Le ciel par-dessus le toit
Résumé éditeur
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l’avis des lecteurs
«Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c’est maison d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs. Elles imaginent ce que c’est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là.»
Comme dans le poème de Verlaine auquel le titre fait référence, ce roman griffé de tant d’éclats de noirceur nous transporte pourtant par la grâce de l’écriture de Nathacha Appanah vers une lumière tombée d’un ciel si bleu, si calme, vers cette éternelle douceur qui lie une famille au-delà des drames.
Ma lecture
Il s’appelle Loup, il a 17 ans et il est différent. Nous faisons sa connaissance alors qu’il vient d’arriver à la maison d’arrêt et tel l’animal dont il porte le nom il va être mis en cage, parce que Loup n’a pas toujours les mots qu’il faut, qu’il suit son instinct, parce que ses angoisses le poussent à avoir peur d’un creux, à sortir courir jusqu’à l’épuisement pour les évacuer, parce qu’il a voulu trouver des réponses à ses questions, pour pouvoir continuer à vivre. Il est désormais l’écrou 16587.
Et pour comprendre pourquoi Loup en est arrivé là, Natacha Appanah va remonter le temps petit à petit, jusqu’à l’enfance de sa mère, Phénix, du temps où elle s’appelait Eliette, car finalement c’est peut-être là que se trouve la réponse ou les réponses pour comprendre comment l’adolescent se retrouve enfermé et ce que l’on pourrait prendre comme un acte de délinquance, n’est finalement que le résultat d’enfances gâchées.
Tout d’abord celle d’ Eliette, avant de devenir Phenix, sa mère, une enfant si jolie qu’elle était devenue un objet de foire, admirée mais pas assez aimée, qui se rebella et construisit une vie faite de bric et de broc. Puis celle de Paloma, sa sœur aînée, qui claqua la porte à 17 ans pour ne plus jamais revenir et s’offrir la possibilité d’une vie différente de celle que sa mère leur imposait et puis celle de Loup qui ne dit rien mais souffre du manque d’attentions et de tendresse de sa mère, de l’absence de sa sœur, lui qui vit dans ses souvenirs, dans ses pensées, dans son monde où il associe les sons des mots : menotte, quenotte, culotte….
« Ne vous inquiétiez pas, Phénix, il n’est pas malade (…) Elle s’était alors tournée vers Loup et son regard sur lui, lourd de reproches d’être ce qu’il était, bizarre, étrange, bête mais pas malade, de ce regard-là, comme guérir ? (p17)
Ce n’est pas une histoire de maltraitance, c’est l’histoire d’une mère qui n’a pas voulu reproduire ce qu’elle même a vécu, qui n’a pas les codes, les gestes, les mots, elle qui a encore dans la bouche l’odeur râpeuse d’un abus qu’elle tente de chasser avec l’alcool, elle qui a tatoué sur sa peau tous les symboles qui peuvent la rendre plus forte, qui la protègent, qui a espéré en vain une marque de pure tendresse de la part de sa mère, elle qui a laissé parler sa colère quand elle a compris qu’elle ne viendrait jamais. On ne peut donner ce que l’on a pas appris à recevoir.
Natacha Appanah s’applique, dans une construction particulière mais très habile avec une écriture le plus souvent faite de courtes phrases, haletantes, rapides, précises, à exposer chacun des acteurs de la vie de Loup, jusqu’au médecin qui le mit au monde car tout dans la vie de Loup est inhabituel.
Avec méticulosité et concision, l’auteure a pris la peine d’observer, d’imaginer, d’écouter Loup, comme le fait le juge pour le comprendre, lui qui, une fois enfermé, va trouver une sorte de paix, de repos, d’assurance, dans ce lieu clos et lorsqu’il va enfin s’expliquer, ce sera une confession faite d’un jet, dans un souffle, parce qu’il a tant accumulé que cela déborde.
Vous comprenez alors j’ai pris la voiture de maman sans rien dire en pleine nuit parce que je n’en pouvais plus de ne pas savoir et je suis venu ici parce que parfois il faut savoir pour pouvoir continuer à vivre (p123)
Déjà dans Tropique de la violence, Natacha Appanah nous parlait d’enfance mais ici elle fait le lien entre les enfances, la filiation, les conséquences et s’attachant à Loup, ce garçon perdu dans un monde d’adultes, tel un animal égaré dans la forêt, sentant le danger et cherchant une issue. Lire Natacha Appanah c’est ouvrir des portes sur l’autre, sur les autres, ne pas s’arrêter aux apparences dans un style bien à elle, fin, précis et chargé en sentiments.
Le ciel derrière les barreaux
Nathacha Appanah nous revient avec un court roman qui transcende le banal fait divers pour en faire un réquisitoire contre une justice aveugle et un chant d’amour maternel et fraternel.
C’est l’un de ces faits divers qui ne font que quelques lignes dans le journal, une de ces affaires qui encombrent les tribunaux. Un cas banal: «Loup avait eu l’idée de prendre la voiture de sa mère et de conduire jusqu’ici. Loup savait qu’il n’avait pas le droit de conduire mais sa sœur lui manquait tellement, c’est tout. Il n’avait pas le permis, il avait conduit prudemment jusqu’à l’entrée de la ville où il s’était trompé de sens. Après, il y a eu tous les bruits, les cris, sa voiture dans le fossé. Et sa crise de nerfs quand les policiers sont arrivés, aussi. Ce matin peut-être ou il y a dix minutes: le juge l’a placé en mandat de dépôt au quartier mineurs, à la maison d’arrêt de C.»
Avec son joli sens de la construction, Nathacha Appanah va alors nous proposer de revenir en arrière, de retracer la généalogie qui a conduit Loup dans cette prison depuis ses grands-parents.
Un couple sans histoires, acharné à se fondre dans la foule. Un couple ordinaire qui regarde grandir la petite Eliette. «Jusqu’à maintenant la vie était comme elle est si souvent, ni extraordinaire ni triste, de ces vies travailleuses, sans grande intelligence ni bêtise, de ces vies à chercher le mieux, le meilleur mais pas trop quand même, on ne voudrait pas attirer le mauvais œil. Souris, Eliette, lui disent tout le temps ses parents et aussi Viens dire bonjour, Eliette et quand il y a un dîner à la maison, Chante-nous À la Claire fontaine, Eliette.» Mais l’adolescente ne veut pas de cette vie, ne veut pas être présentée comme bête de foire. Eliette se révolte au fur et à mesure que son corps se transforme, jusqu’à ce jour où un baiser forcé la traumatise. C’est alors que tout va dérailler. Eliette a 16 ans quand l’enfance s’en va. Mais «comment faire pour naître à nouveau?» Son rite de passage va consister à mettre le feu à la maison et à se faire appeler désormais Phénix. Et faire de sa liberté nouvelle une nouvelle aliénation. Très vite, trop vite, elle se retrouve mère de deux enfants, Paloma et Loup qu’elle va élever en montant une petite entreprise de pièces détachées. Le jour où Paloma décide elle aussi de couper les ponts, elle n’entrevoit pas les conséquences de sa colère. Elle assure à Loup qu’elle reviendra le chercher très vite. Dix ans après, elle n’est toujours pas rentrée. C’est quand elle apprend que son frère est derrière les barreaux qu’elle a envie de tenir sa promesse.
Comme dans Tropique de la violence et En attendant demain, l’écriture de Nathacha Appanah transcende ces vies cabossées en chant d’amour. En faisant jouer les contrastes entre le sordide et la beauté, à ce ciel au-dessus de la prison. «Qu’est-ce que ça fait ici, cette beauté-là, cette couleur qui fait penser à la mer, au ciel?» Ça fait d’autant plus mal que ce ciel la rapproche de sa sœur, tout aussi sensible à ce ciel, regardant la nuit fondre «sur le jour en laissant des trainées roses et mauve orange. Ce ciel, par-dessus le toit, ressemble à un morceau de soie chatoyant». Un adjectif qui va bien aussi à l’écriture de Nathacha, même si ele n’en reste pas moins efficace dans son réquisitoire contre ce pays qui oublie «ces gens-là, les pauvres, les réfugiés, les sans paroles, les mères célibataires, les alcooliques, les drogués, les moins que rien, les chutés, les tombés, les mal-nés, les accidentés».
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