Les loyautés
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
« J’ai pensé que le gamin était maltraité, j’y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c’était quelque chose dans sa façon se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça, je connais ça par cœur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu’avec moi, ça ne marche pas.»Théo, enfant du divorce, entraîne son ami Mathis sur des terrains dangereux. Hélène, professeur de collège à l’enfance violentée, s’inquiète pour Théo : serait-il en danger dans sa famille ?
Mon avis
Les loyautés, pour Delphine de Vigan, ce sont les liens invisibles qui nous lient, des promesses , des contrats passés, des tremplins mais aussi …..
Les loyautés, c’est l’histoire de quatre personnes : deux femmes adultes et deux jeunes. L’une est prof, l’autre est mère et les deux adolescents sont dans la même classe. On suivra les personnages tour à tour. Chacun avec ses failles, ses faiblesses, ses peurs, ses doutes, sa rage de vivre et surtout celle d’exister….
Les loyautés, ce sont toutes les questions qu’on se pose lorsqu’on ne sait pas comment agir parce qu’on a l’impression d’être seul. Seule à penser que cet élève a des problèmes et qu’il faut l’aider. Seul à imaginer que cela ne sert à rien de parler parce que, de toute façon, on ne sera pas entendu, pas compris…. Est-ce qu’on a raison, est ce qu’on fait une erreur ?
Les loyautés, ce sont ces choix qu’il faut faire par « loyauté » envers soi-même, envers l’enfant qu’on a été, envers l’adulte que l’on souhaite être…. On ne veut pas trahir ce qu’on s’était promis, on ne veut pas laisser de fausse note dans notre vie …. Alors, parfois, au risque de se tromper, on fonce, on se perd dans des décisions qu’on a cru être les bonnes, ou, à défaut, les moins mauvaises, celles qu’il fallait prendre pour continuer à se regarder dans une glace…..
Passant d’un protagoniste à l’autre adaptant son phrasé et son vocabulaire à chacun (seules les deux femmes s’expriment en disant « je »), l’auteur explore, avec beaucoup de doigté et d’intelligence, différents mal-êtres humains. Elle démontre combien il suffit d’un grain de sable pour entraîner sur une attitude déséquilibrée, mettant à mal notre quotidien et déstabilisant notre assurance……
L’écriture de Delphine de Vigan est intimiste, elle fouille les âmes, ne laissant rien au hasard, elle va dans les recoins les plus sombres de chaque individu présenté, s’emparant de leur vie, la faisant sienne par son style, son approche….On espère avec l’un, on souffre avec l’autre, on se heurte à l’incompréhension avec le troisième et on repart en se disant que peut-être …..
S’il n’a pas la puissance des autres romans (il est également beaucoup plus court) de Madame de Vigan, il n’en reste pas moins que ce recueil est très bon. Il explore tout ce qui fait ce que nous sommes, ce passé qui peut influencer notre regard au présent, ces intuitions dont on ne sait pas s’il faut s’en méfier ou les suivre, ces obsessions dont on ignore si elles nous parasitent ou nous aident, ces démons qui nous hantent et parfois nous étouffent en nous ôtant tous sens commun…..
Alternant, sans temps mort, la vision de chacun de ceux qui peuplent cet opus, cette lecture est rapide mais n’oublie pas de renvoyer le lecteur à ses propres questions…. Qu’est ce qu’on se cache à soi-même et qu’est ce qu’on accepte d’exposer ??
« J’ai pensé que le gamin était maltraité, j’y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c’était quelque chose dans sa façon se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça, je connais ça par cœur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu’avec moi, ça ne marche pas.»
Théo, enfant du divorce, entraîne son ami Mathis sur des terrains dangereux. Hélène, professeur de collège à l’enfance violentée, s’inquiète pour Théo : serait-il en danger dans sa famille ? Quant à Cécile, la mère de Mathis, elle voit son équilibre familial vaciller, au moment où elle aurait besoin de soutien pour protéger son fils. Les loyautés sont autant de liens invisibles qui relient et enchaînent ces quatre personnages.
Plus besoin de présenter Delphine de Vigan. Après son brillant hommage à sa mère dans Rien ne s’oppose à la nuit, après son roman vertigineux D’après une histoire vraie, l’autrice revient avec un livre tout aussi beau et percutant.
Le roman s’ouvre sur la définition de ce qu’est la loyauté. C’est important parce qu’il en sera question ici de la loyauté ou plutôt des loyautés. Celle que l’on doit à ses parents, celle que l’on doit à ses amis et celle que l’on se doit à soi-même.
Le récit que nous offre l’autrice tourne autour de quatre personnages: Hélène et Cécile racontent toutes deux à la première personne; la narration change et passe au « il » pour Théo et Mathis.
Hélène est prof de SVT dans un collège, à Paris. Elle remarque que depuis quelques temps, Théo, élève de cinquième, semble fatigué. Il manque d’attention, s’endort en cours. Hélène cherche à en savoir plus d’autant plus que Théo évoque en elle des échos sordides: ceux d’un père violent dont la main s’abat pour un oui, pou un non ou plutôt pour rien.
Cécile est la mère de Mathis, le meilleur ami de Théo. Depuis quelques temps, elle se parle à elle-même. Est-ce qu’elle devient folle? Et puis, par hasard, elle trouve un papier dans la corbeille du bureau de William, son mari. Ce dernier lui cache des choses malsaines qui donnent la nausée à Cécile.
Théo est en cinquième avec Mathis. Enfant de parents divorcés, il alterne les semaines: une fois chez maman, une fois chez papa. Mais Théo cache un lourd secret. Par loyauté, il ne dira rien.
Delphine de Vigan nous offre ici un roman fort, puissant, percutant qui m’a mise K.O. Dès les premières pages, j’ai été happée par le récit simple de cette prof et de cet élève, Théo. On sent la tension monter au fil de l’intrigue jusqu’à l’inexorable. Hélène, cette prof, donne l’envers du décor. Je suis prof aussi et je me suis retrouvée en elle. Elle sent que Théo ne va pas bien, qu’il cache quelque chose. Elle signale le cas à l’infirmière, au principal, elle convoque les parents mais rien ne bouge. Elle est impuissante face à la vague qui menace d’emporter Théo. Combien d’élèves ai-je connu qui étaient dans ce cas? Combien de fois, comme Hélène, je me suis sentie si impuissante, inutile face à une force qui me dépasse?
On sent la détresse de ce gamin qu’on aimerait prendre par la main et rassurer en disant que tout va bien se passer et on ne peut qu’être spectateur d’un drame annoncé. Delphine de Vigan nous projette dans une histoire sombre, violente mais tellement réelle! C’est là qu’on voit toute la force de la littérature. C’est à ça qu’elle sert: dire les choses, les montrer, les exposer. Hélène va tout tenter pour sauver Théo. Par loyauté pour son passé, par loyauté pour son élève, par loyauté envers elle-même, elle va chercher à savoir quitte à franchir les limites. C’est dur, violent. Le récit prend aux tripes pour ne plus nous lâcher.
Avec Les loyautés, Delphine de Vigan signe un roman brillant, poignant, émouvant! Un livre indispensable.
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