La maison du commandant
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Avec La maison du commandant Valerio Varesi revient au personnage central de son premier roman traduit en France : le Pô.
Notre ami Soneri est envoyé par son chef caractériel et pas bien malin, surveiller des pêcheurs/braconniers d’origine étrangère (hongrois, russes, ukrainiens …) sur les bords du Pô. Les habitants s’en plaignent, ils pêchent des silures, campent, font du bruit, et puis, ils ne sont pas d’ici. On imagine facilement avec quel zèle Soneri va transformer ça en balade dans le brouillard le long d’un fleuve en crue, avec arrêt dans une bonne auberge.
Jusqu’à ce qu’un des hongrois soit tué. Et que Soneri découvre en allant lui rendre visite une ancienne figure de la résistance communiste mort seul depuis des jours dans sa maison isolée. Alors que le fleuve monte et que le froid et le brouillard envahissent la région, les illusions de notre commissaire mélancolique vont encore en prendre un coup.
« Tu l’aimes, toi, cette société où les arrogants et les malhonnêtes dirigent les gens bien ? où les pires gouvernent les meilleurs ? où la méchanceté est toujours victorieuse ? Tu l’aimes ce monde où tout s’achète ? La justice, la respectabilité, le droit d’être aux commandes ? (…) Tu le sais ou tu le sais pas que tu es payé par ceux qui font les guerres et qui affament les peuples ? »
Le ton est donné par cet ami de Soneri qui vit sur une maison flottante et écoute Verdi à plein volume sur le fleuve déchaîné. Un fleuve qui est de nouveau l’un des personnages principaux du roman. Mais un fleuve à l’image du moral de Soneri : gavé de pollution et de saloperies. Un fleuve qui sent la mort, littéralement, et que même une belle grosse crue a du mal à nettoyer.
Un fleuve à l’image des habitants de la région, déboussolés, pleins de rage, qui s’en prennent aux étrangers, qui crachent leur haine de tout et de tous, sans comprendre pourquoi. Et le pauvre Soneri au milieu qui a de plus en plus de mal à justifier son travail à ses propres yeux. Heureusement, de temps en temps, un bon repas, des moments avec Angela, quelques minutes de tranquillité sur les digues …
Un Soneri désabusé, mélancolique et parfois enragé, mais toujours avec l’humanité et l’empathie de ce cher Valerio Varesi.
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