American Gods
  • Date de parution 14/11/2019
  • Nombre de pages 672
  • Poids de l’article 576 gr
  • ISBN-13 9791030703245
  • Editeur DIABLE VAUVERT
  • Format 198 x 130 mm
  • Edition Grand format
Science Fiction Urban Fantasy Ouvrage de référence de l'auteur

American Gods

3.78 / 5 (1738 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

À peine sorti de prison, Ombre rencontre Voyageur, un personnage intrigant. Dieu antique, comme le suggèrent les indices énigmatiques qu'il sème à longueur de temps, fou furieux ou bien simple arnaqueur ? En quoi consiste le travail qu'il propose à Ombre ? En acceptant d'entrer à son service, ce dernier plonge au coeur d'un conflit qui le dépasse, opposant héros mythologiques de l'Ancien Monde et nouvelles idoles profanes de l'Amérique. Mais comment savoir qui tire véritablement les ficelles : ces entités légendaires saxonnes issues de l'aube des temps ou les puissances du consumérisme et de la technologie ? À moins que ce ne soit le mystérieux M. Monde...

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  • Date de parution 14/11/2019
  • Nombre de pages 672
  • Poids de l’article 576 gr
  • ISBN-13 9791030703245
  • Editeur DIABLE VAUVERT
  • Format 198 x 130 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

Voilà un roman qui a toute une histoire dans ma « vie » de lectrice. Fervente admiratrice de Neil Gaiman, que j’ai découvert par le biais de Sandman il y a 20 ans, j’ai poursuivi avec pas mal de ses romans dont American Gods. Malheureusement, la première tentative n’a pas été la bonne. J’avais trouvé ça farfelu et longuet. Alors quand la série TV est sortie, je me suis jetée dessus, espérant trouver cette fois le sens de cette œuvre. Encore raté : je n’appréciais pas du tout la violence visuelle exagérée et presque grotesque. C’est en lisant American Elsewhere que j’ai eu envie de relire American Gods. Et la seconde tentative a été bien plus concluante.

Le roman et la série

Un point contextualisationAmerican Gods est un roman paru en 2001. Il n’est pas un satellite isolé. En effet, il reprend certains personnages déjà présents dans Sandman, notamment tout un panel de figures mythologiques et folkloriques. D’autre part, Anansi Boys (2005) revient dans le même univers pour raconter l’histoire des fils du dieu Anansi, que l’on rencontre dans American Gods. Enfin, Shadow Moon se retrouve dans les nouvelles Le monarque de la vallée et Le dogue noir (deux éditions illustrées au Diable Vauvert)American Gods est donc un roman faisant partie d’une sorte de cycle aux personnages récurrents. Cela dit, il peut être lu de manière isolée, cela ne gêne pas la compréhension.

Parallèlement, une série a été adaptée en 2017, produite par Gaiman et réalisée par Bryan Fuller et Michael Green. 3 saisons ont vu le jour, mais la série n’a toujours pas de fin. Elle a connu pas mal de déboires (des départs, des désaccords…), donnant lieu, selon moi, à une saison 3 très mauvaise et à un arrêt de la série. Ma chronique sera donc centrée sur le roman plutôt que la série TV, qui pour moi a bien commencé mais a très très mal fini.

Road movie à l’américaine

Je l’avais déjà dit avec American Elsewhere : j’adore ce type de romans américains où l’on est embarqué avec les personnages dans un road movie à travers l’Amérique profonde. C’est exactement ce qu’on a dans American Gods, en tout cas avant que Shadow ne se fixe à Lakeside. On parcourt en effet le territoire à bord d’une vieille voiture (relique de temps révoqués mais bien meilleurs). Villes, campagnes, routes secondaires, motels miteux… : bienvenue en Amérique !

J’ai toujours trouvé cela assez fascinant de prendre la route dans ce pays qui s’y prête particulièrement bien. Ici, cela marche d’autant mieux que l’on se trouve au carrefour de cultures et de valeurs très différentes. Au-delà de l’opposition villes/campagne et de la différence Nord/Sud, on a également une opposition entre Anciens et Modernes, à travers le conflit des anciens Dieux et des Nouveaux. Au roi $ et aux médias puissants s’opposent les valeurs et symboles d’une ancienne Amérique florissante : anciens Dieux oubliés, culture millénaire en perdition. On peut y voir une sorte d’opposition « permanence du passé – fulgurance du présent « . Un équilibre fragile qui nous donne la sensation à chaque instant d’être sur un fil.

Une partie d’échecs géante à la sauce urban fantasy

Une partie d’échecs

C’est un peu l’idée que j’ai eue en lisant ce roman. Une sorte de version XXL de la partie d’échecs menée entre Czernobog et Shadow. Car c’est bien ce dont il s’agit, finalement. Deux camps, et chacun avance ses pions, élabore une stratégie défensive/offensive, puis étudie les mouvements de l’autre.

Mais pour que ce soit plus passionnant que ça, Neil Gaiman rajoute du pimentUn personnage lambda placé juste entre les deux, Shadow Moon. On ne sait pas trop pendant un temps ce qu’il fiche là (lui non plus d’ailleurs). Mais ça apporte quelque chose d’assez surprenant. D’autant qu’il est accompagné de Laura, son épouse. Et autour de ce duo improbable se tisse toute une histoire parallèle qui s’imbrique dans la principale. Et puis il y a la recherche d’alliés par Voyageur et Shadow, ce qui nous amène à parcourir ces Etats-(dés)Unis (le plateau de jeu) pour rencontrer toutes sortes de divinités anciennes dans le corps et la peau de personnages très différents et plus ou moins modernes.

Dans un cadre urban fantasy

Quand des Dieux et toute une mythologie se cachent derrière des masques et des personnages du quotidien; quand le cadre est réel mais qu’une magie ancienne perdure dans ses interstices, uniquement connue par quelques initiés; et quand le décor est résolument contemporain et plutôt urbain (même si c’est davantage des taudis que des grandes villes vitrine) : pour moi, on est tout à fait dans de l’urban fantasy.

C’est un peu ce que j’attendais de ma lecture de Miss Subways de David Duchovny, d’autant qu’on y retrouve notamment des personnages (Anansi, par exemple). Mais peut-être n’y a-t-il que Neil Gaiman pour nous offrir de l’urban fantasy aussi qualitative et qui renoue avec la nature propre du (sous-) genre (je pense aussi à Neverwhere).

Bref, pour moi on est totalement dans ce registre et c’est très réussi. Ajoutons à cela une flopée de rêves, pas mal d’interludes « historiques »… Et on a un texte qui semble décousu, partant dans tous les sens avec pas mal de longueurs parfois. Mais tout cela mis bout à bout donne une fresque assez farfelue et cohérente à la fois. Une sorte de reflet assez réaliste de ce qu’est ce pays si grand et bourré de contradictions.

J’ai également adoré ici le dialogue entre magie et nouvelles technologies, personnifiées en Dieux nouveaux. Petit aparté : je trouve d’ailleurs que les acteurs et actrices choisies dans la série, en tout cas la saison 1, sont top, même si un peu OOC (notamment pour Technical Boy). Crispin Glover en Mister World est superbe, Gillian Anderson en Media était fabuleuse, et Bruce Langley en Technical Boy délicieusement odieux. (Entre nous, heureusement qu’ils sont là, parce qu’à part Orlando Jones qui jouait Anansi, les « gentils » sont d’une platitude assez rare).

Un roman d’aventures efficace

Côté structure du roman et construction de l’intrigue, American Gods ne se révèle pas innovant. Mais il utilise quelques procédés plutôt efficaces pour rompre la linéarité du récit. Je dois quand même avouer que j’avais fini de visionner les trois saisons de la série TV avant de me replonger dans le bouquin. En comparaison, celui-ci paraît un peu vide tant la série brode et invente des trames parallèles (la dualité Technical Boy // Bilquis, la vie sentimentale de Voyageur – un loupé total, comme tous les focus sur les vies sentimentales de Sweeney, Laura et Shadow – cette manie de mettre du sentimental et du sexe pour le public TV c’est très pénible).

Mais le roman se concentre ainsi sur deux axes essentiels : l’antagonisme nouveaux Dieux – anciens Dieux d’une part. American Gods se lit alors comme une sorte de conte, une critique assez féroce de la société américaine contemporaine. D’ailleurs, le langage très oral et vulgaire s’accorde bien au délitement de ce monde en perdition. Et d’autre part, sur le motif de la quête, qui est double : quête de sens pour Shadow et de rédemption pour Laura.

Neil Gaiman découpe son roman en plusieurs parties, entrecoupées de trois interludes. J’ai beaucoup aimé les récits de la construction américaine, donnant à l’ensemble une coloration Historique. Comme un contexte dans lequel la petite histoire s’intègre. Il en résulte de longues réflexions sur l’identité et la construction américaines, notamment à travers le regard de M. Chaquel, évoquant notamment l’esclavage. J’ai eu la sensation qu’on me disait qu’en fait, l’origine même de cette nation était pourrie, rongée par les vers dès ses débuts. American Gods se situe alors dans la continuité, faisant s’affronter deux systèmes de valeurs dans la violence et le sang. Comme une répétition encore et encore de ce qui s’est joué plusieurs siècles auparavant.

Cela dit, j’ai été assez surprise du twist final. Et je dois dire que je ne m’y attendais pas du tout (et je l’avais visiblement oublié lors de ma première lecture). De quoi remettre tout mon bla-bla précédent en question. Bref, un roman qui jusqu’au bout tient ses promesses et son lecteur en haleine. Et ce, malgré des longueurs évidentes, des à-côtés parfois un peu répétitifs et certains fils laissés de côté.

Une seconde tentative qui fut la bonne cette fois ! American Gods est un roman qui à mon sens peut se relire encore et encore, tant il a de sens, de messages et foisonne d’idées et de tons. Neil Gaiman est un auteur un peu touche à tout, qui réussit toujours bien ce qu’il entreprend. Ici, il livre un reflet d’un pays qui n’est pas le sien (c’est un British), mais avec un regard acéré, plein d’humour et de cynisme mêlé. J’espère que la série TV connaîtra une saison 4 digne de ce nom, cela dit avec le départ de certains acteurs et les voies explorées dans la saison 3, j’émets quelques doutes… En attendant, voilà un roman que je suis très contente d’avoir relu au bon moment et qui a trouvé une place de choix dans ma bibliothèque… !

Cela faisait quelques temps que je voulais lire ce roman et grâce au concours organisé par l’excellent blog La bibliothèque d’Aelinel j’ai pu le lire et j’en suis plus qu’heureuse. Le roman vient d’être adapté en série télévisée avec Neil Gaiman comme producteur exécutif. Le livre a obtenu de nombreux prix dont le prix Hugo du meilleur roman et le prix Nebula du meilleur roman en 2002.

American gods est un roman un peu à part, Neil Gaiman est plus habitué au format court alors que ce roman fait 700 pages dans l’édition du diable Vauvert. C’est un roman où on voit toutes les influences de l’auteur, notamment la thématique de la mythologie. Le roman parle en effet du conflit entre les anciens dieux (de tous les pays) et les nouveaux que sont la télévision, les médias ou encore internet. L’aspect mythologique est important, très varié et extrêmement bien documenté.

Cependant, le personnage principal du roman est un être humain, surnommé Ombre. À sa sortie de prison, il apprend la mort de sa femme dans un accident de voiture. Il apprend par la même occasion le décès de son meilleur ami et le fait que ce dernier et l’épouse d’Ombre étaient amants. On a vu mieux comme nouveau départ lors d’une sortie de prison. Afin de se rendre chez lui et à l’enterrement, Ombre prend l’avion et rencontre un étrange personnage appelé Voyageur qui finit par lui proposer un emploi de garde du corps. Ombre accepte et se voit alors embarquer dans une longue expédition à travers les États-Unis. Très vite, Ombre s’aperçoit que Voyageur cache des choses et découvre sa véritable identité : Odin, l’ancien Dieu du panthéon nordique. Odin alias Voyageur a un but : il veut rallier à lui les autres anciennes divinités pour mener une guerre contre le divinités récentes du monde américain.

J’aime beaucoup tout ce qui a trait à la mythologie et je trouve l’idée de départ du roman vraiment excellente. La thématique de savoir ce que deviennent les anciennes croyances est un sujet passionnant et très bien abordé par Neil Gaiman. Une divinité a besoin de fidèles pour avoir du pouvoir et continuer à exister. Les nouvelles divinités portées aux nues par l’Amérique ont ce pouvoir. Le conflit s’annonce ainsi difficile. Les croyances et les folklores sont au cœur du roman de Neil Gaiman, comme ce fut le cas dans la bande dessinée The Sandman. Il y a d’ailleurs un personnage communs aux deux œuvres. 

Le roman est long (600 pages en poche/700 en version grand format) et le rythme lent. Cela pourra décontenancer certains lecteurs ou donner une impression de longueurs mais cela ne m’a pas dérangée. J’ai aimé me laisser porter par le voyage offert par Neil Gaiman au cœur des États-Unis, au cœur des mythes. Le roman invite au voyage, au rêve et le rythme du récit correspond tout à fait à cela.

Le roman est divisé en trois parties avec des chapitres assez longs. Il y a aussi un post-scriptum qui a une importance dans l’histoire. Certains chapitres comportent des histoires indépendantes en lien avec les mythes de tous les pays. Elles sont très bien faites et apportent beaucoup au roman. J’ai beaucoup apprécié celles des jumeaux notamment, très touchante et détaillée. Toutes ces histoires sont caractéristiques du roman dans la mesure où elles sont des petits moments de vie, de légendes.

Les personnages du roman sont assez nombreux mais ils sont tous très bien construits et attachants. Ombre est quelqu’un de simple, un peu ailleurs par moments, il porte bien son nom, on a du mal à le cerner au début mais il devient vite touchant. Voyageur est très particulier, il a beaucoup de mal à vivre dans ce monde étant donné sa nature, il est mystérieux et décalé. Son nom dans la version originale est Mr Wednesday, en effet en anglais le mercredi tient son origine de Wotan, autrement dit Odin. Odin avait plusieurs surnoms dont Vegtam qui signifie familier des chemins, Voyageur est donc une très bonne traduction. Mercredi en français vient de Mercure et n’a pas le même sens.

Le roman est lié à d’autres textes de l’auteur: Le Monarque de la vallée, qui est une nouvelle où on retrouve Ombre, et Anansi Boys, roman paru en 2005 qui lui s’intéresse aux deux fils du dieu Anansi que l’on croise dans American gods. La couverture du livre me fait un peu peur (je déteste les araignées, mais vraiment) alors je vais attendre un peu pour le lire….

American Gods est pour moi un roman exceptionnel, très bien construit et écrit. L’idée du roman est excellente, entremêlant de manière exemplaire les différentes mythologie existantes. Le rythme et le ton du récit invitent au voyage sous toutes ses formes. Je le relirais certainement pour découvrir ou redécouvrir de petits détails qui lui donnent toute sa saveur. Un roman superbement écrit et traduit qui m’a fait tomber sous son charme!


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