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Clair de femme
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Deux naufragés de l’existence se rencontrent par hasard et tentent l’impossible : s’unir « le temps d’une révolte, d’une brève lutte, d’un refus du malheur », faire coïncider deux fragments de vie pour continuer de faire semblant de vivre. Tout en restant lucides quant à l’audace, à l’insolence même, de l’entreprise.
En quête d’oubli, Lydia et Michel font ce qu’ils peuvent pour surmonter la douleur d’une perte, imminente pour l’un, récente pour l’autre. Par un doux mouvement d’escarpolette, Romain Gary nous les montre tantôt proches, tantôt à mille lieues l’un de l’autre.
Et pour accompagner cette danse, pleine de tristesse mais qui ne peut s’empêcher malgré tout d’espérer un peu, le temps du récit se fait l’esclave du souvenir capricieux.
Ma lecture
Paris – Une nuit – Michel, la quarantaine, arpente Paris car il doit passer la nuit, cette nuit, la plus difficile des nuits, celle où Yannik, la femme qu’il aime met fin à ses jours car elle ne veut pas offrir à une leucémie le choix de la date de son départ. Se sachant près à la rejoindre, il décide dans un premier temps de partir à l’autre bout du monde puis y renonce, alors il arpente les rues et va à la rencontre d’autres noctambules, pour tenir, boire et attendre. Mais la nuit tous les chats sont gris et il va partager ces quelques heures avec des hommes et des femmes qui eux-mêmes cherchent à combler ces heures, les heures sombres où chacun tente d’oublier ou survivre.
Yannik l’a supplié de ne pas l’accompagner dans cette mort car leur amour doit survivre, il doit aimer encore afin que l’amour, celui qu’il est capable d’offrir à une femme ne disparaisse pas et pour cela il doit pour tenir la promesse trouver celle-ci et qui, comme l’a annoncé Yannik l’aidera à surmonter la perte et à « profaner le malheur », non pas pour l’oublier mais pour l’immortaliser (p28). Et cette femme elle va le bousculer à la descente d’un taxi. Est-ce elle, Lydia, qui sera l’élue ? Elle aussi depuis 6 mois survit après la perte d’une enfant, elle erre également dans la vie afin de lui trouver un sens. Ces deux êtres vont égrainer les heures, confronter leurs blessures mais aussi leurs façons de surmonter la douleur, leurs visions de celle-ci mais également de l’amour, de l’âge, du couple et peut-être se donner une chance, comme on monte sur un radeau pour rejoindre la terre ferme, celle d’un nouveau départ, d’un espoir, mais comment encore aimer quand ce que l’on a de plus cher vous a été ôté et l’autre ne prendra-t-il pas le visage de ce qui n’est plus.
Nous pouvons échouer, vous et moi : je sais qu’il est difficile de faire un navire de haute mer avec les débris de deux naufrages. (p78)
J’ai retrouvé Romain Gary, son tempérament slave, cette fougue au cœur tendre, ce colosse parfois clownesque, qu’il revêt à nouveau le costume de pilote de ligne (encore une fois) pour arpenter les méandres du couple, dans sa fusion et sa survivance au-delà de la mort et de l’amour. C’est à la fois une nuit de folies (oui au pluriel) mais également une nuit baignée de tristesses, semée de départs de toutes sortes, d’ivresse, d’alcool à côtoyer des personnages que seule la nuit, la solitude peuvent vous aider à traverser. Chacun a ses blessures, ses souffrances et l’auteur prend le parti de désacraliser la perte, la mort sous un aspect loufoque mais qui ne trompe finalement personne.
Le rire, c’est parfois une fois une façon qu’a l’horreur de crever. (p109)
Sa rencontre avec Lydia est-elle totalement fortuite ou est-elle envoyée par Yannik comme messagère pour devenir celle qui peut non pas consoler mais faire perdurer leur amour ? Deux souffrances peuvent-elles déboucher sur un bonheur ? Peut-on renouer avec l’amour au mi-temps de sa vie, quand le corps se transforme, quand le cœur doute ?
La lumière du jour venait fouiller son visage, et qu’elles m’étaient chères, ces traces de roues, ces pâleurs bistrées, ces rides ! (p146)
Comme dans La promesse de l’aube, La vie devant soi , il décide de le traiter toujours entre ironie et tristesse avec un style inimitable, mais ici il ne dupe pas le lecteur car cela transpire de désespoir. Quelle audace d’aborder l’amour et le couple à travers la plus tragique des promesses, celle d’aimer encore et toujours, quelle audace de confronter son héros à une femme qui a perdu un enfant dont elle fait porter la responsabilité à son époux même si, elle le sait, c’est injuste, mais parce qu’il faut un responsable et qu’ainsi la mort est plus supportable.
Mais Romain Gary est un virtuose qui n’a pas froid aux yeux et ne tremble pas dans l’expression des sentiments. Cela ressemble à une nuit, la plus longue des nuits, où les visages se révèlent, où les sentiments se mettent à nu avec ce qu’il faut parfois de grotesque révélant les multiples facettes de l’auteur, jonglant avec les pensées de Michel qui reviennent toujours à Yannik et celles qu’il partage avec ses compagnons de hasard, sans omettre les dialogues qui rendent l’ensemble très vivant même si la mort, la perte et l’absence sont omniprésents.
La fin d’un amour quand la mort d’une manière ou d’une autre, surgit. Comment survivre ? Qu’attendre de la vie ? Une ou des tragédies vécues de manière différente, mises face à face comme les deux protagonistes avec chacun leurs arguments, leurs espoirs ou leurs défaites. C’est une nuit passée avec Romain Gary que l’on ne peut oublier grâce à une plume trempée dans l’encre noire des ténèbres de l’amour.
J’ai beaucoup aimé.
Une fois encore Romain Gary m’a à la fois émue et enchantée…
Le narrateur, Michel, nous raconte la nuit où Yannick, la femme qu’il aime passionnément et à laquelle le lie une relation fusionnelle, a décidé de se donner la mort avant que le cancer qui la ronge ne la réduise à une longue agonie, puisqu’elle a "trop le goût de la plénitude pour accepter de lécher les restes dans l’assiette". Elle a souhaité le faire seule, pour laisser à Michel le seul souvenir des belles choses, et l’a, surtout, exhorté à trouver une autre femme, une sœur inconnue avec qui faire vivre la part d’elle qui l’habite, prolonger la jouissance de ce bonheur dont ils étaient à la fois les acteurs et les réceptacles, et envers lequel ils sont redevables, car "la plus cruelle façon de l’oublier serait de ne plus aimer". Il s’agit d’entretenir la flamme de leur passion pour sauver ce qu’ils ont été de plus beau, de faire survivre non pas tant Yannick que l’idée même de l’amour, de ne pas briser l’élan qui les a unis, portés, d’en faire profiter une autre pour le garder vivant, et en même temps de sauver Michel qui, elle le sait, ne pourra pas vivre sans elle.
"Dépense-moi, donne-moi à une autre."
Aussi, lorsqu’il tombe, littéralement, sur Lydia, qu’il bouscule en sortant d’un taxi, et devine à son regard la détresse qui la hante, il s’accroche à cette femme elle-même dévastée par la mort récente d’un enfant dans un accident, dont son mari a quant à lui gardé de lourdes séquelles psychiatriques.
Au cours du périple nocturne empreint d’un désespoir fébrile qui s’ensuit, Michel et Lydia se rapprochent, confrontent leurs douleurs, lui presque exalté par la grandeur de la mission que lui a confiée Yannick, elle circonspecte et triste face à l’étrange contrat que lui propose Michel, refusant de n’être que la dépositaire du souvenir d’une autre, estimant que c’est trop haut pour elle, cette "haute lutte, sorte de combat sauvage pour l’honneur humain", par moments tentée par l’échappatoire que laisse entrevoir le fou projet de Michel, mais trop embourbée dans le prosaïsme de son malheur pour répondre à son ardeur.
L’errance de Michel dans la nuit parisienne nous fait aussi croiser dans un cabaret un curieux Señor Galba, artiste et malade en sursis dont le spectacle consiste à unir un caniche et un chimpanzé le temps d’un pathétique paso doble, rencontre qui exhausse la dimension à la fois mélancolique et cocasse du récit. Et c’est bien ce qui fait l’immense richesse de ce texte beau et émouvant, cette alliance entre intensité -sans tomber dans le dramatisme- et dérision, entre absurdité et désespoir, l’auteur maniant l’humour comme pour compenser un éventuel excès d'emphase -pourtant inexistant- et replacer ses héros dans le prisme d'une vulnérabilité somme toute humaine, mais que vient faire parfois oublier la grandeur d'émotions qui à la fois les élèvent et les dépassent.
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