’entreprise mise en place afin d’atteindre son objectif. Ce n’est pas foncièrement du « pas à pas » mais bien plus « de foulées en foulées » qui caractérise l’énergie, l’intransigeance envers lui-même et ceux qui l’entourent dans ce parcours initiatique contribuant à élever l’adolescent à l’âge adulte. Mais Duddy fait montre d’une maturité inouïe dans différents domaines et capacités.

L’auteur nous conduira dans cette quête euristique, d’élévation, d’affirmation, en maitrisant un rythme, en construisant une architecture éblouissante, d’un récit romanesque où se conjugue les termes, les ponctuations à un écrit profondément et durablement ancré dans notre esprit. Style moderne et emballant datant pourtant de 1959 qui lui ouvrira les portes de la reconnaissance. Cette vivacité de ton expose une image, des images nettes en illustrant par des messages forts sur la famille, la filiation, la fratrie, la volonté invariable d’atteindre son rêve.

Nécessité est mère d’invention, pourrait être le paradigme de Duddy…

Cercle d’une vie incandescente dont les mèches sont aux deux extrémités.

oeuvre majeure !