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Banquises
Résumé éditeur
livré en 5 jours
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l’avis des lecteurs
Et hop, une vieillerie de la PàL lue ! Banquises est un roman de Valentine Goby, que j’ai acheté en 2011 à sa sortie. Il dormait tranquillou dans les étagères, jusqu’à ce que, allez zou, lecture. 2ème lecture de mon défi Un hiver au chalet (catégorie Forêt boréale : faune, flore, écologie). Bon, faune et flore, on repassera, hein, au Groenland il n’y a pas grand chose (enfin y’a des poissons, ça compte) à part de la glace. Mais ça parle d’écologie. Enfin un peu. Bref, retour sur cette excursion en blanche (littérature, pas la neige) malheureusement plus que bof.
Une narration journalistique
C’est la première chose qui frappe dans le roman : sa narration. Distancée, détachée, brute. Comme les environs. Y’a pas de chichis dans l’écriture de Banquises. Pas de rondeur. C’est tranchant comme les bords des icebergs (j’imagine que ça coupe, les icebergs, regardez le Titanic).
On suit Lisa dans ses pérégrinations. Mais Lisa est à la ramasse, elle aussi détachée de sa propre vie. Elle est celle qui a survécu à l’autre, celle qui est restée, celle qui n’est pas la disparue. Bref, elle compte pour des prunes depuis 27 ans, et ça marque d’être juste une prune dans la vie.
Difficile de s’attacher à cette femme qui ne nous fait pas ressentir grand chose. « Elle prend des notes, elle fixe des noms, elle recense le réel, distante, façon journaliste, compliant des données extérieures à sa propre existence ». Voilà, en gros, je vous ai résumé le style et le bouquin. Bon, on va être honnête : c’est très bien fait. Les phrases sont factuelles, courtes, juxtaposées; dénuées de connecteurs logiques. Y’a pas un seul gramme en trop d’huile là-dedans. Du coup, ça accroche. Franchement, deux pages ça va. En revanche, 250 : ça fatigue. Dur d’être enthousiaste sur la durée dans ce roman. Encore une fois, c’est cohérent avec la quête de Lisa (vouée à l’échec) et les lieux (plus mortels que ça, y’a pas). Mais pff.
Un pas en avant, deux en arrière
Autre point qui m’a fatiguée dans Banquises : ce perpétuel retour en arrière. Avant, pendant et après disparition. Des tartines et des tartines de blabla. Une banquise de blabla. La famille avant la disparition de Sarah, l’amitié de celle-ci avec une Diane morte un peu avant son départ au Groenland, la famille qui attend Sarah à l’aéroport (mais où est Charlie, pardon Sarah), la mère (jamais nommée; toujours « la mère », « le père » : je vous l’ai dit, tout est distant dans ce bouquin) qui va chez les flics/l’ambassade, embauche un détective privé/passe à la télé etc etc etc etc etc etc.
Résultat : on passe deux tiers du roman le nez tourné vers le passé. Là encore, c’est cohérent, l’idée étant de montrer que celui-ci est un boulet au pied qui vous mine toute la vie. M’enfin, en format court on aurait très bien compris aussi. Quel besoin d’étaler comme ça des flots de parlote pendant 250 pages ?
Résultat, Lisa au Groenland c’est pas l’éclate. Son voyage n’apporte pas grand chose non plus à l’histoire. Ah, ça c’est sûr, ça déconstruit le schéma de la quête – parce que dans le fond, Lisa on sait pas ce qu’elle cherche, mais de toute façon, on s’en fout puisqu’elle ne trouve rien non plus. Mais bon, tout ça, pour quoi, au final ?
C’est vrai ça, tout ça pour quoi ?
Ben, je ne sais pas. Alors si, Banquises dit quelques petites choses. Ca montre la situation économique et sociale du Groenland, les ravages d’un printemps trop chaud, avec dégel précoce des glaces. Ca montre le désarroi des pêcheurs, le manque de nourriture, la dépendance du pays envers le Danemark (pour les produits d’importation), l’incohérence de certaines politiques publiques qui nuisent à l’économie et la survie même du pays.
Ca montre aussi la manière dont on (sur)vit dans ce pays glacé; y sont évoqués les nombreux suicides, l’absence de travail, de perspectives etc. « Valentine Goby nous emporte sur ces terres qui s’effacent dans un grand livre sur le désenchantement du monde », me dit la 4ème de couverture. AH.
Malheureusement, j’ai trouvé que tout ceci était traité de manière trop grossière, avec des gros sabots. Sans finesse. Comme le paysage, en somme. Alors peut-être la cohérence est-elle encore là, en effet. Je maintiens qu’en format court ça aurait eu le même effet (ça aurait même pu être plus percutant que cet enfonçage dans la glace molle).
Quant à Lisa, j’avoue ne pas avoir été passionnée par son aventure, sa quête foirée d’avance; je ne trouve pas qu’elle évolue au cours du récit, qu’elle grandit, ou qu’elle fait enfin son deuil. Sa vie et sa quête sont aussi passionnantes qu’une banquise. Là est le pourquoi du « s » au titre : la banquise est plurielle dans ce bouquin. Elle est une étendue de glace, mais aussi métaphoriquement un océan de vide depuis 27 ans, et elle résume la vie et la quête de Lisa. Je n’ai pas eu l’impression que ce récit servait à quelque chose, en fait, à part pour dire ça. Beaucoup de pages pour pas grand chose…
Banquises : je suis venue, j’ai lu, on peut dire que j’ai vaincu, puisque je l’ai fini. OK je l’ai survolé, et alors ? J’allais quand même pas moi aussi m’enfoncer dans la flotte glacée comme Lisa. Bref, beaucoup d’encre pour pas grand chose, selon moi, vous l’aurez compris. Cela dit juste ma déception, mon ennui total devant ce livre et mon propre désenchantement face à cette excursion ratée en blanche. Vite, retournons en imaginaire, les auteurices dans ce domaine ont beaucoup plus de choses passionnantes à dire, à mon sens, sur le désenchantement du monde.
Quatrième de couverture :
En 1982, Sarah a quitté la France pour Uummannaq au Groenland. Elle est montée dans un avion qui l’emportait vers la calotte glaciaire. C’est la dernière fois que sa famille l’a vue. Après, plus rien. Elle a disparu, corps et âme. Elle avait vingt-deux ans. Quand Lisa, vingt sept ans plus tard, se lance à la recherche de sa sœur, elle découvre un territoire dévasté et une population qui voit se réduire comme peau de chagrin son domaine de glace. Cette quête va la mener loin dans son propre cheminement identitaire, depuis l’impossibilité du deuil jusqu’à la construction de soi. Roman sur le temps, roman sur l’attente, roman sur l’urgence et magnifique évocation d’un Grand Nord en perdition. Valentine Goby signe ici un grand livre sur la disparition d’un monde.
Mon avis :
Une couverture blanche, blanche comme la banquise, cette banquise où il fait si froid….
Ce froid qui vous prend l’âme et le cœur, lorsque l’être aimé disparaît … Car c’est comme ça, lorsqu’un être cher n’est plus près de nous, on a froid, toujours, même au soleil, plus rien n’a le pouvoir de nous réchauffer et il faut du temps, beaucoup de temps, pour qu’un jour la chaleur pénètre à nouveau notre cœur, notre corps et que notre âme se réveille….
C’est encore pire si on ne sait pas ce qu’est devenu celui ou celle qui a disparu. Le froid reste, s’incruste, c’est l’impossible deuil….
L’absente c’est Sarah, disparue il y a vingt-sept ans…Disparition volontaire, accident, meurtre ? La famille ne sait pas et attend… Ne pas déménager, ne pas s’absenter, ne pas bouger, des fois que … arrêter le temps et se dire que demain, tout sera à nouveau comme avant…
La mère ne vit pas, elle survit, seule l’espérance d’un retour la tient debout.
Le père essaie d’être fort, d’apprivoiser sa douleur, il ne dit rien, souffre-t-il moins pour autant ? « Et s'il avait moins mal qu'elle, en effet ? S'il pouvait vivre avec cette douleur au lieu de vivre en elle ? »,
Lisa ; la sœur, part sur les traces de Sarah, plus de vingt après. Elle refait le même voyage, essaie de rencontrer les mêmes personnes … Elle va à la rencontre de …. sa sœur, elle-même, les autres ?
Une fois encore, la question est posée : faut-il aller à la rencontre des autres pour mieux se connaître ? Ne peut-on exister par soi-même ?
Cette œuvre évoque des thèmes chers à Valentine Goby :
- l’absence (« ça prend de la place l’absence »),
- le deuil, ici impossible (Vous avez un corps, vous pouvez faire le deuil…. Vous n’en avez pas, vous pouvez espérer…. Espérer jusqu’à quand ? Quand faut-il se résigner ? Un père, une mère peuvent-ils se résigner ? Et que deviennent les autres enfants ? ….)
- les corps, celui de la mère, de la fille encore vivante qui souffre un temps d’anorexie, celui des gens vivants, si chauds, si doux lorsqu’on les touche ….
La construction de ce livre peut désarçonner, des flash back, des informations (la vie des pêcheurs au Groenland), les parents face à eux-mêmes, la vie maintenant (l’euro alors que la disparue avait des francs) et en filigrane la quête de Lisa…. On peut avoir l’impression de ne pas suivre, de partir dans plusieurs directions sans aboutir …
Heureusement, il y a l’écriture de Valentine Goby, son phrasé haché, où les mots semblent se bousculer tant elle veut en dire …. A tel point que parfois, les verbes ne sont pas présents ….
Finalement il est peut-être là, le bémol de ce roman, elle a voulu trop en dire, trop exprimer de choses, d’émotions différentes, d’où un récit morcelé qui de ce fait perd un peu en « substance ».
Banquises, avec un « s », pourquoi ?
Pour cette banquise qui, à cause du réchauffement climatique, se découpe en morceaux et devient des banquises (comme le livre, elle est morcelée).
Pour cette banquise extérieure, celle qu’on voit, où on a froid au corps, et celle, intérieure (« Le Nord n’est pas un lieu géographique. C’est un lieu intérieur ») où on froid à l’âme ?
Ou pour toutes autres raisons que seule, Madame Goby, pourra nous dire ….
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