
Superméchant débutant
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Littérairement parlant, ces derniers temps, je dois bien l’avouer, c’est pas l’absolue joie. Quelques découvertes vraiment cools suffisamment régulièrement pour que ma vocation de lecteur/chroniqueur se maintienne sans difficulté, mais persiste quand même une sorte de vide lancinant : un manque d’enthousiasme et d’exaltation à l’idée de découvrir de nouvelles choses prometteuses. Une sorte de lassitude, peut-être liée à mon rythme conséquent depuis le lancement de ce blog, mais plus sûrement corrélée à une relative perte de confiance dans le milieu éditorial. J’ai beau toujours croire à 100% en la capacité de certaines maisons proches de mon cœur à toujours aller chercher des textes vivants et originaux – ou du moins suffisamment passionnés pour faire illusion – force est de constater que je ne ressens plus aussi souvent qu’avant l’étincelle précieuse de l’impatience fiévreuse qui a souvent été la mienne.
À mon humble avis, c’est lié à la fuite en avant du système entier de la chaîne du livre, à juste titre terrorisé par la perspective de s’effondrer sous le poids de ses contraintes financières ; on se retrouve avec des tonnes de bouquins marketés à la va-vite à coup de buzzwords feignants et de références croisées vues et revues qui me donnent trop régulièrement l’impression que personne n’y croit vraiment, mais qu’il faut alimenter la machine en espérant le coup de bol et le phénomène éphémère mais rentable qui permettra de tenir le coup jusqu’à la prochaine fois. Et de fait, puisque je n’ai pas vraiment le sentiment que beaucoup de livres sortent en étant défendus avec la conviction qu’ils méritent, j’ai moi-même du mal à être motivé. Sans parler du fait qu’en tant que consommateur, également, je n’ai pas non plus un budget illimité : ça complique encore les choses.
Ce qui nous amène à mon choix de lecture du jour. Je connais encore relativement peu John Scalzi, en tant qu’auteur ; après tout, je n’ai lu de lui que trois romans, jusqu’ici. Mais les résultats ont été globalement positifs, et si je ne lui prêterais pour le moment pas la force d’impact littéraire de certain·e·s de mes auteurices favorit·e·s, le fait est que ses romans les plus récents m’étant passés entre les mains – je parle ici de La Société Protectrice des Kaijus ou La Controverse de Zara XXIII – m’ont fait du bien. Et des fois, il faut savoir accepter qu’on est pas en état de lire de grands textes, des romans qui essaient conceptuellement ou formellement de faire des choses ambitieuses, des romans qui demandent de faire des efforts intellectuels ; il faut savoir accepter qu’on a juste besoin de passer un bon moment, tranquille, sans pression.
Et je crois aussi qu’il faut savoir saluer les auteurices qui n’ont d’autre ambition que de promettre un bon moment de lecture à cielles qui les lisent, sans pression. D’une, parce que c’est pas si facile à écrire, et de deux, parce que je trouve ça assez noble, au fond. Il y a une certaine forme d’humilité et de bienveillance là-dedans que j’aime profondément. Et ce sans aucune volonté de condescendance de ma part, évidemment.
Bref : je vois un bouquin avec un chat en costard sur la couverture titré Superméchant Débutant, signé par un auteur m’ayant déjà permis de passer de très bons moments de détente, dans un moment où c’est ce dont j’ai sans doute le plus besoin avant de replonger dans le bain des incertitudes, je ne cherche pas plus loin, pour une fois.
Et franchement, c’est ce que j’ai lu. Un roman sympathique et sans trop de prétentions, qui fait ce qu’il annonce d’emblée. C’est pas parfait, mais ça fait du bien par où ça passe.
Charlie est prof remplaçant en banlieue de Chicago, après avoir été journaliste financier. Il ne vit clairement pas la vie dont il a pu rêver, coincé avec son chat dans une maison que lui disputent les membres de sa famille. Tout bascule le jour où il apprend le décès de son oncle Jake, dont il n’avait plus de nouvelles depuis des années, après que son beau-frère, le père de Charlie, lui a intimé l’ordre de ne plus jamais approcher sa famille. Charlie est désormais l’héritier de ce qu’on lui présente comme un empire du mal s’étendant tout autour du monde, dont la charge vient clairement avec plus d’ennuis que d’avantages.
On est je crois, sur ce qu’on appelle du high concept. Ça se résume facilement : et si les supervilains existaient, comment ça se passerait, en vrai ? Alors bon, on est sur de la science-fiction facile d’accès, donc forcément, le côté « en vrai », John Scalzi s’arrange très vite avec ; ça lui permet de se faire plaisir, pour mieux nous faire plaisir par la même occasion. C’est à la fois à mettre à son crédit et à la charge du roman : pour justifier l’exécution globale du concept en lui-même, il y a quelques explications logistiques et techniques à fournir, qui malgré leur emballage rigolo et gentiment narquois, rendent quand même une partie de l’histoire un poil poussive. On ne s’ennuie pas, heureusement, parce que l’auteur n’est pas un débutant, loin de là, et que tout est prétexte à un bon mot, une situation cocasse ou un dialogue amusant, mais force est de reconnaître que le besoin de justification prosaïque régulier n’est pas ce qu’il y a de plus fun. Disons plus simplement que l’envie première de Scalzi étant assez clairement de pousser les potards d’une certaine logique moderne à fond pour permettre à son concept de prendre vie, il s’oblige à faire preuve d’un certain didactisme, notamment en direction de son protagoniste, sympathique ingénu à qui on doit tout expliquer, et donc à nous aussi.
Mais c’est juste pas souci d’objectivité tatillonne que je précise ça, puisque l’essentiel est par ailleurs globalement préservé. Superméchant débutant est un joyeux roman nerd écrit par un nerd à chat, pour les nerds à chat. On est pas là pour pontifier, en soi, même si comme toujours avec Scalzi, il y a un fond de militantisme gauchiste qui remonte à la surface, par la force des choses et des convictions, ce qui n’est absolument pas pour me déplaire ; non, l’essentiel, c’est juste de s’amuser avec un concept éculé, mais d’un point de vue aussi frais que possible. Et là dessus, rien à dire, de mon point de vue : j’ai passé toute ma lecture avec le sourire aux lèvres, évoluant parfois en franc rire de gorge, systématiquement complice de la blague au long cours. Les situations absurdes mais pas tant que ça s’enchainent avec fluidité et efficacité, du début à la fin, bien campées, depuis la narration jusqu’aux dialogues, avec juste ce qu’il faut de sérieux et de décomplexion, en équilibre.
C’était cool. Pas ce que j’ai lu de meilleur de la part de l’auteur, il faut bien l’admettre, ça manque peut-être un peu de fantaisie et de laisser-aller pour être complètement jubilatoire, mais je serais très cruel de dire autre chose en terme de reproches. Je me répète, mais j’aime bien les livres qui s’affichent aussi clairement comme des tranches de bonne humeur, et qui savent ne pas en faire trop. Des bouquins comme ça, je pourrais en lire des dizaines sans me lasser, je crois ; leur sincère simplicité m’apparait comme une bouffée d’air frais. Alors merci John Scalzi, voilà. Rendez-vous pour la prochaine itération.
États-Unis, de nos jours : Charlie est un raté. Ancien journaliste au chômage et divorcé, il vivote dans la maison de son père décédé dont il a l’usufruit. Il rêve de racheter le pub de la ville, mais n’en a pas les moyens : son salaire de professeur assistant au collège ne lui permet pas de payer les factures. Ses seuls compagnons sont son chat, Héra, et le chaton Perséphone qu’il vient de recueillir.
Un jour, son oncle Jack — le frère de sa mère — meurt. Oncle qu’il n’a pas vu depuis ses 5 ans, et qui avait fait fortune dans la gestion de parkings. Une femme, Morrison, vient demander à Jack d’assister aux obsèques, en échange il aura de l’aide pour racheter le pub. Il se rend aux funérailles. Funérailles où les couronnes mortuaires sont livrées avec des insultes et où les invités cherchent à vérifier que l’oncle est bien mort, quitte à poignarder le cadavre ou lui injecter du poison. Sur le chemin du retour, sa maison explose.
Et à partir de ce moment, Charles va vivre des aventures « à la James Bond », mais dans le milieu des « méchants ». Les « méchants » vendent des « services » aux gouvernements, tous illégaux. Et son chat Héra n’est pas un simple chat, mais un chat génétiquement modifié, à l’intelligence développée. Héra est pince-sans-rire, alors que Charles ne manque pas d’ironie. Et il en faut, de l’ironie, quand il se retrouve à négocier avec des dauphins génétiquement modifiés et intelligents, mais grincheux et insultants.
C’est le premier roman que je lis de John Scalzi, et j’ai passé de très bons moments. Des dialogues m’ont fait beaucoup rire. Certains passages sont une succession d’humour noir, de bons mots, d’ironie cinglante, et on sent que l’auteur s’est amusé à les écrire : c’est parfois jubilatoire. Charles navigue dans un monde de l’ombre, les superméchants sont rivaux entre eux, s’espionnent, s’allient et s’entretuent, à coup de technologie avancée et d’entourloupes. Et Charles, ex-journaliste au chômage, doit apprendre à devenir un superméchant.
L’aspect « science-fiction » réside surtout dans les animaux génétiquement modifiés et intelligents. On est ici surtout dans une parodie de James Bond, mais uniquement du côté des superméchants. D’ailleurs, Spectre est cité comme référence : imaginez-vous au cœur de cette organisation, alors que ses membres se tirent dans les pattes sans grande finesse.
Certes, la fin ne m’a pas beaucoup surprise, mais il n’est reste pas moins une très bonne lecture pour le divertissement.
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