Monsieur Ouine
  • Date de parution 20/11/2008
  • Nombre de pages 310
  • Poids de l’article 430 gr
  • ISBN-13 9782859207823
  • Editeur CASTOR ASTRAL
  • Format 216 x 142 mm
  • Edition Grand format
Romans policiers

Monsieur Ouine

3.68 / 5 (105 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

« Mais quand le génie s’en mêle, quand la banalité de l’histoire est le support d’un sujet qui traduit ce qu’il y a de plus profond et de complexe dans la nature humaine, on est devant l’un de ces chefs-d’œuvre de la littérature qui défient le temps, riches de pages puissantes, de la fulgurance d’une réplique, du plomb d’un aphorisme, de la force des mots qui tirent leur efficacité de leur simplicité. Ainsi en est-il de Monsieur Ouine. » Pierre-Robert Leclercq Certainement le personnage le plus inquiétant de la galerie du roman international (Jean-Louis Bory, Le Magazine littéraire)

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  • Date de parution 20/11/2008
  • Nombre de pages 310
  • Poids de l’article 430 gr
  • ISBN-13 9782859207823
  • Editeur CASTOR ASTRAL
  • Format 216 x 142 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Bernanos... encore un de ces auteurs dont on se dit qu'il faudra bien qu'on les lise, un jour. Ma première tentative en ce sens s'est lamentablement interrompue avant le premier quart du "Journal d'un curé de campagne", dont les circonvolutions philo-théologiques ont coupé net mon bel enthousiasme. J'aurais pu en rester là, d'autant plus qu'Aaliz, qui est courageusement allée jusqu'au bout du "Soleil de Satan", semblait confirmer la rebutante complexité de son œuvre. Puis, je suis tombée par hasard à la bouquinerie du coin sur "Monsieur Ouine", agrémenté d'une élogieuse petite note du libraire. "Soit, ne soyons pas obtuse. Retentons l'expérience", m'exhortais-je in petto.


Je ne remercierais jamais assez l'auteur de la dite petite note : j'ai adoré ce bouquin ! D'emblée. Les premières pages du roman m'ont fait penser à Faulkner (si ça, ce n'était pas de bon augure) : le lecteur est immergé sans préambule au cœur d'une scène en cours, se trouvant face des personnages qui, ne lui ayant pas été présentés, lui donnent un peu de fil à retordre pour ce qui est de comprendre qui ils sont, et quels sont les liens qui les unissent. Et à peine a-t-il vaguement commencé à se familiariser avec ce contexte que le voilà projeté sans transition vers une autre scène et d'autres protagonistes qu'il lui faut de nouveau apprendre à connaître avec le peu d'éléments que fournit l'auteur.


Rassurez-vous, les interactions entre les héros deviennent rapidement suffisamment claires et l'intrigue suffisamment intelligible pour nous permettre d'en saisir le cadre général. Quant à en comprendre toutes les subtilités... disons que "Monsieur Ouine" est sans doute de ces romans que l'on ne peut appréhender en profondeur qu'à condition de le lire plusieurs fois. Georges Bernanos s'y montre maître dans l'art de l'ellipse : les événements sont souvent davantage suggérés que réellement dépeints, les pensées des personnages livrées par bribes, mais ces bribes sont choisies avec une telle justesse qu'elles permettent au lecteur de percevoir sans peine l'ampleur de leurs désespoirs, la force de leurs haines... Car ce texte est d'une intense noirceur.


L'auteur utilise le prétexte de l'assassinat d'un jeune valet de ferme d'un village du nord de la France, dans les années 30, pour mettre en exergue la malveillance et la perdition des âmes. Autour de l'entité incarnée par des villageois anonymes qui, entraînés par le phénomène de groupe, finissent par exprimer toute l'étendue de mauvais instincts qu'excitent la hargne et la bêtise, orbitent des héros plombés par le mal-être. 


Le jeune Steeny, orphelin de père, étouffe au sein d'un foyer uniquement féminin où il ne trouve pas sa place, et dont il rêve de fuir la torpeur. On comprend sa fascination pour la sulfureuse comtesse de Néréis, femme extravagante, violente et sensuelle qui se livre avec le garçon à un étrange jeu de séduction. Celle qu'il éprouve pour Monsieur Ouine est plus énigmatique. Ce pensionnaire du château des Néréis, au physique flasque, rebutant, exsude une souffrance psychologique et spirituelle terrible, dont les fondements demeurent troubles.


D'autres que lui sont également rongés par d'insondables culpabilités, face auxquelles les médecins du corps comme de l'âme, dont la foi s'épuise face à tant de malheur et de barbarie, demeurent impuissants. On referme ainsi l'avant-dernier roman de Georges Bernanos avec la conviction de l'absence de toute possibilité de salut pour cette humanité déchue.


Relirai-je un jour "Monsieur Ouine" ? Peut-être..

Toujours est-il qu'il aura suffi de cette première lecture pour que ce roman désespéré, à l'écriture foisonnante, complexe, et d'une implacable précision, me passionne.


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