Le Chant de l'assassin
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l’avis des lecteurs
Quatrième de couverture
1972. Condamné pour meurtre, derrière les barreaux depuis plus de vingt ans, Evan Riggs n'a jamais connu sa fille. Le jour où son compagnon de cellule, Henry Quinn, un jeune musicien, sort de prison, il lui demande de la retrouver pour lui donner une lettre. Lorsqu'Henry arrive à Calvary, au Texas, le frère de Riggs, shérif de la ville, lui affirme que la jeune femme a quitté la région. Mais Henry s'entête.
Mon avis
Un douloureux vibrato exceptionnel
« Le chant de l’assassin » est tout simplement magnifique, et chaque paragraphe est sublimé par l’écriture envoûtante de l’auteur. Il y a un je ne sais quoi qui fascine, vous fait pénétrer dans l’histoire et vous englobe tout entier avec les protagonistes. Son style vous prend aux tripes et en quelques lignes vous faites corps avec ce que vous lisez. Il nous enchante, nous fait vibrer. Merci aux traducteurs.
Nous sommes en 1972 et Henry, vingt et un ans, qui a passé un peu plus de trois ans en prison sort avec une mission : remettre une lettre à la fille de son codétenu : Evan, qui lui est condamné à plus de vingt ans d’enfermement et ne sortira jamais. Le jeune Henry considère que sa rencontre avec Evan est exceptionnelle, ils ont parlé musique (le plus vieux a sorti un disque, l’autre devait le faire avant d’être incarcéré), lecture, se sont compris à demi-mots et sont devenus, contre toute attente, très proches, le plus âgé protégeant l’autre. Aussi, il a bien l’intention de remettre cette missive à qui de droit. Il se rend donc à Calvary, au Texas, où Carson, le frère d’Evan est shérif. Il ne lui faudra pas longtemps pour comprendre qu’une espèce d’omerta règne sur la ville. Tout est calme, trop calme, le lieu est dirigé par l’homme à la main de fer. Il semble avoir beaucoup d’emprise sur les habitants, comme si certains avaient peur de celui qui détient la loi, étonnamment, depuis plusieurs mandats. Henry sent qu’il n’est pas le bienvenu, qu’il n’obtiendra aucun renseignement mais il ne lâche pas l’affaire, lié par la parole donnée et l’honnêteté qu’il met dans tout ce qu’il entreprend. Il ne sait pas dans quoi il s’engage, quels risques il prend mais il le fait parce que, pour lui, cela ne peut pas être autrement.
La narration se fait sur deux périodes : l’enfance d’Evan jusqu’au drame qui le conduit au pénitencier et en parallèle, le présent avec les recherches d’Henry. On découvre les rapports tumultueux entre Carson et Evan, la jalousie du premier, le besoin de vivre tout à fond du second. Cette nécessité le poussant de temps à autre sur des chemins de traverse où il se perd… On voit combien le passé pèse sur le présent, combien l’enfance influence ce que deviennent les hommes, combien les non-dits sont source de malentendus….
Henry et Evan ont des points communs. On ne peut pas dire que l’histoire se répète mais il y a un petit quelque chose qui fait que leurs destinées sont différentes de la norme. Tout ce qu’ils approchent peut devenir brûlant ou scintillant, à la fois dangereux et merveilleux. Les rencontres qu’ils font, et surtout ce qu’ils en font, ont une importance capitale. Rien n’est anodin avec eux. Lorsque R.J Ellory parle d’eux, il le fait avec passion, il va jusque dans les tréfonds de l’âme humaine, analysant, avec une finesse extrême, chaque émotion, chaque bouleversement des hommes. LA galerie de personnages est précise, complète, chacun avec sa part d’ombre et pour certains, de lumière, et ces individus complètent parfaitement l’intrigue.
C’est un roman d’atmosphère, puissant, porté par une désespérance qui sourd entre les lignes. Il y a une forme de lenteur qui ne pèse pas car chaque mot, chaque phrase veut dire quelque chose. Le style est profond, reprenant les tourments des uns et des autres avec des termes qui frappent en plein cœur. L’histoire se déroule avec son lot de rebondissements, d’interrogations, de pudeur et d’exposition.
C’est noir, c’est beau, c’est sublime et poétique. Lisez cette pépite littéraire et vous ne le regretterez pas, c’est un des meilleurs titres de l’auteur !
R.J. Ellory écrit mais il chante aussi ! En témoigne le nom de son groupe : The Whiskey Poets, qui sert de titre à une chanson évoquée dans ce dernier roman. ICI
Henri Queen sort du pénitencier du Comté de Reeves où il a purgé une peine de trois ans suite à un accident stupide. Il doit sa survie dans ce milieu hostile et violent à Evan Riggs, son ex-codétenu, condamné à perpétuité pour meurtre, qui dans une autre vie fut une star naissante de musique country trainant une réputation d’ivrogne patenté et d’homme à femmes. C’est pourquoi, lorsque Evan confie à Henry une lettre qu’il lui demande de remettre à sa fille, le jeune homme met un point d’honneur à respecter sa promesse. Seulement, retrouver la file en question s’avère plus compliqué et surtout bien plus dangereux que prévu. Sarah n’a jamais connu son père. Elle a été adoptée peu de temps après sa naissance, par une famille dont Evan ignore tout. Il envoie Henry tenter d’obtenir des informations auprès de son frère Carson, qui fut tuteur de sa nièce. L'homme est le shérif de Calvary, leur bourgade natale, dans le West Texas.
Dès son arrivée, l’ambiance étrange et vaguement inquiétante qui imprègne la ville provoque chez Evan une sorte de malaise. Il y plane un relent nauséabond de secret, qui semble lié à l'emprise du shérif Carson Riggs sur l'ensemble de la communauté. Mais il y fait aussi la connaissance d'Evie, jeune fille déroutante, qui n'a pas la langue dans sa poche, pleine de franchise et de vitalité, et fermement décidée à l’aider dans sa quête.
Ça tourne assez vite au vinaigre. Le frère d’Evan non seulement nie avoir exercé sa tutelle sur Sarah, mais prétend de plus ignorer où elle vit, et sous quel nom. Et lorsque Henry, courtois mais têtu, persévère malgré tout dans son enquête, il se montre clairement menaçant, avec comme résultat d’exciter encore davantage la curiosité de nos détectives amateurs.
Il faudra de la patience pour découvrir le fin mot de l’histoire, résultante d’anciens et sombres secrets dont les fils forment une toile liant de multiples protagonistes. L’intrigue se déroule lentement, au gré d’allers-retours entre passé -focalisés sur l’enfance des frères Riggs dont les relations sont compliquées par leurs personnalités contradictoires- et présent, le lecteur assemblant en même temps que le duo Henry-Evie les pièces au départ opaques d’une vérité qui devient de plus en glaçante à mesure qu’elle se fait jour.
Pour autant, l’ennui n’est jamais au rendez-vous, l’intérêt du roman résidant autant dans le chemin qui y mène que dans la résolution même de l’énigme.
On pénètre au cœur des familles, dans l’intimité d’individus entraînés dans l’implacable engrenage mis en branle par leurs erreurs et leurs manquements, qui fatalement finissent par les plonger dans les affres de la culpabilité et du remords. On mesure avec effroi comment le pouvoir peut être mis au service de l’infamie, quand il est entre les mains d’hommes poussés par la cupidité ou le désir de vengeance.
Les ivresses y sont tristes et mauvaises, le salut souvent inatteignable, mais on y croise aussi de beaux personnages (notamment féminins) entiers, aussi investis dans leurs passions que dans leurs errements, qui donnent du souffle à l’intrigue, et colorent parfois les dialogues d’un humour percutant et salvateur car, il faut bien le dire, l’ensemble est quand même bien plombant.
Je me suis immédiatement installée dans la lecture, retrouvant avec grand plaisir la capacité de R.J. Ellory à donner au lecteur l'impression de l'écouter raconter son histoire.
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