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Kid Wolf et Kraken Boy
Résumé éditeur
livré en 4 jours
l’avis des lecteurs
Un UHL ramené des Utopiales ! (Un week-end fort bienvenu, bien rempli et jouissif, comme toujours – j’avais l’impression d’être en apnée depuis le mois d’août… Retrouvailles, rencontres, deux/trois conférences, et surtout blablatage chez Mme Spock !) J’avais une petite liste en tête, mais je m’en suis écartée, évidemment. Pour notamment acheter Kid Wolf et Kraken Boy, un récent UHL que toutes les personnes autour de moi me vantaient. Et il n’a pas traîné longtemps : je me faisais chier comme un rat mort dans Zéphyr, Alabama que je traînais depuis trois plombes, donc j’ai viré McCammon vite fait bien fait pour me plonger dans la boxe des années 20 aux USA pendant mon trajet retour. Et c’était vachement sympa, c’est vrai. Mais… 😀
Magie et boxe, un mariage improbable
Ambiance boxon fin années 20
Kid Wolf et Kraken Boy est une novella, avec un récit qui alterne les points de vue des deux personnages principaux. Cela signifie donc deux choses : pas le temps de se perdre en descriptions de décors et d’ambiance d’une part, et focalisation interne d’autre part, limitant le regard.
J’ai éprouvé quelques frustrations pendant la première moitié du texte, parce que je ne ressentais pas vraiment l’ambiance de l’époque. Il m’a fallu attendre de passer la moitié pour vraiment ressentir les lieux, l’époque, le cadre. L’auteur dépeint une atmosphère en faisant appel aux sens et à l’émotion. Un petit passage là, quelques lignes ici. Et ça suffit, finalement.
J’adorais le Lower East Side, où chaque bloc d’immeubles avait pour moi l’odeur du foyer. Les bagels dans l’eau bouillante, le pain au four, les harengs qu’on faisait fumer, les oignons en train de frire, le linge de sécher, et les élèves rabbins en sueur qui discutaient avec force gestes exubérants.
Le bruit nous atteignit bien avant que nous n’arrivions sur place. Des pieds qui tapaient, des mains qui applaudissaient, des sifflets qui résonnaient, des tambours qu’on martelait – et des slogans scandés. Des slogans puis des chants.
Après tout, on est dans une époque, une ville et une ambiance qui bougent très vite, donc c’est assez cohérent que le texte soit aussi agile et souple, accompagnant la gestuelle des personnages et la rapidité des événements. On a finalement en quelques phrases tout le contexte qu’il faut, et qui de toute façon se retrouve en lien avec le récit : Grande Dépression, mafia, mouvements sociaux vs syndicats surpuissants… Quelques phrases ici et là et le tableau est dépeint.
Magie magie
Et dans cette atmosphère poisseuse et dégueulasse, la magie montre le bout de son nez. La magie d’un art corporel et graphique, le tatouage. Qui est deux fois porteur de sens, parce qu’il contient la magie de ses signes tracés d’une part. Mais aussi parce que cette magie est amplifiée par le lien qui unit le tatoué et le tatoueur.
J’aurais aimé dire que j’ai été surprise par ce traitement, mais il n’était pas nouveau pour moi. En effet, Léa Silhol a largement traité cet art magique dans ses textes, Sacra, Musiques de la frontière et Hanami Sonata. Forcément, quand Kid Wolf et Kraken Boy fait intervenir un maître japonais, cela m’a fait sourire, puisque j’ai eu une sensation de déjà-vu. Et pour le coup, Léa Silhol me semble être allée beaucoup plus loin dans la signification du tatouage, dans sa puissance, dans ses sens et les possibilités qu’il offre (mais aussi les dangers qui lui sont liés).
Malgré tout, j’ai aimé retrouver cela ici, d’autant que ça apporte quelque chose de tactile, de visuel et de sensuel.
Mais parfois c’est trop facile
En revanche, bon. J’ai tout de même trouvé qu’il y avait de grosses facilités. Par exemple, le mec se fait tatouer et bim, il part sur le ring quasiment dans la foulée. Hum. J’ai beau être une sacrée chochotte, j’imagine mal comment c’est possible. On me répondra sûrement « ta gueule c’est magique ». Bon, soit.
Mais quand même. Le gars sort de nulle part mais gagne ses combats en n’étant franchement pas favori. D’ailleurs, il semble être cramé à certains moments. Mais non, parce que héhé, il a des tatouages magiques, et quand il y pense, il fait des merveilles. Et personne ne s’en rend compte. Tout le monde se dit : « roh ben ça alors, quand même, c’est fantastique, t’as vu ça ? ». Alors d’accord, la magie du tatouage n’est pas connue de tous. Mais elle n’est pas inconnue non plus; elle figure davantage dans le registre de la légende. Que personne ne se doit dit qu’il y avait baleine sous caillou dans le camp adverse m’a fait tiquer plus d’une fois.
Des persos réussis et loupés en même temps
C’est paradoxal, mais ce duo est à la fois ce que j’ai préféré et ce que j’ai trouvé le moins réussi.
Un amour brut et pur
J’ai aimé ce duo parce que la relation entre les deux hommes transmet beaucoup de choses : de l’authenticité, énormément d’émotion, de sincérité, et un amour dont on ressent la puissance. Cette confiance absolue qu’ils se vouent, qu’ils ont construite peu à peu, se retrouve dans les séances de tatouages et la force de ceux-ci. Il y a donc quelque chose de très brut et donc très pur dans ce duo. C’est vraiment très beau à lire.
Mais une alternance aussi chiante qu’un métronome
Mais d’un autre côté, je trouve que le texte de ce point de vue là est un peu faiblard. Je l’ai dit plus haut : le récit est une alternance des deux points de vue. Je regrette pour commencer l’alternance mécanique : jamais aucun déraillement dans ce duo réglé comme un métronome. Le dernier chapitre, certes, est un peu différent mais c’était attendu et reste classique. J’aurais aimé un bousculement dans l’alternance des chapitres, tout comme une longueur un peu plus libre des chapitres. Là, j’ai l’impression d’avoir une maquette textuelle hyper stricte dans laquelle on a essayé de couler l’histoire sans que rien ne dépasse. J’ai ressenti le texte comme un carcan, en tout cas manquant cruellement de cette liberté et de cette force qui caractérisent pourtant les deux protagonistes.
Et deux voix qui n’ont aucune personnalité propre
Enfin, grosse déception sur leurs voix. Qui sont sensiblement… les mêmes. On n’aurait pas eu les noms en tête de chapitres, on ne saurait pas dire, juste avec les mots, qui parle. Les deux narrateurs parlent exactement de la même manière. Ils racontent de la même façon, utilisent un même registre et un même vocabulaire. Et ils n’ont aucun tic de langage, aucune expression verbale qui leur soit propre.
Peut-être est-ce voulu, pour montrer à quel point ces deux personnages se superposent l’un dans l’autre, jusque dans leurs voix qui se confondent. Ça aurait du sens avec le final. L’ennui, c’est que le récit commence avec une certaine animosité ressentie, et qu’à aucun moment ensuite, le ton, le registre, l’émotion… n’évoluent. Et de ce fait, les deux voix ne se répondent pas vraiment, ni ne se complètent. Je n’ai pas ressenti l’alchimie entre les deux personnages sur le plan du style.
Un style que j’ai ainsi trouvé… très commun. Déception sur ce point-là, donc. Vous me direz sûrement que ce n’était pas le but du texte non plus. Oui, d’accord, mais j’aurais aimé un texte aussi fracassant que son contenu.
Kid Wolf et Kraken Boy est un texte que j’ai aimé, malgré les points un peu plus faibles selon moi que j’ai relevés. Bon, c’est vrai que quand on lit mon retour, on peut avoir l’impression que je pinaille ou que j’ai pas aimé grand-chose. Mais si si. Je retiendrai surtout le duo des personnages et la peinture de cette société américaine à la fin des années 1920. Le récit, s’il n’est pas aussi approfondi sur le sujet des tatouages et des symboles que je l’aurais voulu, et s’il revêt un style assez commun, reste efficace. Et agréable à lire. Et très beau.
La collection Une Heure Lumière ne cesse de s’agrandir et de nous proposer des romans courts de différents genres. Pour le numéro 52 (comme pour le 51), on trouve un auteur publié précédemment par Albin Michel Imaginaire, Sam J.Miller avec Kid Wolf et Kraken Boy. L’ouvrage est certainement le plus dodu de la collection avec 180 pages.
Nous sommes à New-York à la fin des années 1920, une période de crise où les temps sont durs pour beaucoup. L’histoire est racontée en alternance par les deux personnages principaux : Kid Wolf, jeune boxeur rêvant de gloire, et Kraken Boy, jeune tatoueur aux mains magiques. Hinky Friedman, la Reine des Gangsters, va faire se rencontrer les deux hommes, les faire travailler ensemble, les guider sur le chemin de la gloire pour essayer de les faire vivre leurs rêves. Mais le milieu de la pègre juive du New-York de l’entre deux guerres est rude et risque de briser leurs vies.
Kid Wolf et Kraken Boy propose un mélange assez détonnant avec du combat, des tatouages aux pouvoirs magiques, une belle histoire d’amour (sans niaiseries), de la mafia, le contexte historique de la fin des années 20. Tout cela mis ensemble aurait pu ne pas fonctionner, mais ici c’est le contraire qui se produit. On est très vite pris par ce récit, par le contexte historique et social, par ces personnages très humains, par la plume de l’auteur. L’idée de la magie liée au tatouage est assez fascinante, un peu trop puissante peut-être. Elle est liée à celui qui la pratique, autant qu’à celui qui reçoit le tatouage, et ne fonctionnera pas de la même manière selon les personnes. On pense à la nouvelle Serpentine de Mélanie Fazi qui avait abordé ce thème.
Sam J.Miller s’est énormément documenté à la fois sur le monde de la boxe dans les années 20 mais aussi sur le milieu juif, et propose un tableau très vivant et crédible. L’auteur aborde aussi un discours social dans son texte qui prend des nuances d’uchronie à un certain moment.
Kid Wolf et Kraken Boy est ainsi une excellente lecture. La part de romance est légère et l’histoire est belle. Sam J.Miller propose un cocktail détonnant de surnaturel, de sport de combat dans le milieu de la pègre de la fin des années 20.
C’est un peu rigolo comme tout dans la vie est affaire de cycles, qu’on le veuille ou non. Je traverse ainsi régulièrement des passades un peu malheureuses, littérairement parlant, où j’ai du mal à m’enthousiasmer pour ce que je lis, où je peux manquer de chance dans ce que je dégotte, où je galère à simplement trouver des bouquins qui me donnent réellement envie. Et puis sans que rien ne me semble m’y prédestiner, sans annonce particulière, la bonne fortune se décide d’un coup à me sourire, et au contraire, j’enchaîne les bonnes lectures, et les suites à donner à mon programme me semblent évidentes, je m’enthousiasme à nouveau, je me rappelle que ce blog est toujours la meilleure idée que j’ai eue.
Nous sommes présentement dans le deuxième cas de figure ; ça roule pas mal depuis quelques semaines, j’ai un peu retrouvé de mon mojo. En tout cas, mon nez ne m’a pas trompé à propos de bouquins qui m’avaient donné envie en seulement quelques éléments accrocheurs. Et pour le cas qui nous intéresse aujourd’hui, ça date d’une bonne année, je crois. « De la boxe, des tatouages magiques et des héros gays pendant les années 20 » avait suffit à me dire : ça, je veux.
Et heureuse coïncidence, ça tombe au début du mois de la Pride. Après Tout pour tout le monde, on peut dire que je fais dans le thématique, même si c’est involontaire. Happy accident.
Mais je m’égare. En bref de bref, c’est de la très bonne. Top 5 UHL pour moi, possiblement, même. Top 10, sûr et certain. Faudrait que je fasse un classement rigoureux, quand même.
En attendant…
Et là, que dire. Promesses tenues, tout simplement. Tout le succès de cette novella tient dans les éléments qui m’avaient été promis. Pas plus, pas moins. Il faut croire que j’ai pris goût à une certaine honnête sobriété dans les récits que je lis : des enjeux clairs rapidement établis et un déroulement de l’intrigue à l’avenant. Et ici, c’est exactement ça : un boxeur et ses problèmes, un tatoueur et ses problèmes, tous les deux embauchés par une singulière patronne de la pègre dans le contexte des années 20 aux États-Unis, on secoue le shaker, et hop. Je suis un brin démuni, à vrai dire, comme souvent quand c’est juste trop évidemment cool pour que j’aille voir plus loin dans l’analyse. On a du suspense, une narration bien rythmée, des personnages attachants et intéressants, des idées classes bien racontées… y a pas grand chose à demander de plus, parfois.
Bon après, il y a quand mêmes quelques petits éléments de singularité qui font que ça marche aussi bien, évidemment. Notamment le fait que ce roman est joyeusement queer, et qu’il se permet quelques réflexions à ce sujet en parallèle de son intrigue principale. Rien de bien exceptionnel, honnêtement, mais là aussi, c’est tellement sobre et efficace que je dois saluer la démarche. J’ai principalement aimé l’idée développée par l’auteur autour du temps perdu par notre civilisation concernant l’inclusion des parts les plus opprimées de nos sociétés. Ce constat assez triste est contrebalancé par une proposition optimiste et lumineuse, se nourrissant notamment des aspects imaginaires du récit, lui conférant un agréable et fort bienvenu supplément d’âme. En fait, je dois bien dire que j’apprécie de plus en plus ces textes opposant à un passé et un présent criminellement inhospitalier une réponse dépourvue de la moindre rancœur ; je trouve ça puissant. Si le constat est évident et déprimant, Sam J. Miller n’a rien autre à partager en retour que de l’amour. Dit comme ça c’est sans doute un peu mièvre, mais des fois, il faut bien ça ; et dans le contexte qu’il présente, ça dénote d’une vraie force de caractère, d’une vraie noblesse. Il faut de la force pour ne pas répondre aux coups par d’autres coups, pour parvenir à avancer en dépit d’une hostilité malfaisante en gardant à l’esprit qu’on est pas seul·e. À cet égard, le fait qu’un de nos héros soit un redoutable boxeur n’est sans doute pas anodin, d’ailleurs. Car à la force, il faut ajouter la discipline, l’intelligence et l’habileté, pour savoir où, quand et comment frapper en retour, pour quels effets.
Bref, c’était vraiment super. Peut-être pas le texte le plus riche de symbolisme ou de style à d’autres yeux que les miens, mais il demeure que ce qu’il veut faire, il le fait extrêmement bien. Une histoire d’une accessibilité et d’une efficacité redoutables, un absolu plaisir de lecture de bout en bout, se payant en plus le luxe de quelques réflexions annexes aussi subtiles que propice à l’approfondissement.
Une magnifique sorte d’évidence.
New York, lower east side, fin des années 20. Solomon Wolffe est boxeur, il est bon, très bon et ambitionne d’aller chercher la ceinture de champion du monde. Teitelstam est tatoueur, un tatoueur très doué mais qui n’appartient à aucune des écoles qui donnent de la magie aux tatouages de leurs élèves.
Quand Hinky Friedman, une des caïds les plus puissantes de la mafia juive les prend tous les deux sous son aile en demandant à Teitelstam de créer un tatouage qui aidera le boxeur à gagner, leurs vies changent complètement. Et ils tombent éperdument amoureux l’un de l’autre.
Sans faire, à mon goût, partie des grands textes de cette superbe collection, voilà une novella feel good, facile et agréable à lire. Une belle histoire d’amour épicée d’un peu de fantasy et de la description, d’un contexte particulier : la fin des années 20, dans la communauté juive de New York.
Dommage que l’auteur n’aie pas choisi parmi les multiples thématiques qu’il effleure : la communauté juive, la difficulté d’être homosexuel, la violence du travail en usine, la monde de la boxe, le machisme en particulier dans le monde la pègre … Tout est à peine esquissé, rien n’est vraiment creusé.
L’histoire est joliment menée, même si on peut juger que la magie des tatouages est un Deus ex machina qui ne demande aucune contrepartie, et donc un artifice qui permet de tout régler sans trop d’effort. A ce titre l’auteur aurait vraiment pu se passer des deux derniers chapitres qui résument rapidement et trop facilement 50 ans de vie après les événements vers un final enchanteur.
Comme vous pouvez le constater, ça se lit bien, c’est agréable, mais c’est un peu facile et trop « gentil » à mon goût. Loin des très grands textes de la collection
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