La main de l'auteur et l'esprit de l'imprimeur: XVIe-XVIIIe siècle
4.29 / 5
(7 notes des lecteurs Babelio)
Résumé éditeur
Tout comme l'histoire, la littérature est attachée à la résurrection des morts. Souffle inspiré de l'épopée, minutie narrative et descriptive du
roman historique, ou bien réincarnation des acteurs de l'histoire sur la scène du théâtre - certaines oeuvres de fiction donnent au passé
une présence souvent plus forte que celle proposée par les livres des historiens. Mais Roger Chartier nous met en garde : lorsqu'il les lit, l'historien ne doit jamais oublier l'historicité de ces oeuvres et leur mode de circulation. Si le XVIIIᵉ siècle fonde la littérature sur l'individualisation de l'écriture, l'originalité des oeuvres et le sacre de l'écrivain, il n'en allait pas du tout de même auparavant : fréquence de l'écriture en collaboration, réemploi d'histoires déjà racontées, lieux communs partagés, formules répétées, ou encore, continuelles révisions et continuations de textes jamais clos. C'est dans ce paradigme de l'écriture de fiction que Shakespeare a composé ses pièces et que Cervantès a écrit Don Quichotte, à une époque de faible reconnaissance de l'écrivain comme tel : ses manuscrits ne méritaient pas conservation, ses oeuvres n'étaient pas sa propriété et ses livres, dans leur matérialité (ponctuation, divisions
internes, paragraphes, etc. qui en fixaient le sens), étaient d'abord l'oeuvre des correcteurs, des typographes et de l'imprimeur. Lecteur
des textes littéraires, l'historien se doit plus que jamais de savoir faire la part entre la main de l'auteur et l'esprit de l'imprimeur.
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