L'inversion de Polyphème

Le numéro 57 de la collection Une Heure-Lumière du Bélial’ n’est pas un inédit. Il s’agit de la réédition de L’Inversion de Polyphème de Serge Lehman, dont la première version se trouvait dans le numéro 5 de la revue Bifrost. Il fut par la suite repris dans plusieurs autres éditions. Dans la préface du livre, Olivier Girard explique l’histoire derrière cette novella, et pourquoi elle figure au catalogue de la collection.

Le narrateur de cette histoire, Hugo, nous ramène à la fin des années 70 dans une petite ville d’Essonne quand, âgé de 13 ans, il vécut un été hors-norme. Il nous raconte tout cela des années plus tard alors qu’il vient d’apprendre le décès d’un de ses amis d’enfance. Avec ses 3 autres compères, Hugo formait une bande. Il y avait Francis de Carvalho, Mick Horowitz, seule fille de la bande et Paul Venditti, leader charismatique qui avait la particularité d’avoir un œil de verre. Tous les 4 avaient en commun leur amour des livres, de la science-fiction surtout, et de passer leur temps dans leur QG, une cabane planquée dans les bois et construite par eux. En cet été où tout le monde semble être parti en vacances sauf eux, Paul va les entraîner dans une aventure qui aura des conséquences insoupçonnées.

Serge Lehman dépeint avec beaucoup de justesse ces différents personnages auxquels on s’attache facilement. Ils sont tout à fait crédibles, on se reconnaît à travers eux, même si l’époque n’est plus la même. Ils nous font penser à notre adolescence, à des amis qu’on a eux à cet âge ou des personnes qu’on a connues. En peu de page, ces personnages prennent vie sous nos yeux et arrivent à nous émouvoir. Ils nous parlent et permettent de s’immerger totalement dans cette histoire.

A travers ce court roman, l’auteur rend hommage à l’imaginaire, à la science-fiction (plusieurs références littéraires apparaissent tout au long du texte), à la littérature, à tous ces livres qui ont fait rêver, qui ont permis de s’évader d’une réalité pas toujours belle, à cette littérature qui permet de croire qu’à un moment tout est possible, surtout à l’âge des personnages principaux, celui de toutes les découvertes et de la fin d’un monde pour rentrer dans un autre. On y retrouve l’esprit de la nouvelle Le Corps de Stephen King ou encore de la nouvelle Jeffty a cinq ans de Harlan Ellison pour l’aspect nostalgie.