Psychologie clinique et projective, n°35 : Cliniques singulières, contributions des épreuves projectives

Diversité, virtualité acharnée de nos modes de communication et de relation, violence décomplexée et haine de l'autre dans un contexte politique et environnemental de plus en plus complexe et fragile semblent bien définir les nouvelles modalités de relations intersubjectives. A travers les revendications individuelles, groupales, politiques et religieuses, elles révèlent de nouvelles formes d'inadaptations comportementales, d'attitudes et d'expressions émotionnelles, de manières de penser dont les retombées sur la vie psychique déstabilisent les rapports à la réalité du monde, aux relations aux autres et à soi-même.Elles ne sont pas alors sans questionner cliniciens et chercheurs sur leurs effets intrapsychiques. Freud n’insistait-il pas sur le fait que « Dans la vie psychique de l’individu pris isolément, l’Autre intervient régulièrement en tant que modèle, soutien et adversaire, et de ce fait la psychologie individuelle est aussi d’emblée et simultanément une psychologie sociale » ? (1921). Ce qui engage à penser les multiples ancrages des identifications et leurs destins.En confrontant les professionnels à des fonctionnements psychiques et des pathologies difficilement appréhendables par la parole au cœur du lien clinique classique, et en s'exprimant dans des contextes sociologiques complexes et sensibles, ces cliniques contemporaines appellent dès lors à la pertinence du recours aux médiations projectives. Tout en faisant retour sur l’histoire et leur contexte de création, ces épreuves classiques ou créatives, éclairent et autorisent alors l’analyse de ces situations énigmatiques qui emmènent parfois cliniciens et chercheurs dans des expériences de bien inquiétante étrangeté.Ce numéro de la revue Psychologie Clinique et Projective se propose d'ouvrir quelques-uns de ces champs diversifiés, en quelque sorte « à la marge », et de les aborder sous le double angle de la recherche, clinique et méthodologique.