L'iguane de Mona

J’avoue avoir eu beaucoup de peine à entrer dans cet étrange roman.

Paul est marié à Kate, il est cadre dans une entreprise dont nous ne savons rien au début, ils ont un fils surdoué de treize ans, Milan. Kate est professeur de littérature à l’université, spécialiste de Corneille. Elle est persuadée que c’est lui qui a écrit les pièces de Molière et fait tout pour le prouver, tandis que ses collègues trouvent cette idée complètement ridicule. C’est une femme épanouie qui sait concilier famille et travail, les livres sont la grande passion de sa vie.

Paul en a marre de la sienne, depuis des années, il rêve des iguanes de Mona, un petite île des Caraïbes sur laquelle les iguanes ne font que se prélasser au soleil. Il a vaguement mal à une dent de sagesse et saute sur l’occasion pour ne plus aller travailler. Son dentiste est en vacances sur l’île de Mona, aussi se rend-il chez un autre praticien sur le point de prendre sa retraite qui lui rédige un arrêt de travail d’une semaine, malheureusement Paul entre en contact avec des larves qui attaquent le bois au cabinet. Il en ramène deux à la maison accidentellement et c’est le début de l’invasion, que Paul tient secrète et combat avec un insecticide. Désormais il ne travaille plus, vit dans le mensonge et s’enfonce dans la déprime. Il retourne au travail un seul jour car il a reçu une promotion importante. Comprenant qu’il s’agit en fait d’un cadeau empoisonné, il démissionne définitivement et ensuite commence à remonter la pente peu à peu grâce à son nouveau travail. Il reçoit un magnifique cadeau à la fin du livre et retrouvera le sens de sa vie.

L’histoire n’est pas aussi linéaire, on se trouve dans un univers fantastique et complètement absurde. Il pleut ou il fait beau selon l’humeur des personnages et Paul collectionne les aventures bizarres, il est complètement en décalage avec la réalité, mais on peut se demander de quelle réalité on parle vu les thèses illogiques soutenues par Kate. Les personnages vivent finalement dans l’univers de leur choix et le mensonge règne en maître, Madame Ricci sait sans doute que Diego n’est pas argentin, mais elle fait semblant d’y croire et ils parlent longuement de ce pays. Le thème principal est la non communication, Kate et Paul vivent ensemble, prétendent s’aimer mais vivent finalement dans deux univers juxtaposés et sans connexion. Kate ne voit – on ne veut pas voir – ce qui se passe dans sa propre maison, mais au final ils se retrouveront autour de l’essentiel. Il y a beaucoup d’humour et de références culturelles tout au long du livre qui nous délivre un message optimiste, puisque Paul qui a été battu par ses parents est un bon père à l’écoute de son fils. Et au terme de la crise, les personnages retrouveront le chemin du bonheur après avoir fit un tri dans leur vie.

Un grand merci à Netgalley et aux Editions Préludes pour cette découverte déroutante.