Les Enfants de Longbridge
  • Date de parution 25/03/2021
  • Nombre de pages 608
  • Poids de l’article 296 gr
  • ISBN-13 9782072922664
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche
Anglo-Saxon Romans étrangers

Les Enfants de Longbridge Tome 3 Le coeur de l'Angleterre

3.99 / 5 (1349 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

L'Angleterre lui faisait l'effet d'un territoire calme et stable. D'un pays en bonne intelligence avec lui-même. Tout allait pour le mieux."En dix ans, l'Angleterre est passée de la liesse des jeux Olympiques au couperet du référendum sur le Brexit. Comment en est-on arrivé là ? Dans cette période trouble qui fait basculer les destins individuels et collectifs, la famille Trotter reprend du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s'engage dans une improbable carrière littéraire, sa soeur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, tandis que sa nièce Sophie s'interroge sur son mariage. La politique peut-elle être une cause valable de séparation ?Après Bienvenue au club et Le Cercle fermé, Le coeur de l'Angleterre questionne avec une ironie mordante les grandes sources de crispation contemporaines.

livré en 4 jours

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  • Date de parution 25/03/2021
  • Nombre de pages 608
  • Poids de l’article 296 gr
  • ISBN-13 9782072922664
  • Editeur FOLIO
  • Format 178 x 108 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Comment en est-on arrivé là ?

C’est la question que se pose Jonathan Coe dans ce roman brillant qui chronique avec une ironie mordante l’histoire politique de l’Angleterre des années 2010. Du premier gouvernement de coalition en Grande-Bretagne aux émeutes de Londres en 2011, de la fièvre joyeuse et collective des Jeux Olympiques de 2012 au couperet du référendum sur le Brexit, Le cœur de l’Angleterre explore avec humour et mélancolie les désillusions publiques et privées d’une nation en crise.


Dans cette période trouble où les destins individuels et collectifs basculent, les membres de la famille Trotter reprennent du service. Benjamin a maintenant cinquante ans et s’engage dans une improbable carrière littéraire, sa soeur Lois voit ses anciens démons revenir la hanter, son vieux père Colin n’aspire qu’à voter en faveur d’une sortie de l’Europe et sa nièce Sophie se demande si le Brexit est une cause valable de divorce.


Au fil de cette méditation douce-amère sur les relations humaines, la perte et le passage inexorable du temps, le chantre incontesté de l’Angleterre questionne avec malice les grandes sources de crispation contemporaines : le nationalisme, l’austérité, le politiquement correct et les identités.

Ma lecture

Après Bienvenue au club et Le cercle fermé, les deux précédents opus, il me fallait découvrir la suite même si j’en connaissais la fin et même plus, puisque nous avons tous suivi le feuilleton Brexit, mais surtout le devenir des trois amis : Benjamin, Philip et Doug au travers de la vie politique de leur pays l’Angleterre.

Jonathan Coe avoue à travers la voix de Benjamin :

II avait en effet entrepris d’allier une fresque de l’histoire européenne depuis l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché Commun, en 1973, à un compte rendu scrupuleux de sa vie intérieur sur la même période, le tout compliqué par l’adjonction d’une « bande-son », également de sa composition, dont il peinait à définir avec précision la relation avec le texte. (…) Ce qu’il lui fallait, c’était un avis objectif. (p112-113)

Bon et bien encore une fois je vais aller à contre courant des opinions et pour moi ce dernier volet est le moins réussi des trois (même si j’ai malgré tout été jusqu’au bout)….. J’ai attendu pour essayer de déterminer ce qui m’avait gêné pendant ma lecture…. Et j’en suis arrivée aux conclusions suivantes :

En premier lieu pas de suspens, évidemment, quant à l’issue politique du pays : nous l’avons vécue en direct et nous avons même un train d’avance par rapport à l’auteur puisque depuis il y a encore eu moult rebondissements : Boris Johnson etc….. Jonathan Coe y est pour rien mais écrire sur des événements réels et actuels est l’écueil. Bien sûr il évoque cela à travers Benjamin, l’écrivain et Doug, le journaliste (nous n’avons plus de nouvelles de Philip) mais c’est surtout Benjamin finalement le héros de cette aventure, le rapporteur et témoin des événements, le double de Jonathan Coe. 

L’auteur à travers ses personnages décortique ce qui a mené un pays à choisir de sortir de l’Union Européenne, l’immigration en particulier mais aussi le rôle joué par David Cameron. Comme pour les USA avec Donald T. chacun pensait connaître l’issue du vote pour finalement découvrir un résultat à l’opposé.

Ensuite j’ai trouvé que cette dernière partie, très centrée donc sur Benjamin, se transforme en un roman à la fois très politique mais aussi assez conventionnel, se focalisant sur les périples amoureux des différents personnages, avec des situations parfois semblables ou liées ou Brexit : je reste/ je pars, une certaine mélancolie, nostalgie parsème l’ensemble, c’était mieux avant et comment ne pas trouver des similitudes avec notre propre pays en particulier avec la montée du nationaliste.

Le Brexit, espéré pour certains, craint par d’autres a surpris tout le monde, bouleversant les vies de chacun, les familles, qu’elles soient anglaises ou issues de l’immigration comme celles qui avaient choisi ce pays pour y travailler et y vivre définitivement et j’ai trouvé que l’auteur pour terminer sa saga plongeait dans un final assez « facile » avec tous les ressorts du roman happy-end.

J’ai regretté également que certains personnages aient totalement disparu, j’aurai aimé connaître leurs opinions, réactions dans le contexte du tournant pris par l’Angleterre hors Europe, d’autres par contre reviennent à la surface à cette occasion, renouent parfois des relations quarante ans plus tard ou émergent en raison des circonstances.

Toutes les cinq minutes, on arrive à un carrefour et il faut choisir sa voie. Chaque bifurcation détient le potentiel de changer une vie, parfois du tout au tout . (p134)

J’ai retrouvé la « patte » de l’auteur, avec ses traits d’humour, parfois d’incompréhension vis-à-vis de son pays et de ses compatriotes, leurs contradictions mais qui pourraient s’appliquer à bien des pays finalement. 

Vous savez quoi ? Je me demande si Jonathan Coe ne s’est pas demandé lui-même comment tout cela (sa saga) allait se terminer, ne sachant pas où va son pays, dans quel guêpier il s’est engagé (ou vers quelle félicité (qui sait), il a pris le parti d’en finir à la manière d’un roman de littérature anglaise, avec ce qu’il faut d’espoir mais aussi de cynisme.

J’ai remarqué au fil de mes lectures que j’avais de plus en plus de mal avec les romans « saga » ayant trouvé que dans l’ensemble cela s’éternisait pour faire durer, souffrant de reprises des évènements, de longueurs pour justifier les opus et qu’au fur et à mesure cela s’essoufflait. J’en attendais peut-être beaucoup, trop.

J’ai tourné les pages de près d’un demi-siècle de la vie anglaise et comme pour les personnages, je suis restée avec le souvenir des précédents, attachée aux souvenirs du plaisir que j’avais eus à les lire, un peu de mélancolie et de nostalgie et une fois de plus le présent m’a déçue, inquiétée, interrogée mais n’a pas forcément répondu à mes attentes.

Une bonne lecture pour qui veut comprendre comment un tel chamboulement a pu arriver mais connaissant, comment dit-on déjà, la » Perfide Albion », faisons lui confiance pour tirer son épingle du jeu. Pour ma part j’ai été peut-être plus intéressée par les personnages, à leur évolution, à leurs rencontres et déboires dans un monde qui s’écroule pour renaître sous une autre forme, qu’aux aspects politiques, très présents (et pour cause) dans cette dernier opus. Une écriture plaisante, vivante, un roman instructif sur les arcanes du monde politique outre-manche mais que je quitte avec une petite note de déception.

Elle savait aussi qu’elle lisait elle-même trop pour sa santé, accordait trop d’importance à la lecture, affligée d’une sorte de névrose obsessionnelle vis-à-vis de la littérature et de ses bienfaits moraux supposés. (p54)


Jonathan Coe clôt avec ce titre la trilogie entamée avec ses romans "Bienvenue au Club" et "Le cercle fermé".

On y retrouve donc (et avec grand plaisir) Benjamin Trotter, une des figures centrales des précédents opus, dorénavant jeune quinquagénaire. Le récit débute avec l’enterrement de sa mère. Il sera suivi quelques années plus tard du lent délitement paternel, à l’occasion duquel Benjamin se rapprochera de sa sœur Loïs, comme pour retrouver cet attachement quasi-fusionnel qui les lia quatre décennies auparavant suite à un traumatisme qui marqua définitivement la fille Trotter (et comme elle est sobrement belle, cette histoire de renouement frère-sœur !). Pour l'heure, il peut grâce à de fructueux investissements immobiliers vivre comme un retraité, ce qu’il fait dans les deux sens du terme, en s’exilant dans un vieux moulin rénové à la campagne. Depuis le bord de la rivière qui longe sa propriété, l’Angleterre lui fait l’effet d’une territoire calme et stable. Et bien qu’ayant gâché les trente dernières de sa vie dans une vaine obsession amoureuse tout en se noyant par ailleurs dans un projet littéraire et musical si ambitieux et si chaotique qu’il enfin pris conscience qu’il ne trouverait jamais son public, lui-même semble avoir atteint une certaine sérénité. 

Doug et Philip, ses amis de jeunesse, sont eux aussi au rendez-vous. Le premier, journaliste et marié à une richissime ex-top-model, assiste avec satisfaction à la rébellion adolescente de sa fille qui méprise les valeurs et le mode de vie de sa mère, et défend des opinions encore plus à gauche que celles de son père. Le second vit décemment de la maison d’édition de livres historiques qu’il a fondée, coulant des jours tranquilles auprès de sa deuxième épouse.

Sophie, la nièce de Benjamin, dorénavant universitaire, occupe une belle place dans ce dernier opus. Son mariage avec Ian, rencontré lors d’un stage de conduite, l’amènera à de longs questionnements sur la validité d’une union marquée par les divergences d’opinions.

Suivre ces personnages (et tant d’autres, Jonathan Coe nous offrant une galerie de portraits éclectique) sur leurs itinéraires respectifs semés de réussites et de désillusions ou marqués par la nostalgie ou la résilience, au gré des événements banals ou surprenants, tragiques ou réjouissants, dont l’auteur sait si bien tirer matière pour les rendre universels car familiers, aurait suffit à me faire aimer cet excellent roman. 

Mais Jonathan Coe ne se contente pas d’évoquer désordres intimes et échanges relationnels. Sa réflexion d’étend de manière naturelle, à partir des situations que vivent ses héros de toutes générations et des questions qui les hantent, au contexte -culturel, social, politique- qui les entoure, les influence, et dont il prend, en observateur attentif et ouvert, le pouls. L’intrigue, qui se déroule de 2010 à 2017, est ainsi traversée des remous que provoque la dégradation de la conjoncture socio-économique, et qui mèneront au Brexit.

Il montre comment le referendum, présenté au départ comme une manœuvre de Cameron pour faire taire quelques voix discordantes exprimant au sein de son propre parti leur détestation de l’Europe, devient pour des citoyens aiguillonnés par la rancœur contre les élites politico-financières et l’impression d’appauvrissement croissant qu’a provoqué la crise de 2008, la possibilité d’exprimer leurs craintes et leur sentiment d’injustice. Une inquiétude et une rage que mettent à profit les conservateurs et les populistes pour brandir l’épouvantail d’une immigration considérée comme une question de fond, et qui bientôt cristallise la haine et fait surgir une violence s’exprimant tantôt de manière insidieuse sous les traits d’un racisme latent, tantôt de façon plus spectaculaire, par des agressions physiques ou verbales. Cette sortie de l’Europe, à laquelle au départ personne ne croit, y compris les instigateurs du referendum, acquiert une réalité de plus en plus consistante avec la victoire inattendue des tories aux élections législatives de 2015.

Jonathan Coe nous fait les témoins du clivage qui en résulte dans la société anglaise et trouble même l’intimité des foyers, opposant ceux que leurs émotions font basculer vers le rejet de l’autre à ceux que cette montée du populisme inquiète ou offusque, semblant déplorer l’irréconciliabilité que pose par ailleurs une dictature du politiquement correct empêchant un dialogue constructif et bilatéral avec ces électeurs qui votent selon leurs tripes.

Il le fait sans jugement, respectueux de la subjectivité de ses personnages, équitable envers leur diversité, manifestant toutefois une tendresse particulière pour les gentils cabossés, tel ce clown triste sous les traits duquel Benjamin retrouve un copain d’enfance, mais aussi une certaine férocité (bien qu’empreinte d’humour) envers ceux qui, du haut de leurs privilèges, ne se donnent même pas la peine de contempler les enfièvrements populaires.


 Un régal.


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