Les jeunes et la guerre d'Algérie

TTT - Très Bien "Avoir 20 ans dans les Aurès… En 1972, le film pionnier de René Vautier portait à l’écran la rencontre tragique, et malheureusement toujours d’actualité, de la jeunesse et de la guerre. Cinquante ans après, l’essai de Paul Max Morin, issu d’une thèse de doctorat et dédié « aux jeunes et à ceux qui le restent », renouvelle avec originalité l’approche du sujet, à travers une analyse de la mémoire du conflit algérien, telle que la porte la jeunesse française d’aujourd’hui. Surpris par le « boomerang colonial », résurgence de la référence à la guerre d’Algérie dans le sillage des attentats islamistes de 2015 survenus en France, le politologue, chercheur au Cevipof, a mené une vaste enquête auprès de trois mille personnes âgées de 18 à 25 ans — 39 % des Français de cette tranche d’âge ayant un membre de leur famille concerné par cette histoire — et conduit une centaine d’entretiens avec des petits-enfants d’appelés, de pieds-noirs, de Juifs d’Algérie, de harkis, et de militants au FLN et à l’OAS. Un « kaléidoscope où se réfractent et se diffractent les figures de reconnaissance, les figures conflictuelles, les figures dissonantes », tout comme « les phénomènes de réappropriation, de déformation, de refoulement et de mythification auxquels la fabrique mémorielle ne peut échapper », comme le souligne la sociologue Anne Muxel dans l’avant-propos de l’ouvrage — qui fait suite à une préface de l’historien Benjamin Stora. En bonne compagnie, Paul Max Morin conclut qu’« il n’y aura pas d’affrontement entre d’un côté des descendants de colonisés imposant une flagellation historique à la France, et de l’autre des descendants de colons, solidement assis sur la fierté du passé ». Non, « la guerre des mémoires n’aura pas lieu dans la jeunesse française »…"