
Dans la forêt
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l’avis des lecteurs
Doucement mais sûrement, je poursuis mes lectures dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge. La semaine dernière, j’ai lu Dans la forêt, de Jean Hegland, en LC avec mon amie Véronique Parrenin. Un petit rythme d’une cinquantaine de pages par jour, bien confortable pour moi en cette période très chargée encore. Malgré tout, j’ai fini par accélérer et dépasser mon quota de pages quotidien tant j’ai apprécié ce roman. Un texte qui m’a beaucoup parlé, touchée et convaincue.
Adaptations de l’œuvre
Le roman a été écrit en 1996. Il a d’abord fait l’objet d’une adaptation au cinéma, avec le film du même nom de Patricia Rozema (avec Elliot Page et Evan Rachel Wood). Je l’ai trouvé très fidèle, tant dans le déroulé que dans l’ambiance. Il vaut le détour.
Et puis Callysse m’a parlé de l’adaptation en BD, par Lomig (chez Sarbacane). Pas lue celle-ci en revanche, mais je l’évoque quand même si jamais vous avez aimé le roman et que vous souhaitez poursuivre l’immersion. Ou découvrir l’un ou l’autre format avant de vous plonger dans le roman.
Un post-apo réaliste
Dépeignant notre monde contemporain…
Dans la forêt est un post-apo particulier. Dans ce texte, nulle apocalypse tonitruante. Pas de catastrophe nucléaire, pas de guerre mondiale, pas de terrorisme, et pas de catastrophe naturelle non plus.
Non, Dans la forêt est raconte la lente et presque invisible ruine de la civilisation et du monde actuel. Invisible, car il n’y a quasiment jamais de grosse catastrophe à l’échelle planétaire qui marque une nouvelle ère, séparant le monde d’avant et le monde d’après. C’est une décrépitude qui est racontée par la narratrice qui se rend en fait compte que cette longue agonie avait déjà commencé il y a longtemps. Un monde où tout se dérégule, doucement mais sûrement.
Il y a un peu tout ce qui fait notre quotidien aujourd’hui, en fait. Un climat qui fait un peu n’importe quoi, mais jamais assez fortement pour marquer suffisamment les gens et les inciter à agir autrement. Des politiques complètement déconnectés, amenant leurs pays dans le marasme économique, culturel et social. Des sociétés divisées qui ne se comprennent plus, et ne peuvent plus vraiment vivre ensemble ni même cohabiter, générant des tensions et des violences quotidiennes. Et des services publics abandonnés et qui ne sont plus d’aucune utilité. Enfin, plus globalement, une perte de sens totale, qui grippe la machine.
La narratrice raconte alors que les signes étaient là, chaque jour. Mais elle dit aussi qu’on a fini par s’y habituer, par fatalisme. Aux mauvaises nouvelles, aux événements scandaleux, aux catastrophes qui sont rentrées dans le quotidien. Aux virus qui apparaissent ici et là. On s’est adapté, jusqu’à ce que ça ne fonctionne plus.
Vous l’aurez compris, Dans la forêt raconte la déchéance et la fin de nos civilisations et de notre monde contemporain, auxquelles on assiste tranquillement sans bouger. Ce qui explique pourquoi j’ai intégré ce récit dans deux catégories : imaginaire car post-apo mais aussi littérature contemporaine. En effet, de mon point de vue, on peut aussi lire ce roman sans ce prisme. Je ne vois pas vraiment ce pas de côté caractéristique des littératures de l’imaginaire, dans ce roman. À mon sens, on est dans le réel, dans le présent, dans notre quotidien bien connu.
De ce fait, si vous n’avez pas lu le roman, j’attire votre attention sur ce point. Il peut être assez anxiogène. Si notre monde actuel génère chez vous de la panique, je vous déconseille sa lecture. Car vous lirez ce que nous vivrons très certainement dans quelques décennies.
… et développant une théorie sur « l’après » intéressante
Dans la forêt se positionne donc après tous ces éléments qui sont racontés a posteriori par la narratrice, Nell, afin qu’on comprenne comment elle et sa sœur Eva en sont arrivées là. Dans un maison au fond des bois, seules. Il y a d’autres raisons à cela, que je vous laisserai découvrir.
Le roman est assez lent. Ne vous attendez pas à de grands chamboulements : il n’y en a pas. Les sœurs étant isolées du reste du monde, on ne saura que très peu, voire pas du tout, ce qu’il advient de lui. Le récit se concentre exclusivement sur le quotidien des deux sœurs.
Quand elles comprennent que le retour à l’avant est impossible, elles choisissent d’apprivoiser leur environnement. Avec les peurs que cela provoque. La peur d’un futur inconnu, où l’on manquerait de tout. Des autres, devenus étrangers, violents, dans un monde où c’est chacun pour soi. De cette nature inconnue et dangereuse, aussi. De leur proximité continue, enfin.
C’est alors que l’autrice choisit des chemins intéressants. J’ai lu pas mal de post-apo où les individus cherchent à se regrouper, et à recréer. Ici, non. Les deux sœurs s’isolent davantage, préférant de loin les ours aux Hommes (ça m’a vraiment fait sourire, je rappelle que le roman a été écrit en 1996…), et s’habituant à la forêt qui devient leur maison. C’est un retour à l’état de nature que nous raconte Dans la forêt. Je n’en dirai pas plus, sachez cependant que j’ai été convaincue par ces choix narratifs, avec toutefois une perplexité sur le final très ouvert. Cela dit, il est dans la continuité du propos de l’autrice.
Sororité, sensualité et nature
Deux sœurs contre le reste du monde
On passe d’abord pas mal de temps dans les souvenirs de la narratrice, quand elle avait encore un semblant de vie sociale dans la ville la plus proche. Cela génère des pages de toute beauté, touchantes par l’authenticité des sentiments exprimés. Des pages qui m’ont évoqué mes propres souvenirs d’adolescente très gauche dans ses rapports avec les autres et qui fantasmait beaucoup, au lieu de constater la triste réalité de relations finalement inexistantes. Ce n’est donc pas sans pincement au cœur que j’ai lu ces pages qui ont beaucoup résonné en moi. Je n’ai jamais bien su si les remords étaient plus légers que les regrets; ça dépend des moments, en ce qui me concerne. Mais pendant ma lecture, ces derniers ont pesé beaucoup plus lourd. Le parcours amoureux de Nell m’a donc beaucoup beaucoup parlé.
Et puis peu à peu, on revient dans le quotidien de ces deux sœurs. Des étrangères, aux rêves très différents. Harvard pour l’une, la danse pour l’autre. Quand l’une se réfugie dans L’Encyclopédie, l’autre danse jusqu’à user ses chaussons. Se tenant toutes deux prêtes au cas où la vie repartirait. On lit d’abord une cohabitation. Elles ne font pas corps, vraiment. Elles partagent un espace de vie.
Toutefois, les épreuves qu’elles vont subir et cette espèce de huis clos dans lequel elles sont enfermées vont les rapprocher indéniablement, jusqu’à une scène en particulier que j’ai trouvée magnifique. Si la plume accompagne à merveille le texte et le rythme, langoureuse et sensuelle, elle atteint dans certaines scènes une vraie beauté pure.
C’est assez rigolo, parce que j’ai pour habitude de ne pas me préoccuper des auteurices quand je lis un livre. Je me renseigne après, pour ne pas influencer ma lecture. Et donc je pensais que le roman était écrit par un auteur, qui se prénommait Jean (comme Jean qui rit). Je me suis dit plusieurs fois que vraiment, l’auteur avait su parler avec délicatesse, sensualité et justesse du corps féminin. Bon, quand Véronique m’a dit que l’auteur était une autrice, j’ai mieux compris (mais j’ai été un peu déçue ^^).
Toujours est-il que j’ai adoré cette relation, cette écriture chaleureuse, sensuelle et langoureuse, qui fait corps avec son environnement et épouse à la perfection la structure du texte. Un texte sans à-coups, mais profond, puissant et juste.
La figure de la sorcière
J’ai trouvé aussi que l’autrice revisitait et remettait à l’honneur la figure de la sorcière. On a deux jeunes femmes pleines de vie, qui découvrent la vie à travers leurs corps pleins d’ardeur et de puissance, mais aussi la mort, qu’elles côtoient. Ces deux jeunes femmes sont isolées, vivant dans une maison au fond des bois.
Peu à peu, elles apprennent. Les plantes, les fleurs, les arbres. Le rythme des saisons. L’art d’entretenir un potager, avec l’aide d’un vieil ouvrage. C’est vraiment le réapprentissage de savoir-faire et de recettes de grands-mères, de savoirs ancestraux qui ont perduré pendant des siècles, transmis de générations en générations. Elles apprennent à tout faire toutes seules, et deviennent auto-suffisantes. Plus besoin de la civilisation, ni des autres. Même dans les situations les plus extrêmes et risquées. Car finalement, l’instinct reprend le dessus.
Nell et Eva sont un peu pour moi les figures modernes et renouvelées de ces femmes qu’on a appelées sorcières. Ces femmes indépendantes et libres, qui n’avaient pas besoin des hommes pour vivre, et qui connaissaient les lois de la Nature, possédaient des savoirs immenses. Qui se détournaient, même, de la société. J’y ai beaucoup réfléchi depuis la fin de ma lecture, surtout au regard du final du roman. Une façon de dire que quand tout semble perdu, on peut quand même s’en sortir, à condition de revenir à l’essentiel, dans les deux sens du terme : ce qui est indispensable (et même si cela m’a laissée perplexe, je trouve le point de vue de l’autrice là-dessus assez remarquable) et ce qui propre à un être.
On n’aurait pas parié sur elles, dans notre société actuelle. Et pourtant, ce sont elles qui semblent avoir le plus de chances de survie. Nul autre individu n’aurait ces capacités. C’est d’ailleurs comme cela que j’interprète ce qu’il advient des autres personnages, que l’on perd de vue d’ailleurs.
Pour moi, Dans la forêt est une revanche et un juste retour des anciennes choses évidentes.
Conquise par Dans la forêt, qui m’a beaucoup plu. J’ai adoré le rythme du texte, le cadre dans lequel il évolue, la relation de ces deux sœurs et surtout ce qu’elles représentent, ce qu’elles sont. Il est assez rare que je m’identifie à un personnage, et j’ai apprécié ça même si cela m’a remémoré certaines choses pas forcément plaisantes. Pour moi, ce texte est une totale réussite, sans fausse note, justement écrit à tous les niveaux. Je suis ravie, parce que ma rencontre avec les éditions Gallmeister était un échec total (rappelez-vous, c’était avec Wayward Pines). Bref, ravie de ce coup de foudre, ça faisait un peu longtemps et ça fait du bien.
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Ma lecture
Les Editions Gallmeister éditent des romans de littérature américaine qui allient nature et littérature et j’ai toujours trouvé des œuvres de qualité qui répondent à ce que je recherche dans une lecture : voyage, dépaysement, découverte, nature, intrigue, fait de société et aventure.
Depuis plusieurs mois je rêvais de découvrir ce roman de Jean Hegland, auteure que j’ai découvert dans le Magazine América N° 5 consacré à l’Amérique Sauvage (ou ce qu’il en reste) et son court article ainsi que des articles lus ici ou là m’avaient incitée à me plonger dans un de ces romans…. Dans la forêt, cela me parle, c’est pour moi.
Laisser parler son instinct, son attirance naturelle vers un livre car il est rare, mais cela arrive je le reconnais, que l’on soit déçue mais cette fois-ci encore j’ai fait bonne pioche.
J’ai été captivée par l’histoire et l’aventure, car il s’agit bien là d’une aventure, l’aventure de ces deux adolescentes, vivant loin de tout par choix de leurs parents, à 50 kilomètres de la plus proche ville : Redwood, qui elle-même se trouve à 3 heures de San Francisco en Californie.
En effet ceux-ci souhaitaient revenir à une existence au milieu de la nature, revenir à des valeurs essentielles. Après le décès de leur mère d’un cancer, un événement, qui n’est jamais clairement précisé, prive toute la population d’électricité, d’essence, de structures de communication, d’internet, de téléphone, finalement de tout ce qui fait le monde moderne.
Toute la population a fui, cherchant un ailleurs meilleur, les deux jeunes filles et leur père vont devoir adapter leurs vies à ces conditions extrêmes, trouver des solutions pour se nourrir, trouver de l’eau, se soigner, etc….
C’était une guerre qui se déroulait ailleurs, mais elle semblait s’accrocher à nos jours, pénétrer notre conscience comme une lointaine et désagréable fumée. (p18)
A Noël, Eva, l’aînée va offrir à Nell (que son père surnomme Pumpkin : Citrouille) un cahier, objet miraculeux pour cette jeune fille de 17 ans, bonne élève, qui lit l’Encyclopédie pour continuer à s’instruire même s’il n’y a plus de cours et espérer entrer à Harvard dont elle avait préparer la demande d’admission avant les événements. Ce simple cahier va lui permettre de tenir un journal sur leurs existences.
Chacune des deux sœurs a une passion : pour Nell apprendre, pour Eva c’est la danse qui remplit sa vie : elle respire la danse, elle vit la danse à s’en abîmer le corps, à danser uniquement au rythme d’un métronome en l’absence de musique, elle danse comme sa mère qui fut danseuse.
Son père parallèlement à son métier d’enseignement, partage avec sa famille ses traits d’humour, son goût de la nature, de ce qu’elle apporte mais un accident va confronter les deux jeunes filles à leur solitude et à ne devoir compter que sur elles-mêmes.
Tout le récit est emprunt d’un amour familial fort et puissant transmis par les parents et même au plus fort des drames et difficultés qu’elles vont devoir affronter, ce lien perdure. Pourtant il sera mis à rude épreuve : les saisons, le manque de nourriture, les blessures, les attaques humaines ou animales, leurs conséquences, elles auraient mille raisons de baisser les bras, d’avoir peur, de craindre le pire mais elles se servent de chaque épreuve pour être encore plus fortes, encore plus unies.
Nous aussi, on tient, ai-je pensé, en tamisant la farine infestée de vers, on tient le coup, jour après jour, et tout ce qui nous menace, ce sont les souvenirs, tout ce qui me fait souffrir, ce sont les regrets. (p67)
Aucun temps mort, aucune longueur, la nature et le quotidien a assuré emplissent leurs journées, elles font preuve d’un courage et d’une force extraordinaire. Rien ne les anéantira : ni la mort des proches, ni l’amour qui s’enfuit, ni les agressions.
Ne pas expliquer plus que cela les circonstances dans lesquelles elles se retrouvent dans cette situation n’empêche nullement la lecture. Cela pourrait être une guerre, une fin du monde, un cataclysme, quelque soit les causes, le résultat est là, retour dans le passé, où la technologie n’offrait pas une solution à tout, sans modernisme, trouver dans la nature les solutions à tous les problèmes.
Et c’est cela la grande force de ce roman : Nell va trouver autour d’elle les moyens de surmonter tous les obstacles allant même jusqu’à penser à un avenir encore plus rudimentaire, faisant confiance à la nature pour les sauver.
Il y a des moments de grande tension résultant soit d’actes humains, mais l’auteure avec ce récit pose, à la manière de Robinson Crusoë, la question suivante : si nous sommes projetés brutalement des siècles en arrière, n’ayant plus rien de ce que le monde moderne nous a apporté, en bien ou en mal, serions-nous capables de survivre.
Et même si ce n’est pas une autre civilisation vieille de deux mille ans qui arrive à sa fin, regardez toutes les petites dévastations – les guerres et les révolutions, les ouragans et les volcans et les sécheresses et les inondations et les famines et les épidémies qui remplissaient les pages lisses des magazines que nous lisions autrefois. Pensez aux photos des survivants blottis les uns contre les autres au milieu des décombres. Pensez à l’Amérique du Sud, à l’Afrique du Sud, à l’Asie centrale, à l’Europe de l’Est, et demandez-vous comment nous avons pu être aussi suffisants. (p141)
L’option choisie par l’auteure est la force qui lie ces deux sœurs : l’union fait la force mais malgré tout pour moi celle qui me paraît la plus forte est Nell grâce à ses connaissances, son instinct, son bon sens, à ses observations et à sa force de caractère. Mais elles ont une alliée de poids : la nature. Nell va découvrir sa richesse, ce qu’elle peut apporter mais aussi qu’elle peut être dangereuse.
J’aime quand dans un roman l’auteur nous interpelle, nous interroge, fait appel à notre réflexion, nous porte à nous poser des questions essentielles et existentielles. Lire pour se divertir : oui mais lire également pour éveiller les consciences. Ecrit il y a plus de 20 ans et tellement d’actualité.
Notre monde n’est-il pas en train de se transformer, de disparaître, serions-nous capables de vivre comme vivaient nos lointains ancêtres. Jean Hegland ne manque d’ailleurs pas de rappeler le drame des Amérindiens, des saccages, des massacres perpétrés. Amérindiens pour les Etats-Unis mais bien d’autres dans d’autres pays du monde, étouffant ainsi les connaissances millénaires de ces peuples en plus de les priver de leur terre-mère.
Pour moi un coup de cœur tant par l’écriture, fluide, belle, une ode au monde qui nous entoure mais aussi à la construction, la narration dans le journal par Nell reflète parfaitement l’état d’esprit de la jeune fille, ses joies, ses peurs, ses pensées, sa relation à sa sœur.
Quatrième de couverture
Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre.
Mon avis
Écrit en 1996, ce roman a été porté à l’écran en 2015. Il est réédité en 2017 par Gallmeister car son contenu est toujours d’actualité. Que faire, comment réagir, s’organiser si tout s’effondre (plus de moyens de communication, plus de travail, plus de quoi manger, se soigner…)
Nell et Eva, deux adolescentes vivent dans une maison, près de la forêt à plusieurs kilomètres de la ville. C’est un choix de la famille, comme faire l’école à domicile. La mère a dû renoncer à une carrière de danseuse professionnelle et le père est professeur.
La forêt, près de la demeure familiale, est un lieu qu’elles explorent au fil du livre et qui devient de plus en plus important. Il faut l’apprivoiser, la connaître pour appréhender tout son potentiel. C’est un lieu qui les fait grandir, témoin de leurs premières expériences.
Ce qui intéressant dans ce récit, c’est la finesse de l’écriture qui suggère plus qu’elle n’impose. L’auteur ne développe pas les problèmes qui ont mis le monde dans le triste état évoqué (d’ailleurs, on ignore si tous les pays sont touchés). Tout est centré sur ces deux sœurs et leurs liens à la famille, entre elles, à la nature, avec les autres et les choix qui en découlent pour survivre.
L’écriture (merci à la traductrice) est poétique, à petites touches. Un fait mineur peut devenir un instant magique de par les circonstances. Ce n’est pas un huis clos mais on n’en est pas loin et tout est concentré dans chacun des instants présents qui se succèdent.
De nombreuses émotions m’ont traversée, des thèmes variés sont abordés et tout est fait avec doigté et intelligence.
Une très belle lecture !
"Dans la forêt" est la transcription du journal de Nellie, l'un des derniers liens qu'elle maintient avec sa vie d'avant, dont elle se détache peu à peu... sa mère est morte avant ce qu'elle nomme "les événements", son père peu de temps après. Il ne reste plus dans la maison familiale isolée au cœur de la forêt qu'elle et sa sœur Eva. Elles sont privées d'électricité et de tout contact humain, économisent le peu d'essence qu'il leur reste en cas d'urgence...
A la suite de quelle catastrophe les deux jeunes filles en sont-elles réduites à se terrer ainsi loin de la communauté des hommes, dont elles ne reçoivent même plus les échos ?
Nous en saurons très peu à ce sujet... disons que selon Jean Hegland, la fin du monde tel que nous le connaissons ne survient ni dans une explosion apocalyptique, ni dans le chaos d'une guerre mondiale. C'est une extinction progressive, insidieuse, des attributs d'une modernité devenus tellement évidents qu'ils déterminent les besoins, les comportements et les désirs des hommes.
Si Eva et Nellie s'entêtent dans un premier temps à se préparer en vue du retour à une vie "normale", l'une en s'entraînant jusqu'à l'épuisement pour maintenir son niveau en danse classique, l'autre en révisant pour le concours d'entrée à Harvard, elles réalisent ensuite la vacuité de leurs espoirs, s'adaptant à leurs nouvelles conditions d'existence, nouant avec la forêt des liens de plus en plus intimes. Leur relation elle-même évolue, malgré les tensions ou le découragement qui la plombent parfois, vers une puissante et bouleversante union sororale.
Rompant avec le pessimisme souvent inhérent aux récits dont l'ambition est de nous projeter vers demain, Jean Hegland propose avec "Dans la forêt" un autre avenir possible, une alternative à l'illusion consistant à croire que l'accomplissement de l'humanité réside dans l'optimisation du progrès technologique et le développement des modes de communication.
Et si la fin était en réalité le début, la possibilité d'un retour à la vie que nous méritons, pour laquelle nous sommes réellement faits... ?
Si elle était une deuxième chance qui nous est offerte de réapprendre à jouir sans les gâcher des ressources offertes par la nature, de redevenir ce que nous sommes vraiment, un élément parmi d'autres de ce grand tout qu'est notre environnement, de redécouvrir que l'épanouissement tient à la fois à beaucoup et peu de choses, mais en tous cas pas à ce qu'on veut nous faire croire, pas à la possession, pas à la domination... Si elle était l'occasion de réaliser qu'un être cher et une forêt suffisent... ?
A lire !
Ce livre a eu un succès retentissant et pourtant il ne m’a pas plu, je l’ai trouvé ennuyeux. Je pense qu’en fait le style « nature writing » ne me convient guère. Ma chronique sera courte car je ne désire pas m’étendre sur les livres que je n’ai pas aimés, sauf s’il s’agit de partenariat; dans ce cas il faut justifier en détail une critique négative. Pour ce livre qui ne manque pas de laudateurs, mon avis n’est pas très important.
Nell, dix-sept ans, décrit dans son journal la vie de sa famille alors qu’une catastrophe indéfinie survient en Californie et dans le reste du pays. Les causes ne sont pas décrites, mais la civilisation s’est effondrée. Elle vit avec sa soeur dans la forêt, à cinquante kilomètres de la ville la plus proche. Leur mère est décédée d’un cancer au tout début des troubles quand l’électricité ne connaissait encore que de rares coupures. Celles-ci sont devenues de plus en plus fréquentes jusqu’à ce que l’électricité et le téléphone disparaissent complètement. Les filles sont scolarisées à la maison, la forêt était leur terrain de jeu jusqu’à ce qu’Eva se prenne de passion pour la danse classique jusqu’à l’obsession, ce qui la sépare de sa soeur. Nell lui en veut beaucoup et ce ressentiment durera presque tout le livre, son rêve à elle est d’entrer à Harvard. Durant la maladie de leur mère et tant qu’on trouve de l’essence, les filles et leur père passent la soirée du vendredi en ville où Nell tombe amoureuse d’Eli. Puis le père décide d’un dernier tour en ville pour acheter les provisions encore disponibles avant que la forêt se referment définitivement sur eux. Le père jardine et fait des conserves tandis que les deux filles dansent et étudient en attendant le retour à la vie normale.
Le père meurt accidentellement et durant un an les filles devront remettre en question leurs attentes et leurs rêves. Au début des troubles, elles attendent juste le retour à la vie normale, la forêt leur semble hostile et sans intérêt. Peu à peu Nell commence à l’explorer et à découvrir ses richesses cachées, elle s’identifie aux femmes indiennes qui y vivaient autrefois.
Il y a peu d’action, le livre est essentiellement centré sur les relations entre les deux soeurs. Il y a de nombreux conflits, mais Nell n’arrive pas à quitter Eva, même quand Eli vient la chercher pour traverser le pays. Le rapport à la civilisation et à la nature ainsi qu’à la liberté de choisir sa vie sont les thèmes les plus importants de ce roman. C’est le troisième livre « nature writing » que je lis en quelques mois, mais il ne me plaît pas plus que les deux autres, je dois être réfractaire à ce genre.
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