Sorcières - La puissance invaincue des femmes
  • Date de parution 13/09/2018
  • Nombre de pages 240
  • Poids de l’article 287 gr
  • ISBN-13 9782355221224
  • Editeur ZONES
  • Format 206 x 142 mm
  • Edition Grand format
Sociologie ouvrages généraux

Sorcières - La puissance invaincue des femmes

4.28 / 5 (3086 notes des lecteurs Babelio)

Résumé éditeur

Tremblez, les sorcières reviennent ! disait un slogan féministe des années 1970. Image repoussoir, représentation misogyne héritée des procès et des bûchers des grandes chasses de la Renaissance, la sorcière peut pourtant, affirme Mona Chollet, servir pour les femmes d'aujourd'hui de figure d'une puissance positive, affranchie de toutes les dominations.Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ? Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante –; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant –; puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.Prix de l'essai Psychologies-Fnac 2019

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  • Date de parution 13/09/2018
  • Nombre de pages 240
  • Poids de l’article 287 gr
  • ISBN-13 9782355221224
  • Editeur ZONES
  • Format 206 x 142 mm
  • Edition Grand format

l’avis des lecteurs

A partir de l'évocation des chasses aux sorcières qui firent, en Europe, jusqu'à 100 000 victimes (sans compter les femmes lynchées, suicidées, bannies, ou encore celles mortes en prison des suites de tortures), Mona Chollet démontre qu'hier comme aujourd'hui, les violences faites aux femmes, qu'elles soient physiques et individuelles, ou psychologiques et sociétales, ont pour objectif d'annihiler leurs velléités d'indépendance et ainsi toute possibilité de conquérir quelque pouvoir, que ce soit sur elles-mêmes ou sur les autres.


En effet, au-delà du fait que leur persécution nous met face au pire dont les hommes sont capables (la quête du bouc-émissaire, la haine irrationnelle, la violence misogyne légitimée par le corps social), les sorcières représentaient un autre destin féminin possible que celui que vouaient à ses citoyennes une société patriarcale, tendu vers une joliesse inoffensive et une gentillesse gazouillante. Le spectacle public de leur supplice était de plus un moyen de faire passer un message à l'ensemble des femmes, ainsi incitées par la terreur à la docilité et à la soumission. 


Leur asservissement, comme celui des autres "inférieurs" -esclaves et colonisés, pourvoyeurs de ressources et main d'oeuvre gratuite-, associé à la mise en coupe de la nature, a été une des étapes indispensables à la mise en place d'un système capitaliste et masculin, à l'avènement de sciences arrogantes et méprisantes envers l'irrationnel, le sentimental, le naturel. Il s'agissait de dompter, de contrôler tout ce qui était susceptible de venir remettre en question la domination de l'homme blanc.


Nous vivons aujourd'hui héritières de ce joug, et prisonnières à notre insu des représentations qui nous le font subir souvent en silence.


Enfermée dans son rôle de mère et d'épouse, la femme est condamnée à n'exister que par et pour les autres. Elle-même a acquis le réflexe du don, du sacrifice pour laisser sa place à ses enfants, à son époux... La fonction maternelle, particulièrement, exclut le reste, la cantonnant par exemple à des perspectives professionnelles limitées, des temps partiels souvent liées à l'éducation, au soin des enfants ou des personnes âgées, à des postes d'assistantes. Et la société n'a que mépris pour celles qui dédaignent la procréation -sans conteste des monstres-, ou qui assument leur célibat, considérées avec scepticisme, et contre lesquelles opinion publique, médias et publicité brandissent le spectre de la vieille fille frustrée. Car nous sommes baignés d'une culture où, quand l'attendrissante image de l'homme seul est associée à la force, celle de la femme seule prend souvent une connotation pathétique. Une culture où on apprend aux femmes à rêver de romance (et du prince charmant) et aux hommes à viser la réussite ou l'accomplissement personnel (ils n'ont visiblement pas besoin, eux, de, princesse charmante). Où l'homme, enfin, est associé à l'esprit, quand la femme l'est au corps...


Mona Chollet accorde également une place importante dans son essai à la manière dont est perçue dans notre société la vieille femme, ou simplement la femme mature, et à laquelle participe de beaucoup l'image de la sorcière avec ses cheveux gris et ses mains aux doigts crochus. En résulte une dictature de la jeunesse, incitant la femme à multiplier les efforts pour ne pas changer, entretenir l'illusion d'un temps qui ne passerait pas, sous peine de subir délaissement et/ou humiliation. Or, il s'agit là encore d'une représentation sociétale imposée par un pouvoir masculin à qui la femme âgée fait peur car elle est plus facilement indépendante, assurée, expérimentée qu'une femme jeune. 


Pour recouvrer sa liberté, et tout simplement se réapproprier une image que'elle se sera choisie, en conformité avec ses propres aspirations et non plus avec celle des autres, la femme doit briser les stéréotypes qui la relèguent au rang d'inférieure, et qui, s'ils sont démoralisants, sont aussi galvanisants, car donnent l'occasion de goûter aux joies de l'insolence, de l'aventure, de l'invention, en écoutant non plus les sirènes du consensus, mais ses émotions, et sa confiance en ses capacités. 


La seconde partie de "Sorcières" s'attarde ainsi sur une exhortation à revoir les liens hommes-femmes, en y introduisant le respect de notre libre arbitre et de notre intégrité. A chercher la dissidence par rapport aux modèles, aux gravures de modes, aux idéaux de mère ou de maîtresse de maison parfaite, en assumant par exemple le désir de stérilité, la volonté de briser la sacro-sainte obligation d'être mère, en se laissant le choix du désir d'enfant. Une exhortation également au don de soi, oui, mais en donnant libre cours à nos aspirations personnelles, en enrichissant son entourage par l'exploitation de notre singularité. Elle est aussi une ode à la maturité, l'apaisement, et l'équilibre qu'apporte l'âge, permettant de mieux se mouvoir dans sa propre existence ainsi enrichie.


Car la sorcière que l'on a amalgamée -comme on le fera plus tard avec le féminisme-, à une sorte de monstruosité, est simplement celle qui ne se laisse pas définir par quelqu'un d'autre, mais qui, en jetant un sort, c'est-à-dire en s'appropriant les mots et les symboles, peut changer la conscience des gens, agir sur son environnement, être maîtresse de ses actes.


...


Les thématiques et l'angle de vue adoptés par Mona Chollet promettaient un essai passionnant, dont je ressors pourtant un peu déçue. Je m'attendais à ce qu'elle se tienne davantage à la ligne conductrice évoquée en début de récit, consistant rapprocher le sort fait aux "sorcières" à la condition féminine en général. Or, une fois passée l'introduction, hormis quelques allusions sporadiques, elle est rapidement abandonnée. J'ai par ailleurs trouvé la structure de l'ensemble un peu confuse, manquant parfois de liant, et que certaines pistes de réflexion auraient mérité d'être traitées avec davantage de profondeur. 


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