LaRose
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Dakota du Nord, 1999. Un vent glacial souffle sur la plaine et le ciel, d’un gris acier, recouvre les champs nus d’un linceul. Ici, des coutumes immémoriales marquent le passage des saisons, et c’est la chasse au cerf qui annonce l’entrée dans l’automne. Landreaux Iron, un Indien Ojibwé, est impatient d’honorer la tradition. Sûr de son coup, il vise et tire. Et tandis que l’animal continue de courir sous ses yeux, un enfant s’effondre. Dusty, le fils de son ami et voisin Peter Ravich, avait cinq ans.
Ma lecture
J’ai découvert Louise Erdrich avec Dans le silence du vent après la lecture d’une chronique d’elle que j’avais lue dans America.
Une deuxième lecture de cette auteure que l’on me recommandait sur les réseaux sociaux et dont je sors avec un avis peut-être plus mesuré.
Le thème principal du roman est le deuil : la perte d’un enfant peut-elle être remplacée par un autre enfant, du même âge, enfant fils de celui qui a accidentellement tué votre propre enfant ? Montrer ainsi que l’on subit la même douleur en perdant soi-même un enfant.
Le thème est fort et apparemment lié à une tradition dans la communauté indienne où se déroule l’action.
Le récit est découpé en plusieurs parties qui vont de 1879 à 2003, ne respectant pas l’ordre chronologique, mais les entremêlant mais je n’ai aucune difficulté concernant les différentes époques sauf parfois pour me retrouver dans les LaRose(5 générations je crois)….. difficulté liée au même prénom, porté indifféremment par filles (le plus souvent) ou garçon pour la dernière génération
Les LaRose sont souvent doués d’une intelligence et d’une connaissance sur la nature, les plantes mais aussi sur les animaux et l’espèce humaine et le dernier de la lignée est particulièrement philosophe, observateur et intuitif, malgré son jeune âge.
L’auteure développe énormément sur la vie des deux familles, amies par le passé, les Iron (dont fait partie Landreaux responsable du décès accidentel de l’enfant) et les Ravich, qui respecteront la tradition du don d’enfant et dont LaRose est le dernier descendant. Elles sont opposées dans leur style de vie mais très semblables dans le sens où les femmes sont les éléments dominants : Emmaline, enseignante, respectueuse des traditions et Landreaux, kiné, qui a connu l’addiction à la drogue, laissent beaucoup de libertés à leurs enfants, tandis que Nola et Peter Ravich sont plus rigoureux, strictes, organisés.
Elle traite également les thèmes de l’amour, de la perte mais aussi de la vengeance, du pardon, de la nature, des traditions et des croyances. Il flotte continuellement des zones de mystères, d’histoires d’ancêtres, la transmission est présente même si l’on comprend à plusieurs reprises de sa perte au fil du temps et des ravages du monde moderne mais aussi de la perte d’identité de la communauté.
La vie dans les réserves est largement évoquée avec les ravages que l’arrivée des hommes blancs ont provoqué parmi elles.
Elle était archaïque et avait surgi de la terre en ébullition. Elle avait sommeillé, mené une vie latente dans la poussière, s’était élevée en fin brouillard. La tuberculose s’était élancée en une vague impétueuse pour s’unir à la chaleur de la vie. Elle était présente dans chacun des nouveaux mondes et dans tous les anciens. D’abord elle aima les animaux, puis aussi les personnes. Parfois elle se posait dans une prison de tissus humains séparée par un mur des frondes nourricières du corps. Parfois elle s’élançait, filait sans entraves, creusait des galeries dans les os ou métamorphosait les poumons en dentelle raffinée. Parfois elle allait n’importe où. Parfois elle n’arrivait à rien. Parfois elle élisait domicile dans une famille, ou bien démarrait ses voyages sans répit dans une école où les enfants dormaient côte à côte. (p263)
La vie des hommes et de la nature sont intimement liées, Louise Erdrich se plaît à entremêler les situations où la nature (faune et flore) est omniprésente et symbole de leur liberté, du respect perdu, de leur perte d’identité et de pouvoir.
De là, il aperçoit de la colline et plonge son regard dans l’essence même de cette ville de réserve. Défoncé et mentalement anéanti comme il l’est, il voit dans chaque cœur. La douleur, éparpillée partout, monte en flamboyant des puits profonds que sont les poitrines de son peuple. A l’ouest les cœurs des morts battent encore, ils brûlent et jettent de douces lueurs vertes dans leurs cercueils. Ils font jaillir de la terre une lumière pale. Et au sud il y a les bisons que la tribu a achetés dans un but touristique. Un rassemblement sombre. Leurs cœurs eux aussi embrasés par l’horrible message de leur extinction. Leur assemblée fantomatique, désormais. Comme nous, ils déambulent et tournent en rond dans un petit enclos d’herbe, et engraissent. Comme nous, cœurs visibles pareils à des lampes dans la poussière. (p465)
Elle apprit à nettoyer les maisons des Blancs au cours du programme extrascolaire, à racler au couteau la poussière coagulée dans les recoins. A polir les veines grises des sols en marbre. Elle faisait aussi reluire les boiseries et étinceler les chauffe-eau en cuivre. Et puis elle avait une très jolie écriture et savait décomposer des grands nombres en facteurs premiers. Elle connaissait les fleuves du monde et les guerres qu’avaient menées les Grecs, les Romains, les Américains, écrasant les Anglais puis les Sauvages. Une liste de races qu’elle dut mémoriser plaçait la blanche au sommet, ensuite la jaune, la noire et enfin la sauvage. Selon le programme scolaire, son peuple se trouvait au bas de l’échelle. (p281)
L’histoire est bien construite, les personnages se dévoilent tout au long du récit et l’on obtient les réponses pour certains que vers la toute fin. D’autres comme le prêtre Travis, sont récurrents dans les deux livres que j’ai lus, ancien soldat ayant combattu et blessé, qui trouve refuge dans la religion. Par contre je n’ai pas trop compris l’utilité de créer entre lui et une des deux femmes, une relation amoureuse….
Louise Erdrich a une écriture magnifique, très descriptive, elle met en place très vite le fond du livre : la perte, le deuil, l’absence et la tentative de réconciliation mais peut-on réparer en s’amputant soi-même de la présence d’un enfant. Les deux familles vont souffrir : toutes les deux de l’absence même si elle n’est pas similaire mais aussi chez Nora d’une dépression dont les enfants vont être les témoins et les sauveurs.
J’ai beaucoup aimé tout ce qui touchait aux enfants, leur complicité, leur espièglerie, leurs relations et particulier celle qui unit Maggie et LaRose et qui démarrait pourtant bien mal, mais aussi la lucidité qu’ils possèdent sur le monde qui les entoure.
J’ai, même si je donne une note similaire, préféré Dans le silence du vent : l’histoire m’a plus touchée, émue, où j’ai trouvé les personnages plus captivants, l’intrigue m’a plus tenue en haleine. Dans LaRose j’ai moins été dans l’attente de découvrir ce que chacun cachait ou était réellement. J’ai trouvé que l’auteure utilisait un peu les mêmes ressorts quant au personnage, un peu effacé, et qui va prendre toute son ampleur dans le drame.
Dans celui-ci l’environnement culturel, générationnel et symbolique y est très présent, mais l’ayant déjà trouvé dans ma première lecture, j’y ai été moins sensible cette fois-ci.
Cela n’enlève rien à la qualité de la narration : un souffle romanesque, une écriture fluide, accessible et une construction intéressante sachant tenir le lecteur jusqu’au bout et avec la découverte d’une ethnie qui se perd, dont bientôt il ne restera que peu de témoins.
Le lendemain, elle vit un ours occupé à déterrer une sorte de racine à côté d’un marécage. Une autre fois, un renard bondit, monta en arc de cercle haut dans l’herbe et s’en fut en trottinant, une souris dans la gueule. Des cerfs allaient au pas, tous les sens aiguisés, s’arrêtant pour remuer les oreilles et flairer les senteurs avant de s’aventurer à découvert. Elle regarda la terre voler derrière un blaireau qui creusait un terrier. Des souris à pattes blanches aux yeux adorables, des hirondelles bleues fendant l’air, des faucons lancés dans un vol libre mystique, des corbeaux cabriolant sur des courants aériens aussi solides que d’invisibles poutres d’équilibre. Elle commença à se sentir davantage chez elle dehors que dedans. (p310)
Quatrième de couverture
Dakota du Nord, 1999. Un vent glacial souffle sur la plaine et le ciel, d un gris acier, recouvre les champs nus d un linceul. Ici, des coutumes immémoriales marquent le passage des saisons, et c est la chasse au cerf qui annonce l entrée dans l automne. Landreaux Iron, un Indien Ojibwé, est impatient d honorer la tradition. Sûr de son coup, il vise et tire. Et tandis que l’animal continue de courir sous ses yeux, un enfant s effondre. Dusty, le fils de son ami et voisin Peter Ravich, avait cinq ans.
Mon avis
Sublime et délicat
C’est avec une délicatesse infinie, un doigté remarquable et une écriture lumineuse que Louise Erdrich évoque LaRose et tous ceux du même nom.
Comme l’indique la quatrième de couverture, Landreaux Iron, en chassant le cerf, a tué le fils de son voisin et ami. Selon une vieille coutume indienne, il « offre » son cadet à la famille en deuil. LaRose se retrouve donc à cinq ans à prendre la place de son ami Dusty dans une famille qui n’est pas la sienne avec une « nouvelle mère » rongée par le chagrin…. Donner son enfant, c’est une forme de justice pour ces gens là. Les parents de LaRose ne se sont pas posé beaucoup de questions. C’est ainsi, il le faut, ils le font. Cela ne signifie pas que c’est aisé, au contraire… Le père pense souvent à ce qui aurait pu être….
« Il aurait voulu cesser d’exister pour recommencer à tirer, ou à ne pas tirer. Mais la plus difficile, la meilleure, la seule chose à faire, c’était de rester en vie. De vivre avec les conséquences au sein de sa famille. »
La mère est malheureuse d’avoir « perdu » la chair de sa chair….même si elle sait son fils vivant … chez les voisins…
Mais LaRose n’est pas le seul « LaRose » (même si il est le premier garçon à se nommer ainsi). L’auteur nous présente une longue lignée de LaRose et elle sait de quoi elle parle. Sa mère est indienne, très catholique et elle connaît bien les traditions ojibwé. Par d’habiles retours en arrière, Louise Erdrich nous éclairera sur les différents personnages et sur les rapports qu’ils entretiennent. Elle nous les présente, les faisant vivre sous nos yeux . C’est sa force , avec beaucoup de grâce, elle donne vie à ses protagonistes, ils s’installent dans notre quotidien et nous ne les quittons plus. Et nous découvrons également la tradition des LaRose….
Plusieurs thèmes sont abordés dans ce recueil : le racisme, les ravages de l’alcool ou de la drogue, les relations familiales, les traditions de la culture indienne, le célibat des prêtres etc… et tout est présenté avec une certaine bienveillance. Pas de jugements de la part de celle qui écrit, elle raconte ou plutôt elle conte. Oui, c’est ça, on « l’écoute » et elle conte, nous entraînant dans son univers, nous offrant un regard empreint de douceur sur tous ceux qu’elle évoque.
On pourrait penser que les parents vont se battre pour garder ou récupérer le jeune garçon mais ce serait trop facile. Avec la gravité de son jeune âge, LaRose, lui-même, s’inscrit dans l’histoire …. S’il met quelque temps à trouver sa place, son cheminement est magnifique, ses actes sont portés par l’amour et la bienveillance et la conclusion de ce roman est de toute beauté, tellement porteuse d’espérance malgré la souffrance des uns et des autres….
Je remercie la traductrice qui a su trouver les mots pour retransmettre ce que voulait dire l’auteur et ainsi, à elles deux, m’offrir une merveilleuse lecture coup de cœur.
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