Aux animaux la guerre
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l’avis des lecteurs
Où?
L’action se déroule en France, principalement dans les Vosges, «dans un tout petit patelin situé quelque part entre Bruyères, Corcieux et Saint-Dié», à mi-chemin entre Arches et Dinozé, vers Guménil, Géroménil, avec des escapades à Nancy et Strasbourg.
Quand?
Le roman est situé de nos jours
Ce que j’en pense
****
Nicolas Mathieu est un digne héritier des Manchette, Fajardie, Jonquet, Daeninckx, Pouy ou encore Marc Villard. Dans la meilleure veine du polar social, il nous décrit le quotidien sinistré d’une vallée vosgienne à l’heure de la désindustrialisation.
Pour son premier roman, il a choisi une construction audacieuse, en donnant tour à tour la parole à différents protagonistes.
La scène d’ouverture, qui se déroule à des centaines de kilomètres de là, donne le ton. Nous sommes en Algérie, pendant la sale guerre. C’est-à-dire à une époque où presque chacun pouvait tuer son voisin, quand la fin justifiait les moyens. Pierre Duruy est venu tenter d’exorciser les fantômes de cette époque sous le rude climat lorrain. Mais le traumatisme reste malheureusement bien vivant. Face à «l’horreur économique» qu’ils subissent, la plupart de ses voisins et collègues doivent aussi vivre avec leurs névroses.
Car tout le monde sait que l’usine – la seule industrie du coin – est en sursis. Martel, le syndicaliste et secrétaire du comité d’entreprise, est peut être le mieux placé pour comprendre ce qui se trame. C’est aussi la raison pour laquelle il essaie d’améliorer l’ordinaire avec des combines peu reluisantes. Un moyen comme un autre d’asseoir son autorité, par exemple sur Bruce, que l’on pourrait qualifier de sombre brute. Et dont la recette contre le désespoir est un cocktail composé d’alcool, d’anabolisants et de différentes drogues.
Rita fait en quelque sorte le lien entre le monde ouvrier et les dirigeants. Cette inspectrice du travail qui essaie de tirer un trait sur une vie de couple ratée est le témoin de l’exploitation des plus pauvres par tous ceux qui ont un peu ou beaucoup de pouvoir. Réaliste, elle sait toutefois qu’il ne sert à rien de pousser le bouchon trop loin, de peur de voir les emplois – si fragiles soient-ils – disparaître pour de bon.
Autour d’eux, la génération suivante, leurs enfants, n’est guère mieux lotie.
C’est dans ce contexte que l’idée de se rapprocher de la pègre pour faire bouillir la marmite entraîne les malheureux prolétaires dans une expédition à Strasbourg. Leur but ? Enlever une prostituée. L’opération va tourner au fiasco. Rita va recueillir la pute qui s’est échappée presque nue dans la neige…
Grâce à la construction choisie, qui donne la parole successivement aux principaux personnages, on vit littéralement au cœur de l’action et on comprend, si on ne les partage pas forcément, les raisons qui poussent les uns et les autres agir dans un univers aussi glauque qu’impitoyable. Une belle réussite pour un premier roman
Extraits
« C’était ça l’usine, un monde de peine et de réconfort, un monde qui n’avait cessé de rapetisser d’ailleurs, passant de plus de deux cent cinquante bonshommes à trois fois rien. Quarante qu’ils étaient désormais. Patrick aimait mieux ne pas penser à ce qu’il adviendrait si l’usine devait fermer. Les gars se connaissaient tous depuis l’enfance ou quasiment. Certains ouvriers avaient vu leur père travailler là avant eux, d’autres passaient la main à leurs fils. Par le passé, les patrons venaient vous cueillir à la sortie du collège, après le certif’, et il arrivait qu’on s’engouffre là-dedans jusqu’à la retraite. L’usine avait dévoré des générations complètes, survivant aux grèves, nourrissant les familles, défaisant les couples, esquintant les corps et les volontés, engloutissant les rêves des jeunes , les colères des anciens, l’énergie de tout un peuple qui ne voulait plus d’autre sort finalement. »
« Finalement Bruce eut un coup de pot. À moins que ce coin du monde soit si petit, ratatiné, consanguin qu’on ne puisse rien y perdre sans finir par retomber dessus. C’était déjà son sentiment quand il allait à Leclerc. On arrivait toujours par tomber sur une connaissance, un ancien copain d’école, une bonne femme qui connaissait votre mère, n’importe quoi. Ce bled n’avait pas de porte de sortie. » (p. 171)
Le pitch
Les Vosges, sous la neige et le froid. L’usine Velocia va fermer. Ce n’est pas tant qu’on l’aime cette usine, mais elle permet de faire tourner la baraque, de payer les traites et la maison de retraite de sa mère (ou presque). Bref, quand le plan social tombe, c’est la peur du déclassement qui pointe son nez. Et toute une galerie de personnages va être pris dans la tourmente. Un premier roman ambitieux et très bien mené où certains chapitres m’ont fait friser l’arrêt cardiaque.
Pourquoi je vous le conseille ?
Pour la construction chorale qui apporte un vrai souffle au récit et précipite la narration. Pour la qualité de la montée en tension parfois éprouvante dans certains chapitres particulièrement réussis. Pour la qualité de l’écriture : simple, directe et efficace. Car tous les personnages, même les plus secondaires, enrichissent la vision panoramique de l’intrigue et nourrissent le contexte. Premier roman très réussi d’un greffier devenu romancier. Et quel romancier !
UN AMBITIEUX RÉCIT CHORAL. Nicolas Mathieu construit son intrigue par les voix croisées d’une multitude de personnages qui se passent le relais d’un chapitre à l’autre. Certaines voix sont plus fortes que d’autres, mais le résultat est probant : ce point de vue omniscient est une des grandes trouvailles de ce roman noir social qui gravite autour d’une intrigue très bien construite.
CLAP DE FIN POUR LA CLASSE OUVRIÈRE. Plus de révolution à attendre. Plus de solidarité. On met la clé sous la porte et chacun repart, plus seul que jamais, vers un avenir bien noir et terne. Le propos n’est pas a priori d’une originalité absolue, mais l’art et la manière de Nicolas Mathieu apportent une grande force au récit. Colère des ouvriers licenciés, désespoir des familles, misère sociale et injustices sont évoquées sans détours et sans manichéisme.
LE DÉTAIL EN PLUS. « La Peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom)/Capable d’enrichir en un jour l’Achéron,/Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » De ces vers des Animaux malades de la peste, de Jean de La Fontaine, le romancier Nicolas Mathieu a tiré le titre et le fil rouge de ce premier livre.
Nicolas Mathieu utilise la fermeture de l'usine d'une bourgade des Vosges comme prétexte à l'élaboration d'une intrigue faite de destins croisés, dont la sombre tonalité plombe son récit d'une ambiance anxiogène.
Une usine qui ferme, ce sont des dizaines de familles laissées sur le carreau, dont les fins de mois seront encore plus difficiles à boucler.
C'est la perspective de l'enfoncement dans la médiocrité, le démantèlement du peu que l'on a construit.
C'est la bataille perdue d'avance entre la direction et les syndicats, qui permet au mieux de gagner une semaine, un jour de sursis.
C'est la nostalgie qui pointe déjà : malgré la pénibilité du travail, l'usine était comme un second foyer, où certains ont passé la majeure partie de leur vie adulte. On s'y est fait des camarades et parfois des ennemis, des souvenirs et des repères.
Une usine qui ferme, c'est aussi du temps à tuer pour ceux dont l'activité professionnelle canalisait les égarements, ordonnait le quotidien. L'auteur s'attarde sur certains d'entre eux qui, désormais en roue libre, s'acheminent vers de sérieux ennuis...
Martel, syndicaliste au passé sulfureux, est acculé par les dettes depuis qu'il doit assurer le financement du placement de sa vieille mère malade dans un établissement spécialisé. Contraint de rembourser l'emprunt qu'il s'est illégalement accordé à la caisse du syndicat, il n'a plus qu'une solution : accepter le boulot que lui propose Bruce, ce jeune collègue chez qui il suscite une étrange admiration. Il s'agit d'enlever, pour le compte de malfrats de la pègre strasbourgeoise, une prostituée. Une mission rendue d'autant plus hasardeuse que Bruce, dont les muscles dopés aux stéroïdes sont aussi volumineux que son intellect est limité, aggrave sa bêtise et sa maladresse par l'usage immodéré de stupéfiants.
Hormis ces deux quidam plutôt louches, vous croiserez dans "Aux animaux la guerre" une inspectrice du travail au caractère bien trempé et aux jambes interminables, un ancien membre de l'OAS finissant ses jours dans une ferme qui s'apparente à un dépotoir, une adolescente un peu trop délurée affolant les élèves gavés de testostérone du lycée professionnel où elle traîne une désinvolture à la limite de la vulgarité...
Nicolas Mathieu brosse ainsi une riche galerie de portraits qui oscille entre désespérance et morosité, composée de vrais salauds et de fausses victimes -à moins que ce ne soit l'inverse-, finalement des individus comme vous et moi, ni meilleurs ni pires que d'autres, des gens ordinaires en somme, que des circonstances extraordinaires et le poids d'un environnement grisâtre, d'une existence dénuée de toute perspective, amènent à exprimer des penchants parfois condamnables.
Pour autant, il ne s'attarde guère sur leurs états d'âme. Jouant la carte du "noir", il mise à ce titre davantage sur l'efficacité que sur la psychologie, ce qui ne l'empêche pas de doter ses héros d'une réelle consistance, en les plaçant dans des situations propres à révéler leurs failles, voire leur part de folie.
"Aux animaux la guerre" est un récit sous tension, qui donne l'impression constante que le pire est sur le point d'arriver. Sa lecture m'a également laissé l'étrange sentiment d'un roman sans début ni fin. Si l'annonce de l'arrêt de l'usine et sa fermeture effective cloisonnent temporellement l'intrigue, l'auteur évoque les existences de ses héros à la manière d'un photographe qui s'attarde sur un instant, nous laissant imaginer que, entamées avant les événements décrits, elle vont également continuer après.
Cela peut provoquer chez le lecteur une sensation d'inachèvement : l'auteur lance des pistes qu'il n'exploite pas toujours jusqu'au bout (je n'ai par exemple par compris l'intérêt du prologue qui se déroule une quarantaine d'années avant les faits décrits ensuite, et avec lesquels il n'a pas de réelle interaction), et semble laisser brutalement en plan certains de ses personnages...
Une usine qui ferme dans les Vosges, tout le monde s’en fout. Une centaine de types qui se retrouvent sur le carreau, chômage, RSA, le petit dernier qui n’ira pas en colonie cet été, un ou deux reportages au 19/20 régional et puis basta.
Sauf que les usines sont pleines de types dangereux qui n’ont plus rien à perdre. Comme Martel, le syndicaliste qui planque ses tatouages, ou Bruce, le body builder sous stéroïdes. Des types qui ont du temps et la mauvaise idée de kidnapper une fille sur les trottoirs de Strasbourg pour la revendre à deux caïds qui font la pluie et le beau temps entre Epinal et Nancy. Une fille, un colt 45, la neige, à partir de là, tout s’enchaîne. Aux animaux la guerre, c’est le roman noir du déclassement, des petits Blancs qui savent désormais que leurs mômes ne feront pas mieux et qui vomissent d’un même mouvement les patrons, les arabes, les riches, les assistés, la terre entière. C’est l’histoire d’un monde qui finit. Avec une fille, un colt 48, la neige…
Un sacré bout de temps que je ne m’étais pas penchée sur mon clavier pour écrire une chronique. Pourquoi ? La flemme peut être, le manque d’envie sans doute, mais plus sûrement le sentiment de ne rien avoir à dire sur ce que j’ai pu lire depuis des mois, une difficulté à aller jusqu’au bout d’un roman parfois…enfin bref, pour être tout à fait franche, rien de ce que je m'étais mis sous la dent ne m’avais vraiment enthousiasmé depuis quelques temps.
Et là…Bing ! Mieux qu’un baiser du Prince charmant, un premier roman écrit avec talent me réveille, me fait l’effet d’une douche froide, mais ô combien salutaire, et me donne à nouveau envie de raconter mes petites histoires. C'était il y a presque trois mois maintenant, j’en ai lu bien d’autres depuis, que je chroniquerai dans la foulée, mais c’est vraiment celui-ci qui a ravivé mon désir de lecture et l'envie de partager ce plaisir. Alors, quèsaco de ce miracle ?
D’abord il donne dans le mille, le roman noir social c’est mon péché mignon. Mais cette histoire va bien au-delà de ce simple constat. Certes on comprend très vite la violence de la situation, une usine qui ferme dans une région gagnée par la sinistrose et toute la désespérance qui accompagne chaque étape de cette descente aux abimes, mais le point fort de ce roman ce sont les personnages : forts, crédibles, des vivants se débâtant dans un marasme fait de désillusions et d’amertume.
Pour autant à aucun moment l’histoire ne sombre dans la facilité ou le pathétique. C’est un premier roman très ambitieux et il aurait été assez simple de s’abimer dans le misérabilisme. C’est méconnaitre les personnages qui se battent avec l’énergie du désespoir. L’auteur a un sens de l’analyse très aigu et tout en inscrivant cette histoire dans un réalisme social implacable, il donne une humanité et une sensibilité à ses protagonistes qui les rendent attachants même dans les péripéties les plus sordides.
C’est LE roman du quotidien qui se délite, des gens ordinaires qui pour certains vont se retrouver dans des situations bien glauques. C’est le roman des petits arrangements foireux, des histoires d’amour merdiques, le roman du « pas là au bon moment », des conjonctures désastreuses.
Parmi ce qui pourrait n’être qu’un répugnant marasme il y a pourtant plein d’espoir et de vie. Une tension présente tout au long du roman, la force de ceux qui malgré des circonstances malsaines et au milieu d’un environnement pourri, se tiennent debout ou tout du moins ont encore l’énergie d’y croire. Des gens comme vous et moi, qui font avec les moyens du bord, qui ne se battent pas à armes égales, mais qui ont en eux le ressort pour faire face. Tout est toujours sur le fil, menace de rompre à tout moment…un vrai numéro d’équilibriste. C’est un roman dense, une atmosphère lourde, des personnages qui ont perdus tous leurs repères mais qui, miracle du genre humain, continuent à y croire.
Le roman des couillons de la vie…mais quelle écriture flamboyante !
Le titre à lui seul est d'une grande force et fort bien choisi ma foi.
Nicolas Mathieu a reçu en novembre 2014 le Prix Erckmann-Chatrian et le Prix Mystère de la Critique 2015 pour ce premier roman.
J’en avais entendu parler, certains ici ont insisté, j’ai donc lu Aux animaux la guerre de Nicolas Mathieu. Merci à ceux qui ont insisté.
Quelque part dans les Vosges, un équipementier de l’automobile va fermer. Pas de quoi faire les gros titres. Qui s’y intéresse à part ceux qui vont rester sur le carreau et une inspectrice du travail ? L’hiver approche, le froid et la neige viennent plomber le ciel, et certains n’ont plus rien à perdre … Toutes les conditions sont remplies pour que les choses finissent mal. Le déclencheur : Quand Martel, délégué du personnel noyé sous des problèmes d’argent et Bruce, un intérimaire bas de front et gavé de stéroïdes décident de s’associer avec les petits caïds du coin pour aller enlever une pute à un concurrent à Strasbourg. A partir de là, tout dérape.
Merci à ceux qui ont insisté donc. D’emblée (c’est son premier roman), Nicolas Mathieu frappe un grand coup. C’est qu’on croyait ces chroniques du déclassement des « petits blancs » réservées à nos amis américains. Aux Frank Bill, aux Chris Offut, aux Larry Brown. Et bien non, on a cela aussi chez nous maintenant grâce à ce roman.
Et la comparaison n’est pas innocente.
Parce que Nicolas Mathieu choisi un territoire, un des rares, où, comme dans certains coins des US la nature peut faire sentir son emprise : ici le froid, la neige qui pèsent sur les gens, sur leur vie quotidienne.
Parce qu’il dépeint de façon terrible comment le racisme, la bêtise, la haine sont le résultat inévitable de la misère, de la peur, de la souffrance.
Parce qu’il nous montre des communautés qui se défont, un monde ouvrier qui n’existe plus en tant que tel et perd ses valeurs (c’est très bien écrit, très clairement et sans jamais insister). Parce qu’il sait aussi dépeindre ce monde en train de disparaître en tant que communauté, un monde que le patronat a très bien su diviser en séparant les « historiques » (de moins en moins nombreux) et les intérimaires, variable d’ajustement pour ceux qui commandent, boucs émissaire et responsables de tous les maux pour ceux qui subissent.
Voilà, rapidement, pour le fond, déjà passionnant. Mais cela ne s’arrête pas là (ou plutôt ne commence pas là). La forme est au diapason.
Au risque de perdre son lecteur, Nicolas Mathieu fait le choix d’un roman choral et mêle les temps sans avertir son lecteur. Cela surprend au début, puis on s’y fait et ça donne une très grande force et cohérence au roman. On sait que ça ne peut que mal finir, mais quand, comment, et pour qui ? Très belle progression et construction de l’intrigue.
Et quels personnages ! Aucun n’est monolithique (sauf peut-être le pauvre Bruce qui est vraiment trop con), ils existent tous, on les côtoie, Nicolas Mathieu leur donne une chair, des rêves, des mots (tous les dialogues sonnent juste), des failles, des éclairs de courage … bref une humanité.
Vraiment, pour un coup d’essai c’est un coup de maître, un auteur à suivre sans le moindre doute.
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