Dune
  • Date de parution 12/10/2023
  • Nombre de pages 384
  • Poids de l’article 196 gr
  • ISBN-13 9782266342001
  • Editeur POCKET
  • Format 179 x 110 mm
  • Edition Livre de poche
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Dune Tome 2 Le messie de Dune

4.04 / 5 (4019 notes des lecteurs Babelio)
AVIS DOLPO Très bon livre, une référence
Personnages
Style - qualité d'écriture
Univers narratif - Description du, d'un monde
Originalité des idées, approfondissement, réflexion
Intrigue, scénario, structure du livre

Résumé éditeur

Le tome 2 du chef-d'œuvre de la science fiction de Frank Herbert fait peau neuve avec une traduction revue et corrigée, dans une version collector ! Douze ans après sa victoire sur Arrakis, Paul règne sur un empire meurtri par une guerre sainte qu'il ne contrôle plus. Vénéré comme un messie par ses fidèles, il est prisonnier de ses visions, incapable de mettre fin à la violence. Quel sera le prix de la rédemption ?

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  • Date de parution 12/10/2023
  • Nombre de pages 384
  • Poids de l’article 196 gr
  • ISBN-13 9782266342001
  • Editeur POCKET
  • Format 179 x 110 mm
  • Edition Livre de poche

l’avis des lecteurs

Je poursuis ma lecture du cycle de Dune de Franck Herbert. Après avoir dévoré plus d’une fois le premier volume, j’ai enchaîné directement sur Le Messie de Dune. 2e volet du cycle, il clôt aussi le premier sous-cycle dédié à Paul Atréides. Beaucoup plus court que le 1er tome, Le Messie de Dune est déjà bien différent du précédent, et annonce la tonalité des tomes suivants. Un roman qui m’a beaucoup plu mais que j’ai dû relire une fois avant de bien saisir toute la portée de certains dialogues, déjà plus costauds que ceux de Dune.

Un tome pivot

Une fin de sous-cycle…

Je le disais en introduction : Le Messie de Dune est le 2e volet du cycle, mais clôt également la duologie consacrée à Paul Atréides. Enfin, pas exactement, mais les tomes suivants ne sont plus centrés sur ce personnage, en tout cas.

J’ai lu plusieurs fois que ce tome avait été écrit par Herbert en réaction à la réception de Dune. Une bonne partie du lectorat semblait avoir considéré Paul comme un héros, ce qui n’était pas du tout dans l’esprit de Franck Herbert. Je l’avais déjà mentionné dans ma chronique de Dune, en soulignant que dès ce tome, il était difficile de le considérer comme tel. D’ailleurs, Paul, grâce à son don de prescience, voit bien que les chemins qui s’ouvrent à lui ne vont pas en faire un héros, bien au contraire. Il devient Muad’Dib, Kwizatz Haderach et Lisan Al Gaib pas vraiment de son plein gré et ne s’en réjouit franchement pas non plus.

Ce 2e volet nous place donc 12 ans après le Jihad lancé par Paul à la fin de Dune. On en aperçoit des bribes dans l’avenir deviné par Paul dans Dune (et le film Dune 2 également). Les Fremen ont ravagé un paquet de planètes pour imposer la bannière noir et vert des Atréides. Le Messie de Dune commence après cette période, dont il n’est pas dit grand-chose. On en comprend l’ampleur et la catastrophe dans quelques phrases éparpillées ça et là, je reviendrai là-dessus plus loin. Bref, le Prophète est devenu Empereur, surnommé le Tyran, reclus dans sa gigantesque citadelle et les mains pleines de sang.

Herbert se fait un plaisir de démolir un peu plus cette figure (pas) héroïque (du tout). J’avais évoqué la métamorphose de Paul entamée dans Dune, elle prend ici un visage fort intéressant, dont je reparlerai plus bas. L’enjeu ici est de savoir comment Paul va pouvoir garder son trône tout en faisant face à un paquet d’ennuis et de complots fomentés pour le faire tomber. On est donc, quelque part, dans une certaine continuité.

Mais une amorce de virage narratif

Continuité dans les personnages, dans une certaine temporalité, et, dans une certaine mesure, dans le rythme. On retrouve les complots, une bonne alternance dialogues/récit, le jeu sur le passé et l’avenir. J’avais dit également que Dune laissait deviner un système interplanétaire très vaste donc on n’apercevait pas forcément tout. Le Messie de Dune apporte de nouveaux personnages et de nouvelles dynamiques, nous faisant dévoilant un peu plus l’univers imaginé par Franck Herbert.

Mais j’ai senti un changement dans l’air. D’abord, Le Messie de Dune est le tome le plus petit du cycle. Comme si son but ne répondait en majeure partie qu’à détruire Paul et cette figure de héros. Une sorte de parenthèse, avant de poursuivre. Au-delà de cette question de longueur, j’ai également perçu un changement d’approche. Si le discours réflexif politico-religieux était déjà présent dans Dune, il prend ici une ampleur plus importante. Cela se fait au gré des pensées de Paul, dans les chapeaux introductifs et les scènes d’échanges lors des Conseils. Ce discours commence à prendre le pas sur l’intrigue. Il n’y a plus le souffle épique du 1er tome : on sent davantage de pesanteur (qui souligne l’état dans lequel Paul est plongé), dans les choix qui s’offrent, dans ce qu’ils représentent. Ces réflexions deviennent l’enjeu principal du texte, ce qui va guider l’intrigue.

Et comme j’ai lu les tomes 3 et 4 dans la foulée, je peux dire que c’est quelque chose de flagrant. On gagne en force et en épaisseur de réflexions, avec des dialogues puissants où il se dit beaucoup de choses d’importance (et où les non-dits sont tout aussi importants). Mais on perd en rythme, en action et en souffle épique. Je trouve que la bascule de style et d’approche s’amorce avec Le Messie de Dune.

C’est assez amusant, parce que j’ai lu hier un article du Mook Tout sur Dune, interrogeant l’intérêt (ou pas) de lire les romans de Brian Herbert. Et Nicolas Allard, qui penchait plutôt pour, se demandait si la question ne devait pas plutôt se poser carrément à propos des tomes suivant Dune. Je n’ai pas terminé la série et je n’ai pas le recul ni la connaissance de beaucoup d’entre vous dessus, mais effectivement, je trouve Dune à part, supérieur et se suffisant à lui-même. Parce qu’il possède tout. Les personnages charismatiques, la découverte d’un univers et de son fonctionnement, les trouvailles géniales, les schémas plus classiques qui se déconstruisent en cours de route, l’action, l’ampleur et le souffle épique. Mais aussi cette part de réflexion sur tous les sujets qui seront ensuite décortiqués dans chaque tome. Je vous confirmerai ce sentiment (ou pas) quand j’aurai fini la série.

Et une annonce d’autres temps

J’ai ressenti une petite nostalgie, tout de même, à la fin de ce tome. Qui ne s’est pas évaporée à la lecture des tomes suivants, au contraire. (Ce qui contribue aussi à me faire penser que le premier livre a une aura particulière.)

Mais j’ai particulièrement aimé la fin du Messie, parce qu’il annonce d’autres temps. Il clôt un arc, pour en élargir un autre, qui sera développé dans Les enfants de Dune. On est là sur le seuil : la fin d’un chemin et le début d’un autre qui se devine. La poétique du chemin et du seuil est superbe dans ces bouquins. Pour moi, Le Messie est une porte ouverte sur la suite, avec Paul sur le seuil (de ce chemin et de sa vie) et Leto II ensuite, qui considèrera toujours que son père n’a jamais dépassé le seuil du sentier sur lequel lui s’est engagé… On a aussi la réapparition d’un personnage qui sera présent dans tous les autres tomes. Une sorte de mauvaise herbe qui repousse quand vous la tondez, vous voyez ? Ce personnage fait aussi lien entre les débuts et la suite du cycle.

J’ai donc eu la sensation qu’on était ici dans une sorte de croisée des chemins, qui prendra tout son sens dans le tome 3 (que je trouve assez intermédiaire, une sorte d’après Paul et d’avant Leto Ver). En cela, Le Messie selon moi clôt un sous-cycle mais annonce aussi les choix narratifs et les autres sous-cycles ensuite.

« Paul se mit à penser à l’étrange et long chemin parcouru depuis son enfance sur Caladan. Quand avait-il fait son premier pas sur ce chemin qui traversait maintenant cette place noire de monde, si loin de Caladan ? Avait-il seulement fait ce premier pas ? Il n’aurait su dire s’il lui était advenu d’agir pour une raison spécifique durant toute son existence […] Il avait encore le sentiment exaltant qu’il pouvait échapper au destin qu’il discernait si nettement au bout de ce sentier. Mais la foule continuait de le pousser de l’avant et il eut soudain l’impression affolante d’avoir perdu son chemin, de n’avoir plus aucune influence sur la vie.« 

La fin d’un héros qui n’est pas un héros

Dire le moins pour suggérer le plus

Rappelez-vous, nous avions laissé Paul à la veille d’un Jihad lancé sur toute la galaxie, à la fin de Dune. Le Messie prend place 12 ans après, le Jihad étant fini. On n’en saura pas vraiment plus, le livre faisant l’impasse sur ces événements.

C’est quelque chose vraiment propre à Frank Herbert, et surtout palpable dans Le Messie. L’auteur fait souvent des ellipses pour ne pas évoquer certaines choses. Ou procède par économie de mots. Ce faisant, il a une écriture très « litotienne » dans ce tome : il dit le moins pour suggérer le plus. C’est particulièrement flagrant quand sont évoqués, en aparté d’une conversation ou d’un paragraphe narratif, quelques mots sur l’ampleur du Jihad. Quelques mots pour des milliards de morts : voilà tout ce qu’on aura comme idée de ce qu’il s’est passé pendant 12 ans. Quelle manière de dire les choses ! Quel froid clinique ! Ce ne fait que rendre les événements plus terribles encore. Il y a ici un pouvoir de suggestion qui est remarquable.

« D’après une estimation statistique modérée, je dois avoir tué soixante et un milliards de personnes, stérilisé quatre-vingt-dix planètes et totalement démoralisé cinq cents autres. J’ai également exterminé les fidèles de quelque quarante religions qui existaient depuis…« 

« Des infidèles ! clama Korba. Tous des infidèles ! »

 » Non ! dit Paul. J’ai dit : des fidèles ! »

« Mon Seigneur fait sans doute là quelque plaisanterie, insista le qizara d’une voix tremblante. Le Jihad a ramené plus de dix mille mondes dans la flamboyante clarté de… »

« Dans les ténèbres… Il faudra des centaines de générations pour que l’univers se remette du passage du Jihad de Maud’Dib. »

Un personnage déifié à son insu

Après la métamorphose de Paul dans Dune, vient le conflit intérieur de l’Empereur dans Le Messie de Dune. Paul passe Dune à vouloir éviter le Jihad, mais le voici à la tête d’un Empire dont il ne semble toujours pas vouloir. Figure divine qu’il rejette, à la tête d’une organisation religieuse qui le dépasse, tant dans sa force et son fanatisme, que dans les rites institués par Alia.

Alors ici, l’abdication est une litanie, qui ponctue tout le roman. « Abdique… abdique… abdique… » Mais il est prisonnier d’une « cage » dont il « voit les barreaux ». Et c’est allé trop loin, la machine est lancée. Son sacrifice sauverait-il les choses ? Comment sauver l’avenir ? Paul craint d’avancer, mais n’a pas trop le choix, et de toute façon il ne peut plus reculer non plus (il se tient sur le seuil…). « Lorsqu’on a fait de vous une divinité, il n’est plus possible au soi-disant dieu de refuser la divinité ». Le voilà donc coincé et hanté par ses visions de mort.

Pour souligner ce sentiment de perte et d’étouffement, le roman offre beaucoup de retours dans le passé, de souvenirs de Caladan, le paradis perdu. D’autant plus marquants que toute vision du futur l’épouvante. Alors, Paul s’échappe dans le passé, ce qui le torture davantage et souligne l’écart entre son moi d’avant et celui qu’il est devenu, marquant encore plus la métamorphose du personnage.

Je trouve ce personnage incroyablement passionnant, très finement dessiné, déconstruisant le schéma classique du héros engagé dans une quête initiatique. Ici, c’est plutôt tout l’inverse. Mais Le Messie complète vraiment bien Dune dans la peinture de Paul. Et j’ai adoré la fin, comme je l’ai dit plus haut. J’ai adoré le choix fait (ou le non-choix, selon le point de vue), ce qui laisse à Paul, contrairement à Leto II ensuite, une part d’humanité. Même si cela pose question. En tout cas, cette fin est souvent utilisée par Leto II à titre de comparaison entre les deux hommes, leurs choix, leurs sentiers, leur système politique. J’aime donc aussi la manière dont les tomes dialoguent ensemble, malgré leur éloignement relatif.

« Son pied rencontra un amas de sable et, l’espace d’une seconde, il se retrouva, enfant, marchant dans la boue après l’orage. Et puis, ce ne fut plus que du sable, ce ne fut plus que l’impasse balayée de vent où attendait l’Avenir. La vie aride qu’il devinait tout autour de lui était une accusation. C’est toi qui as fait cela ! « 

Le nœud du cycle : politique et religion, religion et politique

Organisation religieuse

Comme je disais plus haut, Le Messie de Dune amorce un virage en consacrant plus de temps aux réflexions des personnages sur leurs actions, leur poids, et le lien entre politique et religion. Cela obsède Paul, comme je l’ai montré plus haut. Mais c’est un enjeu qui va bien au-delà de lui, et qui cimente tous les complots menés contre lui. Que ce soient par les Tleilaxu, le Bene Gesserit, Irulan, ou même d’anciens Fremen, nostalgiques de temps perdus et qui ne trouvent plus aucun sens dans le monde qui se dessine.

Voilà donc Paul à la tête d’un Empire construit sur une religion qui le dépasse, gérée par la Qizarate. Cette organisation est régie par un fanatisme effrayant. Plusieurs scènes évoquent une extase collective mystique (guidée par Alia, Sainte Alia), la foi aveuglante prenant le pas sur le reste. Intéressant de voir comment Paul considère tout cela. Le Jihad comme « une boucherie », sa déification comme une stupidité : J’en ai assez de toutes ces histoires de dieu et de prêtres ! […] Les gens en sont venus à manger au nom de Muad’Dib ! A faire l’amour, à naître par moi… C’est en mon nom qu’ils traversent une rue… On ne peut dresser la moindre poutre dans le plus petit village d’un monde aussi lointain que Gangishree sans invoquer la bénédiction de Maud’Dib ! » Il ne comprend d’ailleurs pas ce que viennent chercher tous ces pèlerins venus de partout.

On sent ici que cet aspect religieux le dépasse complètement et fait partie de la machine en marche, sur laquelle il n’a plus la main ; quoi qu’il fasse, Paul ne peut pas empêcher le cours des choses. Ce fanatisme religieux est central dans ce tome, et se poursuit dans le tome suivant, Les enfants de Dune, avec la figure d’Alia. C’est un sujet bien connu dans l’Histoire et toujours aussi actuel. Pas étonnant donc que certaines considérations du roman résonnent particulièrement fort encore aujourd’hui.

« La Qizarate ne connaissait pas le sommeil. Le regard de Paul se posait sur chacune des enseignes qui apparaissaient au-dessus des portes et il lui semblait que c’était la première fois qu’il les lisait : Marchands de chance – Alambics et Distillations – Recherches prophétiques – Epreuves de Foi – Fournitures Religieuses – Propagande de la Foi… Propagande de la Bureaucratie eût été plus honnête, songea Paul. L’univers avait été envahi par un type particulier de fonctionnaire civil religieux. »

Religion et pouvoir

Alors comment diriger, ainsi ? C’est alors le départ de plusieurs dialogues particulièrement intéressants, qui annoncent les tomes suivants. Le pouvoir mis en place par Paul est-il un gouvernement religieux ? Politique et religion peuvent-ils aboutir à quelque chose de solide et qui fonctionne ?

« Nous avons déjà affronté des religions. Si ce nouveau…

Ce n’est pas seulement une religion ! […] Un gouvernement religieux est bien autre chose. Muad’Dib a bouleversé les fonctions anciennes du pouvoir en plaçant sa Qizarate partout. Mais il ne dispose d’aucun service civil, d’aucune ambassade. Il n’a que des évêchés, des îlots d’autorité. Au centre de chacun de ces îlots, il y a un homme. Les hommes apprennent à acquérir et à conserver un pouvoir personnel. »

Intéressant de noter plusieurs des réflexions de Paul, lors de ses Conseils notamment, sur sa vision de la politique et des institutions. Tyrannie, pouvoir personnel, rôle des constitutions, utilité des lois… Pas grand-chose ne semble fonctionner, en fait. Dépassé par le fanatisme religieux qui a tout investi, Paul pointe tout de même du doigt toutes les limites des artifices étatiques mis en place pour borner le pouvoir (mais comportant selon lui une face cachée dangereuse). Tout ceci concourt là encore à le coincer sur ce seuil dont il ne bouge jamais vraiment. Et pas mal de ces réflexions sont particulièrement intéressantes à noter et à mettre en parallèle avec celles de Leto deux tomes plus loin. Au-delà du dialogue Leto II/Moneo dans L’Empereur-Dieu, on a surtout un dialogue Leto II/Paul qui élabore plusieurs thèses sur l’exercice du pouvoir.

Un pouvoir voué à l’échec

Non pas à cause des complots multiples, mais à cause de cette cage dans laquelle Paul se trouve, incapable de bouger sans créer de catastrophe. Il en fait le constat : ça ne marche pas. Il y a bien une solution, mais il semble que ce ne soit pas le moment. (Paul Atréides c’est le type même du mauvais moment : né alors qu’il n’aurait pas dû, Kwizatz Haderach trop tôt, Empereur malgré lui, réticent à s’engager sur LE sentier dès le début, c’était foireux ^^ bref).

Et puis aussi à cause de la perte de sens palpable par un certain nombre de personnages. C’était déjà dit dans le début de Dune : le pire qui pourrait arriver pour Arrakis serait un sauveur venu d’ailleurs; et c’est exactement ce qu’il se passe. De ce fait, Arrakis se transforme, et trop vite, à la fois dans sa géographie, son écologie, son fonctionnement. Et la nostalgie des temps anciens se ressent. Paul lui-même se rend compte de l’échec de cette entreprise, et ce dès le début. Une rupture se crée. Le Messie est le tome de l’échec.

J’ai déjà lu Les enfants de Dune et L’Empereur-Dieu de Dune, donc je connais déjà les réponses apportées à ce semblant de blocage. En revanche, il faut que je les relise, parce qu’ils sont plus ardus que Le Messie de Dune, avec beaucoup plus de dialogues riches de sens, de non-dits et de suggestions. Beaucoup plus bavards et moins épiques que ces deux premiers tomes. En revanche, sur ces questions philosophiques, politiques et religieuses, ils dialoguent vraiment bien ensemble.

Encore une excellente lecture que ce Messie de Dune. Un peu différent déjà de Dune, mais complémentaire, et jouant parfaitement son rôle de pivot dans la série. Pour avoir déjà lu les tomes suivants, je trouve aussi qu’il prend une force supplémentaire après lecture de L’Empereur-Dieu de Dune, les deux se répondant vraiment bien et jouant ensemble en miroir. Malgré tout, Dune et Le Messie sont pour l’instant les tomes que j’ai préférés, les trouvant complets et possédant un souffle assez incroyable qui tient sur l’ensemble, sans longueur, ni difficulté de compréhension. J’espère que ce tome 2 sera adapté : je suis très curieuse, connaissant la fin de Dune 2, de voir comment Denis Villeneuve va mettre tout ceci en scène.

Les éditions Robert Laffont se sont lancées dans une réédition du cycle de Dune de Frank Herbert en procédant à une révision de la traduction effectuée par L’épaule d’Orion et Fabien Le Roy. Les 6 romans sont parus en grand format avec des illustrations signées Aurélien Police, et des versions collector sont aussi prévues. Pour le moment, les collectors des 2 premiers livres ont été publiés. On trouve dans cette révision de Le Messie de Dune un prologue inédit, et pour le collector seulement une préface de Laurent Genefort et d’une postface de Nicolas Martin.

La conclusion du cycle de Paul Atréides

Dune et Le messie de Dune sont les 2 premiers roman du cycle de Dune mais aussi les 2 où le personnage principal est Paul Atréides. Ils datent de 1965 et 1969. Le roman se déroule 12 ans après les événements relatés dans Dune. Arrakeen, capitale traditionnelle de la planète Arrakis est devenue la capitale de l’empire galactique. Paul est Empereur, après 12 ans de guerre en son nom, il est lassé du pouvoir. Il a vu la guerre sainte, les drames, les morts par milliers, mais il se sent de plus en plus seul. Pourtant il est bien entouré, mais il porte seul le fardeau du pouvoir, de son don de prescience, de ses non-choix liés à ses pouvoirs. Le roman est la fin de l’histoire de Paul Atréides, la fin d’un règne, d’une vie d’un homme qu’on a vu évoluer, la fin d’une tragédie qu’on pressent, qu’on voit venir depuis le tout début du premier roman.

Paul en tant qu’Empereur a de nombreux ennemis qui fomentent des complots contre lui. Il a épousé pour la forme Irulan, fille de l’ancien Empereur mais sa compagne est toujours Chani, la Fremen. Le fait de situer le récit 12 ans plus tard permet d’avoir de nouveaux enjeux et de voir l’évolution des personnages et comment le pouvoir les a influencé. Les complots, les trahisons sont monnaie courante dans l’univers de Dune. Cette fois, le Bene Tleilax, une organisation scientifique spécialisée en génétique qu’on avait peu vu auparavant, en fait partie et remet dans le jeu Duncan Idaho ou plutôt son ghola nommé Hayt, une espèce de clone dont la mémoire a été effacée. Le personnage est très intéressant, des bribes de ce qu’il était sont présentes et il doit lutter entre ce qu’il était et ce qu’il est devenu. Autre personnage fascinant de ce roman, Alia qui a bien grandit depuis, elle est devenue une femme et une Sainte, révérée comme une déesse. Elle prend véritablement son ampleur dans ce tome.

De Paul Atréides à l’Empereur Muad’Dib

Les questionnements sur le pouvoir sont au centre du roman. Paul est devenu malgré lui la figure d’un dieu vivant et a causé une guerre sainte qui a fait passer Hitler pour un petit joueur comme le dit si bien Paul lui-même. Avec ce second roman, Dune prend tout son sens et on comprend que Frank Herbert a voulu mettre en garde ses lecteurs contre le pouvoir et contre la religion. Paul s’est retrouvé pris au piège de son destin, de ses pouvoirs trop grands pour lui, trop puissants pour un seul homme. Pourtant, son don de prescience lui a montré tout cela depuis longtemps mais comme dans les tragédies antiques, une fois le premier pas franchi, rien ne peut empêcher l’inéluctable de se produire, le destin de Paul de se mettre en route.

Paul a énormément changé depuis les débuts de l’histoire où il n’était qu’un jeune noble tentant de tenir son rang pour le mieux. Mais la mort de son père Léto l’a conduit à fuir, à devenir un homme du désert, puis un messie, un Dieu vivant et enfin de compte un tyran, un homme froid qui semble vivre dans une bulle, symbolisant la solitude du pouvoir. On a presque du mal à le reconnaitre, tellement il ne semble plus défini que par son don de prescience, par sa fonction, son statut. Il n’est plus véritablement lui-même, il est devenu ce messie mais n’est plus un homme.

Le Messie de Dune, en offrant une conclusion au destin de Paul Atréides, le fait encore plus entrer dans une dimension de tragédie antique. Frank Herbert dénonce les dangers du pouvoir, de la religion dans une histoire de complots et dans un univers fascinant. Une suite déchirante mais qui donne tout son sens à la mise en garde de l’auteur contre le pouvoir.

Douze ans après le tome précédent, Paul-Muad’Did est l’Empereur de l’univers connu. Durant cette ellipse temporelle, le jihad des Fremens a déferlé sur des milliers de planètes, tué des milliards de personnes, et imposé une nouvelle religion dont Paul est la divinité. Le cadre que l’on découvre au début de ce roman est bien différent de celui qu’on avait laissé à la fin de Dune : si le lecteur pouvait espérer un avenir meilleur, Frank Herbert fait le pari du réalisme cru en proposant un monde sous le joug de la tyrannie de notre héros.

Le ton est donné : Paul n’est pas devenu un personnage positif, mais un Empereur inflexible qui n’a pas hésité à exécuter des opposants. Notamment, toute personne qui se dresse contre « sa » religion s’expose à la fureur de Paul-Muad’Did. Même si celui-ci n’approuve pas tous les éléments de cette croyance, il s’en sert pour asseoir son pouvoir. La vision qu’a l’auteur de l’utilisation voire de la manipulation de la religion par le pouvoir est sombre et réaliste, l’Histoire l’a montrée.

Pourtant, le protagoniste imaginé par Frank Herbert reste humain : il est profondément attaché à sa compagne Chiani malgré les pressions pour avoir un héritier avec son épouse Bene Gesserit Irulan, à sa sœur Alia devenue un personnage clef de la religion et par-là même du pouvoir, et à ses lieutenants de la première heure. C’est un trait de génie : ne pas faire de Paul un monstre tyrannique, mais le montrer comme un être humain en dépit des horreurs commises en son nom. On est loin du « grand méchant ». Car Paul est doté d’une prescience qui lui laisse entrevoir des possibilités d’avenir qui s’entrechoquent et qui l’effraient, mais tenter de le changer serait, de son point de vue, pire encore. Cette certitude plane tout le long du roman et accentue l’ambiance sombre. Le destin est en marche, et Paul n’est que son instrument.

Car Paul a de nombreux ennemis, dont tous ceux qui ont beaucoup perdu lors de l’accession des Atréides au trône : les Bene Gesserit, la Guilde de l’espace, et les Bene Tleilaxu, nouveaux venus dans l’univers de Frank Herbert. Ils créent des gholas en « ressuscitant » un mort à partir de la chair des défunts et le modèlent pour servir leurs intérêts. Avec les Grandes Maisons vaincues, ils montent une conspiration, mais chacun a ses propres intérêts et place ses pièces dans un jeu complexe.

Pour Paul, le danger est partout et la menace omniprésente. Entre sa sœur Alia au tempérament guerrier et impulsif, le ghola de Duncan Idaho offert par ses ennemis et qu’il est obligé d’accepter, le manque d’héritier, des Fremens attachés aux anciennes traditions qui complotent, les manœuvres de la Guilde et des Bene Gesserit et des Bene Tleilaxu, et enfin toutes ses visions qui l’assaillent, le prix du pouvoir est très élevé.

Ce roman est bien plus court que le précédent et sans grande bataille, mais possède une atmosphère dense et étouffante. La ville capitale et son palais sont dangereux. Des passages entiers sont introspectifs et parfois cryptiques. Certains événements regorgent de symbolique, notamment ce qui arrive à Paul à la fin du récit et qui souligne le titre du tome : le Messie a définitivement échappé à ses créateurs.

De la tension, des plans dans les plans pour renverser l’Empereur, une Arrakis en mutation, des perdants prêts à tout, des trahisons, un pouvoir politique qui se base sur la religion et multiplie ses ennemis, une vision fragmentée et effrayante de l’avenir : un tome riche qui appelle une suite. Ça tombe bien, elle m’attend.

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