Inspecteur Chen Tome 12 Un dîner chez Min
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
Le légendaire et dérangeant inspecteur Chen est sur la touche. Le Bureau de la réforme du système judiciaire, une voie de garage destinée à l’éloigner des enquêtes trop indiscrètes, pourrait le satisfaire en lui laissant le temps d’écrire un roman inspiré par le célèbre juge Ti. Mais on ne se refait pas, et la tentation d’aller fourrer son nez dans une affaire qui bruisse dans Shanghai–celle mettant en cause une belle courtisane qui ouvre sa table privée aux éminences et aux Gros-Sous de la ville–est plus forte que la sagesse.
Mon avis
C’est toujours un immense plaisir de retrouver l’écriture raffinée de Xiaolong Qiu (merci à la traductrice) ainsi que son inspecteur Chen Cao. Comme l’auteur, Chen a étudié la littérature anglaise, et il aime les poèmes, mais ils ont un autre point commun : ils dérangent tous les deux. Sans doute parce qu’ils osent exprimer ce que les dirigeant chinois veulent cacher. A savoir les difficultés quotidiennes pour certains (travail, transports, logements etc), la corruption des hommes politiques, la forte présence du Parti qui surveille, dirige, musèle la parole…..
Dans ce nouvel opus, Chen est toujours « puni ». De façon élégante, mais sans lui laisser le choix, il a été mis en retrait, et nommé directeur du Bureau de la réforme du système judiciaire. Actuellement en congés de convalescence, c’est sa jeune secrétaire Jin qui gère les dossiers. Il a l’intention de profiter de son temps libre pour écrire un roman inspiré par le célèbre Juge Ti mais de temps à autre, l’inaction lui pèse.
Alerté par un vieil ami, il apprend qu’une jeune courtisane Min a été accusée d’avoir assassiné son aide en cuisine, Quing. Un homme de l’ombre est prêt à payer une jolie somme pour éclaircir l’affaire et innocenter la Dame Républicaine (c’est ainsi que Min est surnommée). Il faut savoir que Min recevait chez elle pour des dîners privés très prisés et très chers. Le soir de la mort de la servante, plusieurs hommes étaient venus manger, n’ont-ils pas observé des tensions entre les deux femmes ?
Si Chen a très envie de creuser l’affaire (on ne se refait pas, mener des investigations est un vrai besoin pour lui), il doit être discret et ne pas trop se mettre en avant. En discutant habilement avec sa secrétaire, cette dernière va s’emparer des pistes qu’il glisse ça et là, l’air de rien et elle lui apportera des éléments de réponse. Cette collaboration est une nouveauté et c’est une excellente idée. Leurs idées se complètent et leurs échanges permettent d’avoir un autre regard sur les faits. La surveillance restant importante, ils doivent agir avec discernement et doigté. Chen se sert aussi d’autres personnes de sa connaissance pour avoir des indices mais habilement.
Chen est attentif au moindre détail, il observe et fait le parallèle entre ce qu’il cherche et ce qu’il voit. Contempler un cerf-volant et le voir s’envoler peut lui apporter une information sur son enquête. J’aime la façon dont ces indices sont amenés par l’auteur, c’est subtil. Il y a une atmosphère très gouleyante dans ce récit. Le goût des bons mets est évoqué par l’intermédiaire des plats, de leurs odeurs, de leur texture. En outre, les extraits de poèmes et le lien avec le passé sont également importants. Chen utilise une enquête du juge Ti pour réfléchir à celle qui mène et en parler à mots couverts en établissant des parallèles. C’est astucieux et c’est amusant de voir comment il réussit à contourner la surveillance, l’air de rien. C’est presque un jeu. Mais il doit être vigilant et extrêmement prudent.
« La nouvelle nomination de Chen n’était peut-être qu’un piège diabolique. Congé ou pas, tôt ou tard, il serait bien obligé de parler des problèmes du système judiciaire et tout ce qu’il dirait serait retenu contre lui comme autant de preuves du complot qu’il fomentait contre le Parti. »
Il est stupéfiant de constater que tout, absolument tout peut être interprété et se retourner contre les personnes. Min la courtisane, se retrouve dans un shuanggui, un mode de détention très sévère, plutôt utilisé contre les cadres du Parti qui dérapent. Pourquoi une telle procédure contre elle ? Pour l’isoler de qui, de quoi ? Jalousie, vengeance, envie de pouvoir et de richesse, amour, rapports entre les uns et les autres sous les yeux de ceux d’en haut, tout cela est évoqué avec finesse et intelligence par l’auteur. Je me suis totalement délectée de ce roman ! C’est une réussite !
J’ai lu ce roman pour valider un challenge, un peu en urgence. Je ne connaissais pas cette série, c’est la première fois que je lis un polar chinois et je ne suis pas très convaincue. En tout cas ce n’est pas un polar comme j’en ai l’habitude, visiblement la guerre entre la Chine et les USA s’étend aussi à ce genre littéraire, car ce livre est l’opposé de ses homologues américains, il n’y a ni suspense, ni véritable enquête et une seule scène d’action, l’essentiel est donc ailleurs.
L’inspecteur Chen est en congé de convalescence avant de prendre son nouveau poste de directeur du bureau de la réforme judiciaire, en fait ce n’est pas une promotion mais une mise au placard car sa sagacité déplaît au pouvoir communiste. Il s’ennuie et décide d’écrire un petit roman sur le juge TI, car il a remarqué des anachronismes dans un de ses romans les plus connus. Il regrette que ce soit un Occidental qui ait donné vie à l’un des héros chinois les plus célèbres. Son ami et ancien collègue, Vieux Chasseur, lui demande de l’aide pour sauver la belle Min, une riche courtisane accusée d’avoir tué sa cuisinière, Sina un homme qui tient à garder l’anonymat, est prêt à leur payer une fortune pour qu’ils fassent libérer la jeune femme détenue par le pouvoir. Chen ne peut enquêter librement car les autorités le surveille par l’entremise de sa secrétaire, entre autres. Toutefois Jin s’avèrera d’un précieux secours pour aider son patron qu’elle admire grandement. L’affaire actuelle et celle du roman de Van Gulik présentent d’étranges similitudes et Chen mettra à profit ses balades dans la ville de Shanghai, ses visites à diverses maisons de thés et restaurants pour mener une enquête discrète.
L’intrigue policière présente bien peu d’intérêt en fait. Il se dégage une impression très oppressante et angoissante de ce roman qui nous parle de la Chine d’aujourd’hui où la surveillance des citoyens est pire que ce qu’avait imaginé Orwell et Chen devra déployer des trésors d’ingéniosité pour mener ses investigations à bien. Le PC contrôle tout et surtout son image, il n’y a pas de place pour la vérité, la vie humaine est bien peu de chose.
Le plus grand intérêt de ce roman est de nous parler de la vie dans la Chine d’aujourd’hui, avec toutes ses limites. On découvre aussi la ville de Shanghai et sa gastronomie. Les réflexions sur le juge Ti sont aussi très intéressantes. L’auteur souligne que la télévision s’est emparé du sujet et se préoccupe peu du contexte historique. Parler d’un sujet ancien permet de détourner la censure et Chen a bien l’intention d’utiliser ce biais pour raconter la véritable histoire de Min, personnage peu sympathique.
Une lecture assez mitigée our cette découverte de ce grand auteur chinois. Il est aussi difficile de s’y retrouver dans cette multitude de personnages au noms exotiques.
Il y a peu paraissait une aventure du fameux juge Ti écrite par Xiaolong Qiu. Vous verrez qu’elle a un rapport avec le dernier épisode des aventures de son légendaire inspecteur Chen Cao, Un dîner chez Min.
Légendaire l’inspecteur Chen de Shanghai, mais surtout gênant à force d’être honnête. Le voilà muté directeur du Bureau de la réforme du système judiciaire. Un placard dangereux tant il faut marcher sur des œufs si l’on veut critiquer et réformer le système judiciaire voulu par le Parti. D’ailleurs Chen est officiellement malade et doit rester chez lui.
C’est alors que le Vieux Chasseur, le père de son ancien collègue qui gagne quelques sous comme détective privé le contacte. Un très riche et mystérieux client a contacté son agence pour faire libérer Min. Belle, cuisinière hors pair, elle ouvre tous les mois un salon très privé et très cher où les plus riches et les plus influents de la ville sont conviés. On dit que certains sont ses amants. Sa cuisinière a été retrouvée assassinée au lendemain d’un diner. C’est Min qui est accusée. Certains voudraient qu’elle parle, d’autres le redoutent. Un vrai nœud de vipères dans lesquels Chen et sa toute jeune secrétaire vont mettre les pieds.
Un nouveau roman, (le dernier ?) qui répond à la novella parue récemment Une enquête du vénérable juge Ti, et voit l’inspecteur Chen de plus en plus en danger. Si le ton reste fleuri et exotique, entre les noms des plats, les poèmes que récite Chen et les marques de respect ampoulées qui semblent faire partie de la culture locale, le fond est sombre et désabusé.
La corruption règne en maître, et la surveillance permanente qui s’appuie maintenant sur des multitudes de caméras et sur les réseaux sociaux rend l’atmosphère particulièrement étouffante, d’autant plus que les maîtres du pouvoir, qu’ils soient anciens ou nouveaux, sont bien décidés à ne pas en lâcher une miette. Si l’on ajoute des inégalités de plus en plus criantes, un fossé abyssal entre les « Gros-Sous » et le citoyen de base, on arrive à un constat accablant.
Un constat qui va peut-être pousser Chen vers la sortie. Un légendaire inspecteur un peu perdu entre l’évolution de la société et les nouvelles habitudes et compétences de la jeunesse, et qui voit bien que son honnêteté est sur le point de causer sa perte. C’est là qu’intervient le fameux Juge Ti de Van Gulik, et je vous laisse découvrir le lien, habile et savoureux avec la précédente novella.
Un nouvel épisode qui laisse un sale goût dans la bouche, malgré les délices que déguste Chen.
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