Rose Royal
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
Avant que Rose ne s’étiole
Le Prix Goncourt 2018 nous offre un court roman noir qui prouve une fois encore son formidable talent. Le portrait de Rose, quinquagénaire qui rêve d’un nouveau printemps, est aussi lucide que cruel.
Il paraît que pour un Prix Goncourt, il est très difficile de reprendre la plume. Il est vrai qu’après le formidable succès de Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu était très attendu. Avec Rose Royal qui, rappelons-le, n’est que sa troisième œuvre publiée, il se remet doucement en selle, dans un format court, qui par parenthèse permet à IN8, un éditeur régional (basé à Serres-Morlaàs dans les Pyrénées-Atlantiques) de s’offrir une plus grande visibilité.
Rassurons d’emblée tous ceux qui ont aimé ses précédents livres, sa plume est toujours aussi aiguisée, son regard sur la société toujours aussi percutant.
Nous avons cette fois rendez-vous avec Rose dans un café de Nancy. Au Royal elle a pris ses habitudes, s’offrant quelques verres avant de rentrer chez elle, commentant l’actualité avec le patron, croisant la coiffeuse et sa meilleure copine. Bref, elle n’attendait plus grand chose de la vie, même si son physique conservait quelques atouts: «Rose aurait bientôt cinquante piges et elle ne s’en formalisait pas. Elle connaissait ses atouts, sa silhouette qui ne l’avait pas trahie, et puis ses jambes, vraiment belles. Son visage, par contre, ne tenait plus si bien la route.»
En attendant un très hypothétique miracle, elle avait réglé sa vie sur ce rituel qui la mettait à l’abri d’une relation décevante, comme celles que les réseaux sociaux offraient et à laquelle elle s’était quelquefois laisser aller quand la solitude devenait trop pesante. Car après tout, elle ne s’en était pas si mal sortie jusque-là. «Rose s’était mariée à vingt ans. Elle avait eu deux mômes dans la foulée, Bastien et Grégory, et un divorce sans complication majeure.»
L’événement qui va changer son quotidien survient au Royal un soir où le patron a joué les prolongations. En milieu de nuit un homme y trouve refuge avec dans les bras le chien qui vient d’être victime d’un accident. Rose ne le sait pas encore, mais cet homme meurtri est son nouveau compagnon. Ensemble, ils vont faire un bout de chemin, chacun voulant croire à une seconde chance «ne sachant que faire de ce nouvel âge de la maladresse». Après quelques mois, Rose va choisir de quitter son emploi pour seconder Luc et emménager chez lui. Un choix réfléchi? La suite va prouver que non.
Dans une ambiance proche de Aux animaux la guerre, Nicolas Mathieu sait parfaitement installer ces petits détails qui montrent que la mécanique s’enraye, que la belle histoire est un vœu pieux, que peu à peu Rose entre dans «cette escroquerie de la dépendance». Avec un épilogue glaçant que je me garde bien de de dévoiler. En revanche, ce bonbon acidulé est parfait pour nous mettre l’eau à la bouche et faire encore grandir notre impatience de nous plonger dans le prochain grand format de mon compatriote lorrain !
C’est un rade tout en longueur, aux murs sombres, avec son long comptoir, ses tireuses à bière, son baby-foot et son billard. Son mobilier datant des seventies, en bois et skaï bleu, lui confère un aspect vieillot. C’est là que tous les soirs après le boulot, Rose vient boire une bière, qui sera à coups sûr suivie d’autres verres. Elle y est souvent rejointe par sa copine Marie-Jeanne, qui deux fois par semaine transforme le Royal en salon de coiffure.
Rose a bientôt cinquante ans, et si son visage accuse les marques des années et des nuits blanches, elle a gardé une belle silhouette, et des jambes galbées dont elle est particulièrement fière. Rose est une femme indépendante. Elle a été mariée, il y a bien longtemps, a eu deux garçons dans la foulée, puis a divorcé. Elle a toujours travaillé et n’a jamais eu besoin de personne. Elle vit seule, dort mal et ne fait plus de projets de vacances. Mais si elle aime le sexe et flirter, elle refuse de se laisser marcher sur les pieds par quiconque. Les expériences l’ont aguerrie et l’ont délivrée de toute illusion concernant les hommes. Depuis toute petite, elle a dû composer avec cette violence toujours possible, ce despotisme buté qu’ils brandissent pour venger leur impuissance, leur orgueil blessé.
Alors, pour ne pas se laisser surprendre, pour que "la peur change de camp", elle a acheté un revolver, un calibre .38 qu’elle garde dans son sac à main.
Puis elle rencontre Luc, et pense avoir enfin trouvé un homme différent des autres...
Nicolas Mathieu associe avec talent brièveté et richesse. On retrouve dans "Rose Royal" cet environnement auquel il nous a familiarisés dans ses romans, coins de France délaissés, où vivent des citoyens dont on parle peu, "considérés de haut par les médias, qui (font) la chair à canon et le sang des fabriques, le gros du public de TF1 et les chiffres de l’abstention", qu’il évoque avec autant de tendresse que de lucidité.
L’histoire de Rose est aussi l’occasion d’évoquer mine de rien l’air de notre temps, ces existences productives et empressées vampirisées par la vitesse et la marchandisation des rapports humains, et ce paradoxe qui fait cohabiter développement galopant des moyens de communication et accroissement de la solitude et de la misère affective.
Et c’est avec beaucoup de justesse qu’il évoque la difficulté à aborder cet âge de la vie auquel le célibat et les nouvelles possibilités de rencontres peuvent donner l’aspect d’une nouvelle adolescence, tout en devant composer avec le poids d’un vécu qui, s’il rend plus fort, peut aussi avoir incrusté des traumatismes et des inquiétudes inhibantes.
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Dans "La retraite", il est aussi question d’une arme. Si bien que je me suis demandé si Nicolas Mathieu avait écrit ces deux nouvelles en s’inspirant du principe dramaturgique de Tchekhov, qui écrivait : "Il ne faut jamais placer un fusil chargé sur scène s'il ne va pas être utilisé. C'est mal de faire des promesses que l'on n'a pas l'intention de tenir".
Le juge Wagner a été mis à la retraite pour sa propre sécurité, son action dans l’antiterrorisme ayant suscité des velléités de vengeance au sein de la mafia corse. Il n’attend plus grand-chose de l’avenir, traine sa silhouette lourde et fatiguée dans les rues de son quartier de Colmar en surveillant ses arrières et en s’assurant d’avoir toujours une arme dans sa poche, fume deux paquets de cigarettes par jour -mais il a réduit- et picole plus que de raison.
La frénésie du métier lui manque, il s’ennuie.
Et puis il rencontre Johann, un jeune de banlieue, issu d’un milieu modeste et fruste où l’on n’espère rien d’un avenir aux contours flous. Alors lui aussi il traîne, mais c’est pour goûter au risque et à la transgression, prenant le cours d’une trajectoire toute tracée… à moins que le vieux juge ne parvienne à la redresser ?
Un court texte aux accents de roman noir, qui bénéficie comme le premier de l’écriture à la fois fluide et percutante de Nicolas Mathieu.
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