privé Milodragovitch Tome Fausse piste
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Quand on est pauvre avec un héritage bloqué par testament jusqu’à l’âge de cinquante-trois ans et que l’on vient de perdre l’essentiel de son gagne-pain quotidien, on ne crache plus dans la soupe. Milo Milodragovitch, rejeton maudit de ce qui fut une famille importante de Meriwether (Montana), ne peut qu’accepter l’offre d’Helen Duffy. Retrouver un frère innocent, gentil garçon raisonnablement de gauche et passionné d’armes à feu, disparu dans un incendie, n’est pas si compliqué. Surtout si la demande émane d’une femme à ce point démunie qu’elle en devient troublante.
Mon avis
Dès les premiers mots, j’ai été séduite par le ton, l’écriture de James Crumley. Un rien ironique, narquois, jubilatoire, avec un humour décalé où le héros, narrateur sans illusion, se moque de lui-même et de ses travers, son style est sans concession comme Milo, le personnage principal. Autrefois, policier, réorienté en détective privé, il a connu une période faste quand il fallait des preuves pour divorcer (on est en 1975, en Amérique) et que ses photos pouvaient déclencher la séparation. Maintenant, tout peut se faire à l’amiable, avec un consentement mutuel et son boulot a nettement diminué. Comme il doit attendre cinquante-trois ans pour toucher son héritage, il vivote accompagné par l’alcool en abondance et des potes de beuverie. On pourrait le croire peu intéressant ce Milo, détaché de tout, pas très propre sur lui qui ne court pas après les occupations professionnelles. Et pourtant, l’auteur nous le rend attachant.
Un jour, la belle, sulfureuse, pas nette (je ne l’ai pas « sentie » cette femme dès le début), énervante, Helen débarque dans son bureau. De mouchoirs en pleurnicheries et soupirs, elle explique être inquiète, et même plus, pour son jeune frère, un étudiant bien sous tous rapports, qui n’a pas donné signe de vie depuis plusieurs semaines… De là à envisager le pire…. Milo ne sait pas trop s’il va donner suite à cette requête ou pas. C’est compliqué pour lui de se lancer sur la piste de ce frère disparu. Et puis, finalement, il y va, il fonce même, parfois sans réfléchir, sans recul, impétueux, fougueux, ignorant la loi, ne se fiant qu’à son instinct. Les surprises se succèdent, bonnes rarement, mauvaise le plus souvent mais il continue, tenace, à avancer. Il prend des claques, au sens propre et figuré (notamment dans les dernières pages) mais cela ne le déstabilise pas, il garde cette espèce de bonhomie, de distance, comme si tout ce qui arrive était lié à une espèce de fatalité.
La galerie de personnages que nous offre James Crumley est un régal. Ils ont tous un petit quelque chose qui les démarque de l’individu lambda. Certains vont nous exaspérer, on prendrait presque en pitié quelques autres….Ils sont décrits, dans leur cadre, en lien avec le contexte, tout ceci avec beaucoup de finesse, de précision, les rendant très réels. Mais à lui tout seul, Milo est le centre de cette intrigue, on veut le décrypter, le cerner, comprendre ses réactions.
J’ai énormément apprécié cette lecture. Elle est sombre mais les traits d’esprit permettent de décompresser. Une forme de poésie se dégage entre les lignes, railleuse mais vivace, teintée de philosophie, de celle qui fait que l’on aime la vie, comme Milo, quel que soit ce qu’elle nous offre …
En déplacement une semaine pour le boulot, j’ai décidé de charger ma valise avec des rééditions, ou des bouquins que je n’avais pas eu le temps de lire. Et pour être certain de ne pas me tromper, je commence en relisant le magnifique et indispensable Fausse piste de James Crumley dans la réédition revue de chez Gallmeister illustrée par Chabouté.
Milo, privé à Meriwether, Montana, est dans la merde. Il lui reste treize ans avant de pouvoir hériter de la fortune de ses parents, et sa principale source de revenu en tant que privé – les divorces – a disparu quand l’état a autorisé la séparation par consentement mutuel. Il ne lui reste plus que l’alcool avec ses potes poivrots du Mahoney’s.
Jusqu’à ce qu’Helen Duffy frappe à sa porte et lui demande de retrouver Raymond Duffy, son petit frère disparu depuis trois semaines. Un petit frère angélique. Helen est belle et semble perdue. Milo accepte, mais se rend vite compte que Raymond n’avait rien d’un ange, et qu’il plonge en eaux troubles.
Putain j’avais oublié comme c’était bon de lire Crumley ! Ca vous prend aux tripes, ça vous réchauffe le cœur et le ventre comme les verres que s’envoie Milo, ça vous secoue, ça vous mets les larmes aux yeux, ça vous donne envie de le serrer dans vos bras.
Il y en a eu depuis des privés alcolos, déglingués, rétifs à toute forme d’autorité. Aucun n’a l’humanité, l’empathie, la compassion, la tendresse, et en même temps la dent dure de Milo et son pote Sughrue (que l’on retrouvera bientôt j’espère).
Quels portraits de paumés, de perdus magnifiques, de mourants en sursis. Et quelle façon de dépeindre une vraie peau de vache, une saloperie intégrale ! Il n’y a pas de personnages comme ceux de Crumley. Il n’y a pas (ou très peu) d’auteurs qui vous décrive une noyade alcoolique comme lui. Il n’y en a pas (ou très peu, très très peu) capable de vous faire aimer à ce point des paumés qui, si vous les croisiez dans la rue, vous feraient, au mieux, changer de trottoir.
Le roman a déjà 40 ans, il n’a pas pris une ride, rien de ce qu’on a pu lire depuis ne l’a démodé ou affaibli. Il faut absolument lire James Crumley. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, cette réédition magnifique, agrémentée des dessins sobres et tout à fait dans l’esprit du texte est l’occasion immanquable de la faire. Pour ceux qui connaissent, inutile que j’insiste, ils se seront tous précipités.
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