Le pont des soupirs
  • Date de parution 04/09/2008
  • Nombre de pages 736
  • Poids de l’article 788 gr
  • ISBN-13 9782710330028
  • Editeur TABLE RONDE
  • Format 220 x 138 mm
  • Edition Grand format
Anglo-Saxon Romans étrangers

Le pont des soupirs

3.92 / 5 (107 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Louis C. Lynch, dit Lucy, n'a jamais quitté Thomaston, une petite bourgade proche de New York. Très attaché à sa ville, il dirige en famille un "empire" de petits commerces. La soixantaine venue, tandis que son épouse Sarah organise leur voyage à Venise, Lucy met la dernière touche à l'histoire de sa vie. Une existence marquée par un drame d'enfance, et des démons qui le hantent encore. " Très peu d'écrivains sont aujourd'hui aussi généreux que Richard Russo. Il crée des mondes. Il nous les impose. C'est tout. C'est énorme. " Frédéric Vitoux, Le Nouvel Observateur Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre

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  • Date de parution 04/09/2008
  • Nombre de pages 736
  • Poids de l’article 788 gr
  • ISBN-13 9782710330028
  • Editeur TABLE RONDE
  • Format 220 x 138 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

C'est avec confiance que je me suis installée dans "Le pont des soupirs", anticipant le plaisir que ne manquerait pas de me procurer l'auteur du "Déclin de l'Empire Whiting", de "A malin, malin et demi" et d'"Un homme presque parfait", que j'ai tant aimés... et je dois avouer que mon enthousiasme est vite retombé, ma lecture se révélant, sur les deux-cent-premières pages de ce titre qui en compte au total plus de huit-cent, poussive voire ennuyeuse.


La faute, en partie, à Louis C. Lynch, dit "Lucy"…


Mais avant de nous attarder sur le personnage central de l'intrigue, plantons son environnement.


Thomaston, dans l'état de New-York, est une morne bourgade de province, dont l'économie périclite depuis la fermeture des tanneries qui en ont fait la richesse, et furent par ailleurs à l’origine, en déversant leurs déchets toxiques dans la rivière Cayoga, d’un taux anormalement élevé de cancers parmi la population. Pour ceux qui comme moi, ont découvert Richard Russo avec les titres évoqués ci-dessus, cette entrée en matière procurera un sentiment de déjà-vu, Thomaston ressemblant à s’y méprendre à North Bath ou à Empire Falls... Et je crois que j'aurais aimé que Richard Russo me surprenne un peu en m'emmenant dans un autre contexte. Il différencie toutefois Thomaston de ses consœurs, en insistant sur la manière dont la fracture sociale s'est matérialisée dans sa géographie urbaine. Séparés par la bien-nommée Division Street, les quartiers de la ville, strictement délimités, déterminaient il y a quelques années encore avec une certaine précision le niveau de richesse de leurs habitants avec, du bas en haut de l’échelle, l’East End, le West End, et enfin le Borough, qui fut notamment le fief, des décennies durant, des propriétaires des tanneries. Le quartier de La Colline enfin, était considéré comme étant à part, puisque c’est là que vivait la population noire…


Bien. Revenons maintenant à notre héros. Fils d’un livreur de lait et d’une comptable, Louis C. Lynch, passe une partie de son enfance, modeste, dans l’East End, avant de déménager de l’autre côté de Division Street. Le père, dans un élan d’optimiste insouciance dont il est coutumier, commet un jour une folie en rachetant "Chez Ikey", l'une des deux petites épiceries du quartier. Au fil du temps, les Lynch, grâce au pragmatisme éclairé et tenace de Tessa, la mère, non seulement feront de ce modeste commerce une affaire rentable, mais le placeront au centre de leur vie, oasis d’entraide, de convivialité et de bienveillance où quelques autres trouveront leur place. Adulte, marié à Sarah, père d’un fils devenu un homme, Louis C. Lynch, à la tête de trois épiceries, vit dorénavant dans le Borough, ce dont ses parents n'auraient osé rêver. Il faut dire que le quartier est devenu plus accessible depuis la récession économique qui a plus ou moins nivelé les disparités sociales de Thomaston.


Arrivé à la soixantaine, à quelques semaines d’un voyage à Venise, il éprouve le besoin, pour apaiser l’angoisse que suscite cet événement plus qu’il veut bien l’admettre (précisons qu’il n’a jamais quitté sa ville natale), d’écrire ses "mémoires", consacrées pour une bonne partie à son enfance. Elles sont l’occasion de faire ample connaissance avec ce personnage, dont les principaux traits de caractère sont une gentillesse et une indécrottable naïveté. Chez les Lynch on est gentil de père en fils, le grand, costaud et débonnaire Big Lou ayant transmis à fiston cet optimisme et cette innocence qui le font passer pour vaguement idiot aux yeux de certains, et le rendent souvent exaspérant pour sa femme Tessa qui a quant à elle la tête bien plantée sur les épaules. Ce sont des individus sans malice, dénués de toute curiosité et de toute ambition, naturellement persuadés de la bienveillance du monde et confiants dans la grandeur d’une Amérique qui donne sa chance à tous. Leur but ultime réside dans l’absence de tout changement au sein de ce long fleuve tranquille qu’est leur vie. On les dirait presque asexués, tant ils semblent étrangers à tout désir charnel, à toute passion… Bref, tout prédisposait à faire de Louis C. une tête de turc, et cela commence dès la maternelle, lorsque la maîtresse, faisant l'appel, le nomme "Lucy", suscitant les moqueries, et l'affublant sans le savoir d'un sobriquet qui lui restera collé à la peau des années durant... Souvent malmené par les caïds de cours de récrés, Louis en gardera une hantise de la violence et de tout bouleversement dont il se protégera en coupant le contact avec le monde, lors d'absences mentales suscitant l'inquiétude maternelle.


On comprend dès lors sa fascination pour Bobby Marconi, camarade d’école tête brûlée, courageux, premier rejeton d'une famille très nombreuse et dysfonctionnelle, que le hasard met sur sa route à plusieurs reprises avant de l’en retirer, donnant le sentiment à Louis de passer sa vie à dire adieu à son ami, dont la dernière "fuite" remonte à quarante ans auparavant. Après avoir parcouru l’Europe, le peintre célèbre mais provocateur qu'est devenu Bobby s'est installé à Venise, où il vit toujours. Louis et Sarah, qui l'ont averti par lettre de leur prochain séjour dans sa ville d'adoption, n'ont jamais eu de réponse, malgré les liens très forts qui les ont tous trois unis dans leur jeunesse...


La gentillesse de Louis, ainsi que l'amour et l'admiration sans bornes qu'il voue à son père -au dépens d'une mère plus réaliste et plus dure, bien qu'aimante-, certes touchants, m'ont à vrai dire laissée froide. Les gentils, c'est sympa dans la vraie vie, mais en littérature, j'attends des personnages, si ce n'est de la flamboyance, un minimum de complexité, de noirceur ou de passion.. Et puis le caractère de Louis ne se prête guère à cette ironie et à cette moquerie tendre mais aussi féroce qui font le sel des titres de Russo cités plus haut. Avec ce "Pont des soupirs", j'ai eu l'impression qu'il n'avait gardé que la tendresse, et le résultat est assez terne, notamment dans la première moitié du roman que j'ai trouvée douloureusement longue (sans la perspective de la lecture commune, je ne suis même pas certaine que j'aurais persévéré).


Heureusement, ça s'est arrangé par la suite, lorsque, avançant dans son récit et abordant la période de sa vie (à la fin de l'adolescence) où Louis trouve l'amour en la personne de Sarah, et renoue avec Bobby, de retour après un séjour en pension, il laisse entrevoir ses failles. L'aveu de ses omissions et de ses mensonges -bien que souvent inoffensifs- révèlent alors sa terreur de la perte, qui le pousse à une certaine forme d'égoïsme. A force de vouloir que rien ne bouleverse l'existence étriquée mais tranquille qu'il s'est bâtie, Louis C. a tendance à brider, par chantage affectif, les aspirations de ses proches qui ne correspondent pas aux siennes. Même sa naïveté n'est finalement qu'une forme de lâcheté, une carapace protectrice contre les éventuels remous du monde. Et puis j'ai apprécié de passer davantage de temps, dans cette seconde partie, avec Bobby et Sarah, que la rage ou la mélancolie héritées d'un environnement familial chaotique, rendent plus ambivalents et par conséquent plus intéressants.


En balayant près de cinq décennies de la vie de ses héros, l'auteur aborde des thèmes qui lui sont familiers, et propres à interpeller chacun de nous : la difficulté à faire des choix et les regrets qui parfois en découlent ; la lutte entre la tentation de l'immobilisme et les perspectives qu'ouvrent la prise de risques ; ce qui nous construit, entre hasards et responsabilité individuelle ; ce que l'on sacrifie pour ne pas être seul... Malheureusement, l'intérêt que présente leur traitement se dilue dans les trop nombreuses longueurs du texte, qui, enrichi de l'humour sarcastique que sait pourtant très bien manier Richard Russo, aurait par ailleurs été plus percutant.


Dommage...

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