Le bureau d'éclaircissement des destins
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l’avis des lecteurs
«Ne pas laisser la mort éclipser la vie»
Dans son nouveau roman très documenté, Gaëlle Nohant nous fait découvrir l’International Tracing Service, le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. En suivant, Irène, chargée de restituer des objets retrouvés dans les camps d’extermination, elle nous offre aussi un témoignage bouleversant.
En 1990, à la recherche d’un emploi en Allemagne où elle s’est installée après avoir épousé un Allemand, Irène postule à un poste d’assistante dans une entreprise internationale dont elle ignore tout. Eva, qui la reçoit, lui explique alors que l’ITS (International Tracing Service) est le plus grand centre de documentation sur les exactions commises par le régime nazi. Fondé en 1948 et installé dans les bâtiments d’un haut-dignitaire nazi, ce centre continuait toujours sa mission. Comme le lui explique Eva, «des dizaines de milliers de lettres arrivent ici chaque année, dans lesquelles des voix implorent dans toutes les langues, racontent une longue quête. Certains ont retourné la terre en vain. D’autres écrivent: «Je ne sais rien. Devant moi, il y a un grand trou.» Ou encore: «Ma mère est morte avec ses secrets. Ne me laissez pas seul avec ce silence.» Chaque lettre pesait son poids d’espoir. De mots qui retenaient leur souffle.»
Très vite, Irène va s’investir dans son travail et prendre au fil de plus en plus d’assurance dans sa mission. Et après plus d’un quart de siècle, elle a réussi à se constituer un vaste réseau qui va lui servir dans sa nouvelle tâche, essayer de retrouver les propriétaires des milliers d’objets ramassés dans les camps, afin de les rendre à leurs propriétaires ou plus vraisemblablement à leurs descendants.
À partir d’une marionnette et d’une enveloppe précisant le nom du propriétaire, Teodor Masurek, elle commence une enquête minutieuse qui va lui permettre de découvrir que ce Pierrot est passé par plusieurs mains au camp de Neuengamme. En fouillant le passé et en recoupant ses informations, elle va nous entraîner dans le ghetto de Varsovie, essayer de comprendre ce que sont devenus les enfants qui ont pu échapper aux rafles ou ceux qui ont été volés. Elle va déchiffrer des documents enfouis par les derniers survivants, elle va revenir sur le courage incroyable des femmes incarcérées à Ravensbrück et qui servaient aux expérimentations de Mengele et consorts et qui ont décidé de se rebeller. Ce faisant, elle va aussi retrouver la trace de Eva, sa collègue disparue – qu’elle n’avait pas osé interroger de son vivant – qui avait elle aussi été victime de la barbarie nazie.
Mêlant avec brio le romanesque à la Grande Histoire, elle nous montre la complexité de la tâche et nous fait comprendre combien ce travail est essentiel et qu’il est bien loin d’être terminé.
Il n’est en effet pas rare de voir certaines victimes ne pas savoir par quel enchaînement de circonstances, elles sont arrivées dans un camp et ont pu survivre. Car pour nombre d’entre eux la reconstruction passait par le silence, la volonté d’effacer leur passé douloureux. Les révélations d’Irène sont alors dérangeantes, quand elles ne sont pas niées. Il est vrai aussi qu’en creusant un peu, elle met au jour des vérités dérangeantes. Tel enfant a été «adopté» par de «bons allemands» au désespoir de ses parents biologiques qui ont perdu toute trace de lui et l’imaginent mort. Tel autre ne s’est jamais demandé quel rôle avait pu jouer ses parents ou grands-parents dans la grande machinerie destructrice mise en place par Hitler et ses sbires. Gaëlle Nohant, qui avait déjà rassemblé une impressionnante documentation pour retracer le destin de Robert Desnos dans le formidable Légende d’un dormeur éveillé, a pu s’appuyer sur certaines pièces rassemblées à l’occasion. Mais elle s’est surtout longuement entretenue avec Nathalie Letierce-Liebig, la coordinatrice du département de recherche des archives d’Arolsen, qui a en quelque sorte servi de modèle à Irène. Tout comme cette dernière, la romancière s’est constitué un réseau, allant du musée de Lublin à l’Institut historique juif et au musée de l’Insurrection de Varsovie. De toutes ses lectures et voyages, de sa rencontre avec un descendant de déporté, elle a fait un grand roman sur la transmission et l’héritage, sur le devoir de mémoire. Un livre plus que jamais essentiel en ces temps troublés.
Irène travaille aux Archives Arolsen, que j’ai découvertes dans ce roman. Il s’agit du plus grand centre d’archives sur les persécutions nazies fondé en 1947. L’héroïne est divorcée et élève seule son fils adolescent. Elle est à la fois archiviste et enquêtrice, sa patronne lui confie la tâche de restituer différents objets aux survivants des camps de la mort ou à leurs descendants. Il s’agit d’un pierrot en tissu, un mouchoir brodé et un pendentif. On suit son enquête pour identifier leurs propriétaires et ensuite ses rencontres avec eux. C’est passionnant et ce roman m’a fait penser à La carte postale d’Anne Berest, les deux enquêtes remontent le trace des déportés.
Toutefois on peut s’interroger sur le fait d’écrire un roman sur ce sujet, sans que cela concerne sa propre famille. Irène ne semble avoir aucun lien personnel avec cette tragédie, en dehors de sa dispute avec son beau-père qui a cassé son couple. Lors de l’enterrement du vieil homme, elle explique à son fils alors âgé de treize ans qu’elle ne sait pas ce que son grand-père a fait durant la guerre, que c’est un sujet tabou dans la famille et que son père accepte ce silence contrairement à elle, mais que rien ne dit qu’il ait été complice des crimes commis autrement que par volonté de ne rien voir. Certes les témoignages des victimes sont suffisants, mais il y en a de moins en moins et si la fiction ne s’empare pas du sujet, finalement plus personne n’en parlera.
Les histoires des victimes du roman sont très respectueuses de la réalité, on ne peut qu’être bouleversé à cette lecture. Certains descendants militent pour l’avortement en Pologne ou les réfugiés en Allemagne, je trouve que cela n’apporte rien à l’histoire, ces combats semblent bien légers face à ceux de leurs parents qui se sont battus contre les nazis dans le ghetto de Varsovie ou ailleurs. Les personnages sont émouvants et vrais, tout sonne juste dans ce magnifique roman à l’écriture ciselée. J’ai eu la chance de l’écouter en audio, lu par Anne Le Contour dont le voix douce convient parfaitement à Irène, elle nous transmet les émotions des personnages. C’est une lecture immersive qui nous permet une belle rencontre, comme c’est souvent le cas avec les livres audio. Je trouve qu’ils procurent des émotions plus intenses que la lecture d’un texte. Au lieu de lire l’intrigue, on nous la raconte, plus j’écoute de livres audio, plus j’apprécie ce format.
Même si Irène ne compare pas les problèmes, les jeunes Allemands sont aussi des victimes de la guerre comme Hanno. Chez les descendants des bourreaux aussi, le silence régnait, on était face à un tabou que Wilhelm a préservé au prix de sa famille, et finalement c’est son fils Hanno qui en paie le prix.
L’auteure a su parfaitement entremêler la fiction et les évènements historiques pour donner un souffle extraordinaire à ce magnifique roman aux personnages inoubliables. J’ai été particulièrement touchée par les retrouvailles d’un frère et d’une soeur très âgés, mais aussi par le courage de Lazare qui a préféré abandonner son épouse enceinte que de se trouver incapable d’assumer sa fille. Tous ces personnages sont bouleversants.
Un grand merci à Neggalley, Audiolib et aux Editions Grasset pour ce gros coup de coeur.
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