La part des flammes
  • Date de parution 19/03/2015
  • Nombre de pages 492
  • Poids de l’article 532 gr
  • ISBN-13 9782350873107
  • Editeur H D ORMESSON
  • Format 206 x 139 mm
  • Edition Grand format
Romans historiques 19em siècle

La part des flammes

3.97 / 5 (1306 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Mai 1897. Le Tout-Paris se presse à la plus mondaine des ventes de charité. Tous les regards convergent vers le comptoir tenu par la duchesse d’Alençon. Au mépris des convenances, cette dernière y officie avec Violaine de Raezal, sulfureuse veuve, et Constance d’Estingel, qui vient de rompre ses fiançailles. Unies par un même désir de rédemption, ces trois rebelles verront leurs destins scellés lors d’un terrible incendie…Mêlant faits historiques et fiction, une fresque étourdissante qui plonge le lecteur dans le Paris de la Belle Époque. Une lecture follement romanesque !

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  • Date de parution 19/03/2015
  • Nombre de pages 492
  • Poids de l’article 532 gr
  • ISBN-13 9782350873107
  • Editeur H D ORMESSON
  • Format 206 x 139 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Où?

Le roman se déroule en France, principalement à Paris, à Neuilly et dans les proches environs, sans oublier les cures thermales à Méran au pied des Dolomites dans le sud du Tyrol et les pélerinages à Lourdes ou La Salette et l’évocation de Boston.

Quand?

L’action se situe en 1897.

Ce que j’en pense

****

Solidement documenté et romanesque à souhait, ce roman est bien davantage que la relation d’un fait divers : l’incendie du bazar de la charité à Paris le 4 mai 1897.

C’est avant tout un excellent roman-feuilleton, dont chaque chapitre vous pousse vers le suivant, et qui contient à chaque fois son lot de surprises et de rebondissements.

C’est ensuite le portrait de trois femmes qui, à un degré ou un autre, vont tenter de s’émanciper. C’est à dire de refuser leur condition, le rôle qu’on leur assigne, pour se construire un autre destin.

Il y a d’abord la duchesse Sophie d’Alençon, sœur de l’impératrice Sissi , très impliquée dans les œuvres caritatives et qui perdra la vie dans l’incendie. Un personnage ayant vraiment existé et qui vient donner le récit toute sa force et sa crédibilité.

Violaine de Raezal, jeune veuve à la réputation sulfureuse, vient en quelque sorte aider la duchesse pour assurer sa rédemption.

Quant à Constance d’Estingel, c’est surtout pour échapper à ses parents qu’elle se rend au Bazar de la Charité. Cette fillette sauvage que sa mère « ne pouvait présenter sans appréhension à ses amies, bavardant avec la cuisinière et les gouvernantes mais butée et taciturne quand on l’invitait au salon.» entend bien mener sa vie et surtout ne pas épouser le bon parti qui lui est désigné. En rompant ses fiançailles, elle croit choisir la liberté, alors qu’elle va se retrouver cloîtrée.

Mais n’allons pas trop vite en besogne. Les préparatifs, les premières heures puis l’incendie qui éclate font eux aussi partie intégrante du projet romanesque, à l’image du jeune journaliste chargé de rendre compte du drame et d’enquêter.

Car ce drame, comme beaucoup de faits divers, cristallise bien l’état de la société. Au fil des pages, tout à tour, empreintes d’émotion, de colère ou de gravité, Gaëlle Nohant entraîne le lecteur sur les pas de ses personnages. Comment auraient-ils réagi ? Quel jugement portent-ils ? Partageraient-ils l’idée exprimée par Violaine de Raezal « que s’il était un bonheur possible sur cette terre, on ne pouvait y accéder qu’en laissant mourir certaines choses en soi. Toutes ces choses lourdes, encombrantes qui étaient un grenier plein d’objets cassés et poussiéreux que l’on n’osait mettre au rebut, mais qui arrêtaient la lumière. »

Si ce livre est une vraie réussite, c’est parce que l’énorme documentation que l’auteur a ressemblée ne vient jamais entraver le récit, mais vient au contraire donner plus de vraisemblance aux caractères, affiner leur propos, souligner leurs traits de caractère. On en redemande !

Les manières policées des Ducs et des Comtesses de..., l'écho du heurt des roues de fiacres sur les pavés, les pages bruissant du froissement des jupons portées par de nobles corps enserrés dans des corsets... ce n'est habituellement pas mon truc. D'autant plus si ce genre de littérature est proposé sur les rayons de la boutique France Loisirs de la galerie marchande du coin.

Oui, ce jour est -aussi- celui de mon grand coming-out : je suis inscrite à France Loisirs, résultat d'un égarement de jeunesse, provoqué par quelque offre alléchante (quatre volumes au choix pour 10 francs, oui, ma jeunesse date de l'époque du franc), et pérennisé, chaque année, par une étrange amnésie au moment où il serait temps de rédiger un courrier de résiliation... Bon, cela a entre autres permis à mes filles de se constituer une solide collection de BD...


Mais revenons-en à nos comtesses. Ce que je souhaite vous expliquer, c'est que rien, a priori, ne me disposait à acquérir, qui plus est chez France Loisirs, le titre dont il est ici question (non mais, visez la couverture, et encore, je vous épargne la transcription du texte de sa quatrième...) :



... mais que je vais néanmoins m'évertuer à vous convaincre de suivre mon exemple. Non, il ne s'agit pas de vous demander de vous inscrire chez FL, mais simplement de vous donner envie de lire "La part des Flammes", qui paraîtra, sinon, courant mars, aux Éditions Héloïse d'Ormesson.


J'aurais pu me contenter de citer le nom de son auteure, et de vous renvoyer ICI... Mais je suis bien consciente qu'au vu de ce qui précède, ma crédibilité a dû en prendre un sacré coup, et qu'il va me falloir développer des arguments un peu plus sérieux...


J'aurais pu me contenter de prétendre que Gaëlle Nohant est une conteuse hors pair. Et là, comme vous seriez en droit de le faire, vous me rétorqueriez que comme argument, c'est un peu léger. 


Je vais donc tenter de répondre à la complexe question de savoir ce qui, selon moi, fait d'une écrivaine une conteuse de talent, et de "La part des flammes" un titre à ne pas manquer.


Une histoire est d'abord portée par ses personnages, qui doivent être assez complexes pour acquérir une dimension palpable, nous donner envie de pleurer ou de rire avec eux, nous faire trembler lorsqu'ils sont en danger... Et la galerie de personnages animée par Gaëlle Nohant nous offre de beaux portraits de héros dont la personnalité relève d'un savant mélange de caractéristiques romanesques somme toute assez banales, et de particularités qui confèrent à chacun originalité et crédibilité. On y croise ainsi, entre autres, de chevaleresques et orgueilleux individus au grand cœur et au verbe haut, que torture parfois la part de violence enfouie en eux, de belles et nobles femmes au passé honteux, des religieuses dont l'apparente bienveillance maternelle dissimulent d'intransigeantes manipulatrices, des aristocrates cruels et cyniques que leurs failles secrètes nous rendraient presque sympathiques...



Le contexte dans lequel évoluent tous ces protagonistes doit quant à lui être assez consistant pour donner au lecteur le sentiment d'être immergé dans le récit. Il s'agit de sentir, de voir, d'entendre... pour cela, les descriptions doivent être suffisamment éloquentes pour initier dans l'esprit le début d'une représentation, d'une sensation, sans être trop exhaustives, pour laisser à l'imagination cette part de liberté qui rend la lecture si excitante. Et ça aussi, Gaëlle Nohant sait faire, diffuser subtilement quelques détails éloquents (une odeur, l’évocation d'un chatoiement de toilette, de la douceur d'un gant en peau de chevreau) propres à convoquer des images sans en imposer toutes les composantes. Lors d'épisodes particulièrement dramatiques, elle a par ailleurs une plume à la fois assez précise et métaphorique pour nous faire vivre les événements alors relatés.

Au gré des tribulations de ses personnages, d'anecdotes racontées de manière très vivante (ce roman se dévore d'une traite), nous sommes plongés dans l'atmosphère du Paris de la toute fin du XIXème siècle, de ses quartiers peuplés de taudis décimés par la misère et la tuberculose à ses salles de bal et ses clubs pour messieurs fortunés, où sévit le fiel d'une noblesse hypocrite et mauvaise.



Et, enfin, le plus important... l'écriture !! Tiens, ça me fait à nouveau penser à France Loisirs, dont la politique commerciale n'a jamais vraiment dépassé la tactique agressivement imposante du porte-à-porte : à peine avez-vous mis le pied das l'une de leurs boutiques qu'un vendeur se précipite pour savoir ce qu'il vous faudrait, et pour combien de kilos il peut vous en mettre, et le harcèlement continuera jusqu'au moment du règlement, pendant lequel il vous sera détaillé la liste de toutes les offres incontournables du moment (de la réservation en avant-première du dernier DVD d'Harry Potter à la réduction imbattable sur le cahier de recettes pour végétariens).

Bref, lors d'un passage dans un de leurs points de vente, à la question posée par un employé des lieux sur mes goûts en matière de lecture, j'ai répondu que je pouvais tout lire, à partir du moment où c'est bien écrit. Essayez de deviner ce qu'a alors énoncé, comme une bête évidence destinée à me décrasser de mon apparente inculture, cet apôtre de la littérature au rabais (loin de moi, avec l'utilisation de cs termes, toute tentation de condescendance ou de mépris, mais vous comprendrez mieux en lisant la suite) ? 

... Alors ? 

Et bien, il a dit : "Mais enfin ! TOUT est bien écrit !" ARRGH... 


Bon, trêve de digressions, recentrons-nous sur "La part des flammes" (c'est bien plus intéressant) et sur la façon dont il est écrit. D'abord, il y a le ton. Gaëlle utilise avec intelligence les codes de plusieurs genres -récit historique, d'aventures, feuilleton romanesque- en y ajoutant sa touche personnelle : un regard critique sur la société de l'époque qu'elle décrit, dont elle fustige notamment les inégalités faites aux femmes -qui peuvent n'appartenir qu'à Dieu ou à un mari, et qu'une éternelle infamie punit du moindre écart à la rigide moralité ambiante- et aux plus démunis. Et comme elle s'en inspire, et ne se contente pas d'imiter ces littératures, elle peut se permettre de flagrants clins d’œil aux maîtres du genre (bah oui, le Gascon et Constance ...!), que j'ai trouvés fort amusants. Ensuite il y a le style, en adéquation parfaite avec son propos, élégant, fluide mais jamais simpliste...


... je pourrais sans doute continuer pendant des heures, mais je ne voudrais pas vous empêcher de vous rendre à la librairie la plus proche avant sa fermeture...*


Pour résumer, je dirais que la principale qualité de Gaëlle Nohant est à mes yeux sa capacité à faire dans la juste mesure, à équilibrer tous les éléments de son récit pour qu'au final, ses efforts se fassent transparents, ne laissant apparaître qu'un vaste tableau certes parfaitement maîtrisé, mais surtout très agréable à contempler...


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