Horcynus Orca

TTTT - Bravo "Lorsqu’il se lance dans un premier texte intitulé La Tête du dauphin, en 1950, Stefano D’Arrigo n’est qu’un jeune journaliste et critique d’art, auteur d’une thèse sur le poète allemand Friedrich Hölderlin. Depuis cette base, le natif de Messine, qui n’avait alors signé que Codex siciliano (1957), un recueil de poèmes remarqué, se lance dans Horcynus Orca à partir de 1956. Il en met le point final en 1974, après deux décennies passées en ermite avec son épouse Jutta. Dans l’intervalle, le texte est devenu légendaire dans le milieu littéraire italien, recevant même un prix sur la seule foi d’un extrait publié dans une revue, en 1960. La première édition, publiée chez Mondadori en janvier 1975, s’écoule à 80 000 exemplaires et divise la critique. Pier Paolo Pasolini le célèbre comme un acte de « poésie pure » ; d’autres brocardent « l’incontinence de l’auteur » et son illisibilité. Que l’on ne peut démentir : ces 3,6 millions de signes ne s’épuisent pas en une lecture. Ni deux, ni dix. Car toute création surhumaine tutoie l’inhumain : si la puissance d’Horcynus Orca saisit d’emblée, son sens profond reste à conquérir. Mais comment reprocher à l’œuvre d’une vie – Stefano D’Arrigo ne publiera ensuite qu’un seul court roman, Femme par magie (1985) – de réclamer une vie à son lecteur ? Et peut-être même de désirer qu’il n’en sorte jamais, lui aussi ?"