
La baignoire de Staline
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Deuxième polar au Seuil pour Renaud Lyautey mais aussi le dernier puisqu’il est mort au printemps dernier, bien avant la sortie de son roman. Ce diplomate français avait été en poste comme ambassadeur en Géorgie et il a fait de ce pays mal connu le théâtre de son histoire.
“Tbilissi, capitale de la Géorgie, terre natale de Staline. Un ressortissant français est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriott. Avant qu’un scandale n’éclate, René Turpin, à l’ambassade, est mandaté pour assister les inspecteurs locaux. L’enquête les mènera sur les traces du dictateur et d’une immense ville balnéaire abandonnée…”
D’emblée, si vous cherchez un polar d’investigation ou un thriller, il vaudra mieux oublier ce roman. Ressemblant un petit peu plus à un polar que Les saisons inversés, son précédent polar, on est quand même assez loin de ce qu’on pourrait s’attendre à la lecture du résumé de l’éditeur. Certes, Lyautey utilise la trame du polar, il mène une investigation qui ressemble plus quand même à une déambulation dans le pays pour ce diplomate chargé de l’enquête et son partenaire flic géorgien qui aurait une reconversion assurée au guide du Routard vu sa connaissance pointue de son pays. Mais, ils ne coinceront jamais le tueur malgré l’identification des commanditaires et coupables.
Le rythme du récit s’avère lent, un peu à l’image des romans d’espionnage dont il est plus proche. Outre une découverte “touristique” du pays, Lyautey s’intéresse aux spectres de l’ère soviétique souvent encore très, trop, visibles et montre comment les Russes sont toujours très, trop présents. L’actualité est sur l’Ukraine en ce moment et on a tendance à oublier que la Géorgie, ancienne république soviétique elle-aussi, a été envahie la première en 2008 et que 20% de son territoire est toujours entre les mains crochues des Russes. Poutine invoqua à l’époque les mêmes motifs et utilisa les mêmes techniques de guerre qu’en Ukraine…
Enfin, tous ceux qui se souviennent de l’histoire des “Cinq de Cambridge”, groupe d’étudiants britanniques qui devinrent agents soviétiques durant les années 60 et firent beaucoup de mal aux services de sa Majesté, liront de belles pages sur le plus célèbre d’entre eux Kim Philby et sur ses désillusions lorsqu’il rejoignit le paradis communiste.
Roman intelligent assurément mais qui aurait plus sa place en littérature blanche, l’aspect policier étant juste un moyen de créer un poil de suspense pour un roman qui vaut pour sa vision géopolitique de ce coin du globe particulièrement agité actuellement.
Quatrième de couverture
Tbilissi, capitale de la Géorgie, terre natale de Staline. Un ressortissant français est retrouvé mort dans des conditions suspectes à l’hôtel Marriott. Avant qu'un scandale n'éclate, René Turpin, à l’ambassade, est mandaté pour assister les inspecteurs locaux. L’enquête les mènera sur les traces du dictateur et d'une immense ville balnéaire abandonnée...
Mon avis
Ce roman est le second titre de l’auteur et malheureusement, il n’y en aura pas d’autres car Renaud S. Lyautey est décédé au printemps 2022 d’une maladie foudroyante. Il a été diplomate, et fut ambassadeur en Géorgie (2012-2016), ex-république de l'Union soviétique, lieu où il situe son histoire. C’était un homme cultivé, curieux de tout, respectueux des autres et ouvert.
Ce roman fait la part belle à l’espionnage et à la politique. La Géorgie est indépendante mais toujours sous influence russe et les relations sont tendues car ce territoire est situé en bord de Mer Noire et les russes aimeraient y accéder plus facilement. La couverture représente un timbre soviétique à l'effigie de Kim Philby (1912-1988), un espion double ou triple selon les sources. On se doute bien qu’il va apparaitre dans le récit, même si celui-ci se déroule en 2009.
Dans un hôtel de Tbilissi, le corps d’un jeune doctorant français, Sébastien Rouvre, est découvert. Après une courte enquête, il est établi qu’il y a eu mise en scène pour faire croire à tout autre chose que la vérité : un assassinat. René Turpin, conseiller à l’ambassade de France est mis dans la confidence pour suivre cette affaire avec le consul et un collègue. Il pourra également communiquer avec les policiers chargés des investigations, dont l’inspecteur Nougo Shenguelia, diplômé de Saint-Cyr. C’est entre autres, ces deux-là que nous allons suivre dans leurs rencontres, leurs réflexions, leurs déductions, leurs questionnements ….
Sébastien, en plus des recherches pour sa thèse, donnait des cours particuliers aux enfants de Monsieur Berichvili, un homme qui s’est enrichi d’une manière un peu particulière que je vous laisse découvrir. Bien entendu il ne sait rien… Mais n’aurait-il pas malgré tout un lien avec cet événement morbide ?
Turpin et Shenguelia sympathisent, on pourrait même écrire qu’ils s’épaulent. Ils veulent comprendre pourquoi ce français a été tué, d’autant plus que d’autres faits dramatiques se produisent. Qu’avait-il pu découvrir de dérangeant pour que certains aient voulu le réduire au silence ? Sébastien avait une vie bien remplie et de nombreux contacts…. L’enquête emmène Turpin dans différents endroits du pays où s’était rendu Rouvre. Certains sont totalement abandonnés, est-ce que des ruines peuvent apporter des pistes de compréhension ?
Les indices donnés au fur et à mesure des chapitres nous permettent d’avancer mais rien ne se devine vraiment car il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. Le mélange espionnage, politique, enquête, et étude d’un pays est particulièrement réussi. On sent que l’auteur aimait la Géorgie, qu’il connaissait bien son passé, ses influences, ses angoisses face aux « voisins » et à l’avenir. Sans doute parce qu’il travaillait dans des ambassades, il avait un sens aigu de l’observation des rapports humains. Il les présente avec doigté, cherchant des explications aux réactions et agissements des uns et des autres. Cela offre un angle de vue différent sur tout ce qui se passe. On s’attache à beaucoup de personnages, on sent la peur de ceux qui sont en galère, la nécessité pour eux de se faire discret, de ne pas trop en dire…
J’ai énormément apprécié cette lecture. D’abord parce que j’ai appris plein de choses (il y a un fond historique intéressant). De plus l’atmosphère est particulièrement bien retranscrite et les descriptions sont fines et détaillées (lorsque l’auteur parle des repas, on s’y croirait). Tout est fluide et captivant, l’écriture vive ne laisse la place à aucun temps mort. C’est plaisant à lire et surtout captivant.
En fin d’ouvrage, un magnifique hommage des parents de Renaud à leur fils.
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