L'enfant de Buchenwald - 1945, une vie à construire: ' Une facette méconnue mais essentielle des récits de survivants

En avril 1945, Romek Wajsman est libéré de Buchenwald avec 472 autres jeunes garçons. On les surnommera " les garçons de Buchenwald ". Déboussolés et sans repères, ces garçons placés dans un centre d'accueil en France. Cette rencontre va bouleverser leur destin à tout jamais. Une histoire vraie.Avril 1945. L'Œuvre de secours aux enfants (OSE), fondée en 1912 par des intellectuels et des médecins juifs de Saint-Pétersbourg, reçoit des troupes américaines le télégramme suivant : " Avons trouvé mille enfants juifs à Buchenwald. Prendre des mesures immédiates pour les évacuer. " Il faudra un peu plus de deux mois pour que l'organisation rapatrie vers la France les plus jeunes garçons de ce camp de concentration où plus de 60 000 personnes ont perdu la vie. L'un d'eux s'appelle Romek Wajsman, âgé de 14 ans, fils d'un tailleur juif polonais. Déporté à Buchenwald en 1944, il a été mis au travail forcé, comme mille de ses camarades, dans une usine d'armements. Affamé, Romek ignore si sa famille est toujours en vie. Mais il n'est pas seul, puisque 472 camarades – dont un certain Elie Wiesel – connaissent le même sort. On les appelle " les garçons de Buchenwald " et ils forment le plus important groupe d'enfants juifs orphelins retrouvés à la fin de la Shoah. Détruits, abandonnés, ces garçons en veulent au monde entier. Pourront-ils surmonter leur traumatisme et reprendre une place dans la société ? Tout change pour eux le jour où Rabbi Heschel les mène dans un foyer à Écouis, en France. L'OSE se donne pour objectif de fournir à ces garçons les soins médicaux et psychologiques dont ils ont besoin. Chacun se voit attribuer un " mentor ", en général un adulte, mais aussi offrir une scolarité, des cours de langue, des activités sportives, ainsi qu'une bonne hygiène et une alimentation correcte. Leur destin ne sera plus jamais le même... " Quand on est en mode survie, penses-tu vraiment qu'on ait le luxe d'avoir des souvenirs ? ", disait à Robbie l'un de ses amis psychiatres. Ils ont pourtant ressurgi près de 40 ans plus tard, en 1984, alors qu'un procès retentissant s'ouvrait dans l'Alberta, au Canada, pour juger un enseignant qui niait l'existence de la Shoah. C'est de cette lente reconstruction collective et de cette prise de conscience que Robbie Waisman, l'un des derniers survivants des " garçons de Buchenwald ", livre le récit dans cet exceptionnel témoignage de résilience, illustré de photos inédites.